
FERRI ( Alphonfe), Médecin Célèbre 'd’Ita-
K e , qui floriffoit au commencement du feizième
liècle. Il fut élevé à une chaire publique de Chirurgie,
& élu premier Médecin du Pape Paul III.
Il s’acquit une très-grande réputation dans toute
l'Italie, tant par fes hautes connoiflances en Chirurgie,
que par les Elèves qu’il forma en Anatomie
*, Science qu'il a cultivé avec un goût particulier
, & dont il a fu infpirer l ’amour à nombre
de jeunes Médecins qui le fuivirent, lefquels ont
répandu fon nom par toute l’Europe. Le principal
Ouvrage que Ferri ait donné , eft un Traité
fur les plaies d armes à feu. Il parut in-folio, à
L y o n , en 1555. On peut le regarder, pour le
îems où il fut écrit, comme un Ouvrage excellent.
Il eft divifé en trois parties ; dans, la première,
il annonce les lignes qui caraélérifent ces
fortes de plaies, les fytnptômes qui les accompagnent,
& les principales caufes qui les produifent.
Dans la fécondé, il indique les topiques & remèdes
extérieurs qui conviennent le plus*, & dans
la troifième, il paffe en revue les remèdes internes
que le Médecin doit preferire en pareil cas. Nous
n'analyferons point ici cet Ouvrage ; les grands
points de doélrine qu’il renferme devant trouver
leur place dans l’hiftoire des plaies d’armes à feu.
I l a encore publié un Traité fur les maladies vénériennes*,
mais il n eft point comparable au pre-«
mier. Ferri eft l’Auteur d’une efpèce de pinces
pour extraire les balles qui féjourneroient dans
le tiffu de nos parties. Voye\ cet inftrument décrit
à l’article Alphonsin. ( M. Petit-Rade*. )
FEU. Voyei Cautere & Chaleur.,
FEU SACRÉ. On a donné ce nom à différentes
efpèces d’éruptipns, & notamment à un éréfypèle
qui s’eft montré quelquefois comme épidémique,
& qui étoit accompagné des fymptômes les plus
graves. Voy. Eres y pele Voy. aulîi Erefypelas
vejlilens de Sauvage.
On donne affez généralement aujourd’hui le
nom de Feu facré à une maladie que lesNofo-
logiftes ont regardée comme une efpèce^ d’éréfy-
pèle, quoique très-différente de celle-ci par les
fymptômes *, c’eft VTgnis facer de Celfe, le Zoftcr
de Pline, la Zona de Hoffmann & d’autres Auteurs.
Les Anglois lui donnent le nam’de Shingles.
Cette maladie fe manifefte par des ampoules
affez égales entr’elles, quelquefois jaunâtres, fou-
vent livides, remplies d un fluide à-peu-près tranf-
parçnt ; lorfque ces ampoules font larges & diftinc-
tes , on n’obfervé pas beaucoup de rougeur à la
peau dans leurs interflicesj mais, lorfquelles font
confluentes, la couleur de la peau eft beaucoup
plus altérée. L’éruption eft généralement précédée
$ accompagnée de fymptômes fébriles, tels que
des friffons, des maux de coeur, & même des
vomiffemens,* cela néanmoins n’a pas lieu uni-
yerfellement dans tous les cas. Les pullules fe
pnanifeflent ordinairement fur ta poitrine , fur
je dps f fur le bas - ventre ou fur les reins j
quelquefois elles forment autout du corps ÜHÇ
efpèce de ceinture plus ou moins complette;
d’autres fois on les voit occuper différens petits
efpaces fur diverfes parties du tronc. Les fymptômes
fébriles ne dilparoiflent pas auffi-tôt que
l’éruption eft complètement formée j mais ils fe
dilïipent peu-à-peu, à mefure que le fluide contenu
dans les pullules s’épaiflït *, celles-ci commen-*
cent alors à fe détacher fous la forme de croûtes
d’ un brun fopcé*, & la maladie fe termine ordinairement
au bout d’ un période de huit à douze
jours.
