tenues- par une infeéîion générale , n'importe
qu'elle en foit refpèce , afin de la comb ttre
par les Spécifiques que fa nature exige. Si on
Ja foupçonne fcorbuffque , on prefciir les remèdes
oppofés à cette caehexîe, & Ton en continue
l’ulage- pendant long-rems. L ’on aura également
recouts aux mercuriaux, en fuppofant
que la caufe fût vénérienne , ainfi qu’aux anti-
■ fcrophuleux & autres remèdes que l'expérience
a manîfëfté être convenables dans les cas où un
principe d’écrouelles, ou autre înfcélion donne-
îoit des lignes^ manifeftes de fa préfence ,* ca r ,
dans tous ces cas , la première chofe à faire,
fc’eft de remédier à la caufe première de la
maladie •, EExoftofe ne devant en être regardé
que comme l’effet.
Mais nous fuppofons que te vice foit purement
lo cal} qu'il n’y air aucun principe d’infeélion,
ou que celui qui exiftoi», ait été convenablement
détruit. Dans le cas où la tumeur proviendroit
d’une coptufion , ou de toute autre caufe extérieure,
fi elle étoit peu volumineufe, firuée à
un endroit peu inquiétant, qu’elle fût fort ancienne,
qu’elle ne prît aucun aecroiffement, on
doit l’abandonner à elle-même , & n'y faire aucun
remède. Mais, fi la circonfiance eft abfolu-
-menr autre, que la tumeur foit douloureufe, &
qu’elle travaille, pour nous fervir du terme communément
reçu, il faut néceffairement la découvrir
au moyen du cauftique ou de l’infirument
tranchant. Dans le premier cas, on applique une
pierre à cautère, d’une grandeur convenable, pour
former une efearre,& l’on y revient jufqu’à ce
que la tumeur foit parfaitement à découvert.
Quand on fe détermine pour l’infirument tranchant,
& ce parti eft le plus expéditif, voici
alors comment il faut fe conduire. Le malade,
étant convenablement placé dans fon li t , la partie
fur laquelle on fe propofe d’opérer fermement
contenue, on fera fur les tégumens une incifion
cruciale, dont les branches feront fuffifamment
prolongées pour . dépaffer près d’un demi-pouce
& plus la bafe de la tumeur, quand la fuuation
de l'Exofiofe peut le permettre $ on continuera
d’incifer jufqn’à l'os, évitant les parties dont la
feélion feroit inutile & même nuifible. La tumeur
étant ainfi bien mife à découvert, & le
fang qui pourroir la cacher, bien abforbé au moyen
d'une éponge , on fe déterminera d’après fa nature
, fur la meilleure manière de l’emporter. Si
elle ne forme qu’un noeud peu volumineux, qui
puiffe être enlevé par uue couronne de trépan, on
fe déteririn; à employer cet infinimenty fi elle
eft beaucoup plus greffe, on fe décide pour la feie,
ou l’on en emporte les inégalités avec la gouge,
& fon traite la plaie félon les méthodes les plus
reçnesjc-cfi-à-dire,qu’on en rapproche les lambeaux
, & l’on cherche à les réunir d’après la
première intention. Mais quelquefois l’Exofiofe
eft trop étendue & trop profonde pour quoi;
puiffe réuffir par ce procédé ■, il faut alors préférer
le trépan exfoliarif: on perce l’Exofiofe de
côté & d’antre par plufieurS petits trous, & affez
profondément, pour donner lieu au dégagement
des vaiflëaux qui pourroient faire tourner l ’Exofio-
fe à la fuppuration. (7ette méthode n’eft guère
admifiîble que dans les Exoftofes éburnées, 8t
dans celles qui occupent les os plats. On l’a vue
dans celles qui font fur les os longs oufpongieux,
donner lieu à des fufées de matières dans l'inférieur
de l'os d’où font fuivies la fièvre, la ré-
forption de matières & la mort-
Mais quand l’Exofiofe eft fpongieufe^ d'oulou-
reufe, que la peau qui la recouvre , devient rouge,
brillante, & comme éréfypélateufe, que les malades
y éprouvent profondément un fentimeni
de puhation, il y a tout à craindre que l’Exofiofe
ne foit compliquée de carie. Quand celle-ci a
lieu, la matière purulente., qui eft d'un très*
mauvais caraélère, a détruit les chairs & le période
qui confine l’o s j en forte que, quand on fe
détermine à ouvrir la tumeur, on eft tout étonné
de fe trouver, dès la première incifion, dans le
foyer même de l’os, & d’en fentir avec le doigt toutes
^ les inégalités à l'entour. Il faut, en pareil cas, ert
imbiber toute la matière avec de petits tampons
de charpie, qu’on poite de côté & d’autre, au
moyen d'une pince*, & lorfqu’on a bien defféché,
on en trempe d'autres dans un mélange départies
égales de décoélion de petite ariftoloche &
d'efprit de térébenthine j on tamponne par-deffus,
& l'on termine par un emplâtre de ftyrax & un
bandage approprié. Ordinairement les faillies &
éminences qui formoient partie de la tumeur,
tombent pu s’exfolient par la fuite de ce pânfemenr.
