
quelquefois l’engorgement, au lieu fêtre inHam-
maioire, eft féreux & comme purulent, accompagné
d'une oedématié qui s étend fur toute la
Cuiffe. Quand les fujets font âgés, il eft rare
qu’ils ne fuccombent point à de pareilles fuites.
X)e la luxation de lu Cuijft.
En confidérant attentivement la profondeur
de la cavité cotyloïde qui reçoit la tête du fémur,
là ligament triangulaire qui un peu du bas de
l’axe de c e lle - c i, s'attache au fond .de cette
cavité; la force du ligament on bourrelet ocbiçu-
laire qui maintient & borne les os articulés, la
quantité & le volume des mufcles qui entourent
cette articulation, l’on préfume d avance combien
doit être rare la luxation de la U n ite , or
les difficultés qui doivent en accompagner a
réduélion , fur-tout quand elle nefl occaiionnée
par aucune catife interne, quelqu en fort la nature.
On peut diftinguer différentes luxations, a raifon
du lien que la tête occupe hors de fa cavité;
& de-là les différentes dénominations de luxations
en en haut & en dehors, en. en haut & en
dedans, en en bas &en dehors, en en bas & en
dedans. Celle-ci eft la plus commune, à ration
de ce que la cavité cotyloïde eft moins profonde
de ce côté-, & que l’infertion du ligament rond
eft près del’échancrpre qui regarde le trou ovalaire,
& qu’il peut s’alonger de ce côté fans fe rompre.
I eft reconnu que de toutes les luxations, a plus
■ difficile à fe former, St conféqnemment la plus
ja r e , eft celle en en haut St en dehors ; 1 infpetftron
de l’articulation en donne la raifon, la cavité
cotyloïde eft très-profonde de -ce côté, 8t le
ligament triangulaire trop court pour permettre
h fo r t ie de l'os, à moins quil ne fou rompu
comme il arrive quelquefois. Auffi efl-.l reconnu
■ que la Cuiffe fe luxe plus fréquemment quand on
l ’écarte de l’autre, en mêqietems qu on s élève,
ou quànd on tombe fur les genoux en_ les écartant,
cas où toutes les ,circonftances ‘ favorables
i la luxation fe rencontrent.
Ces différentes luxations ont des fignes évidens
relatifs à leurs efpèces. Dans la luxation en en
bas & en. dedans , on obferve une tumeur au-
defl'ous de fa în e , formée par la tête du fémur
quis'eft placée fur le-trou ovalaire; la Çuille el.
plus longue, le pli de la feffe eftnp\us bas qu à
fordinaire,;lé ,piçd & le genou; font tournés en
dehors., le , malade peut encore -marcher, mais
t ’eft comme eq fauchant ; St routas les. fois qu o.n
approche la Cuiffe de l’axe du corps, il
'd e la douleur. Dans la luxation en en haut &
en dedans, la tête de l'os çft.fnr lq pubis, St y
; forme une faillie très-apparente ; a Cuiffe eft pins
-courte,, le,grand trochaqtfr.Sç le.pfode la-f. ffe
font-réhauffés ; le genou-St, le pied font un feu
' tournés en dehors , la Cuiffe un pen .etendnes ou
portée en arriè;e; il y a gonilemens St engourdiffement
de toute l'extrémité inférieure, & même
tuméfaélion au ferorum, à raifon de la preihon
que la tête du fémur fait fur la.plupart des vaiffeaux
cruraux. Dans la luxation en en. haut St en
dehors, la Cuiffe eft également plus courte, le
pli de la feffe plus haut; la Cuiffe, la jambe St
le pied font tournés en-dedans ; les malades
foliotent beaucoup quand on leur porte la Cmfle
en dehors, parce qu’alors on étend trop les libres
des mufcles adduileurs, qui font déjà par eux-
mêmes dans un état de très-grande tenlron. La
feffe paroit beaucoup plus fardante, a radon de
la tête qui lui fait faire faillie; toute la Cuiffe
eft quelquefois engourdie, à raifon de la preihon
du nerf feiatique. La luxation en bas 8t en dehors,
devient bientôt une luxation en en haut, pour
peu que les malades marchent ou qu’ils taffent
quelques efforts. - ..
