
il fe fait une defquamation de l’épiderme aub6ut
d’un intervalle de huit à douze jours. Le degré;
de danger qui raccompagne eft marqué par celui
du délire & des,autres Comptâmes qui annoncent
l’aff-tèln n du cerveau.
Le fiiîe propre de i’Eréfypèle paroît être fous
l’épiderme dans le réfeau muqueux ; il n’ell cependant
pas limité à cetre partie, puifque le tilîu
cellulaire efl roujo-urs affecté, même dans un
degré conftdétable, comme il paroît par le gonflement
dont il efl le principal liège*, mais I affection
de cette membrane etl ici bien différente
de celle qui a lieu dans le phlegmon. On la voit
rarement,- dans un véritable Eréfypele, ren-,
fermer, dans une cavité ci'cpnfcrite, du çus de
bonne qualité} & , lorfqu il s’y fait queiqu épanchement
de matière purulence, on éprouve, en
comprimant la partie, une fenfation à peu-près
femblable à celle que produiroit une éponge.
Pans les cas .de cette nature, le ti fia cellulaire
efi fort endommagé, & fréquemment la patrie
efl attaquée de gangrène. (ü.i) CM I-;.
Il n’efl pas aifé. de déterminer les caufes qui
peuvent donner lieu à cette maladie; il y en a
un grand nombre qui, fuivant qu’elles font aidées
par les circonflances concomitantes, contribuent
évidemment , dans bien des cas, à en déterminer
la formation. T elles font en particulier :
Ég Des paillons violentes, telles que la colère ,
un vif chagrin , &c.
1 .’ Une expofition trop long-tems foutenue à
h chaleur du fole il, ou à celle du feu,
3 ° L ’impreffion d’un vent froid & humide.
4. " L’aélion de différens poifons végétaux, minéraux
ou animaux.
5. " Des plaies,ou descontufiom du période,
du péricrâne, de quelque aponévrofe ou d’un
filet nerveux.
6 ° Des fi 3Clore? des os.
L ’E r é fy p è le fe manifelle fouvent fans qu’on
puilfe lui afligner aucune caufe palpable; il tient
quelquefois à une difpofition héréditaire, & toujours
l’état, ou la difpofition particulière du corps,
influe plus ou moins fur 1’efficacité de ces différentes
caufes que nous venons d’énumérer. Les
perfonnes qui ont une fois éprouvé cetre maladie
font particulièrement fujettes à en être attaquées
de nouveau.
D’après ce que nous venons de dire , on peut
voir quels font les caraétères qui diflinguent l’Eré-
fypèle du phlegmon.
, 1." Le gonflement inflammatoire, qui a lieu
dans le premier, efl moins élevé que dans le
fécond , & n’ eft jamais évidemment circonfcrit.
i . ” £.3 peau paroît 1e plus fouvent comme
brûlée à fa furface.
5.“ Sa rougeur, quoique vive, difparoit lorsqu'on
la comprime,
41" Qn n’obferve point ici le Sentiment de pul-
1
Cation, ni les élancemens qui accompagnent la
formation du phlegmon.
5-° La partie enflammée n’eft p o in t tendue B
e lle p a ro ît com m e a ffe cté e d oe d èm e , o u plutôt
d ’em p h y fèm e , leulemenr on n’ y ap perç.o it point
d e c r é p ita tio n . V oy e\ E m p h y s è m e .
On ne peut cependant pas, comme nous l'avons
déjà dit ci-deffus, inférer de ces différences que
1 Erélypèle^ doive être confédéré comme une maladie
e lien rieilement di;l inéle de celles, qu’ on nomme
inflammatoires , puifqu’il y à des caraèlèrcs
qui l’en rapprochent mânifeftemenr. Comme les
inflammations phlegmoneufesil peut être excité
par quelqu’ irritation locale:on le voit Couvent
alterner avec d’autres inflammations , parti- I
culièrement avec j des douleurs rhumatihnales
ou des affeétions inflammatoires ' chroniques du
poumon , dont il a , dans bien des cas, opéré
la réfolution. L ’tfficacifé des véficatoires pour
la guérifon des maux de cette nature, n’eft jamais
li marquée que lorfqu’ ils déterminent la
formation d’un Eréfypèle. Comme les autres in»
flammations , i l produit fouvent une fuppuration,
quoique moins parfaite que celle qui termine le
phlegmon, tk quoiqu’elle fe trouve rarement dans
une cavité circonicrite. Le- pouls, dans cette
maladie, ainfi que dans les autres de la même
claife, eft généralement plein & fouvent dur;
&. lorfque l'on faigne. les nialadcs , leur fang a
la même apparence _ il fe couvre de la mèmè
couenne que dans les autres èfpèces d’inflammations.
