
d'agir eft tout auffi inconnue que la nature de
ce virus. Malgré les recherches faites depuis tant
de liècles, on n’a point encore trouvé de fpéci-
fiques pour les Dartres', & les noftrums les plus
vantés, pour cet o b je t, n’ont jamais qu’un effet
extrêmement précaire.
Il n’eft pas étonnant que la théorie dont nous
venons de démontrer le peu de fondement, ayant
été pendant bien des fiècles adoptée par la plupart
des Médecins, le traitement des maladies
dartreufes ait été regardé comme long & difficile.
Prefque tous les Auteurs, qui ont écrit à ce fujet,
ont en conféquence recommandé un grand nombre
de remèdes internes,.pour émouffer , adoucir
, évacuer l’acrimonie. Il paroît cependant, par
les Ecrits de quelques Auteurs anciens, qu’ils gué-
riffoient les maladies de ce genre par des applications
externes, comme ie pratiquent encore
tous les Charlatans'.
Un grand nombre de Praticiens modernes ont
commencé à Amplifier le ‘ traitement de ces
maladies, & leur expérience a prouvé qu’un
grand nombre de ces affeélions fe diffipoit plus
certainement & plus promptement par 1 ufage
des remèdes locaux, que par la méthode antique
, qui, en les rejettent entièrement, affujé-
lifloit les malades à un traitement long & affoi-
bliflaht. Us ont reconnu néanmoins que l’ ufage
des remèdes internes pouvoit être utile & même
néceffaire dans cerains cas, quoique fous un autre
point de vue que celui dans lequel on les recom-
mandoit auparavant *, & que la méthode la plus
avantageufe confifioit en une fage combinaifon
des uns & des autres.
Dans le traitement de toiftes les affeélions cutanées
, la première & la principale^ circonftance à
laquelle il faut faire attention, c’eft d’entretenir
la propreté de la peau & d’en maintenir toute
la furface, autant qu’il eft poffible, dans 1 état
le plus propre àfavorifer une douce tranfpiration.
Kien n’eft plus important, pour remplir cette indication
, que l’ufage fréquent des bains tièdes.
Différentes eaux thermales ont acquis en mille
endroits la plus grande célébrité pour la guérifon
de toutes les maladies de ce genre j par-tout on
a cru devoir attribuer leurs effets à quelque qualité
particulière, dépendante des fubftances qu’elles
tenoient en diffolution > mais il eft probable_que
c’eft de leur chaleur principalement que ces eaux
rirent leur vertu. Voye\ l’article Bain.
A l’ufage des bains on joindra de douces frictions
& du linge propre. Dans la Dartre sèche,
on peut faire les friéllons fur la partie même qui
eft maladev mais dans les autres cas, fur-tout
lorfqu’il y a des ulcérations confidérables, il eft
évident qu’on ne doit les faire que fur les parties
qui ne font pas affeétêes. En faifant une attention
convenable à ce qui regarde la propreté, il
ne faut que peu ou point de remèdes internes
dans l’efpèce de Dartre dont nous avons parlé
comme étant la plus légère.
Comme ce font particulièrement des personnes
pléthoriques & dilpofées aux affeéliohs inflammatoires
, qui font fu jettes aux maladies dartreufes,
le Praticien ne doit pas perdre de vue cettecir-
conftancej & s’il | voit une pareille difpoiition
chez le malade, il fera bien de commencer le traitement
par la faignée, & même d’y revenir,
pour peu que les circonfiances indiquent la pro-,
priété de cette mefure. Mais, dans tous les cas*
le régime 1e plus doux , & une grande attention
à la fobriété, font néceflaires pour maintenir les
vaiffeaux de la peau dans l’état convenable de
foMpleffe, & prévenir cette irritation, que les
alimens chauds & très-fubflantiels y excitent
facilement.
Quant aux applications''externes, que l’on emploie,
tant dans les efpèces de Dartres les plus
légères, que dans les plus fâcheufes, il n y en
a point fur lefquelles on doive plus compter que
fur les médicamens aftringens & defficatifs , dont
le plus fimple eft l’eau de chaux : elle fu.ffit fou-
vent dans les cas légers de Dartres sèches *, mais
elle eft rarement efficace dans les autres efpèce9.