Les luxations de la Cuilfo font par elles-
mêmes très - fâcheufes, toutes nuifent plus ou
moins à la progreflion; elles font accompagnées
de douleurs de tenfion & d’inflammation. La
réduélion s'en fait difficilement, fur-tout quand
elles font fupétieures, & en dehors cher, les
fujets très-vigoureux, comme quand ellès loru
fupérieures , & en dedans , ^r . ? n .“ e
la preffion que la tête de io s fait fur les
vaiffeaux cruraux,& de la rupture du ligament
triangulaire. La moins fâcheufe de toutes ett
celle où la tête eff placée fur le trou ovalaire :
néanmoins quelque foit l’éfpèce de fracture,
quand la preffion nefl pas bien inquiétante, on
doit encore compter fur les reffources de la nature.
On a en effet vu-, en pareil cas, la
tête fe creufer une cavité fecondaire, fmt fur
le trou ovalaire , ou en dehors, & au-deffus de
la cavité cotyloïde, ainfi que M. Moreau en cite
un exemple dans un de fes Mémoires , qu on
trouve parmi ceux de l’Académie Royale de
Chirurgie. Le mouvement fe fait alors avec autant
de facilité que, précédemment > à une légère claudication
près. v ...
La luxation de la Cuiffe doit, fans contredir5
être promptçment réduite , & fur-le-champ même
s’il eff poffîble, fur-tout quand elle eff en haut &
en dedans; mais cette réduction eft fouvent fort
difficile, à raifon de ce que le col du fémur fait
un angle obtus avec le corps, en forte que qtian
on a amené la tête vis-à-vis-de la cavité 3 elle gtiuc
(oùvent à côté ou par-deffous, & alors, y faut
revenir à de nouvelles tentatives, dont qqélques-
unes font toujours fruétueufès. En lilant 1«
Auteurs qui ont écrit fur là luxation de la Cume,
I on voit que tous fe font accordés à employer
les lacs & les machines dans leurs tentatives de
réduaion. Nous avons d it, en effet, à l’article
de la luxation du Bras, que fi ces moyens dévoient
avoir lieu, cétoii -dans les cas dont il s agit ici.
Néanmoins, fl cés moyens ont été quelquefoi
1 avantageux^ ils ont auffi fouvent plus nui qu^>
n’ont été utiles par l’inégale difpenfation ou admi-
uiftrâtion des forces dobt leur ufage eff fnivi.
es On applique les liens, dit M. Louis, dans fon
édition du Traité dés Maladies des os de J . L.
Petit, à la partie inférieure du fémur au-deffus
des condyles. Tous les mufcles qui fort mouvoir
la jambe font excités par-là à une contraélion
convulfive qui s’oppofe à l’effet des exrenfions,
& qui les rend toujours laborieufes, fouvent inutiles,
& quelquefois même dangereufes. Les mufcles
qui ont des attachés fupérieurement à l’os innommé,
tels que le grêle antérieur, le couturier, le
grêle interne, le demi-nerveux,le demi-membra-,
neux, font tiraillés douloureufement par le mouvement
de l’extenfion , avant quelle agiffe fur l’os. Lai
contra61io.il convulfive qui y eft excitée , oppofe
une réfiftance fouvent invincible à la force dont
l’effet devroit être de les alonger. M. Petit ,
continue le même Auteur, dit pofitivement en
parlant des luxations en général , qu’un des fignes
quimanifefte le bon effet des exrenfions, eft l’alon-
gement des mufcles. Comment donc dans la luxation
du bras, par exemple, pourroit-on alônger
le membre pour dégager la tête de l’os lorfque
d’une part on excite par les lacs, appliqués à la
partie inférieure du bras -, la contraélion des mufcles
biceps & des extenfeurs de l’avant-bras qui ont
des attaches fupérieurement à l’omoplare, & que
le lacs deftiné à la contre-extenfion refoule avec
violence vèrs le haut les mufcles grand peétoral
& grand dorfal, près de leur infertion à l’os du
bras, tandis qu’il faudrait permettre à ces mufcles
de s’alonger & d’obéir aux forces exrenfives qui
doivent les amener en en bas dans une direélion
contraire. Plus l’extenfion aura de puiffance, plus
le grand dorfal & le grand peétoral repouffés par
la comre-extenfion s’oppoferont au fuccès des
tentatives portées trop loin , expoferonr même
leurs attaches à l’humérus à une "rupture très—
fâcheufe par les accidens- qui pourroient s’enfui
vre.
