
CAUTERE, xuur»'pio?, de xb'e», je brûle. Ondif-
ringue le Cautère en aduel & en potentiel. Le
Cautère aduel eft celui qui produit fpn effet en
un moment, comme un fer rougi au feuou des
charbons ardens. On donne le nom.de Cautère
potentiel à certains médicamens qui ont auffi la
propriété de confnmer& de détruite les matières
animales. Voye\ Caustiques.
Pour appliquer le Cautère aduel, on fe fert
ordinairement d'un infiniment compofé d’une tige
fle fer, montée fur un manche de bois, & dont
l'autre extrémité fe termine par un bouton tantôt
fphéri que, tantôt conique ouolivaire , ou par
une plaque dont la figure varie fuivant les cir-
çonftances & le befoin. Voye^ Bouton de peu.
Le principal ufage des Cautères aduels eftdë
Æonfumer les parties cariées des os, & d'empécher
les progrès du mal en procurant Pexfoliation, ou
la féparation de celles qui ont fpuffert, d’avec
celles qui font encore faines. Y.oyt\ Carie &
Exfo-ljation.. On s’en fert. encore pour détruire
.certaines tumeurs qu'il feroit difficile, détraquer
d’une autre manière j comme auffi différentes fortes
d’excroiffances polypeufes & fongueufes, telles
•que celles qui fe forment quelquefois autour des
os maxillairesdans leurs finus. V oy eç Antre
‘MAXILLAIRE.
Lorfqii’on veut caurérifer une partie malade,
Ton fait rougir dans:un brafier ardent l’extrémité
antérieure de l'infiniment décrit ci-deffus, auquel
x>n donnej en râifon de fon ufage , le nom de
Cautère aduel. Pour- garantir les lèvres de, la
plaie de l’adion du Cautère, les Anciens fe fer-
voient de canules de 1er, pu de cuivre, qui les
tenoient féparées du bouton- de feu qu’on intro-
duifôit par leur cavité, D’autres font d’avis de
les eaçhtr'avec deux petites plaques de fer qu’on
fait tenir par des Aides. M. Petit , dans fon Traité
fdes maladies des os-, confeille de garnir les chairs
voifines de la carie avec des linges mouillés , pour
les garantir du feu. Il faut que ces linges foient
bien, exprimés,, parce. que fL’eau qui en découler,
oit refrojdiroit les Cautères, & affoibliroit ain.fi
leur adion.
Pour, pbtenjr de cette opération’ tout l’effet de-
tiré , on eff peuvent obligé d’y revenir à plufieurs
'reprifes *, ; il importe fur-tout de faire pénétrer
l ’atlion du feu jufqu’aux parties faines., afin d‘é.-
tablir, dans celiës-ci, le degré d’adion jiéceffaire
pour, déterminer la féparation de celles qui ont
/ouffert., Il faut, que le fer foit d’up rpuge. vif, &
ne l^ppliquerque pendant deux ou trois fécondés
pu pius^ de, çètte manière le. maladef fôuffre peu,
& l'effet dq feu eff mieux cjrconfçr.it & limité à
la partie, touchée. M. de Saujt a détruit , par ce
moyen, une tumeur dans la vulve, près du méat
prinaire , de la groffeur d’une noix, & fi doulou-
ipnfe que le panfement le plus fimple, même
avec de l’eaui de guimauve , .étoit infupportable.
Le cautère aduel a, de tout tems, été regardé
comme un des plus puiffans moyens de la Chirurgie
, pour la guérifon d’un grand nombre de
’maladies, quoique les Modernes, dans la vue d’écarter
, autant qu’il eft poffible , de leur Art tout
çe qui pouvoir lui donner une apparence de cruau*
té, en aient extrêmement limité l’uPage. Les Anciens
, au contraire , l'employoient non feulement
comme remède dans une multitude dé cas, mais
encore ils s’en fervoient comme d’un préfervatif
contre diffère ns maux.
