appareil,ayant fait des tentatives frnfluenfes pour
enlever le coin, ce à quoi Ton parvint avec peine,
vu qu’il étoit enfoncé profondément jufqu’à la
tête, la vue revint auffi-tôt, avant même que l’oeil
eût été réduit, l’inflammation qui furvint, s’ap-
paifa par les foins qu’on donna au bleffé, & la
vue relia comme précédemment. M. White fait
mention d'un cas pareil dans Ces Cas de Chirurgie,
avec néanmoins êette différence que l’oeil
étoit encore plus forti» Ces deux cas font confirmatifs
de celui de Covillard, & contre ce qu’en
dît Maître-Jan, qui regarde l’obfervation de ce
Praticien comme apocryphe. Il fuffit, pour concevoir
la vérité de ces obfervations, de fe rap-
peiler la manière dont l’oeil eft contenu dans
l’orbite, & fon rapport avec cette cavité. En effet,
le plan du bord de chaque orbite, dit M. Louis,
pour défendre le fait de Covillard, eft oblique,
& fe trouve reculé plus en arrière vers la
tempe que vers le nez. Le globe de l’oeil eft fixé
«Tu côté du nez, & déborde antérieurement le
plan de l’orbite il eft donc manifefte , par la
feule infpeélion, que le globe de l’oeil, dans l’état
naturel, eft en partie hors de l’orbite. Si l’on
confidère enfuite que le nerf optique eft fort
lâche, pour fuivre avec aifance, & fans tiraillement
, tous les mouvemens que le globe de l’oeil
fait autour de fon centre par l’aclion de fes différeras
mufcles, on n’aura pas de peine à concevoir
qu’au moindre gonflement, l’oeil ne puiffe
faillir d'une manière extraordinaire, & qu'il ne
faut pas un aufii grand défordre qu’on pourroit
fe l’imaginer, pour le faire paroître tout-à-fait
hors de l’orbite, fans que le nerf optique , &
fes mufcles foient rompus ni déchirés. (M. P e t i t -
j lA D X Z - )
EXO STOSE ,Eçà<r»m,Excfiojîs , tumeur qui
fument à une région quelconque d’un os ou
dans toute fon étendue & qui offre différons
caraélères relativement à fon efpèce. On doit
diftingucr l’Exoft du périofte , la fubflance
de l’os eft affeélé dans la première de ces maladies,
& c’eft le périoftofe qui fouffre dans la
féconde. Voyc\ Périostose. Les Exoftofesvarient
beaucoup entr’elles , foit par rapport à leur
nature , foit à raifon de l’étendue quelles occupent
, ou de la caufe qui les entretient. Il
en eft qui n'affeèlent qu’une petite partie d’un
os tels que. les noeuds ou tophus pendant que
d’autres fe répandent fur fa totalité, telle longueur
qu'il ait. Nous avons fait repréfenter
dans les Planches, qui ont rapport à cet article
une. Êxoftofe de ce genre , qui comprend ainfi
tout le fémur. En pareil cas, la forme & la
foiidité de l'os font entièrement changées,.& fa
conformation tant interne qu’externe eft à peine
reconnoiffable. Les régions dont la denfité étoit
la plus grande ont pris une texture fpongieufe,
.comme en d’autres circonfiances, celles qui fe
diftinguoient par leurs fpongiofités font devetmej
très-denfes, & fi denfes que les os ont l’apparence
de l'ivoire ; les Exoftofes de ce genre font
appel iées communément Eburnées. Les Exoftofes
de la première efpèce auxquelles on pourroit donner
le nom de fpongieufes, forment fouvent com.
