
confiant qu’à l’époque où les^ femmes accouchent
prématurément , fans qu’aucune caufe accidentelle
n’y donne lien, la matrice & fon col
font développés autant qu’ils peuvent l’être , &
que c’efi à raifon de ce développement que l’Accouchement
arrive f ainfi que nous l’avons expliqué
en parlant de l’Accouchement naturel. La
fortie de l ’enfant peut donc avoir lieu à cette
époque , fans qu’il fe préfente aucune réfif-
iance*, mais ferait-elle aufli facile chez les femmes
dont la mauvaife conformation du baffin porte à
devancer le terme de l’Accouchement bien avant
que les fibres du col de la matrice foient^ par-
fi itement développées ? Le col de la matrice , à
l ’époque où l’Accouchement devroit fe faire, eft
rarement entr’ouvert, il eft encore fort épais &
très-ferme > les contrarions utérines ne pourront
donc avoir lieu que par une irritation mécanique
, allez forte & long-tems continuée ; mais
ces contrarions étant follicitées par l’art, ceffe-
ront du moment où on les discontinuera. Si 1 on
ouvre une iffue aux eaux dans la perfuafion que
les conttactions utérines en feront plus efficaces
, l’enfant en fera plus expofé aux efforts
d’autant plus inefficaces de la matrice, que le col
ne peut' céder , & alors il fera la vidime de ce
procédé. Concluons en difant que s’il eft des cas
où il foit permis de provoquer l’Accouchement
avant terme, ce n’eft guère que dans ceux de
convulfions & d’hémorragies, qui ne laîflent d^ef-
pérance que dans la délivrance ■, & que fi on 1 admet
dans lé cas de mauvaife conformation pour
éviter des opérations plus graves , ce doit être
toujours le plus tard que l’on peut pour trouver
moins de réfiftance de la part du col de la
matrice & que la viabilité de l’ enfant foit plus
affurée -, mais encore , pour que le fuccès foit
certain de part & d’autre, faut-il connoitre l’époque
où le volume de l’enfant ne furpaffe point
fesdimenfions dubaffin, & c ’eft-là toute la difficulté.
D ’ailleurs cette opératiomferoit d une bien foibie
reffource, dans les cas où l’entrée du baffin ne
préfenteroit que douze à quatorze lignes de diamètre
& même moins. Nous renvoyons aux mors
enclavcmens, forceps, levier & crochets, la manière
de terminer les Accouchement dé cette dernière,
cîaffe. (Af. Rz t i t -Radzi..)
ACCOUCHEUR. Obfieiricans. Ceft ainfi qu’on
caradérife le Chirurgien qui fe livre fpéciale-
ment à la pratique des Accouchemens. Dans les
grandes villes, cette profeffioneft partagée entre,
fes Chirurgiens & les Sage-femmes , les per-
fonnes, les-plus qualifiées, & qui peuvent le
mieux réeompenfer,. appellent auprès d’elles les
Praticiens que la vogue porte, & qui ne font
pas toujours les plus inftruirs ; celles qui font
moins opulentes, ou qu’un préjugé -de pudeur
conduit encore , ont recours aux Sa^c-femmes,
que les Accoucheurs intéreffés ne déprimenr que
trop ■ fouvent. !Éftns les campagnes , les Sage-.
femmes font en pleine pofieffion de leur pro"
feflion, par la fimple raifon que le gain étant
d e là plus grande modicité, il n’y a pas d’em-
preflement à chercher à fe/l’attribuer.
L ’inftrudion , ainfi que la pratique des per-
fonnes qui fe livrent à la profeffion d’accoucher,
eft un point fur lequel le Gouvernement n’a point
encore porté une fuffifante attention, parce que
ceux qui font à la tête des Départemens, & qui
conféquemment pourroient fervir l'humanité, ne
s’occupent point allez des malheurs & des accidens
qui nous affaillenr en naiflam. Il faut avoir pratiqué
parmi Je peuple & à la campagne, pour
être témoin de l’indifférence avec laquelle on
traite les enfans & leurs malheureufes mères dans
ces momens critiques où l’ignorance n’a pour
témoin de fes funeftes procédés que des perfon-
nes fur lefqïielles elle ne peut faire aucune im-
preffion. Il y a beaucoup de réformes à faire fur
ce point, & fpécialement fur l’inftrudion des
Sages-femmes qui vont fe fixer dans les campagnes^
il ne fuffit pas qu’elles fuivent une ancienne
qui ne lui donne ordinairement que les
principes d’une pure routine , il faut encore
qu’elle s’applique à l’étude de fon art dans les
livres qui lui conviennent, & fur les machines
ou fantômes avec lefquelles on peut repréfen-
ter les différens procédés de l’Accouchement.