Si cette féparation eft longue à fe faire attendre,
on l’accélère en coupant les faillies avec le ci-
feau, le maillet de plomb , ou la feie. On va
doucement en faifant ces opérations, pour ne
point tropfecouer le membre , & par-là donner
lieu à des accidens. Mais quand la carie complique
tellement la maladie, qu’elle demande par
elle-même un traitement,comme elle eft du genre
de celle qu’on appelle humide, il faut la traiter
comme celle-ci, avec les cautères potentiels ou
aéluels*, ceux-ci font plus efficaces*, on les met
en ufage de la manière que nous l’avons confeiltë
à l’article Carie.
Les Exoftofes, qui font fituées fur les os cylindriques
, l’entourent quelquefois entièrement.
En fuppofant que le cas foit de ce genre , & qua
les circonftances déterminent à l’opération , le traiv
lement que nous venons d’indiquer , ne feroit pas
celui qui conviendroit. Il vaudroif mieux alors
fi l’Exofiofe étoit fur le corps de l’os, emporte;
entièrement la portion exoflofée. On a desexenv
pies, dans les cas de fraéture où l’on avoit enlevé
de longues pièces de cylindre, o ù , après la gué*
tifon, tes malades ont encore joui de tous leurs
mouvemens, à raifon d'un nouveau travail tl'offi-
fication opéré dans le périofie. Voyt{ l’article
Cal & Fracture. « Dans un cas .de cette,
nature, dit M. Bell, qui eut lieu fur un os du
métatatfe, & où l’Exofiofe environnoit toute la
-circonférence de l’os , je crus qui! convenoif
mieux d’enlever entièrement l’os plutôt que d’en
Liffer feulement les deux bouts. Cette opération
fut faite avec facilité. L ’autN: parti auroit été
plus pénible & les fuites plus longues, & n’au-
îoit pas mieux réuffi *, car, quoiqu’il ne fe fit point
une nouvelle offification, néanmoins les parties
prirent affez de fermeté pour permettre an malade
de marcher comme auparavant, Dans les
cas où l’on fe dérerminëroit à en venir à une réfection
diïkylindre de l’ôs, il faudroit faire ufage
d’une petite feie à main, dont la forme feroit
appropriée aux circonfiauces où l’on fe trouve-
roir. Quand on aura enlevé la pièce, on remplira
le vuide avec des bandelettes trempées dans
de l’huile rofat. On recouvrira le tout d’un gâteau
de charpie, & l'on tamponera légèrement.
11 eft inutile de rien appliquer fur la turface de
l’os qu’on a fcié} car elle s’exfoliera d’elle-même ,
comme il arrive après les grandes amputations.
