fois autant d’une poudre végétale, qu*il foupçonne
être faite avec la racine & les bayes d’une efpèce
de morèle , quoiqu’il ait lien de croire que l’empirique
employoit fou vent d’autres plantes fans
nuire à l’efficacité de fon topique. Celui-ci apjpli-
quoit quelquefois fa poudre fans autre préparation
fur les parties affe&ées .$ d’autre fo is , il ne faifoit
que les toucher avec une plume trempée dans
une liqueur [qui avoir un fédiment blanchâtre.
M. Rush dit , qu’il a été témoin de quelques
gnérifons complètes >-opérées parce remède, dans
des cas d’ ulcères cancéreux ; mais que dans ceux
où le cancer affeéloit particulièrement quelque
partie du fyflême lymphatique, ou lorfqu’il y
avoit chez les malades qui en étoient atteints une
difpofition fcrophuleufe , le topique manquoit
• conftamment fon effet, & faifoit quelquefois
évidemment du mal. La plupart des cancers qu’il
guériffoit avoient leur fiège à la ftirface du corps ,
& en particulier fur le nez, fur les joues ou fur
quelqu’une des extrémités. Il l’a vu employer auffi
avec le plus heureux fuccès peur des ulcères
d’une autre nature , Iorfqu ils étoient accompagnés
de fongofités, & que les bords en étoient
calleux.
Ces faits & bien d’autres, que nous pourrions
alléguer, ne permettent pas de douter que l’Ar-
fenic, foit combiné avec d’autres fubftances, foit
fous fa forme la plus (impie , n’ait eu quelquefois
les plus heureux effets j appliqué extérieurement
fur certains ulcères} car il agit alors comme un
puiffant efcarotique, ce qu’il ne fait pas fans
occafionner une très-vive douleur. Mais f i , dans
quelques cas, il a fait du bien, il faut avouer auffi
qu’il fait beaucoup de mal dans d’autres, faifant
fouffrir les malades fans améliorer l’état de l’ulcère,
& augmentant au contraire rapidement les progrès
du mal.
On ne s’eft pas contenté d’employer l’Arfenic
extérieurement, pour les cas de cette nature, on
l’a donné auffi intérieurement, & l’on en a vanté
les effets. On l’a fait diffoudre pour cela , foit
Amplement dans de l’eau diftillée, foit au moyen
de quelque intermède, particuliérement de l’alkali
fixe , & on l’a donné en dofes mefurées, de manière
à ne pas fatiguer les malades, & que l’on a
a u gm e n t é e s graduellement, autant qu’ils ont pu
le fupporter. On la fait prendre auffi en fubftance
fous la forme de pilule? , combiné avec les fleurs
de foufre & d’autres ingrédieûs; mais de tous
ceux qu’on a imaginé de lui affocier-, l’opium efl
certainement le plus convenable, comme diminuant
l’irritation qu’il produit^fur le canal in-
tefiinal. — Mais, malgré les éloges que quelques
perfonnes ont prodigué à ce remède, rien n’eft
moins prouvé que fes bons effets fur l’intérieur
du corps, du moins pour les maladies dont il eft
ici queflion *, & jufqu’à ce qu’on ait quelque chôfe
,4 e plus pofiiif à cet égard ^ tout Praticien fage
doit le regarder comme dangereux , & s’en
défier.
ARTÉRIOTOMIE, «’/mp/oro,«/*, & de
tsfjLvca je coupe.C’eft l’opération d’ouvrir une artère,
ou de tirer du fang ea ouvrant une artère avec la
lancette.
Quelques avantages que la théorie ait pu faire
efpérer de la feélion des artères, & avec quelque
chaleur que des Chirurgiens de cabinet l’aient recommandée
dans leurs écrits , non-feulement
comme préférable à celle des veines, mais encore
comme une opération parfaitement innocente &
fans aucun danger , même fur des vaiffeaux con-
fidérables ■, cependant les plus zélés partifans de
cette pratique n'ont jamais ofé l’eflayer fur des
^artères d’une certaine-grofleur. -Sans doute on a
vu des exemples de groffes artères ouvertes par
accident fans qu’il en foit arrivé rien de bien
fâcheux, mais ces cas font rares , & aucun Chirurgien
expérimenté ne s’en autorifera jamais
pour ouvrir de propos délibéré une artère d’un
certain c a l ib r e . Quoi qu’il en foit, on peut ouvrir,
en toute fûreté , les petites branches artérielles,
lorfqu’elles ne font pas très-profondes, & fur-
tout , lorfqu’elles font voifines des os , parce
qu’alors,'quand on a tiré la quantité de fang
qu’on avoit jugé néceffaire, il en aifé d’en arrêter
l’écoulement par la compreffion du vaiffeau. Mais
l’ouverture des artères d’un plus grand diamètre
eft une opération toujours fi hafardeufe, & les
avantages qu’on peut en attendre de plus que
d’une faignée ordinaire font, fuivant toute apparence,
fi légers, que très-probablement elle ne
fera jamais pratiquée.
