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E# pareil cas, on a bientôt lieu defoupçonnet*
ce qui eft arrivé, par les fymptômes qui ne tar- :
dent pas à furvenir. Le malade fe plaint d’une :
grande foibleflè, fon pouls^ s affaifi’e i l a des :
lueurs froides, & fi l’on n’arrête pas promptement.
l'écoulement du fan g , ces fymptômes font
bientôt fuivis de tous ceux d'une mort prochaine. j
Quelquefois on peu;, aw premier coup-d'oeil,
s'aflurer que la plaie a pénétré dans la cavité de
l ’Abdomen, en voyant fortir, par fon ouverture,
des matière^ fécales , de la bile , du fuc pancréatique,
ou même dit chyle. Quelquefois auffi
on obtient la-même certitude en voyant une certaine
quantité'de fang rejetrée par le- vomifie-
ment , ou évacuée par le reérum. L ’uriné peut
fortir d’une bleflure qui ne pénètre pas dans l'Abdomen
\ car on peut dire que les reins & les
uretères font hors du péritoine, ainii qu’une portion
confidérable de la veffie; mais "ces fortes de
cas doivent être traités exactement comme ceux
de bletfures qui pénètrent dans le bas-ventre.
Lqrfquaucun pareil fymptôme na lieu ; lorf-
qu’on ne:peut facilement introduire ni le doigt,
ni la fonde s lorfqu'il ne le fait par la plaie aucun
écoulement qui unifie faire foupçonner que
quelque vifcère a loufFert jlorfque le pouls demeure
naturel, & lorfqu’il y a peu de douleur, on peut
bien fe flatter que la bleflure ne pénètre pas au-
delà des tégumens ou des mufcles.
Dans'le traitement; de cês fortes de plaies, le
chirurgien doit fu diriger par leur profondeur &
par des fymptômes'dont elles font accompagnées;
Quand on eft sûr qu’une plaie du bas-ventre
ne pénètre pas au-delà des,tégumens .& des mùf-
clés, fi'aucune pottron de ..ceux-ci na été emportée,
il y aura rarement lieu, de redouter aucun
fymptôme grave, fur-tout quand le.corps,eft
d ailleurs en bon état,■. à moins qu’il ne fo.it la
conféquence d’un mauvais traitement, ou dun
manque de foins..
Les indications curatives font de prévenir, autant
qtriî eft p o f l i b l e , l'inflammation, & dé veiller
ce .que la fuppuration , ii l’on n’a pas-pu l’empêcher
de s’établir, ne s’étende & ne creufe des finus.
On prévient finifîammation par lés faignées générales
& topiques, par un régime févère,, par
lbifage des boifions délayantes & ’ des lkÿemensj
émoliienà', par le repos du corps & par un foin
bien entendu de la plaie. Voyt\ In flam m ation .'
Une plaie de l’Abdomen, qui n’ intërefle que la
peau & le 1 tiffu cellulaire, ne doit caufer aucune
inquiétude, parce qu’elle (e cicàrrifë auffi Facilement,
& qu'elle ne demande pftsid’aurre traitement
que fi .lie éroir en toute autre partie du corps.
Mais li élis atfeéte la; fubfiance ufca&eiÿ&
fur-îoo'., fi elle parciîr pénétrer a fiez loir, entre les
mufeles, il y a toujours lieu de craindre quelle
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ne vienne enfin à s’ouvrir dans l’intérieur, comme
on le voit arriver fouvent lorfqu'on n’a pas eu
foin de donner au pus une iflue convenable. Car
alors ce pus féjournant dans la plaie, fe forme
des finus, & creufe peu-à-peu jufqu’au péritoine,
au travers duquel il finit par. le faire jour -, c’eft
à quoi le Chirurgien ne fauroit être trop attentif,.
Dans les cas (impies de coupure faite avec un
infiniment tranchant , il fuffitd ’cm pêcher les
lèvres de la plaie de fe réunir jufqu’à ce qu’on
la voie fe remplir par le fond ; mais dans ceux
de blefiure faite avec un inflrument pointu, il
convient d’ouvrir la'plaie dans toute fa longueur
pour' la réduire à l'état de fimple coupure, ou
bien il faut y faire paffer un féton d un bout à
l’autre. Si^ la plaie n’eft pas bien profonde, il
faut préférer le premier moyen, mais fi elle s étend
un peu lo in, il vaut mieux employer le féton.La
plaie, par ce traitement, ne petit fe fermer au-
dehors, que le dedans ne îe cicafrife en même-
tetns ; • & lorfque la guërifon avance on diminue
graduellement la gi ofleur delà mèche y & quand
on juge convenable de l’ôter tout-à.-faiî, un degré
très-léger de preffipn exercé fur la partie affectée
pendant quelques jours, fuffit généralement pour
acbevér la guéri fon.