11-convient cependant de faire obferver que
tous les P: anciens ne font pas d’accord fur la
nature du pouls dans i’Eréfypèle; il eft , fuivant B
quelques-uns ,& en particulier fuivant M. Féarfon,
moi r fréquent, & fouvent irrégulier. Mais, fi
l’on y fait attention,on verra que cettedifférence
tient à des circonflances particulières. Dans l’air
impur des hôpitaux , dans tous les endroits où
l ’air efl imprégné de vapeurs méphitiques, V°yel
A i r , l’on voit que différentes affeèlionsdécidément
inflammatoires, ceHes fur-tout qui accompagnent
les plaies> affectent le corps, & l’état
de la circulation en particulier, d’une manière
bien différente de ce que l'on obferve, lorfquè
les malades font placés dans un air plus fain. I
Toutes les inflammations prennent plus ou moins
un caraélère plus fâcheux, en conféquence d’une
pareille influence; elle efl fur-tout manifefte dans
ï’Eréfypèle ; elle augmente ftngulièrement chez
les malades, qui en font atteints, un fentiment de
fbiblefie ou d’abattement général, qu’ils éprouvent
toujours dans un certain degré; & elle peut aller
chez eux au point d’altérer complettement l’état
du pouls. Mais, fi l’on obferve cetre maladie dans
qn endroit dont ratmofphère ne foie point l'or*
chargée de miafnies putrides, on lui voit prendre
une forme bien différente ; lesfymptômes d’abattement
,/urriiatiôn cerveùfe, d’iiffièlion d’un cer*
veau font beaucoup moins marqués; & l’état du j
pouls y fur-tout chez des fujers qui n’ont pas'éré
précisément . affoiblis par d’autres maladies ,
reffcmble beaucoup à celui qui a lieu dans une
inflnmmarion de poitrine. C ’eft ainfi que cetre
inflammation éréfypélateufe des vifeères du bas-
ventre, à laquelle les femmes en couche font
fujettes, & clans laquelle des Praticiens difiin-
giiës, qui ne l'avolent oblèrvés que dans des
grandes Villes, & lur-rout dans de grands hôpitaux,
avoient conftamment trouvé le pouls foible
& petit r comme dans les fièvres putrides & malignes
, fe montre dans la campagne & dans tous
les endroits où l’air n’eft point infeélé d’aucune
exhalaifon pernicieufe, avec un pouls fort & plein,
fur-tout dans fes premiers périodes.
Nous remarquerons •. encore , qu’indénendam- j
ment du mauvais air, beaucoup a autres circonf-
tances qui ne tiennent point à la nature,/même j
de i’Êréfypèle, peuvent contribuer à en altérer |
les fymptômes. Ainfi, tandis que des inflammations
d'un autre genre, relies que la picuréfie,
le rhumatiCoe aigu , lhrviennent particulièrement
à des perfônres robuftes , & chez iefquei les le
principe vital a beaucoup d’énergie , l’Eréfypèle
auaque également des perfonnes délicates, âgées
ou cacochymes-; on le volt auffi fe manifefler
comme fymprôme, dans des parties affoiblies, &
qui ont , jufqu’i un certain poinr, perdu leur
ton, comme cela arrive aux parties devenues
oedémateufes. Il n’eft pas étonnant que, dans
ces différons cas où le ton général du îyflême a
déjà foutferr, iViAf nu pouls, chez des perfonnes
attaquées d’Erélypèle, paroiffe différent de ce qu’il
feroit dans des individus plus fains & plu robuftes#
Ces obfervations fur la nature de l'Eréfypèle
nous conduifent à remarquer que cette maladie
n’efl pas fimple & uniforme dan-s fa marché &
dans fes fymprômes, &que la manière de la traiter
doit varier fuivant la forme qu’elle paroît affeéler.
