
où Ton voit les dents fe raffermir âpres qu'on èn
a fait ufage -, mais alors il eft difficile de déterminer
jufqu'à quel point les alvéoles av oient fouf-
fert. Peut-être n’ex iftoit-il d’autre mal qu’un
gonflement de la membrane qui unit la dent à
I’apophyfe Alvéolaire, tel que celui qui a lieu
dans une légère falivation, en coiaféquence duquel
la dent fe rrouvoit un peu pdùfféè hors de fon
alvéole; mais ce gonflement ayant diminué fenfuitè
du dégorgement occàfionhé par les fcarificatioiis,
là délit a pu reprendre fa place & s’y fixer comme
auparavant. Ou bien cette opération, eh produisant
für la partie une inflammation d’une autre
nature, guérit celle qui éroit dans l’àlvéçlè, &
rétablit les chofes dans leur état naturel.
Si éettè pratique ne réuffit pas, & que là dent
continue à for tir de fa placé, fon piolongement
pourra devenir très-incofrithode, ou dis moins eau-
fer une àffez grande difformité. L ’incanvénieÜt
pourra bien n’êttè pas d-âBôrcl àuffi grand pour une
dent de devant que pour une tndlàire, parce qu’il
arrivé fouvent qne lés premières hé fé rehéOntfént
pas par leurs extrémités, rfiais que celles dé la
îhâcho'irè fupétièure pàffeut pardeffus celles de là
mâchoire inférieure; toujours cependant cène inégalité
feroit rrès-défagréable à l’oeil.
Si l’on ne peut détruire la càtife du mal, è'eft
vers l’effet qu’il faut tourner foii attention. Tout
cè qu'on peut faire pour en fauver lès ihedfivé-
niens, c’eft dç limer la portion de dent qui Pavanée
bots du niveau dés autres^ mais il faut;
prendre garde à ne pas limer dàns l’intérieur dé
l'émail, fans quoi l’on coürroit rîfqüè de eàufer
de ^inflammation, de la douleur & d’aiitrès fâcheux
fyihptôrhes. Cette opération, au relie, fera
fort défagréâblè, parce qu’il eft très-difficile dé
lither Une dent ébranlée. Mais etifin la dent tombera
èi cefférà de eàufer aucune incommodité.
1 Si les alvéoles ont réellement fouffèrt urië déperdition
de fubflahce dans des cas ou des dëhfs
ébraiiiëes fe font raffermies , il eft difficile de
s’àffüref fi elles fe font rétablies dans leur état
naturel, & fi elles ont une faculté de fe régénérer
analogue à celle par laquelle elles crOiffënt, Ou
fl les dénis fe font fixées de nouveau en vërtu
fêulémeht d'une nouvelle adhérence des geficives
à lapophyfe Alvéolaire. Lôrfqüe la maladie eft
OccâliohnCè par le fearbut, il faut corfimèncët
par l’üfagë -des remèdes propres à le gtiérir , &
enfuiteavoir recours au traitement local que nous
avons indiqué»
Outre lés fcarificatioris des gencives, l’on à
recommandé différéftfés applications àftririgënles
propres à lés fortifier &*à les rendre plüsYefftïes»
Mais, duaftd le fnal ttë pfocèdë ;pâs *dë‘ qüfeltjüè
affeéÙoh:»ëfiéralë dtr fyftêffië, telle que lé feorbut,
ou une falivation., que l’on peut. guérir ; quand il
eft local & dépend d’une ffiCpofition particulière
des parties qui font affeêlées , il y a peu de As-
cours à attendre de pareils moyens*
Entr’autres remèdes de cette nature, on recom*
mande fur-tout la teinture de myrrhe, celle de
kinkina & l’eau de mer. On a obfervé de très-
bons effets d’un mélange de teinture de kinkina
& de laudanum liquide, dans la proportion de
deux parties delà première pour une du fécond.
On met fréquemment dans la bouche une petite
quantité dé cette liqueur, que l’on garde dix,
quinze ou vingt minutes avant de la rejeter.
AMATUS LUSITANUS. Jean Rodngues de
Caflelblanco, plus connu fous le nom d’Amatu9
Lufitanus, fleurifloit en Portugal, vers l’an 1550.