D ’après ce que nous venons de dire, il eft aifé
de comprendre qu’il y a bien peu d’artères qu’il
puiffe convenir d’ouvrir -, auffi la pratique ordinaire
fe borne- t-elle à faire cette opération fur
les différentes branches de,l’artère temporale. L ’on
choifn une de ces branches en les tâtant avec le
doigt index -, & fi elle fe trouve très-voifine de
la furface, on la fixe avec le pouce de la main
gauche, & on l’ouvre avec la lancette, de la
même façon que la veine dans la phlébotomie \
quelques-uns préfèrent l’ufage du biftouri. Mais fi
elle eft couverte de beaucoup de tiffu cellulaire,
il eft toujours néceffaire de la mettre à découvert
avant que d’y plonger l’inftrument. C ar , lorfque
l’on coupe toùt-à-fait entravers une petite artère,
il n’eft guères poflible d’en tirer beaucoup de
fang, parce qu’alors les extrémités divifées fe retirent
de part & d’autre dans les parties qui les
environnent, ce q u i, pour l’ordinaire, met fin à
l’évacuation. Il y a auffi une certaine précifion
néceffaire pour donner à l’ouverture du vaiffeau
nn degré convenable d’obliquité ^ il faut qu’elle
ne fo it, ni perpendiculaire % l’axe de l’artère,'
ni dans la même direélion j car l’incifion longitudinale
d’une artère, çpmme celle d’une veine ;
ne laiffe pas au fang une auffi libre iffue que celle j
qui eft oblique. Voyei Phlébotomie.
Si l’ouverture a été bien faite, & fi l’artère eft
d’une certaine groffeur, elle donnera du fang
abondamment ; le fang qu’on tire de cette façon
eft vermeil, & fort par fecouflès qui répondent
aux pulfations des artères. Si l’évacuation ne va
pas comme on pourroit le defirer, on peut toujours
l’augmenter en comprimant l’artère immédiatement
au-delà de l’orifice dans fon cours vers
les veines qui lui correfpondent. Lorfque la
faignée fera faite, il fuffira, pour l’ordinaire, d’une
légère compreffion fur ces petites artères, pour
arrêter tout-à-fait le fang. On commencera par
bien nettoyer la plaie de toutes les particules de
fang qui y font attachées, on la couvrira enfuite
d’un petit morceau d’emplâtre agglutinatif, dont
on fàvorifera l ’adhéfion par une compreffion momentanée.
Si cela ne îuffit pas pour arrêter le
fang, on mettra par-deffus l’emplâtre deux ou
trois petites compreffes graduées, & une bande
pour les fixer*, cet appareil fera fuffifant dans
la plupart des cas pour exercer toute la preffion
néceffaire.
Quelquefois cependant il arrive que le fang
continue à jaillir de tems en tems, ce qui devient
très-incommode & très-embarraffanr. En pareil
cas, il y a trois moyens auxquels on peut avoir :
recours pour mettre fin à cet écoulement.
1. ° Si l’artère eft petite, comme le font prefque
toutes les branches de l’artère temporale, on
peut la couper tout-à-fait en travers , à l’endroit
précifément de l’orifice *, alors les parties féparées
le contrariant de part & d’autre, le fang ceffe
bientôt tout-à-fait de couler.
2. ° On peut fermer le vaiffeau par une ligature,
comme cela fe pratique pour une artère qui
été coupée accidentellement.
