ces fymptdmes éprouvent plus ou moins d’inter*
million. Dans l’une & l'autre efpèce d'inflammation
du Foye, le malade éprouve fouvent une douleur
qui s'érend à la clavicule, & an fommet de
lepaule du côté droit } ce fymptôme eft plus ordinaire
lorfque la fuppuration eft déjà formée.
Probablement il eft occafionné par l’augmentation
du poids de.l'organe affeôté, d'où réfulre un tiraillement
du diaphragme , St de la pleure , qui
fe fait âppercevoir fur-tout à la partie fupérieure
du thorax.
11 paroit que l'inflammation aigue du Foye a
toujours fon liège dans la membrane qui le recouvre
> & que l'inflammation chronique afFeéle
plutôt. quelque partie de fa fubflânce. La première
peut attaquer fa furface convexe, ou fa fur-
face concave. Dans le premier cas , la douleur eft
plus vive , la refpiration plus gênée, & il y a plus
fouvent du hoquet. Dans le fécond, la douleur
eft plus ob tufe,& le vomiffement eft un fymptôme
plus ordinaire -, l’inflammation ici fe communique
facilement à la véficule du fiel , & aux
canaux biliaires, ce qui peut, dans quelques cas,
déterminer la'formation de la jaunifle.
Différentes caufès peuvent donner lieu à cette
maladie *, elle eft fouvent occafionnée par le froide
comme la pleuréfie, avec laquelle on la confond
fouvent} elle l’eft auffi fréquemment par de grandes
chaleurs, comme cela fe voit dans les pays fi tués
entre les tropiques} les fièvres intermittentes ou
rémittentes, certaines affichions triftes de l’ame,
quelquefois un violent exercice, peuvent lui donner
naiffance; une autre caufe enfin, à laquelle
les Chirurgiens doivent être particulièrement attentifs,
ce font les chûtes & les coups fur la région
du F o y e , ou à la tête.
Le traitement de cette maladie doit être le
même que celui des autres maladies inflammatoires.
Les faignées générales, ou topiques, répétées
plus ou moins, fuivant la vivacité de la '
fièvre & la violence des autres fymptômes, les
véficatoires appliqués fur le côté affeéié,les fomentations,
les laxatifs doux, les boiffôns délayantes
& rafraîcbiffantes, font les moyens fur lefquels or*
doit le plus compter au commencement ; & Jorf-
qu’ils auront été employés convenablement & à
propos, ils réuffiront >pour l'ordinaire, à diffiper le
mal.
Mais fi Ton voit que les fymptômes ne cèdent pas
promptement, & fi l’on a lieu de craindre qu'il
n’y ait une Tendance à la fuppuration, il faut avoir
recours aux remèdes mercuriels} car le mercure
eft un des médicamens donr on a obtenu les plus
heureux . effets dans ces fortes de cas. Voy*[
L in d , fur les Maladies des Pays chauds. Voyc^
auffi Medical Commentaries, vot. II & V. On
peut le donner intérieurement ou en friélions ; il
faut le pouffer affez rapidement pour affréter légèrement
les glandes falivaires, & en fourenir {
l'effet, même pendant quelques fenaaincs, fi le I
mal réfifte auffi long-tems. Si le malade, pendant
ce traitement, ne va pas librement à la felle,
il faudra tous les trois ou quatre jours lui donner
un léger laxatif.
Lorfqu’en conféquence de l'inflammation, il
s’eft formé un abcès dans le F o y e , le pus peut en
fortir par différentes voyes } il peut paffer par les
canaux biliaires dans les inteftins; ou fi ,1a portion
du Foye, qui eft en fuppuration , n’eft point adhérente
aux parties voifines ,.ii fe verfe dans la
caviré de l'abdomen. Mais fi, pendant les premiers
périodes de l’inflammation , il s’eft formé dés adhérences
entre la partie affeétée & quelqu’un des
organes qui l'avoifinenr, le pus pourra fe faire jour
au-dehors de différentes manières, fuivant l'endroit
où l'abcès fe trouvera firué.
