
féquent doit être le même que nous avons prefcrit ]
à la Cuite des autres Amputations. Il faut pour
jfe mettre à l’abri de fout danger d’hémorrhagie ,
laitier auprès du malade, pendant.les deux ou
trois premiers jours après l’opération, quelqu’un
qui foit paffablement au fait des fecours
dont il peut avoir befoin; & fur-tout de la manière
dont on doit s’y prendre, pour comprimer
l ’artère au-deflùs de la clavicule, dans le cas où
le malade viendroit à perdre une certaine quantité
de fang, en attendant que l’on puiffe découvrir
le vaiffeau qui le fournit, & le lier. Au
bout de huit ou dix jours , pour l’ordinaire , on
ôte atfément les ligatures. On fera une ouverture
pour donner iflùe au pus, fi*Ton apperçoit qu’il
s’en foit formé quelque amas fous la peau.
Lorfque l’opération a été bien faite, que le
malade eft naturellement d’une bonne conftitu-
tio n , & qu’il n’arrive aucun contretems extraordinaire
, on peut s’attendre à une guérifon affez
prompte. Nous difons, quand le malade eft naturellement
d’une bonne cenftitution, fans pré-
tendre cependant que cette Amputation ne puifle
pas réuflir chez des fujets fcrophulenx, ou autrement
mal difpofés. Il ne faut pas non-plus
que le Chirurgien fe laiffe effrayer ni détourner
de l’entreprendre, lorfqu’elle paroît être l’unique
reffource du malade, par les fymptômes d’épui-
fement qu’il obferve chez lui, tels que la maigreur,
l’extrême foïblefle, la fièvre lente > occa-
fionnées par les longues douleurs , & par un
abondant écoulement-de fanie purulente -, car on
a vu bien des fois des malades dans ç :t état,
gagner tous lèS jours des forces , dès qu’ils
avoient fubi l’opération, & leur fanté fe remettre
peu-à-peu contre l’attente & le pronoflic de Praticiens
même très-diftingués.
Il n’y a que peu d’années qu’on étoir dans Pufage ,
lorfqu’on faifoit. cette Amputation , de lier l’artère
& les veines brachiales auprès de la jointure,
avant que d'aller plus loin. Cette précaution , qui
çaufe beaucoup de douleur au malade, n’eft point
néçeflaire , & même elle me donne aucune fécurité
de plus. En fuivant la méthode que nous
avons décrite , on peut opérer fims crainte d'hémorrhagie,
& en ne liant l’artère qu’à l’extrémité
du lambeau, on confervera plulièurs de fes tir
meaux mufculaires > qui demeurerojent inutiles,
tfi Ponmettoit la ligature tout auprès de l’aiflelle.
M. Bromfield, dans le premier Volume de fes
Observations de Çhirurgie, a parlé de cette opération
, mieux qu’aucun Auteur qui eût traité
çe fujet avant lui. La principale différence qu’ il
y ait entre fa méthode & celle que nous venons
d’expofer, confifte en ce que cette dernière eft
plus fimple, & plus facile-à exécuter. En coupant
à-larfois tous le s . mufcles, par une inci-
uon circulaire jufqu’à l’os, on fait fouffrir moins
lo n g - teins le malade , quç lopfquqn les jncife
l’an après l ’autre, comme le recommande
M. Bromfield; & comme les attaches des mu clés
large, deltoïde, peéloral, & de tous les autres
qui ont leur infertion. fur l’humérus , font emportées
avec le- bras,, il n’y a pas de néceflîté
a les couper doucement & avec précaution. Il
n’eft. pas néçeflaire non-plus de faire deux ligatures
fur 1 artère brachiale comme il le confeiile ;
une feule ligature mile à nud fur ce vaiffeau ,
au moyen de la pince, & avec précaution , fuffira
pour donner une pleine fécurité.
