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o:cafionner la falivation, ainfi que tout autre re- mède mercuriel. Os s’eft fervi avec avantage de
la racine de demelaire. On prend deux ou trois
poignées de cette racine, que Ton pile , & fur
lefquelles on verfe unechopine d’huile bouillante;
on pafle l:huile, & on l'exprime fortement au
travers d’un linge ; on oint le corps avec cette
huile deux fois dans vingt-quatre heures. On dit
qu'au bout de trois ou quatre jours de ce trai-
rement les malades foi«* guéris. ( i )
Quoique la Gale foit une maladie très-défagréa-
ble, elle a été, dans bien des cas, très-utile, en
faifant ceffer des affections beaucoup plus graves ,
& plus darigereufes. On a vu fouvent des malades
qui en avoient été atteints, éprouver plus ou
moins long-tems après leur guérifon, d’autres
maux qu’où a cru devoir attribuer àlarépercuffion
djg l’éruption cutanée; & comme, dans bien des
•cas, on a vu ceux-ci difparoître, lorfqu’on a excité
une nouvelle Gale, on n’a pas douté que cette
fiuppofirion ne fût bien fondée. On a confeillé
en-conféquence, dans tous les cas où il arrivèrent
des accidens d’une certaine importance, à la fuite
d’une éruption de ce genre, de la rappeller en
donnant au malade du linge poné par un galeux;
& nous fommes bien éloignés de condamner ce
■ confeil, que nous regardons comme très-falutaire.
Nous croyons même qu’on pourroit très-utilement
l’étendre à beaucoup d’autres cas où il n’a jamais
exifié de Gale, & où; par conféquenr, on ne
peut regarder fa rëpercuffion. comme la caufe
morbifique. Nous avons vu une jeune perlonne
de dix-huit à vingt ans, dont l’efprit étoir tout-
à-fait aliéné depuis trois ou quatre mois, chez
;qui l’inoculation de la Gale çpéra en peu de jours
une guérifon complette. On cite une obfervation
de la même nature dans-le Journal de Médecine,
vol. XV , page ip8. L’on trouve dans les Auteurs
beaucoup d exemples de guérifons opérées
dans différens cas de fièvres, d'obffru ôtions des
vifeères} de maladies nerveufes, &c, par une“
éruption de Gale accidentelle, & qu’on a regardée
comme critique > à caufe de fes heureux effets^
V o y e [ ce que nous avons dit aux art. D a r t r e s
<& F r i c t io n , fur la fympaihie qui exifte entre
lès affections de'la peau & celles des autres organes.
GALIEN, ( Claude, ) né à Pergame,. vers
la quinzième année du règne d’Adrien, l’an
v;i de notre ère, ainfi qu’il le reconnoit lui-
même en différens endroits de fes Ouvrages
notamment dans fon premier livre D e eompojîtione
medicamentorum fecundum partes?. Pergame étoit
une des plusbeUes Villes de l'Afie Mineure, qui
appartenoient aux Rois de la famille Attalienne,
avant qu'elle fût foumife aux Romains ; auffi
( i ) Voyez Hiooire. de la Société Royale de Médecine,
UI.j, pag-. I s a ».
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.
Galien fe glorifioh-il beaucoup d’y avoir prb
naiffance. Elle étoit célèbre , par un Temple’jdé-
dié, à Efculape; où les Prêtres recevoient les dons
que venoient offrir les malades guéris par l’inter-
cefijon du Dieu qu’ils y avoient imploré ; ceux-
ci, y laiffoient lé récit de leurs maux, qu’ils ter-
minoient par les remèdes qui leur avoient réuffi,
A l’époque où parut Galien, les Sciences & les
Arts, étoient tombés dans le plus grand avilifTe-
mens, ainfi qu’il l’avoue au commencement de
fon livre, D e Metkodo medendi. Përfonne nes'oc-
cupoit de la recherche de la vérité, tous fuyoient
■ l’inftruétion, ne vifoient qu’aux richeffes, aux honneurs
& à la volupté, & l'on regardoit comme
dépourvu de bon fens, le petit nombre de ceux
qui fe livroient à l’étude. Nicen, fon père,
citoyen Page , riche , & entièrement livré aux
Sciences, aux Lettres & à la Philofophie, ne fe
laiffa point aller à cette opinion commune. Ce fut
dans'cette fource féconde & pure que le fils fcuifa
des notions profondes fur la Grammaire, l’Arithmétique,
la Géométrie, la Chronologie, & laDia-
. teôlique. Ses premiers pas dans ces divérfes Scien*-
ces, annonçoient ce qu'il feroit dans la carrière
qu'il devoir un jour parcourir. Son père in-
fifla particulièrement fur la Doôlrine des Stoïciens,
& notamment fur celle de Chrifippe qui étoit fort
en vogue de fon tems. Les progrès de l’élève furent
tels dans cette dernière étude , qu’étant encore dans
l'adolefcence, il fit un commentaire fur la Syllo-
giffique de ce Philofopbe. Le jeune Galien ainfi
difpofé, entra dans l’école d’un Seclateur de Phi-
lopator, où il apprit à compofer les mouvemens
déréglés de fon imagination trop ardente , .d’après
les principes d’apathie de fon maître. Ce fut
vers fa dix-feptième année qu’il commença l’étude
de la Médecine. Les richeffes que lui avoir
laiffées fou père mort depuis peu , & la dîfpofition.