.Ainfi lorfque l’abcès efi fttué furla partie convexe
du Foye,fi ce vifeère eft adhérent à laportion du péritoine
, qui revêt intérieurement les parois de l’abdomen,
le pus pourra fe faire jour au travers des
parties qui ferment ce parois, & s’épancher , foit
au-dehors, foit dans la cavité de la poitrine, ou
dans les cellules bronchiques. Lorfque l’abcès eft
fiiué dans la partie concave du F oy e , le pus en
conféquence des adhérences formées antérieurement
entre les parties, pourra paffer dans l’efto-
mac ou dans les inteftins, & être rejetté par le vo-
miffement > ou par les felles.
Dans le premier de ces cas-, qui eft de tous le
plus favorable, & le feul qui puiffe être direhe-
ment l’objet d'une opération Chirurgicale , c’eft-à-
dire, lorfque 1 abcès fe forme à la partie'convexe,
inférieure & mince du Foye, la matière amaffée,
peut former au-dthors & dans un point quelconque
de 1 hypôcondre droit, ou de l’épigaftre, une tumeur
plus ou moins Taillante -, affez ordinairement
celles qui donnemleplus de facilité pourFouverture,
& à 1 égard defquelfes on peut former un pronof-
tic plus favorablé pour le fuccès de l’opération,
affeélent le milieu de l’épigaflre, où le poids de la
matière porte le Foye un peu plus bas,, que dans
l état naturel. Ces Ebcès^ quand ils paroiffent vers
la région de la véficule du fiel, peuvent en impofer
pour un gonflement de cette véficule;comme celle-
ci, quand elle eft bien remplie de fluide, peut offrir
quelques apparences d’un abcès.Mais,en général
, on ne tombera dans aucune erreur fur ce
point, fi 1 on fait attention que la fluéluarion eft
égale partout dans les cas où la rumeur eft formée
parla véficule du fiel, au lieu que.dans les cas
d abcès, elle commence à être fenfible dans le centre,
& fe manifefte peu-à-peu dans lerefle de la
tumeur*, que l’abcès eft accompagné d'un gonflement
oedémateux à l ’extérieur-, qu’il eft ordinairement
indiqué pardesfrifïbns, & qu’il a toujours
été précédé par des fymptômes fébriles- plus ou
moins marqués;, ce qui n’a pas toujours lieu dans
le cas de rétention de la bile dans la véficule } qu’tn-
fin le veitrc eft toujours libre, & que les felles
font bien colorées dans le premier cas, ce qui n'eff
pas dans le fécond. Vojet l'article Cystocele
Biliaire...
Lorfque ces abcès font la conféquence d’une inflammation
chronique du Foye, ils font généralement
beaucoup plus difficiles à diftinguer que lorf-
qu’ilsfe forment à la fuite d’une inflammation aigue.
On voit des cas de cette nature chez des malades
qui font affez bien toutes leurs fondions,
qui ne tentent que peu ou point de douleur dans la
partie affeétée, & où l’on a beaucoup de peine à re-
connoître aucune fluéluation. La matière de ces
abcès eft pour l’ordinaire très-épaiffe, & par*
conféquent n'eftpas fufceptible de la même ondulation,
qu’on peut imprimer à une matière plus
fluide*, elle reffemble par faconfiftance & fa couleur
à une lie de vin épaiffie} c’eft du pus mêlé
avec la fubftance même du Foye corrompue, &
réduite en pulpe *, en la laiffant repofer quelques
heures dans un verre, on voit le pus blanc fur-
nager & la matière parenchymateufe, rougeâtre
& plus pefante, former un iédiment épais au
fond du vaiffeau } mais quoiqu’on ait établi comme
une règle générale que la matière des abcès hépatiques
étoit toujours de cette nature, lorfqu’ils s’é-
toient formés lentement, cette règle n’eft pas fans
exception, & nous avons trouvé dans la partie
fupérieure du Foye, attenant® au diaphragme, un
abcès contenant une quantité confidérable de pus
blanc & femblabie en tout à celui qu’on trouve
en d’autres parties du corps à la fuite d'un phlegmon,
chez une perfonne attaquée depuis long-tems
de divers fymptômes, qui annonçoient une affection
du Foye , & chez qui la fuppuration s’étoit
annoncée déjà depuis trois mois, par divers caractères.