Ce traitement qui confifte à ouvrir en entier
les plaies filiuleûtes, ou à faire pafler un féton
d’un bout à l’autre de leur cavité, parottra trop
cruel peut-être à ceux qui n’ont pas encore beaucoup
d’expérience dans: des cas; de cette nature j
car on lit chez d’anciens Auteurs, qu’on peut facilement
lés guérir en fe contentant de tenir 1 ouverture
extérieure dilatée avec des tentes, jufqu’à
ce quelles foient fermées par le fond. Lorf-
qu’une plaie pénètre dans la cavité de 1 Abdomen,
des tentes, & particulièrement^des tentes creufes,.
peuventfouvent être utiles/, & l’on ne devroit point
en condamner abfolument 1 ufage, comme quelques
Chirurgiens modernes: ont affeélé de le faire.Mais
lorfqu’iî s’agit dé celles qui n affeélent que les
parties extérieures, tous les-moyens, de cette ef-
; pèce peux ent faire plus de mal que de bien, parce
que le but qu’on doit principalement avoir en vue
;• étant. d’empêeher que le pus ne puifle fe faire
i jour au travers du péritoine , tout ce qui tend
à le retenir dans la plaie eft dangereux, en favo-
rifant la formation des finus & lors même crue
. ces mauvais effets n en réfulteroienc pa^, le trai-
i riment ,-àu moyen des tentés , feroit toujours plus
long, & .’ fouvent bien plus douloureux que celui
; que nous avons recommandé.
Une autre attention qu’il ne faut pas négliger
dans le traitement des cas dont nous parlons,
c’eft de donner du foutien aux .partiesdblëflées
lorfqn’elles ont été affaiblies à un certain, pôint,
? & qu’ il.y a lieu de craindre qu'elles n offreur pa»
-, une réfiftanoe fuffifante au poids & à la prefiion
. des vifcères^Car les parois de l’Abdomen font
formées prefque entièrement de fubftances molles
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& qHi cèdent facilement ; elles n'ont point d’os
our ies fontenir dans toute la partie antérieure ;
& comme la plupart des vifeères oui y font contenus
ne font fixés que d'une manière allez lâche
-aux parties folides, ils font fujets par la prçffion
■ qu’ils exercent continuellement de tous côtés, à
diftendre les parties qui fe trouvent plus foibl.es
qu’à l’ordinaire, & à faire faillie en-dehors. En
conféquence, toutes les plaies de l’Abdomen, celles
fur-tout où une grande partie des tégumens &
des mufcles a été écartée par un inflrument transchant,
lors même quelles ne pénètrent point dans
j j cavité, demandent à cet égard un foin, particulier.
Il faut tenir le malade autant qu’il efipof-
ifible dans une pofition horizontale pendant tout
Je traitement, & ne pas lui permettre de commencer
à fe tenir debout, ou à marcher, fans avoir
auparavant foutenu les parties affeèlées par de
? (sonnes comprefles & par une bande ferme & un
fpeu élâflique de flanelle, çafféedeux on trois fois
autour du corps. On doit même faire ufage de
quelque précaution de ce genre pendant long-
liems après que la plaie fera complètement cica-
jtrifée, A l’on ne veut pas donner lieu, comme
cela eft fouvent arrivé, à des hernies très-difiï-
ciles à traiter.
$. Des plaies qui pénètrent dans la cavité de
l ’Abdomen, fans ajfeSer aucun vifeere,
|r Quoiqu’une plaie de l’Abdomen ait été faite
par un inftrumenr qui aura pénétré à une a fiez
■ grande profondeur, on peutfie flatter encore qu’aucun
des organes;contenus dans fa cavité n’en a
fouffert, tant qu’il n’y a ni tenfion ni beaucoup
de douleur , tant que le pouls demeure naturel,
& que la chaleur de la peau n’eft point altérée.