. $.° Enfin fi le malade ne veut fe prêter à aucun
de ces expédiens, on peut au moyen d’une preffion
confiante & uniforme tffacer entièrement la cavité
de l’artère dans l’endroit où elle a été ouverte,
en faifant adhérer enfemble fes parois. On verra,
dans les planches \ la forme d’un bandage qui
remplit cette invention d’une manière également
efficace & commode.
Comme [’oblitération de l’artère demande un
certain tems, cette méthode eft plus longue &
plus ennuyeufe, mais les malades craintifs, la
préfèrent généralement aux deux autres.
ARTHAN1TE ou pain de pourceau. La racine
fraîche de cette plante a un goût extrêmement
âcre & brûlant. Son fuc mêlé avec du miel, ou >
battu avec de l’huile , s’applique fur les écrouelles
& autres tumeurs dures qu’il s’agit de réfoudre ;
mais cette application demande à être faite avec
beaucoup de prudence. La racine fèche >beaucoup
moins âcre que la fraîche, a été recommandée
comme fternuratoire *, on en fait auffi .
des cataplafmes qu’on applique fur les tumeurs
fquirreufes & fcrophuleufes. On trouve encore
dans les pharmacies , fous le nom d’onguent
d’arthanita, une compofition qui a été long-tems
célèbre & dont l’ufage étoit pour lâcher le
ventre, on l’appliquoit dans cette intention fur
l’eftoinac & le nombril -, mais rien n’étoit moins
sur que cet effet, tandis quelle faifoit fouvent
du mal en irritant la peau , & en y caufant
des éréfipelles.
ARTHROCRACE. D’A"p9pov'& ’**’», fpina arti-
culi. C’eft une douleur fi aigiie vers les extrémités
des os longs, qu’ordinairement elle prive
de tout fommeil. Cette douleur eft toujours
accompagnée d’une intuméfaélion de la propre
fubftance de l’os avec carie. Quand elle a lieu chez
les,enfans n on lui donne le nom poedarthrocace,
nomcompofé dumot we'îf enfant, & des deux ci-
deffus. Ce n’eft guère que dans la jeuneffe qu’on
eft attaqué de cette maladie, ce qui eft le contraire
du 'jep'iij'wv ou fpina ventofa, qu’on confond
fouvent avec elle , & qui eft cependant bien
différente. Voye\ S s i s a Vfnt,os a .
L ’A rthrocrace eft affez ordinaire aux enfans
fcropliuleux , rachitiques, ou qui font nés de
parens mal fains. On l’a obfervée chez certaines
femmes, vers le tems critique, époque où les
acrimonies qui trouvoient voie à s’échapper hors
du fyflême par l’écoulement des règles, font
retenues, & fe jettant fur diverfes parties, donnent
lieu à des engorgemens fquirreux, cancéreux,
ou d’autre nature qui font fi fouvent l’écueil de
, l’art. L ’Archrocace eft fufceptible de guérifon à
fon principe , mais comme le plus fouvent on
n’eft point appellé à ce tems *, mais bien à un
terme très-avancé où les fymptômes font ordinairement
portés fort hauts, le défordre eft alors
fi grand qu’il ne refte plus d’efpérance que dans
l’amputation , quand la maladie eft fituée fur
une articulation qui admet ce moyen de guérifon.
(Af. Ps t i t -Rad e z .)
ARTICULATION , A’pQpov, Articulus. On
appelle ainfi toute jonélion des os, qui eft avec
mobilitéj mais comme Gorrhée l’obferve très-
judicieufement, ab Hippocrate âpûpoy, fer'c fem-
per nuncupatur alterius coherentium ojfium finis
rotundus in ojfis propinqui cavitatem infenui.. . . .
Id enim quod inferitur cavum auterri quod
recipic »orJtor vel y\\y» vocatùr. Les Anatomiftes
ont porté les détails au fcrupule , dans les def?
criptions qu’ils nous ont données des Articulations ;
mais ces détails , quelques exaéls qu’ils foient ,
ne font guères utiles que dans les maladies par
déplacement, où, avant de penfer à remettre les
os dérangés , il faut avoir préfente la manière
dont ils ont pu fe déplacer , & généralement dans
Celles qui demandent une opération quelconque
pour leur guérifon. Les Articulations font expo-
fées à beaucoup de maladies qui font plus ou
moins graves félon leur nature. L’inflammarion
qui en attaque l’intérieur à la fuite des fecouffes