Lorfqu’on a fuffifamment reconnu la préfence
d’un abcès dans la partie convexe du F oie ,
au-deffous des fauffes côtes , & que l’ouverture
ên paroît praticable, il faut la faire fans attendre
la rémiflion des fymptômes. L ’on a eu affez de
peine à fe détacher de l’ancien ufage d’ouvrir
ces abcès par l’application de la pierre à cau-
tère j l’on ne voit point quel avantage l’on pou-
voit fe promettre de cette manière d’opérer -, en-
vain fnppofcroit-on quelle devoit procurer une
plus grande ouverture : l’efearre produite par le
cauftique n’intéreffe que la peau dont une trop
grande perte de fubftance ne fai’, qu'alonger la cure.
On ouvre ces abcès avec le biftouri, d’abord
par une incifion perpendiculaire, qui doit être
extrêmement ménagée par en bas, fans quoi l’on
coarroit rifque d’ouvrir le péritoine dans l’endroit
où l'adhérence inflammatoire l’a collé à ia
circonférence des parties contenantes} & l’on
pourroit donner lieu à l’épanchement du pus dans
la cavité du bas-ventre. On fait enfuite une fe-
. conde incifion, par laquelle la ligne blanche ,
avec une très-petite portion des mufcles droits,
( fi l'abcès eft à l’épigaftre ) foient coupés en
travers, fans quoi l’abcès s’étant vidé à l’infianc
de la première ouverture, & le tiffu aponeuro-
tique de la ligne blanche s’enfonçant vers le
F o y e , parce qu’il n’eft plus foulevé par la matière
, les deux lèvres de la plaie longitudinale
fe rapprochent, & la matière ceffe de couler,
ou coule difficilement ; quand le pus eft évacué
on place une fimple mèche enduite de quelque
onguent émollient , ou Amplement trempée dans»
l ’huile, entre les lèvres de la plaie, & on l’introduit
affez profondément pour les empêcher
de fe réunir , jufqu’à ce que les pa,rois de l'abcès
s’affaiffent que la cavité fe rempiiffe par le
fond *, on applique par-deffus des compreffes &
un bandage contentif approprié. Une compreffion
douce , faite au moyen d'une bande de flanelle ,
que l’on paffe deux ou trois fois autour du
corps , aide beaucoup à accélérer la réunion des
parois de la cavité. Lorfque cette cavité tarde à fe
remplir, il peut être à propos d’y introduire
une canule pour conferver au pus une libre
fortie } mais on ne fera que bien rarement
dans le cas d'ufer d’aucune précaution pareille}
car les abcès au F o y e , lorfqu’on a pu les ouvrir
extérieurement, fe cicatrifent plus vite , & avec
bien moins d’inconvéniens peut-être, que ceux
qui fe forment dans bien d’autres parties du
corps.
Lorfque l’abcès eft fi tué vers le fommet de
la partie convexe du F o y e , il ne paroit au-dehors
aucune tumeur quelconque, le pus gagne
du côté du diaphragme, ronge le .tiffu cellulaire
qui en lie les faifeeaux charnus, & parvient
bientôt dans la poitrine , où il s’épanche quand
il n'y a aucune adhérence entre le poumon 8c
le diaphragme, ou pénètre dans les véficules des
poumons quand l’inflammation précédente a lié
ces parties les unes aux autres} & dans ce cas,
on voit le pus rejetté au-dehors par l’expeélo-
ration. Stalpart-Vanderwiel cite une perfonne
qui avoit ainfi rendu par les crachats une vo-;
mique du F o y e , parce que ce vifeère & les
poumons communiquoient enfemble par un ulcère
commun , qui perçoit le diaphragme auquel
ils étoient adhérens} nous avons nous*,
mêmes obfervé ce phénomène dans deux cas ,
qui fe font terminés l’un & l'autre par la niDrt
du malade. Dans l'u n , que nous avons déjà
mentionné ci-de^us, le pus expeéloré , ainfi que
celui que la difieèlion fit voir dans le foyer même
de l’abcès, étoit d’un blanc jaunâtre & fans
odeur, il paffoit dans les bronches au moyen
d’une large & forte adhérence du Foye & du
poumon droit à une même partie du diaphragme.
Dans l’autre, où l’examen du cadavre ne nous
fut pas accordé, le malade expeéloroit tous les
jours ; pendant plus d’un mois, une grande
quantité de matière très-fétide , rougeâtre &
telle que nous l’avons décrite plus haut. ‘On lix
dans les Medical cômmentaries , vol. I , p. 94,
i’hiftoire d’un cas , où à la fuite d’une douleur
Y v v ij