Les différentes folutions de plomb par le
vinaigre font fouvent très-efficaces dans les affections
de ce genre. La forme fous laquelle on s’en
fert le plus communément eft l’eau nommée vegc*
to+minérale > on de Goulard *, une folution plus.
ou moins chargée de fucre -de Saturne remplit
le même but» ‘ Voyei Plomb. On peut mêler, ces
folutions avec des cataplafmes, ou en imbiber des
linges dou x , dont on recouvre immédiatement
les parties. La dernière méthode eft en général
la plus convenable , & elle a l’avantage de favori-
fer plus que l’autre la propreté qu’il importe tant
d’entretenir. Dans les cas légers, l’on emploie quelquefois
avec avantage la décoélion des différentes
efpèces de terres bolairesj on les applique
auffi après les avoir Amplement triturées avec le
blanc d’oeuf. Ces topiques,ainfi que les préparations
de z in c , ( Voyt\ Z in c . ) diffipent le mal, en
adouciffant l’irritation, & en calmant la douleur,
lorfque ce fymptôme exifte. Dans bien des cas
cependant, & fur-tout dans ceux d’éruptions graves
& anciennes, on emploie avec plus de fuccès
des applications irritantes, telles particulièrement
que le fublimé corrofif diffous dans l’eau. Dix
grains environ de fublimé fur une livre d’eau
forment une lotion très-aifée à préparer & très-
efficace dans toutes ces affeélions.
L ’on a auffi fait ufage avec fuccès dans ces
maladies d'onguens préparés avec le fucre de
Saturne, ou avec le fublimé corrofif} mais les
fubftances onélueufes avec lefquelles on combine
ces médicamens, pour les employer fous cette
forme, en diminuent l’effet, & ont d’ailleurs d’autres
iaconvéniens, dont la malpropreté | que leur
ufage entraîne néceffairement, n’eft pas lemoindre.
Par l’ufage bien entendu des moyens dont
nous venons de parler, on détruit fouvent des
affrétions dartreufes, fur-tout lorfqu’elles ne font
pas anciennes & de mauvaife nature, mais, lorf-
Aue la maladie eft plus grave & fubfifte depuis
jong-tems, lors fur-tout qu’il s’eft établi un
écoulement habituel d’une grande quantité de matière,
comme il arrive fréquemment dans la Dartre
rongeante , il eft fouvent utile & même néceffaire
d’affifter l'effet des topiques par d’autres remèdes.
Ce font particulièrement les médicamens capables
de diminuer la trop grande irritabilité
des'vaiffeaux de la furface du corps, & d’en rétablir
l'aétion’ en leur donnant du ton, qui paroiffent
agir avec le plus d’efficacité dans les maladies qui
nous occupent. La tranfpiration plus ou moins
abondante qu’ils excitent, manifefte leur manière
d’agir à cet égard, Le plus'puiffant de tous ces
moyens font les bains d'eaux thermales, toujours
Supérieurs, pour l'effet, aux bains domeftiques ,
par les raifons que nous avons indiquées ailleurs.
( Voyei Bain. ) Mais comme ce remède n’eft pas
à la portée de tout le monde, on aura grand
foin de ne pas négliger ces derniers, à l'ufage
defquels on joindra celui des médicamens appeilés
fudorifiques, tels que les décodions de Gayac,
de falfepareille, de mézéréon , ( Voye[ ces mors.)
Les Amples boiffons délayantes , prifes abondamment
, font utiles dans la même intention. Le petit
lait, récent remplit très-bien la même indication,
& peut-être même utile , comme un doux laxatif.
L ’on a beaucoup recommandé les remèdes mercuriels
St antimoniaux, foit féparément, foitconjointement,
8t on les emploie fréquemment avec i
fuccès dans les cas opiniâtres. L ’antimoine crud,
réduit en poudre trè s - fin e , eft utile, comme
doux diaphonique, foit feul , foit joint
à la gomme gayac:uni à une petite portion de
cette gomme, il femble non feulement agir plus
sûrement comme fudorifique, niais même paffer
plus facilement , par les felles. Les préparations
d’antimoine, données en petites dofes,
mais fuffifantes cependant pour exciter le vomif-
fement, ont fouvent les plus heureux effets.