Quelques Provinces ont déjà établi, dans leurs
principales villes , des écoles où les femmes
peuvent venir étudier; mais leurs vues fouvent ne
font point remplies, par la pauvreté qui _ les
met dans PimpofîïbiLité d’y venir puifer l’inf-
trudion. Il conviendroit q n e , dans chaque.
Municipalité , il y eût une école .d’Accouchement
où les élèves trouvaflent le logement j la
nourriture & l’inftrudion, comme les érudians
dans Part vétérinaire , à l’école de Charenton.
En y pafiànrfixmois,& y étant formées fous les yeux
d’un maître zélé & vigilant,elles deviendroientcapables
de remplir par elles-mêmes des places d’un
rapport fuffifant qu’on établir oit pour leur donner
de l’émulation , & les mertre à même de
pratiquer leur état avec les indigens, fans aucun
efpoir de récompenle. On n’admettroit, dans çéi
écoles, que celles qui auroient l’efprit affez ouvert
pour faifir les points de dodrine qu’on leur en-
îeigneroit ; car dans cette partie comme, dans,
toute autre , il faut- au moins avoir l’efprit de la
chofe; lenfeignement le développe bien; mais
il ne fe donne pas. On a. écrit beaucoup d’ouvrages
pour finftrùcrion des Sage-femmes, peut-
être les a-t on trop multiplié;,ce n’efl pas la quantité
qui fait la ricneffe ,mais le bon emploi de ce
qu’on a. M.<lc le Bonrfier du Coudray a donné , il
y a une vingtaine d’années , un ouvrage qui a.
eu beaucoup de vogue , fans doute qu’il en.doit
une .partie aux belles images dont elle a eu foin
qu’il fût depuis accompagné. Ce qu’il y a de
certain > ceft que c’eft à lui & à Penfeigneniem
qu’elle a fait, que l’on eft redevable des vues
bienfaifantes \qui ont porté, plufieurs villes de
provinces à demander des écoles d’Accouchement
pour l ’inftrtidion des Sage-femmes dé leiir campagne.
Cette nouvelle Agnodice pénétrée du fen-,
riment de la chofe, s’eft répandue dans Icîs différentes
provinces, & par l’enfeignemem qu’elle
y a fait, elle a fnffifamment prouvé qu’on pour-
roit faire mieux fi chacun., comme e lle , n’avoit
pour tout intérêt que celui de l’humanité. A
l’ouvrage que nous venons de citer en ont fuc-
cédé d’autres qui ont paru avec moins de pro-
fulion, mais qui certainement font d’une milité
beaucoup plus grande ; nous cirerons emr’autres
le Catéchifme à l’ ufage des Sa?es femmes, par
demandes & par réponfes, publié dernièrement
par ordre du Gouvernement. A une théorie claire
& précife fuccèdent les procédés qu’on fuit ordinairement
dans les divers Accouchemens naturels
& contre nature, & tous les faits' & opérations
font tellement expofés, qu’un homme de
bon fens, qui a des notions générales de mécanique
, peut les expliquer & même les commenter
fans tomber dans des erreurs groffières. Un tel
ouvrage devroit être le répertoire de tontes les
Sages-femmes éloignées dans le fond des campagnes
de toute fource d’inftrudions, & pourroit
fervir de bafe à ceux qui les enfeignenr.
Les Chirurgiens qui s’occupent des Accouche-
mens, font moins fujets à tomber dans des erreurs,
parce qu’en généial ils font plus inftruirs.