Une chofe effentielle ic i, ceft de placer la partie
dans la pofition la plus favorable à l’ifiue des
matières, ce à quoi l'on doit toujours fonger dès
le commencement, pour prolonger plus ou moins
les incifion s du côté où il convient ie plus. Quand
on fai; cette opération fur une partie où il y a
deux os, celui qui refte conferve au membre fa
longueur première après la guérifon. Il n'en eft
point ainfi fur celles où il n'y en a qu’un, quelque
précaution qu'on prenne, quelque machine
qu’on emploie, la force rétraélile des mufcles
qui ne fe trouve plus contrebalancée par l’o s ,
approche l ’une de l’autre les deux extrémités, &
raccourcit ainfi néceffairement le membre. La
Nature fait ici beaucoup , après qu’on l ’a mife
à même d’opérer *, mais il faut encore l ’aider >
en donnant les écoulemens convenables au pus,
en facilitant Ja granulation des chairs par l'emploi
des topiques les pins efficaces, évitant tous
les fpiritueux, les teintures aloétiques & autres,
qui ne feroient que crifper les chairs *, le fimple
miel* rofat & l’huile de milpertuis font ceux qu’on
doit préférer à tout autre. Les Exoftofes, qui
attaquent certains o s , demandent des confidéra-
tions particulières, relativement aux parties qui
lès avoifinent, & aux moyens curatifs qui leur
conviennent*, nous en dirons quelque chofe , en
traitant des affrétions des os, relatives à leur continuité
& comiguité. C'eft pourquoi nous y renvoyons
, ainfi qu’aux Mémoires de l’Académie
»loyale de Chirurgie, où l’on trouve des Obfer-
vations intérelfantes fur cet article. (M . P e t i t -
R âÆ)E-L )
e x p é r i e n c e . iu7fu, Expcricntia. C o n n o i f -
fance qu'on acquiert fur un objet par l'examen
répété de fes propriétés phyfiques, les plus propres
à frapper nos fens, & comparées emr’ellcs
pour remonter à leurs caufes. Cette définition
diftingue fuffifamment l’Expérience de celle dent
parle le vulgaire, qui n’eft que l’intuirion répétée
d’un effet fans nul égard à l’enchaînement de
caufes qui peuvent le produire. Elle établit égzi
lement une ligne de démarcation entre l’Empiri-
que & le vrai Praticien , qui des effets paffe fponta-
nément aux caulès, par une opération fi naturelle,
qu’elle lui eft , pour ainfi dire, involontaire. Il eft
uneExpérience q u i, n’étant point appuyée fur une
considération fuffifante de tout ce qui a rapport
à fon objet, ne peut que mener à l’erreur en
la prenant pour guidé-, & telle eft celle qu'on
peut avoir dans la jeuneffe, où la vivacité des
fens ne pouvant être réprimée , les premiers
phénomènes qui les ont frappés le plus , fe repré-
tentent continuellement, & paroi fient être les
mêmes, quoiqu’ils foient bien différens à des yeux
moins préoccupés. Cette Expérience, qui fouvent
a pour bafe un vice dans ie rationnement, ne
perfifte que trop fouvent la même j & alors, quel
que foit l’âge où l’on parvient, Ton ne voit ja-.
mais les objets dans leur nature*, & loin d’arriver
à la vérité, on s’enfonce de plus en plus dans
l’erreur. C’eft cette Expérience qu’on enrend
vanter tous les jours par ceux qui ont la pré-
temion de vouloir donner le ton aux chofe*
mêmes fur la nature defquelles iis n’ont aucune
connoifiance : cette Expérience de quelques vieillards
, que les circonftances ont favorifés', & qui,
inter clades & funera, fe font frayés un chemin
à une réputation & à une fortune d’autant plus
affurée, qu'elles font maintenues par des igno-
rans nombreux, qui font loin de pouvoir faire
ces diftinélions*, celle enfin de ces impudens, qui
ne doutant de rien , parce qu’ils ignorent tout,
fafeinent de leurs prétendusfuccès.les yeux de ceux
qui , trop crédules , trouvent fort doux de
pouvoir penfer non par eux, mais par les autres.
L ’Expérience, acquife par une longue fuite
de travaux, les plus propres à la perfeélionner, Se
mûrie par le ternis, eft inappréciable aux yeux
de la raifon. Si elle n’eft pas toujours un fruit
tardif de la vieiilefle, elle ne fauroit être non
plus la propriété d’une jeuneffe précoce qui ne
peut avoir affez vu pour .tirer des induélions fur
lefquelles on doive réeliement compter. Elle ne
peut donc être que le partage de la maturité,
où le jugement formé donne aux chofes ië degré
; de certitude qu'elles peuvent avoir, où les or ganes,
doués dudegr-éconvenabledc vibratilité/ont fourni#
aux moindres émotions, & où l’aine répond auxfen*
fatums de la manière la plus propre aux fondions
de l’organifme. L ’Expérience eft quelquefois d’une
application difficile, lorfqiie les figues fenfibles
viennent à manquer, & que les fente rationeis
reliait pour éclairer fur la caufe de la maladie y