me une voûte, de la furface de laquelle fe détachent
différens filets qui fe ponant en diffé-
rens fens , font un treillis fort diverfifié, dans
les efpaces duquel féjourne une matière,comme
purulente ou charnue. Ces Exoftofes font fouvent
accompagnées de carie , dont les progrès n’ont
lieu que lorfque la maladie eft portée au plus
haut point. On peut voir différons exemples de
ces fortes d’Exoftofes dans le $e & 5e vol. des
Mémoires de l’Académie de Chirurgie, & la manière
dont quelquefois elles fe compliquent avec
les Exoftofes éburnées. La nature des acci-
dens qui accompagnent les Exoftofes, les a fait
diftinguer en bénignes & en malignes. Les bénignes
font Amples , elles viennent de caufe
externe, & fe diflipent aifément, ou bien elles
relient long-tems fans menacer la v ie , à moins
que parleur pofmon , elles ne nuifent à l’aélion
de quelques organes -, elles proviennent le plus
fouvent d’une caufe extérieure , comme une
plaie, une contufion, un ulcère , telles font
les éburnées peu volumineufes & convenablement
ûruéès. Les malignes font fomentées par
une caufe interne qui agit fourdemem, elles
ont fréquemment lieu dans les affrélions vénériennes,
fcrophulenfes cancéreufes, & font
accompagnées de douleurs plus ou moins vives
d’inflammation, de fuppuration & d’une fièvre
fouvent opiniâtre. Ce genre d’Exoftole eft très-
fâcheux, «quelquefois incurable, & ne laiffe que
l’amputation pour toute efpérance , quand elle
occupe quelque partie où ce dernier moyen
peut être de quelque valeur.
Les Auteurs les plus récens- & notamment
M. Hévin, reeonnoiffent des Exoftofes par infiltration
, & d’autres par épanchement. Il n'y a
qu’une théorie fondée fur le préjugé de l’exiftence
du lue ofleux qui puiffe donner lieu à une
pareille difiinélion : auffi la rejetrons-nous abfo*
1 muent.
Si l’on ne confidéroît les os que tels qu’ils s’offrent
après la mort & dans l’état de féchereffe où
i-5, trouvent chez le fquelette, on auroit
peine à concevoir comment leur parenchyme
pourroit fe gonfler & parvenir au volume qu’il
acquiert dans certaines Exoftofes ; telle par
exemple que celle dont M. Cremoux a envoyé
1 obfervation ( à M. Morand, & dont on trouve
le delfin dans le 5e volume des Mémoires de
l’Académie de Chirurgie. Mais en fe représentant
leur fubflance vafculaire , telle qu’Albinus la
conftatée par fes nombreufes injeélions, la difficulté
devient plus facile à faiûr & à expli-'
quer.Eaeffet, les o s , dans l'état de v ie , font
comme les chairs entièrement fournis de vaiffeaux
fie mut genre, perméables à leurs humeurs
refpeèlives, & jouiffant des facultés de la vie
à un degré auffi éminent que les organes les
plus vitaux. Ils doivent donc être fournis aux
mêmes influences morbifiques, aux ftâfes & aux
fiégénerefcences humorales , aux indurations &
(olidificacions qui dérivent d’un plus grand abord
des fues concrefcibles. Toute Êxoftofe eft précédée
dans fon apparition par un travail différent
de celui par lequel elle fe forme, & qu’on
doit tous deux regarder comme morbifiques.
Dans le premier , l’os s’amollit,, fon parenchyme
fibreux acquiert la texture d’un feutre, il
devient fouple & ployant comme lui , vrai-
femblablement par l'abforption plus répétée du
principe qui lui donne la foiidité. Dans le fécon
d , H s’endurcit , prend plus de volume par
un travail fubféquent contraire au premier , &
pendant lequel il exfude des porofités vafeu-
laires une plus grande quantité de principes
terreux. La vie concentre ici fes allions & les
modifie fous nombre de formes d’où dérive la
variété des Exoftofes. L'intervalle qu’il y a de
ce travail à l'autre eft court , il arrive même
quelquefois de furprendre la Nature lorfqu’eile
l’opère. Je me rappelle d’avoir ainfi rencontré
dans mes diffeélions, de ces fortes de gonfle-
mens en partie moux & durs , dont je ne
pouvois nie rendre raifon aux premières époques
de mes. études, & q ui, par la fuite, ne
mont paru devoir fe rapporter qu'à, des Exof-
s mies commencées. Les opérations de la Nature,
quoique faites ici d’après un plan contraire à
notre organifme, n'en font pas moins merveil-
leufes. Qu’on fe rappelle la texture d’un fémur
dans 1 état ordinaire, & qu'on la compare avec
celle où il eft exoftofé dans toute fon étendue, tel
que celui fcié dans toute fa longueur , que nous
avons fait repréfenter dans nos Planches , &
Ion verra combien elle s’eft écartée de fon plan
pour augmenter l’ épaiffeur de fes parois, au
point de rendre nulle la cavité médullaire.