Nous en difiingnerons trois efpèces ; favoir, l’Eré-
fypèle aigu, l’Eréfypèle oedémateux, & rEréfy-
pèle malin ou gangréneux. Ces trois efpèces, qui
ne font proprement que des degrés d’une même
maladie , ou des variétés produites par les circonflances
particulières où fe trouve le malade
peuvent être fymptômadques ou idiopathiques*
ment chez les perfonnes d’un tempérament
fanguin ou cholérique : il attaque fubitement, &
affecle fur-tout le vifage. Le pouls eft toujours
fréquent, & le plus fouvenr plein & dur; on
obferve tous les fymptômes généraux d’inflamma-
«on qui diminuent un peu, lorfque l’Eréfypèle
fift complettement formé, quoique fouvent ils
augmentent pendant les premiers périodes de
1 enflure ; la chaleur eft très-grande dans la partie
affeéîée ; la peau eft d’un rouge plus vif que dans
les autres éfpècès ü’Eréfypèle il fe forme des-ampoules
à la furface de la tumeur, mais elles font
moins abondantes & plus diflinétes que dnrls les
autres efpèct’«. Rarrmcnt dans celle-ci rinflam-
mation eft-elie fui vie d’aucune fuppuration, fi ce
n’eft quelquefois au bord des paupières ; la maladie
fe termine promptement, quelquefois en
trois ou quatre jours. La partie alfedlée change
de c o u le u r& dé' ienr jaunâtre; l’épiderme 1e
détache en peti-és écailles. 11 y a fouvent uné
‘ fenfibiiité doulourenfe de. tout le cuir chevelu,
qui fubliflc même alfez long-rems après que la
maladie eft entièrement terminée^
L ’Eréfypèle aigu eft fouvent idiopathique; on
le voit quelquefois attaquer la même perfonne
périodiquement à certaines époques de l’ari-iée,; Il
lurvient aulfi fréquemment conimç- fymprôme de
plviies-, ccc.
L ’invafionde l ’E r é s y pe l e oe dé m a t £ u x n’e ft
ni auffi fou daine, ni auftï violente que celle de
la première efpète; l’enflure augmente plusgra-
j duellemcnt, elle s’étend davantage, la chaleur y
j eft mpins ardente , les fymprômes inflammatoires
! font moins marqués, le pouls eft moins rendu,
| & les forces font plus abattues. Les fymptômes
d afit-Clion du cerveau-four plus graves. La cou-
: leur de la peau eft ici beaucoup plus foncée, &
mê;ée de jaune & de brun ; les ampoules font
petites & nombreufes ; & lorfque la partie affectée
a été expofée quelques jours à l’air, elle fe
couvre d’une croûte d’un brun foncé, qui reffetu-
ble un peu-à celle <jui fe forme dans la petite
vérole confluente.
Cette efpèce d’Eréfypèle,. beaucoup plus rare
que la précédente, eft aulfi beaucoup plus dan-
gereufe ; les malades meurent fouvent dans un
état de délire, ou plutôt de léthargie, au fep-
tième, neuvième ou onzième jour, quelquefois
un peu plus tard. C’en particulièrement dans les
hôpitaux quelle fe manifefte; elle y eft fouvent
comme épidémique, quoique l’ on ne puiffe affirmer
qu’elle foit jamais contagieufe. Elle attaque
fur-tout les perfonnes affoiblies par l’âge ou par
l’intempérance , les enfans , les hydropiques. L o r t
que l'Eréfypèle oedémateux fe manifefte comme
fymptôme de quelqu’autre affeélion, il n’eft pas
auffi dangereux à beaucoup près que lorfqu’il eft
idiopathique; cependant il doit toujours être
regardé comme une maladie férieufe, quelle qu’en
foit la caufe occafionnelle. II eft fujet, plus quo
l’Eréfypèle aigu, à des métaflafes fubites & fâ^
cheufes > de Ta furface du corps aux parties internes;
on le voit paffer alternativement d’une
jambe à l’autre, plufieurs fois dans le cours d’une
même maladie. Lorfqu’il fe porte fur le cerveau,
il produit tout-à-conp du délire & d’autres fymp-
tômes des plus alartnans.
L ’Er ê s y p e l e g ang r en eu x reffemblebeaucoup
, par les fymptômes de fon invafion,, à>.
i’ elpète précédente ; m. is ii eft beaucoup* plus»