C’eff ainfi que les Lybiens , Peuple de l’Afrique,
pour prëferver leurs eiïfans du phlegme &
de la pituite qu’ils croyoient découler dû cerveau,
brùloient aux uns les veines du fommet dé
la tète avec de la. laine graffe, & à d’autres celles
des tempes. Les Ethiopiens, dont les Egyptiens
& les Grtcs paroifiénr avoir emprunté lutage dit
cautère, biuloient auffi le front de leurs enfans
le jour de leur naiffance^ les Etrufqnes leur fai -
foient fubir la même opération fur l’occiput. Les
Scythes Nomades fe faifoient appliquer le feu aux
épaules, aux bras, aux jointures, à la poitrine,
aux n ins \ 8c la raifon qu’on nous donne de ctt
ufage, étoit I’exceffive humidité & la foibleffe de
leurs articulations. On peut encore préfumer que
les Egyptiens fe font fervis très-anciennement dit
cautère aduel, par une anecdote que Pline nous
aconfervée. Dès le rems de l’Empereur Claude,
lorfque la mentagre (maladie ainîi nommée, parce
qu’elle artaquoit fur-tout le menton ) commença
à fe manifefter à Rome, on. fit venir des Médecins
Egyptiens ,- comme plus exercés & plus ha-r-
biles dans le traitement de cette maladie qui étoit
commune dans leur p^ys ; ils appliquèrent le feu
avec u k cM Ce même remède, au rapport de
Linnæus, eft d’un ufège familier chez Jes Lap-
pons, dans les douleurs des- jointures, & chez
d’autres Nations, où l’Art, eft encore an berceau.
Hippocrate, qui regardoit comme incurables
les maux que l’application du feu ne guériffoit
pas, l’a recommandée, dans bien des cas, comme
le principal remède. Dans les maux de tête opiniâtres
, il appliquoit huit cautères avec le fer
chaud ; favoir, deux vers les oreilles, deux fur le
derrière de la tête, deux, à la nuque , & deux à
ja racine du nez, présides angles des yeux. 11
brûloir en travers<& profondément, les artères
de derrière les oreilles, jufqu’à ce qu’elles cefi*
faflent de battre. Dans les maladies des; yeux, &
particulièrement dans la goutte.fereine commençante,.
il appliquoit le-fiéu aux veines de la tête»
Lorfquei les ■ paupières éroiéne. tuméfiées , il les
cautérifoit quelquefois intérieurement, en évitant
cependant la léfion du cartilage. Celle, pareillement
dans les ophtalmies fereufes, appliquoit le
Cautère aduel aux veines des tempes, & à celles
qu’on vojt vers le haut du frontil recommande
auffi , dans les mêmes cas, rindfion’des tégu-
j mens vers le fommet de la tête, & enfin ire la
\ çautérifation du crâne jufqu a produire l’exfolia^
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ÉÏon de l'os. Il employoit le même moyen dans
Képilepfie. Mais cette pratique, qui, dans
bien des cas, a pu avoir du fuccès, n’a pas toujours
été fans danger -, & de Haën a vu , deux
fois, une inflammation mortelle "du cerveau oc-
cafionnée par l’application d’un fer ardentffur le
fommet de la tête. Pouteau , le plus zélé défen--
feur du Cautère aéhiel parmi les Modernes,a auffi
été témoin d’un femblable événement. Nous laif-
fons à d’autres le foin de déterminer jufqu’à quel
point la.crainte de pareils accidens doit détourner
de l’ufage d’un remède auffi aélif. (i)
L’on a été long-temps dans l’ufage d’employer
le cautère aéhiel pour arrêter l’hémorrhagie, lorfque
des vaiffeaux avoient été ouverts par des plaies
accidentelles, ou par des opérations chirurgicales 5
mais l’on a renoncé, avec raifon , à ce moyen.
Voye\ Hémorrhagie. On peut voir à l’article
Anus , l’ufage qu’on a fait, prefque jufqu’à nos •
jours, du' cautère aétüel pour le traitement des
abcès fiftuleux auprès du fondement. Voyt\ auffi
l’article Amygdales , pour l’efficacité de cette
même application dans les maladies de ces organes
, & l’article Hydrophobie , pour fon ufage
dans les cas de morfures d’animaux enragés.