de fon efprit convenablement développé par toutes
les Sciences , auxquelles il s’étoit livré, le
firent furpaffer bientôt fes collègues, auxquels
même il devint redoutable par le perspicacité de
fon efprit, & la fineffe de fa (yllogiftique. Il étudia
d’abord l’Anatomie fousSatyrus, puis fous Pelops
,à Smyrne, tous. deux, difciples deQuintus; il alla,
enfuite à Gorynthe, où il fréquenta l’école de
Numijianus- Revenu à Smyrne, il fut Aüditeur
d’Albinus le Platonicien, & enfuite il pafla àRome;
& dans tous ces voyages, non-feulement il fe fixoit
aux maîtres de la leéle Rationelle, mais encore à
ceux de l'Empirique.. Quoiqu'il eût pour fes maîtres,
toutes la déférence qui leur étoit dûe,il ne voulut
cependant être lié aux opinions d’aucun, afin,
dit-il ,ne pas fe mettre dans lanéeeffité démentir,
pour défendre en tout la feéle qu’il auroit adoptée..
Auffi difoitril, comme les Philofoph.es de nos jours,,
quil valoit fouvent mieux s’en rapporter au jugement
d’un païfan, dont l'efprit n'eff imbu d'au-
I tune opinion, qu'à un Phiiofopbe dont les idées
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font moins faines, & moins libres de tout préjugé.
Galien eut des amisdans ceux qui Iuienfeignerenr,
il fit même différens voyages pour les revoir, lorf-
qu’il eut quitté leurs écoles. Il revint en fa patrie,
à l’âge de vingt-huit-ans, & communiqua à fes
amis les drogues qu’il avoit apportées, afin que
leur expérience confirmât l’efficacité qu'on lui en
avoit vantée. Comme il s’étoit beaucoup adonné
au traitement des plaies des nerfs, & qu’il pof-
fédoit pour les guérir, une méthode bien différente
de celle reçue de fon tems; il en fit l’expérience
fur les Gladiateurs que le Pontife de Pergame
lui avoit fait remettre, & il fut fi heureux
dans fon eflài, qu’aucun ne mourut entre fes mains.
Ces fuccès ne purent le retenir dans fa patrie;
une fédition qui s’y éleva, le fit revenir à Rome
où il lia une amitié intime avec Eudême le Péri-
patéticien, Alexandre Damafcenus, & Sergius
Paul le Conful.
Gette ville fl célèbre de l’Empire Romain, of-
froit encore une grande partie de fa fplendeur;
des efprits fouples & adroits , tels que les intri-
guans de nos jours, occupoient les avenues qui
mènent à la confidération, & aux richeffes. Cette
Ville enfin , offroit ce que n'a r gu ère préfentoit
cette Capitale , avant qu!une heureufe révolution
ramenât chaque chofe à fa place. On fe contenait
dès apparences du favoir, & le vrai Savant
refloit ignoré; & c’efl ce dont Galien fe plaint
d’une manière èxpreffe. et Ce n’eff pas dans la Médecine
feule , dit-il, que les hommes aiment mieux
paraître favans, que de l’être en effet. On néglige,
mon cher Epigène, ce que les Sciences ont de
jpltts utile & de meilleur, pour s’attacher à ce
qu'on croit le plus propre à donner de la confidé-
ration. Les Gens-de-Lettres, tant dans leur discours
que dans leurs a ôtions, ne cherchent qu’à
plaire à ceux qui ne cultiveut point les Arts. A :
[leur exemple, les Médecins flattent les riches,
[.vont le matin faire leur cour aux Grands, les accompagnent
par la Ville, & les reconduifent chez
ieux; ils affiffent à leur fouper, ils entourent leurs
tables-comme des gens en faôlion, ou les fervent
comme des valets, & s’aviiiflent au point de les
arnufer par des facéties & des bouffonneries. D’autres
joignant à la baffeffe du côurtifan le faffe du
charlatan,, fe couvrent de riches habits, chargent
leurs doigts d’anneaux précieux, portent toujours,
avec eux d'énormes trouffes de fondes, de flilets
.& d’autres inffrumens d’argent, & n’oublient pas
'fur-tout de fe procurer un nombreux cortège do
difciples, qui, comme autant de crieurs publics,
vont en les quittant, faire retentir la Ville du
l nom , & des prétendus fuccès de ces faflueux
maîtres. Il n'eff point étonnant qu’avec une pa-
ifille conduite, les Médecins fefuffent attirés le
mépris de ceux qui confervoient encore des principes,
de venus. ti L'Art, dit Galien, pour le !