Quoique le Feu facré foit une maladie qui a fon
principe dans une caufe interne > & quoique l’éruption
en foit accompagnée de fymptômes qui
affeélent d’une manière plus ou moins violente
toute l’économie animale, on ne doit pas le re-:
garder comme une maladie dangereufe. C ’eft un
préjugé qui règne parmi le Peuple, que, fi l’ éruption
forme un cercle complet autour du corps,’
le malade ne fe rétablira point ; il eft rare qu’elle
environne le tronc auffi régulièrement ; mais il eft
plus que probable _que ce pronoftic n’eft pas mieux
fondé que tant d’autres opinions vulgaires., de
la fauffeté defquelles on peut tous les jours avoir
des preuves.
Le traitement decefte maladie eft fort fimplej;
il conftfte à favorifer une douce tranfpiration par
des boiffons délayantes, par quelques diapho-;
rétiques falins, & par les précautions néceffaires
pour que le malade n’éprouve aucune influence*
du froid. Comme l’éruption eft quelquefois accom*
pagnée d’une irritation pénible & de beaucoup
d’angoiffe, on peut donner quelques petites dofes
d’opium qu’on rendra propre à favorifer la tranfpiration
, en le mêlant avec le double de fon
poids d’ ipécacuanha , comme dans la célèbre poudre
fudorifique de Dover.
Lorfque les pullules feront fèches, on ternii*
nêra la cure par un ou deux laxatifs très-doux.
L’on n’eft pas dans l’ ufage d’appliquer aucun
topique fur les parties affeélées; on regarde même
en général toute application extérieure comme
dangereufe $ dans de? cas cependant où l’irritation
étoit très-grande, nous avons vu appliquer
avec avantage des feuilles fraîches de chou, SC
d’autres végétaux émolliens j les malades fe fen-
toient rafraîchis & calmés, & il n’en réfultoif
aucun inconvénient;
FEU V O L A G E , ignis volaticus. Efpèce de
dartre vive qui attaque fur-tout le vifage, particulièrement
aux enfans, & qui en occupe tantôt
une partie, tantôt l’autre. Voye\ Dartre.
FEUILLE DE M Y RT HE. Efpèce de fpattile
dont l’extrémité, terminée en pointe, la fait reffenv!
hier à la feuille de l’arbriffeau dont elle porte le
nom. L’ufage de cet inftrument eft de nétoye?
le bord des plaies & des ulcères, & d’en ôter,
les ordures que le pus, les onguens ou les autrçjü
topiques peuvent y laiffer. Cet infiniment eft
prdinairement double, parce qu’on fait de l’extrémité
qui fert de manche, une pince propre à
difféquer&à panfer les plaies, ou une petite cuillère
pour tirer les balles & autres petits corps
étrangers*, ou bien elle eft creufée en gouttière,
& forme une fonde cannelée. Comme la feuille
de myrte, dont le manche eft terminé par une
pincette, eft la plus difficile à conflruire & la
plus recherchée, c’eft "celle dont nous allons
donner la deferiprion d’après M. Garengeot, dans
fon Traité des inftrumens de Chirurgie.
Pour fabriquer cet inftrument, les Ouvriers
prennent deux morceaux de fer plat, long d’environ
dix pouces, & large d'un travers de doigt j
ils les façonnent un peu, & les ayant ajuftés l'un
fur l’autre, ils çn mettent un bout dans le feu,
afin de les fouder de la longueur de deux pouces
& quelques lignes*, cet endroit fondé, reçoit fous
le marteau la figure d’une feuille de myrte, en le
rendant, comme e lie , large par fon milieu, &
Je diminuant par (es deux extrémités. Il eft plat
d’un côté, & de l’autre il a une vive arête faite
à la lime, qui, de fa bafe, continue jufqu’à la
pointe. Les côtés de la vive arête vont en arron-
diffant fe terminer à deux tranchans fort moufles,,
qui forK les parties latérales de la feuille de myrte-
On' obferve que la longueur de cette première,
partie de l’inftrument n’excède pas deux pouces,,
ni fa largeur cinq lignes *, & on lui donne une
douce courbure, dont la convexité regarde le
côté plane , & la cavité, qui eft prefqu’infenfible ,
le côté de la vive arête»
La fécondé partie de la Feuille de myrte, &
qui luifert de manche, eft une pincette formée par
les deux morceaux de fer appliqués l’un contre
l’autre, & qui ne font foudés qu’à l’endroit qui
caraélérife la feuille de myrte. Ces deux morceaux
de fer vont en diminuant jufqu’à leur extrémité
, & font limés d’une manière à les rendre
élafliques j ils s’écartent l’un de l’autre par leur
propre reffort, qui efl encore augmenté par une:
courbure qu’on donne à chaque branche de la
pincette, à- l’extrémité intérieure defquelles on
a Fait des rainures tranfverfales, pour que l’infiru-
ment ferré plus exaélemenr. Cet inftrument doit
avoir cinq pouces quatre ou cinq lignes de long,
& les branches deux à trois lignes de large. Voye%
les Planches.