Mais, malgré ces apparences favorables, on ne
doit pas conclure que le cas eft fans danger-, car
il arrive fouvent que ces fortes de plaies qui d’abord
n’annonçoient rien de menaçant, fe terminent
d’une manière funefte.
Il eft: bon d’obferver cependant que fouvent
l’on peut attribuer cette terminaifon fàcheufe à
quelque vice du traitement, & qu’il eft fréquemment
au pouvoir du. praticien de la prévenir. Car
quoiqu'il y ait des exemples de bleflures de l’Abdomen
qui deviennent mortelles , quoiqu’aucun J
fymptôme ne tendît à faire préfumer que les vifeères
fuffent affeélés, & qnoiqu’après la mort ils
parufient avoir été tous intaéls, on aura bien rarement
lieu d’obferver de pareils accidehs lorf-
que,; dès‘ le commencement, ces plaies auront été
traitées avec prudence^
Deux caufes principalement peuvent occafion-
ner ici le danger ^ J’aéUon de l’air extérieur dans
ilg cavité du bas-venrre qui peut déterminer une
|inflammation fur différens vifeères, & celle du
pus qui s épanchera néceflairement dans l’intérieur
du Péfûoine, s’il ne trouve pas une iflue facile
au-dehors.
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Lors donc qu’il fe préfente une plaie de cette
nature, l’on commencera par arrêter le fang fourni
par les vaifleaux des tégumens & des mufcles
qui peuvent avoir été ouverts, en faifant la ligature
de ces vaifleaux. Voyei A r t è r e . Enfuite
on tâchera), par tous les moyens polhbles, d’empêcher
abfolument l’accès de l’air fur la plaie.
Cela ne fera pàs difficile quand elle n’aura pas
beaucoup d’étendue •, il fuffira etr pareil cas d’en
rapprocher les bords, de les couvrir de plufietirs
languettes d’emplâtre ag g lu r in à tif& pour être
plus sûr encore d’y réuftïr, on mettra par-defllis
le tout une compreffe & une bande de flanelle.
Tous les moyens de prévenir l’inflammation
( Voyei Inflammation ) , tels que les faignéês
générales & topiques, le régime fafraîchiÏÏant
le plus févère, les fomentations & embrocations
fur la partie àffetftéé, & le repos du corps le plus
parfait, font ici bien plus néceflaires encore que
dans les cas de plaies fùperlicielles ou nous et)
avons recommandé l’ufage.
En fuivant une pareille conduite, on réuflira
fouvent à fermer .par la première intention, c’eft-
à-dire, par une fimple réunion de leurs.bords,
des plaies de cette efpèce, lorfqu’elles n’auront
que peu d’étendue. Mais fi elles tardent à fe cica-
trifer, on ne renouvellera les panfemens que le
plus rarement qu’il fera poflible -, & l’on aura foin
de les faire avec toute la diligence que la nature
du cas permettra, afin de diminuer d'autant le
tems pendant lequel l’air pourroit agir fur la
partie affeélée.
a. Accident inflammatoires a la. fuite des plaît*
_ du bas-ventre.
Quelquefois cependant, malgré tous les foins
qu’on pourra fe donner , il arrivera qu’on ne fera
pas maître d’empêcher qu’il ne furvienne quelques
fâcheux fymptômes. Pour l’ordinaire, ils fe
manifeilerpnr d’abord comme purement inflammatoires;
en conféquence, ils demanderont à être
, traités par de nouvelles faignées, & exigeront un
] redoublement d’attention à toutes les: parties du
régime antiphiogiftique. Voye% A ntiphlogisti?-
qu e; Si ces moyens ne dilfipent pas l’inflammation,
elle pourra tuer le malade en déterminant
La formation de la gangrène; ou bien , elle fe terminera
par fuppuration *, circonftanee qui requiert
toute l’attention du Chirurgien, & d,ont il nous
refte à nous occuper.
b. Suppurations au bas-- ventre en conféquence
dp plaies. .
S'il s’agifToiî de toute autre partie du corps,
la pratique la plus fagfc feroit, en pareil cas, de
| faire une ouverture fuffifante pour donner iflue 1 au pus. Mais l'on ne peut jamais reconnoître avec
certitude ces- fuppurations abdominales, jufqu’à
ce que Faims de matière- purulente ait féjourné
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