Il exerça la Médecine & la Chirurgie & prit fes
degrés à Salamanque. Cette Ville né put retenir
long-tems un homme que l’envie d’obferver,
jointe à celle de converfer avec les Savaris de
fon teins, exeitoient à voyager. 11 parcourut füc-
ceffivement là France, les Pays-bas, l’Iialié, &
fe fixa quelqüë-tems à Férràré, où il eiifeignala
Médecine ; mais ce fut à Ancône, qu’il exerça
avec plus de célébrité. Le Roi de Pologne & là
République de Ragùfe firent d’inutiles tentatives
pour l’attirer dans leurs Etats. Amatus paffa à
Thefialohiqîie, dans la Turquie d’Europe, où il
fe fit Juif, & pour cacher fes démarches fous un
nom irtconnu. Il quitta lé nom de Rodrigues,
pour celui d’Aihâtüs. Le femiment le plus commun
eft qu’il finit fes jours en Turquie, où il
féjdiirhâ plufiéiirs année?. Amatus étoit un homme
très-inftrtnt, très-érudit & grand obfervateur. Ses
Voyages l ’âvoient mis à portée de converfer avec
fês plus célèbres Contemporains, tels que Vivès
d’Anvers, Cananus& Mufa JBrafavole de Ferrare,
Didacus Mendofa de Vettife, Guidon Embaldus
de Pifé, & le Duc d’U ibin3 connu par fon profond
fa voir»
Nous avons de lui; Curationüm 'Medicinalium.
àèhtufitefeptêm. Florent. 155! , z/i-8.01
On trouve, dans cet ouvrage 3 un grand nombre
d’ohférvâtions inîëreffarïtës pour là Chirurgie. Il
y traite fort au long de la chûte dé l’nteriis >
diverfës çrbfervatio'ns fur les Ulcères de la bouche,
I’hiftoire d’une imperforation du gland contre laquelle
Cananus propôfa un trois-quait de fort
invention» Il parle d’un enfadt venu au monde,
avec une cOrhe, & qui ihoürut dans l’opération
pâr laquelle on avoir tenté de la ebuper, d’une
îfcliùrib produire par deux pierres engagées dans
le canal de l’urèrhre fous le gland, & guérie par
une incifiôn faite au canal par-défions la pierre.
L ’hifioire/ dé la vérole & de fes fyniptôtnes eft
très-détâîlîée dans cet Ouvrage, Artiatü? LülitahnS
croyoi.t fur le .fondement de fes connOiffatiées
âflàtomiqttës■ , hue dans là pleiirëfiê, il convefioit
de fàignëi îa vêihë axillaire du mèiiië côté. 11
ëroit' pàrrifàh de î’ëHipyêmë. 11 vOuloit qu’on Iâ>
fît avec le fer tranchant ou le fer .chaud pouffé
entre la fécondé & la troiûème des vraies,côtes.
Un f'ti jet mort de éetfé opération, qu’il a voit dit-
féqué à Ferrare, & au diaphragmé duquel Ü
» V o it trouvé aucune altération, lui fit conclure
que fon opinion fur le lieu précis de l’opération
éroit jufte. Il parle d’une plaie au cerveau, qui
pénétroit dans le verrricule- & dont le malade
guérit. Les ouvrages d’AmatuS Lufitanus, prouvent
qu’il étoit favant & judicieux obfervateur,
& cependant il parle d’une fille devenue garçon,
il croit qu’une femme peur devenir enceinte,
en fe baignant dans une eau où un homme a.urpit
répandu fa femence. On rencontre dans fes ouvrages
quelques remarques Anatomques. Il a admis
rexiftence des valvules dans la veine azigos, &ç. Il
parle du trou qu’on trouve quelquefois au cartilage
xyphoïde. ( M, P e t i t - R jd e z . )
AMAUROSE. AfAçtvpcao-ti' C'efl une affeélion dans
laquelle la vue eft abolie , fans qu’on puiffe
découvrir fa moindre altération de la part des milieux
qui tranfmettent les rayons de la lumière,
c’eft-à-dire, de la cornée tranfparente, de l’humeur
aqueufe du criftallin & de l’humeur vitrée.
Les Anciens lui ont donné le nom de goutte ;
parce qu’ils ont cru qu’elle étoit produire par la
chûte d'une liqueur qui tomboit goutte à goutte
fur l'oeil-, & on lui a ajouté celui de feraine,
parce qu'elle ne trouble en aucune manière,
la diaphanéité des milieux. Cette dénomination eft
d’Aéluarius ; Rolfincius lui donne le nom de
cataraâe noire , mauvaife dénomination qu’il
a prife de l’apparence des yeux en cette maladie/
L'Amaurofe le plus fouvent attaque les deux
yeux à-la-fois, quelquefois cependant il n’y en a
qu’un d’affeéFé , particulièrement quand quelques
ftafes lui ont donné lieu.