M. Bromfield pofe en principe que, dans tous
les cas où les cartilages font mis à découvert,
ils s’exfolient ; & , d’après cette opinion , il cou-
feille , lorfqu’on fait l’opération dont nous parlons
, d’enlever le cartilage ; d’appliquer de la
charpie fèche fur l’os ; de l’y laiffer jufqu’à ce
qu’elle s’humeète , qu’elle tombe , & qu’il pa-
roiffe fur l’os des bourgeons charnus. Cette pratique
peut être très-fenfée, & même néçeflaire,
quand le pus a féjourné dans l’articulation, &
occafionné au tiffu des parties, une altération
capable de donner lieu à l’exfolia don de l’os
& du cartilage ; mais divers exemples ont prouvé
que, dans les léfions récentes, le cartilage ne s’exfolie
pas nécefl’aireipent après l’opération ; qu’il
eft même facile., comme nous l’avons déjà remarqué
, d’empêcher cet accident. C’eft pourquoi
fi au lieu d’introduire de la charpie fèche juf-
qu’au fond de la plaie , fuivant le confeil de
M. Bromfield , on la recouvre exactement de
peau faine , li d’ailleurs l’appareil eft pofé comme
il doit l’être, il arrivera bien râremeut que le
cartilage s’exfolie , & la plaie fe fermera & fe
cicatrifera très-promptement.
V e l ’Amputation du Brat.
Les préceptes que nous avons donnés fur la
manière d’amputer la cuiffe & la jambe , s’appliquent
également à l’Amputation du bras &
de l’avant-bras. Nous n’avons par conféquent
rien à dire de plus fur l’Amputation de ces
parties ; mais nous infifterons encore fur deux
précautions qu’on doit prendre ; l’une eft de ne
couper du bras que la partie malade, parce que
le moignon fera toujours d’autant plus utile ,
qu’on lui aura laiffé plus de longueur ; l’autre
eft de conferver des tégumens autant qu’il en
faut pour couvrir facilement toute la plaie. Nous
remarquerons cependant, que cela peut fe faire
au bras & à l’avant-bras, fans qu’il foit nécef-
faire de former de lambeau ; car il y a par-tout
aflez de fubftance müfculaire & de peau, pour
qu’en faifant la double incifion , telle que nous
l’avons décrite , on puifle en conferver autant
qu’il en faut pour cet objet. O r , nous croyons
que cette méthode, par-tout où l’on peut la Suivre
facilement, doit être préférée à l'Amputation à
lambeau«
J)e ?Amputation des extrémités des os dans tes
maladies des jointures.
Nous ne pouvons pas quitter ce fujet fans parler
d’une opération propofée & exécutée il y a
quelques années, par M. Park , Chirurgien à
Liverpool, & qui confifte à amputer les extrémités
des o s , lorfque les articulations font effen-
tiellement affedées.
Les maladies des jointures font une des caufes
qui déterminent le plus fréquemment les Chirurgiens
à confeiller l’Amputation d’un membre;
& comme ils font fouvenr dans le cas de n’avoir
que cette reffource à propofer à leurs malades,
quoique le membre dont l’articulation eft
affeélée, foit d’ailleurs en bon état, il feroit bien
à fouhaiter que l’on p û t , avec fécurité , enlever
les parties malades , & laiffer celles qui font
faines.
Il étoit déjà bien reconnu qu’on pouvoit, dans
quelques occafions, attaquer les grandes articulations
, fans -qu’il en réfuirât dès accidens bien
dangereux. M. Gooch avoir donné il y a plus
de vingt ans, le confeil de feier l’eXrrémité articulaire
des os , dans les luxationscômpliquéès,
& cette opération a été faite plufiéurs fois avec
le plus grand fuccès. Un vieillard eut une luxation
du pied très-confidérabie * pour laquelle on
avoit propofé l ’Amputation de là jambe. On fe
contenta de feier l’extrémité articulaire du tibia
& celle du péroné, & le malade qui fe guérit
très-bien , vécut plufiéurs années après cette opération.
Un autre setoit luxé l’extrémité inférieure
du radius, qui fortoit au travers des fendons &
des tégumens du poignet. On fit la feéïion de
cette portion du radius déplacé , & le malade
guérit fans éprouver une diminution bien fen-
fible dans là force & dans les mouvemens de
la main & de Pavanr-bras. Une femme ayant j
éprouvé le même accident au pouce de )a main
droite, on feia l’extrémité d’une des phalanges
qui avoit percé la-peau & ne pouvoit être réduite.