Lorfqu’on fe fert du cautère aéluel dans l’intention
de confumer & d’anéantir les parties auxquelles
on l’applique, il faut, comme nous l’avons
dit, que le fer foit d’un rouge vif \ mais fi
le but eft moins de détruire que d’occafionner
«ne dérivation & une inflammation dans celles
cù on l’applique, il faut donner au feu moins
d’intenfité. C’eff ce qu’on fait au moyen de quelque
corps combuftible, qu’on fait brûler fur l’endroit
qu’on fe propofe de cautérifer. Les Chinois,
& fur-tout les Japonnois, fuivant le rapport de j
Kaempfer, fe fervent, pour cet effet, des filamens
cotonneux qu’ôn obtient de l’armoife orientale,
dont ils font de petits rouleaux coniques, auxquels
ib donnent le nom de Moxa. Les Egyptiens,
fuivant Profper-Alpin, emploient, dans la même
intention, des petits cylindres de coton. Pouteau
a introduit en Fiance la même pratique, dont on
a retiré de très-grands avantages, dans les cas fur-
fout de rhumatifme fixé fur quelque partie. On l’a
appliqué avec fuccès fur les articulations, fur les
côtes, fur l’épigaflre, fur diverfes parties de la
tète, fans qu’il ait jamais, dans ces derniers cas,
©ccafionné aucun des accidens qu’on a vu Cuivre
l'application du fer ardent fur le crâne, & qui
probablement n’en auroient jamais été la conséquence,
fi l’on n’eût commencé par mettre l’os à
fcud, en écartant la peau avec l’inftrument tran-
(1) Voyez , à ce fujet, dans les oeuvres pofthumes de
M. Pouteau , deux Mémoires très-intéreflans ; l'un furies
Avantage du feu appliqué immédiatement Jur les parties
.affectées de douleurs rhumatismales, Sic. l’autre fur les
avantages & les inconvéniens du feu appliqué furie fommet
tit.e.
fcàirvrgi^ gQrue ï,«£ Varù^
chant. M. de Sault. s’eff fervi, & fe fert encore
tous les jours, du moxa dans des cas de courbure
de l’épine, même accompagnés de paralyfie des
parties inférieures, de gonflement de l’abdomen,
de fièvre lente. L’effet, dans la plupart des cas ,
a été défaire ceffer fur-le-champ la fièvre lente,
enfuite de diffiper peu-à-peu la paralyfie & le
gonflement du ventre , & de redreffer confi.’é-
rablement l’épine. Voici quelle eft la manière de
préparer le moxa & de l’appliquer, telle que l’a
décrite M. Pouteau.
<t Prenez du coton cardé, enveloppez-le avec
j j une bandelette de toile, large d’un pouce fur
j j trois pouces de longueur. Que le coton foit
j j auffi ferré qu’il fera poffible, parce qu’alors le
j j feu fera plus vif •, la bandelette étant bien arrê-
jjtée par quelques points d’aiguille, on aura un
j j cylindre d’un pouce de diamètre*, on coupera
j j ce cylindre tranfverfalement par la moitié, avec
j j un tranchant bien affilé , ce qui donnera deux
j j cylindres à bafe très - unie •, & c’eft cette bafe
j j unie qui doit toucher immédiatement la peau,
j j qu’on humeéle auparavant avec un peu de fa-
j j live, afin que le coton s’y colle en quelque fa-
[ >J Çon.
j j Le feu étant mis au fommet du cylindre, on
j j attend qu’il en ait confumé une partie*, alors
j j on place le coton fur la peau , & on excite lé-
jjgèrement le feu par le fouffle d’un éventail.
j j Ce feu ne s’étend jamais au-delà de la peau, lors
j j même qu’on fait brûler fucceffivement deux ou
j j trois cylindres fur la même place, j j
Le moxa détermine une fuppuration dev la partie
où il a été appliqué , effet qui peut, jufqu’à
un, certain point, concourir à la guérifon qu’il
procure, mais qui cependant ne peut pas être regardé
comme y ayant une part confidérable. Car
le foulagement qu’éprouvent les malades eft prefque
inftantané*, il fe manifefte fouvent dès que
l’aélion du feu commence à fe faire fentir avec
une certaine vivacité. Les véficatoires, le garou,
les efearotiques qu'on emploie pour former des
exutoires, font infiniment moins efficaces que le
moxa, quoiqu’en général ils occafionnent une fuppuration
bien plus abondante. Cependant «ne première
application du moxa ne fuffit pas toujours,
parce que fon aélion ne s’étend pas fort au loin ;
on eft fouvent obligé de brûler de nouveaux cylindres
fur les parties voifines, pour compléter la
cure *, mais telle eft l’efficacité de ce remède, que
chez les perfonnes affligées de rhumatifme, on
ne voit pas que les douleurs fe reportent jamais
fur les parties qui ont été traitées de cette manière.
- Cautères. On donne ce nom allez improprement
à des petits ulcères artificiels , que les
Chirurgiens font dans l’ufage d’établir en diverfes
parties du corps, pour fervir d’exutoire , ou d’égout
aux humeurs, dans diverfes maladies opiniâtres
& enracinées À telles que les maux de tête *