Mais tel compliqué qu’ait été ce travail, l'on
voit encore les^ traces de fes parois qui indiquent
ce qui s’eft porté au-dedans pour abolir
fa cavité, & ce qui s'eft forjetté au-dehors.
Quand ce travail eft fans- inflammation, & qu’il
le pafle paifiblement, l’individu chez qui il s’opè-
*e > peut parvenir à un très-grand âge, & fouvent
fans fe douter de rien. Il n’en eft pas-
amfi, quand il y a un principe d’acrimonie développé
les accidens qui furviennent alors &
fouvent d'une manière violente mènent bientôt
fe malade au tombeau.
Une Exoftofe , qui fe forme lentementrie
°nnc fouvent aucune indice d'elle fur-tout £
quand elle eft placée fous les chairs & au-delà I
e *a portée du doigt. Il n’en eft pas ainfi, quand ’
elle eft près des parties dont elîé peut gêner
l’aélion. Si c’eft intérieurement, elle fait naîtra
différentes affeélions dont on ne connoît bien
la caufe qu’après la mort. Si c’eft à l’extérieur,
elle pouffe les parties qui font fufceptibles de
l’être, & nuifent à leur aétion. Ainfi, l’on 3:
vu l’oeil forti tout-à-fait de l’orbite, & le larynx
être déjetté par une Exoftofe.. Les Exoftofes
qui fe forment promptement,, font toujours dou-
ioureufes, fur-tout quand elles font d’un certain
volume \ le yériofte qui alors acquiert une
fenfibiiîté qu’il n avoit point , continuellement
tiraillé dans toutes fes fibres, s'engorge lui-
même & participe au gonflement ainfi que les*
parties molles d’alentourles mufcles eux-mêmes-
éprouvent du dérangement dans leurs aélxons, ils
s’endurciffent même quelquefois , & acquièrent
une nature qui imiie affez celle de l'os. D’autres*
fois les fucs aqueux s’infiltrent dans leur fubf-
tance,.les relâchent, & tout le membre deviens
oedémateux» Les Exoftofes qui furviennent aux
épiphyfes, prennent généralement des accroiflè"
mens beaucoup plus prompts que celles de toute
autre partie à raifon de leur plus grande fpon—
giofité , & elles ont aufii des fuites beaucoup
plus-promptement fàcheufes à raifon de ce quelles-
tournent plus facilement à la fuppuration. Quand
cette terminaifon a lieu, elle eft ordinairement:
accompagnée d’ un gonflement blanc & de clapiers.
La fonde qu’on introduit par une des ouvertures
, fait toujours découvrir une carie plus-
ou moins étendue *, quelquefois cependant on
la porte affez loin fans qu’on puiffe rien découvrir
*, ce qui a lieu quand tout l’intérieur
de l’os eft tombé en difiolutionj la fanie s’étant
écoulée, il ne relie plus alors qu'une enveloppe
formée des parois amincies de l’os-qui forment
comme une veflie.
L ’on voit par les détails ou nous venons.-
d’entrer, en les rapportant aux notions relatives
aux généralités des o s , quels font les lignes
qui peuvent caraélérifer une Exoftofe, & les
fuites plus ou moinsfàcheufes quelle peut avoir..
Toutes celles qui font de Caufes externes,.font
généralement moins fâcheufes que celles qui’
viennent de caufes internes -, & celles de ce dernier
genre, qui attaquent les ôs fpongïeux, plus que:
celles qui naiffent fur la diaphyfe. Les Exoftofes-
vénériennes font plus curables que celles qui;
font compliquées d’une caufe feorbutique, fero-
phuleufe & cancéreufe. Les deux dernières fur-
tout font ordinairement accompagnées d’une telle.
dégénérefcence, qu'encore même que l’amputation
offre, de grandes efpérances, quand elles *
font convenablement lituées, cependant l’on auroir
encore tort de compter fur ce moyen extrême
, le mal ayant fouvent jetté de plus profonds
racines que ce qu’il en paroit au-ciehors..
Quant au traitement des Exoftofes , la première,
ebofo çft. d’examiner û elles font* entre?-