Les fujets pléthoriques, comme nous l’avons
dit ci-deffus, font très-fujeïs à ces maladies, &
les laxatifs leur font fréquemment utiles,' pourvu
qu’on n’emploie qne les remèdes de ce genre
qui font eftimés rafraîchiffânfc, ou qui ont le moins
l’inconvénient d’irriter le fyftême fanguin. Dans
les pays maritimes, on a obfervé de très-bons
effets de l’eau de mer, donnée tous les jours à
la dofe néceffaire pour entretenir la liberté du
ventre -, mais, outre- que le goût en eft extrêmement
défagréable , on ne peut pas s'en
procurer par-tour. On y fupplée par la crème de
tartre, par des petites dofes de fel de glauber ou
d’epfom , par des eaux minérales laxatives, &c.
D’efl p e u t - êtreJ o u s le même p o i n t de v u e q u ’o n
doitenvifager l’efFet des jus d’herbes, qu’on emploie
utilement dans bien des cas contre les éruptions
cutanées j tels font les jus de bourrache,
de becabunga, decreffon, de cerfeuil, &c.Ceux
de chicorée, de piffenlit1, de fumeterre, &c. dont
les effets font beaucoup plus marqués, agiffent
probablement auffi comme toniques, en raifon de
leur amertume *, & il faut ranger avec ceux-ci la
racine de patience & divers autres amers, qui
font en même-tems toniques & laxatifs. Les amers
purs, le kinkina & divers autres médicamens, de
la manière d’agir defquels ce n’eft pas ici le lieu
de chercher l'explication, s’emploient auffi dans
bien des cas avec le plus grand fuccès. Tels font
en particulier l’air fixe , l'acide vitriolique, la
teinture de cantharides, la teinture d’hellébore
blanc, la ciguë, la digitale & d’autres plantes
narcotiques, &c.
C ’efl l’opinion de beaucoup de Praticiens dif-
tingués que, dans le traitement des efpèces de
Dartres les plus rebelles, il eft toujours néceffaire
de joindre à ces remèdes internes l’ouverture d’un
cautère -, c’eft même en pareil cas, fuivant M. Bell,
un des premiers remèdes qu’on doive prefcrire y
car, dit- il, dans ce cas-ci, de même que dans
les anciens ulcères, qui ont en quelque forte tenu
lieu de cautères, on rend la guérifon plus certaine
& plus facile, en établiffant des égoûts convenables
pour évacuer les fluides fuperflus, fans
quoi les ulcères, quoique cicatrifés, font très-
fujets à reparoîire au bout de peu de tems.
Les éruptions de ce genre, fur-tout la Dartre
rongeante, font fréquemment accompagnées d’une
inflammation très-confidérable. L ’on emploie
fouvent des cataplafmes & des fomentations chaudes
pour la diffiper -, mais l'on n’en retire que
bien rarement aucun avantage , & il n’y a pas
d’affeéHon inflammatoire où la fupériorité des
préparations de plomb fur les Amples émolliens
foit plus évidente que dans celle-ci *, car les derniers
favorifent prefque conftamment la difpofi-
tion de l’humeur âcre, fournie par la Dartre,
à s’étendre, & femblent par-là augmenter l’inflammation,
au lieu de la diffiper ; les préparations
de plomb au contraire diminuent la quantité
de cet humeur âcre, l ’inflammation des parties
qui là caufe, & l’irritation quelle excite en
s'étendant fur les parties voifines.
C’eft particulièrement dans le traitement de«
ulcères dartrenx luperficiels qu’on obferveles bons
effets des diffolutions de plomb & de fublimé
corrofif, que nous avons recommandées', mais dars
les cas où ces ulcères pénètrent profondément
dans la fubftance des mufcles & des autres parties,
comme cela fe voit quelquefois, un onguent préparé
avec le zinc calciné réuffit mieux un gros
de fleurs de zinc réduites en poudre très-fine,
fur fix de graiffe de porc, femblent être en
général une proportion convenable pour former
un onguent Çsrçmèfle diminue l'inflammation a