On diftingue l’Amaurofe en parfaite & en
imparfaite, d’après Saint-Yves qui a écrit d’une
manière très-étendue fur cette maladie. La parfaite
eft celle où la cécité eft completre ; dans
l’imparfaite , on dirtingue encore la forme &
la couleur des objets, & la pupille qui n’eft
fufceptible d'aucun mouvement dans la première,
joint encore de petits mouvemens de conflriétions
& de refferrement qui font apperçus à une vive
lumière. Les Anciens diftinguoiem encore l’Amaurofe
en celle qui vient dé caufe froide & celle
qui eft produite par une caufe chaude; les Modernes
ont nommé la première pituiteufe , &
la fécondé fanguine. Cette difiinélion eft fondée
fur des faits ; il arrive quelquefois en effet que
cette maladie furvient à une fièvre maligne à la
phénéfie T comme on la voit paroître chez les
vieillards dont les excrétions pituiteufes & mu-
queufes font fupprimées, & même chez les jeunes
gens à la fuite d'une tranfpiration arrêtée par un
vent ou une pluie froide, ainfi qu'on en a des
exemples. ( Voyez les Medical Observations and
înquiries, vol. V . ) Enfin l'Amaurofe fimple
ou compliquée, la fimple eft celle où l’on ne découvre
aucun vice dans l’organe delà vue ; la compliquée
eft toujours accompagnée de quelques vices
du corps vitré, dn criftallin, de l'humeur aqueufe
ou deda pupille.
L ’Amaurofe eft une de ces maladies qu’oà
fimule quelquefois. 11 eft donc bien intéreffant
de découvrir alors la fraude ; le refferrement &
la dilatation alternative de la pupille à une
forte lumière; conjointement avec l'aélion de J’or-
biculaire des paupi.ères qui a toujours lieu ici , &
qu’on n’obferve point dans l'Amaurofe, indique
que la maladie eft feinte.
La caufe prochaine de l ’Amaurofe eft la
paralyfie ou l’impuiffauce de la rétine ou du
nerf optique à être affeélé par les rayons lumineux
qui leur parviennent. L ’ouverture des cadavres
a fait connoître beaucoup des caufes qui peu-
voient occafionner cette affeélion ; ici c’étoir une
déforganifation d e là rétine, du nerf opri que , &
même des couches des nerfs optiques. Là une pref-
fion exercée fur le nerf dans fon trajet de l'oeil
au cerveau, par un ftéafome, une exoftofe ou une
hydatide , comme îè rapporte Boherrave, ou
plutôt celui qui a fait paroître un traité de
maladies des yeux fous fon nom. Ailleurs de
l'eau, dw ïgng épanchés dans les ventricules du
cerveau, qui produifoienr les mêmes effets fur jes
.couches des nerfs optiques , comme chez les
hydrocéphales, les apopleptiques, &c.L’pbfervatioa
a également confiaté que fouvent cette maladie
paroifioir comme épigénomenes à la fuite d’autres-
Ainfi on l’a vue fut venir à la rachialgie ou colique
de plomb , elle fuccè.de fouvent aux fièvres avec
délire, & difpaioît avec ce fymptôrae. Elle peut
auflï paroître vers les derniers tems de la grof-
feffe chez les femmes pléthoriques, & difparoître
après l’accouchement, à raifon de la difficulté ,
que le fang trouvoit à circuler vers les parties
déclives, & de fa dérivation vers le fyftème du
cerveau. On l’a également vu paroître à la fuite de
la répereuffion d'humeurs dartreufes, galeulès , &
autres ulcérations de la peau ; à la fuite de vive*
fecouffes, comme après de violens éternuemens,
des vomiffemens répétés, après des coups reçus
à la tête. M. Hey, Chirurgien à Leed, fait mention
d’une Dame qui en fut inopinément attaquée
fixfcnQâiqes après un coup, qu’elle reçut en tombant
la tête fur une commode. Hippocrate , dans fes
Çoaques, a.voit déjà ojafervé que l'Amaurofe furvient
quelquefois aux coups reçus fur les four-
cils ou un peu au-deffus , ou après une vive
irritation faite inopinément fur la rétine par un
éclat de lumière. 11 eft des obfervarions d<Amau-
rofes qui put paru & duré long-tcms chez les perforées
dont les yeux délicats ayoient été vivemem
affcélés .p^r un éclair. L'Amaurofe paroît encore
quelquefois à la fuite de fuppreffion dés règles,
du flux hémorrhoïdal ; celle-ci eft ai fée à guérir ,
en rappellent les évacuations naturêlles vers les
couloirs.
Toutes ces caule» fi^diverfifiéss, prpdiùfeBt néao-
Iv ij