prouver, en continuant de fe plaindre, eff tellement
déchu delàconfidërajion dont iljouiffoit au-
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trefoîs , que fi quelqu'homme infiruit s’avifoit de
prédire unecrife, un afToupifiement, un friffon5.
une hémorrhagie, & un abcès' à la parotide ou
ailleurs, le vulgaire regardoit fa prédiôîion comme
une forte de prodige, & la taxoit d’impoflure. Il
devenoit dès-lors un objet de jaloufie pour fes
Confrères, qui, s'ils ne pouvoient l’empoifonner
parvenoient au moins à faire récoinpenfer de l’exil
fa rare érudition.... Voilà pourquoi beaucoup*
d’hommës vertueux connoiffanr la dépravation de.
notre âge, fuient la multitude & le tourbillon des-
fociétés, avec aurant de foin qu’ils en-apporteroient
à fe mettre à couvert d’une tempête & fe retirent
dans le port de la folitude. Mais ces Sages auront-
beau fe cacher à la foule des pervers, ils feront
connus & chéris des Dieux,& des hommes, qui!
aiment la vertu ;& de cet honorable exil, où ils
vivent au fein de la paix, ils verront fans envier
l’admiration que le vulgaire accorde aux fourbesv
qui le féduifenr. A dire vrai, continue Galien
cette chaîne de maux,a fa fource dans la mo-
lefle des riches & des grands qui préfèrent la fale
volupté à la folide vertu ,- & qui ne font aucun
cas des hommes qui connoiffant ce qui eff nriie
pourroient l’enfeigner auxautres. On les voitfe livrer
aux miniffres de leurs plaifirs, les admirer,,
les enrichir j les porter aux dignités, & placer, à-’
côté des fimulacres-dës Dieux le portrait desfau-
.teurs, tandis qu ils ont pour les Savans un mépris--
confiant, qu ils diffimulent à peine dans ces oc—
cafions trop rares, où leur ignorance les force de.-
recourir au favoir. a
7 . r ; y ' , i c p i d i i o i r a*
croire que celle de fes Confrères n’étoit que l’effet
de la contagion ; mais le Philofophe Eudême-
prit foin de le détromper, ce Gardez-vous de
croire, lui difoit celui-ci, que les hommes qur
arrivent vertueux à Rome, sy corrompent en aucune
manière. Les Praticiens que vous voyez-fouvent
arriver ici, perfuadés que l’occupafion ne-
leur manquera point, & que leurs peines feront
mieux récompenfée‘5 qu'ailleurs, portent avec eux.
le germe de la corruption , & de l’improbité. L’exemple
les entraîne ; ils voient que les hommes
qui ne volent pas mieux qu'eux, ne laiffent pas que’-
de s enrichir Us les .mitent, & parviennent bien-
tôt a 1 excès de dépravation, qui fait le fuietde
votre étonnement.. Arrive-t’il que leur improbité:-
v/m6 yeux de quelqu’homme honnête la.
Ville efl varte, on ignore aillears la corruption de
leurs moeurs, & ils pourront encore y trouver des,
dupes; car il eil bon de favoir qu’ils ne fe décrient'
point entre eux _; je dirai même qu’ils ne différents
des voleurs qu en ce qu’au lieu de montagnes ^
us habitent des cités,js. 6 *•
Bne ville comme Borne, où lé vrai mériteavoiî*
tant de peine apercer, & où il étoit li mai ré~
comgenlé , ne. pouvoit t e long-tems Galien iù