La méthode de M. Dupoui femble parer à
tous ces inconvéniens & les fuccès qu’elle a eu
entre les mains de MM. Marrigue & Gautier,
à Ver fai lies, en font le plus fur garant. Voici en
quoi elle confifte, d’après l’expofé de l’Auteur,
qu’on trouve dans le XXV I tome du Journal
de Médecine. <* Je n’emploie point de lacs,
dit M. Dupoui, je ne fais pas non plus de contre
extenfion ; je me fuis contenté jufqu’à pré-
fent de la feule réfiftance du corps» Je place le
malade horizontalement fur fon dos ; j’étends
également la partie malade -, & je la pofe contre
la faine -, je fais preffer fortement fur le genou
par la main d’un aide, afin de tenir cette pairie
dans l’extenfion la plusexaéle, dans laquelle les
mufcles fe trouvent auffi parallèlement qu’il eft
poftible, j’embraffe d’une »nain le coup-de-pied
& de f autre le talon, fans lever la partie en aucune
façon , je la tir e très-médiocrement, &
dans Pinflant les mufcles obéiffenf , s'étendent
ffc remettent'fouis la tète dans la cavité. C ’ efl
par cette pratique toute fimple, ajoute ce Praticien
, que j ’ai réduit quatre de ces luxations
en préfence de mes confrères, ce qui s’eft exécuté
dans l une de ces réduélions , avec une
promptitude dont j’ai moi-même été furpris, >t
Hippocrate auroit-il voulu indiquer cette méthode
lorfque dans fon traité De Articulis, il dit:
quibufdam enimfémur rursiis incidit nullo adhibito
appçrqtu, J'ed ex modiçâ extenfwne quantum ma-
nibus dire ch o fieri poteft ex levé commotione. Cependant
comme ce moyen peut être inefficace 5 il
convient d’ajouter aux procédés que nous venons
d’énoncer la méthode vulgairement reçu^,
celle où l’on emploie les îaes. L ’un d’eux
fort à faire l’extenfion, on l’applique à la partie
inférieure de la cuiffe ; nous penfons qu’il vau-
droit mieux l’appliquer aux pieds ou à la partie
fupérieure de la jambe , afin de moins gêner
1 action des mufcles. Avec l’autre qu’on ne ferre
point, on retient le corps, & pour produire cet
effet, on le placera dans l’aine, de manière qu’un
des chefs paffe fous la feffe , & l’autre fur Is
côté du ventre ; on réunit ces deux chefs à quatre
doigts au-deffous de la crête de l’os des îles ,
& l’on fait en cet endroit tirer le lacs par quelqu’un
de fort j ou bien l’on paffe dans l’anfe un
autre lien capable de réfifter, & qu’on arrête à
un point fixe : on couchera le malade fur le côté
oppofé à la luxation, la jambe fera fléchie \ à
raeiure que les extenfions agiront , le Chirurgie^
fera attention à ce qu’elles produiront , &
donnera la direction qui convient .alors pour lui
faire regagner fa cavité. I! eff ici différens tours
de mains qui ne fauroieat bien fe décrire; mais
qui fe concevront bien mieux par ceux qui ont
de l’expérience > & qui joignent à la connoif-
fance de l’efpècé de luxation les notions de l’anatomie
, qui font ici bien néceffaires, & qui détermineront
à faire les tractions les plus convenables
pour la repofition de l’os. La réduélion une
fois farte., on applique une compreffe affez longue
& large pour entourer toute l’articulation ;
on a foin de la tremper dans une eau marinée
aiguifée d’un peu d'eau-de-vie camphrée, & l’on
contient ce léger appareil avec le fpica dont les
jets vi nnem croifer à l’extérieur de la cuiffe. On
fait garder le lit au malacfe, & on lui fait obfer-
ver un régime plus ou moins févère , on le fai-
gne, & l’on fe comporte en tour félon la nature
des accidens. On fait tenir le lit plus long - rems
dans le cas où la luxation feroit en en haut.
Les luxations de la cuiffe n’arrivent pas toujours
immédiatement après que la caufe qui les
détermine a produit fon effet; c’eft fouvent longs
tem* après , ainfi qu’il confie d’après les obferva-
tions. On voit quelquefois de pareilles luxations
fur venir long-tems après une chute,
la viujence de l’effort occafionne alors dans
A a a i/