Mais cependant ils n’en font pas pour cela
moins fouvent de fautes dans la pratique, par la
trop grande précipitation qu’ils mettent à terminer
un Accouchement , pour aller bien vite
à un autre ; par l’impatience où ils font de procéder
, avant que l’orifice de ia matrice foit fuffi-
famment dilaté, par l’indifférence, & même la
négligence qu’ils ont à faire revenir les en«,
fans qui nailiènt afphyxiés, par les moyens les
plus convenables , fur - tout lorfqu’ils opèrent
chez les pauvres gens. Il eft encore ici bien des
réformes à faire ; mais comme le mal eft fous nos
yeux, que nous nous fommes familiarifés avec lui,
il y a tout lieu de croire qu’il l e r a p a r cette
raifon , le dernier qu’on déracinera. Il feroit
à fouhaiter encore ici , même dans la grande
Ville que nous habitons, qu’on ne permît pas in-
difiindement à tout Chirurgien l’exercice des Accouchemens.
On peut être très-inftruit dans la
théorie comme dans la pratique de la Chirurgie,
& ignorer les procédés à fuivre dans les circonf-
tances où fe r lan t, dans telle ou telle pofition,
demande un fecours plus ou moins urgent. Des
notions générales d’une fondion ne donneront
jamais cette main - d’oeuvre dont la bonne ou
la mauvaife application tue ou fauve l’homme
à 1 époque critique de fa naifiance. On fent l’importance
de cette obfervadon dans le centre des
grandes villes, & l’on appelle encore le premier
barbier , dans les Fauxbourgs, auprès d’une femme
qui ne peut accoucher naturellement.
La pratique des Accouchemens eft affez lucrative
, affez effentielle & honorable , pour fads-
faire toute l’ambition d’un homme honnête ,
& qui vife à l’eftime que doit lui donner fa pfo-
feffion. Mais tel eft l’efprit de domination,
que,dans tout état, chacun cherche toujours à fe,
faire valoir, & à empiéter fur le droit des autres.,
On demande fi les Accoucheurs peuvent & doivent
traiter les maladies des femmes avant &
après l’Accouchement. L’Accoucheur vous répond
avec affurance : o u i, & ne manque pas, avec
fa logique ordinaire, de convaincre ceux qui ne
raifonnent point, que cela doit être ainfi ; U
chofe,félon iui,eft prouvée, comme il eft clair
que deux & deux valent quatre ; il va plus
loin encore , en étendant fes prétentions jufque
fur les maladies des enfans qu’il s’eft arrogées par
le même efprit qui le conduit à l’égard de celles des
femme*. On ne fauroit croire combien font grands
les abus,, qui réfultent d’une telle prétention.
Nous fommes loin détaxer perfonne d’impéritie;
il y a , parmi les Accoucheurs de la Capitale,
des perfonnes qui peuvent donner en ce genre de
très-bons confeiis ; mais quelque appréciables qu’iis
foiern, il ne faut pas croire que le tour de
main , 1 habitude & la routine des autres , leur
donne une fnpériorité fur les Médecins inftruirs ,
& qui fe font toujours livrés aux profondes
études que la pratique de leur état demande.
Il n’y a que les gens bornés, malfteureufement le
nombre en eft grand, qui puiffent penfer autrement ;
les meilleurs traités des femmes groffes ou en
couches nous ont été donnés par des Médecins
en différentes parties de l’Eùrope ; ils onr également
fait paroître les traités fùr les maladies des
enfans ; les premiers Pères de l’art ont pareil-
ment écrit en latin fur cet objet , & nous ont
laiffé beaucoup d'inftruèlions fur ce qui s’y rap-
porre ; le public , en en prenant connoiffatice, ne
peut que revenir de fon erreur, & concevoir de
la Médecine une meilleure idée. On avance également
la fcience en abattant la têre de l’hydre des
préjugés qu’en pofam des théorèmes que les
ignorans tournent à leur gré.
L ’Accoucheur en fe fixant à fon objet, & n’entreprenant
que ce que fa confidence lui dide ,
& opérant d’après les notions qu’une étude fuivic
lui a données, procède quand il le faut, excire oit
réprime les efforts de la nature, & n’a recours aux
inftrumens, que quand il eft abfolumem néceffaire.
En général, il ne doit recourirà ce dernier moyen
que quand les autres ne peuvent lui fervir en rien.
Si tous les Accoucheurs euflênt été perfuadés de l’utilité
de ce dernier précepte , on ne verroit pas les
inftrumens être vantés comme s’ils pouvoient tour
faire par eux-mêmes ;. cet éloge pompeux , donné
fouvent au déshonneur de l’a r t, n’a que trop fou-
vent tourné au préjudice des enfansv Le D. Nichols,