F IC . XùxarH. Fïctfs. Tumeur affez fouvent cir-
conferite, repofam communément fur une bafe
rétrécie, ayant une "apparence affez femblable à*
celle dès; excroiffances, ordinairement molle,,
quelquefois cependant dure, indolente, & comme
«hirreufe. Les Fies font des fymptômes que Sau?
*ages range dans l’ordre des condylômes, & avec
affez de raifon ,. car ils en ont les mêmes apparences.
Comme eux, ils font fans ulcération5 la
différence efl qu’ils font à p é d i c u l e f e termi-
lia* s$r RB Knflçniçnt: qui a 1 <fû*£
1 figfle d’où leur vient leur dénomination. On dit
I que Martial les a particulièrement eu en vue dans
I une de fes Epigrammes*, fi le fait étoit bien
( prouvé, il reculeroit fort loin l’époque de la
naiffance affignée à la maladie vénérienne. Les
Fies, comme les condylômes, font fujetsà s’excorier
, à devenir douloureux, & même cancéreux,
quand ils font fitués à des endroits où il y a beaucoup
de frottement, notamment à la marge de
l’anus. Les Fies demandent les mêmes moyens
euraiifs que les condylômes, & à l’époque du
traitement général que nous avons confcillé pour
ce genre de maladie, Voye^ Condylomes ,
quand ils ne fe font point flétris, comme il arrive
ordinairement. On peut les faire périr avec plus
; de fuccès par la ligature , que les condylômes donir
| la bafe eft beaucoup plus large. {M . Petit-
R AD E L . y
; ï ILET ( Opération du ), Sedïo Linguce frcemili*
I La langue eft non-feulement fixée dans la bouche
par fes propres mufcles, mais encore par difFé—
; rentes productions ligamemeufes, & emr’autres
par une q u i, naiffanr de l’intérieur de l’arc de
la mâchoire, s’étend inférieurement fous la langue
jufqu au voifinage de fa pointe. Cette proc&iCHon y
qui n’eft autre chofe qu une continuation de
la membrane propre de la bouche , eft c e
que les Auteurs & le vulgaire même nomment
communément le Frein ou Filet de la langue.
Or il arrive affez feuvent chez-les enfans qui
v iennent de naître, que cette partie eft trop courte,,
ou qu’elle fe continue trop près la pointe de
la langue. Quand la chofe a lieu ainfi, l’en&nr
ne peut porter convenablement la pointe de la*
langue vers-le palais pour faifir & preffèr le ma-
* melon de fa mère ^.& manquant ainfi d’une nourriture
qui lui eft néceflaire ,. il fèche & dépérir
infenfiblement. Il eft facile de reconnoître cette-
circonfiance ; il ne s’agit que de mettre le petit-:
doigt dans la bouche de l’enfant j s’ il le faifir bien;
& le lâche difficilement,, l’on peut préfumer qu®.
la difficulté qu’il éprouve à teter, vient1 moins>
d’un vice du Filet, que d’un défaut dans le volume
ou la longueur du mamelon,. & dans- ce;
dernier cas, il faut lui donner une antre nourrice.
Mais-, comme l’obferve M. Sabbatier, il peur
fe faire que cette difficulté vienne de la mauvaifè:
habitude-que l’enfant a contraélée depuis le moment
de fa naiffance,. d’appliquer fa langue au;
palais, au lieu de la porter au-deffous du mamelon,
& de le faifir avec l’extrémité de cette partie..
Gn a vu , continue le même Auteur,, des enfans>
prêts-à mpurir, faute de prendre de la nourriture,
parce que cette caufe les empêchoit de teter ^
& ils ont été guéris-fur-le-champ par la fimple;
précaution de leur: abbaiffer la langue' avec une-
fpatule pendant qu’on leur, préfentoit le mamelon
y car lorfqu’ils connoiffent une fois- l’efpècer
de mouvement qu’ils doivent.exercerils. ne
apprennent; plu5r