La malade bien guérie , s’eft fervie de
Ion pouce pftfqu’aufli facilement qu’avant l’accident.
Un homme qui couroit à cheval, tomba
& fe luxa le coude ; l’ôs du bras, par la
violence de la chûte, paffa au travers des tégu-
mens, & entra bien avant dans la terre, ce qui
mit cet os entièrement à nud; il fut impoflïble
de le réduire.| La famille du malade s’étant op-
pofée à ce qu on fît l’Amputation du bras., le
Chirurgien fe détermina à feier l’humérus à un
pouce environ àii-deflùs du fin iis qui reçoit l’olécrane.
Le malade fe guérit parfaitement au
point de pouvoir exécuter tous, les mouvemens
<Iu coude auiïi aifément que s’il n’eût jamais été
bleffé. La nature , en pareil cas ,- répare la déperdition
qui s’eft faite de la fubflance oflèufe,
par un cal qui en acquiert la forme & la dureté,
comme cela fe voit dans les grandes exfoliations
des os.
Ce n’eft pas tout. On a tenté quelquefois d’am«
puter l’extrémité d’un os malade auprès dune
jointure, & cela s’eft fait avec fuccès. Entr’au-
tres exemples de cette opération, on en lit un
très-remarquable dans, les cas de Chirurgie de
M. White , Chirurgien à Manchefter. Le fujet
étoit un jeunè-homme fcrophuleux, âgé de quatorze
ans , chez qui la tête de l’humérus étoit
cariée. Une incifion faite au travers, d’une ouverture
fifluleufe , depuis l’acromion jufques vers
le milieu du bras, fe trouva fuffifante pour faire
fortir la tête de l’os de fa cavité , la capfule
étant détruite par la fuppuration. L ’on/fcia la
partie de l’os qui étoitaffeéîée ; le malade n’eut point
d’hémorrhagie , & fut'guéri au bout de quatre
mois. Le bras relia un peu plus court que l’autre",
il ne pouvoit fè mouvoir dans la cavité de l’omoplate
\ ni êfre^élévé jtifqn’à une certaine hauteur
; mais tous ces inconvéniens font affure-
ment préférables à la perte du bras, qu’on vouloil
amputer dans la jointure de l’épaule.-
M. Park eft le premier qui ait ,ofé généralifer
l’-ufage de cette opération ,: St la propofer comme
un moyen de guérifon dans' ies maladies des jointures
(i). ' ;
■ 33 Les tumeurs fcrophuleufes , d it - il, de ces
” parties ; les amas de. pus qui fe forment dans
99 leurs cavités après une Ample inflammation ;
’ ’ les fraélures compliquées ; les plaies d’armes à
mfeu- ; lès plaies en apparence les plus ;flmples
35 qui pénètrent dans les ligàmens qui les renfer-
35 ment, quelque favorable qu’en foit la termi-
55 naifon dans un très-petit nombre.de cas, toutes
55 ces maladies articulaires, dis-je, finiffent prefque
55 toujours , malgré les fecours de l’a r t, par faire
55 périr les malades ,, à moins qu’on ne faffe à
55 tems l’Amputation du membre. J ’efpère, ajoute'
35 t-il , faire voir que la Chirurgie peut encore
35 offrir des reflources .inconnues à ceux qui nous
55ont précédés, par lefquelles les malades confer-
jj veront leurs membres y & jouiront plus oti.
55 ou moins du mouvemnt que la nature a accordé
>5 à ces parties. 35
Cette reflource eft Vextirpation totale de ta
jointure} ou la feèlion de l’extrémité des .os qui
forment l'articulation , & l’excifion totale ou partielle
du ligament capfulaire. Par ce moyen, on
obtient la guérifon au moyen d’un cal , en
réunifiant en un feul os , fans aucune articulation
mobile , le fémur avec le tibia quand c’eft le
genou qui eft malade, & l’humérus, le radius &
le cubitus quand c’eft le coude.
M. Park, en concevant la poflibilité de cette
opération n e. s’en étoit pas diffimulé ies incon-
{ij'NourelIe méthode de traiter les Maladies , qui attaquent
raticuIation dufioadeSc celle dégenou / par M* PaskJ
Chirurgien de l’Hôpital de Liverpool. •,