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■ en ce genre, f : r quelques malades à la Charité
de Paris; j’ignorois la compolïtion du rtmède,
Hjais j ’ai vu par moi-môme que Ton effet a fuNr-
paffé toute attente-, la partie fut tellement con:
tenue, que la preffion donna lieu à la gangrène
fins qn’on puiffe dire que c ,t accident fût dû
à toute antre caufe qu’au topique. On ie doute
bien que cette méthode n’a point eu de crédit,
mais elle n’en a pas moins eu fa viélime-, fans
doute que par la fuite les circulatçurs auront
moins d’accès à la crédulité des inimitiés, car au
moins il nous relie l’efpérnncedansle nouvel ordre
qui va s’organifer dans les diverfes branches de
notre Conftitution.
De la fracture du col du fcruur.
Cette efpèce de fraélure eft beaucoup plus
ordinaire qu’on ne penfe , on 1 a Couvent confondue
avec la luxation de la Cuiffe en en haut &
en dehors-, cependant fi l’on fe fût bien rappelé
lVsamfation du col du fémur , le peu de
réfifiance qu’il apporte aux violences extérieures
qu’il éprouve, à la direction du col par
rapport à l’axe de l’o s , les méprifes auroient
été moins fréquentes. Paré s en eft ainfi laiffé
impofé dans une fraélure de ce genre-, ainfi
qu’il l'avance avec fa franchife ordinaire. J . L .
Petit cite une obfervation qui offre à-peu-près
le même cas. Confulté pour un fait de cette
efpèce,il fentit le grand trochanter quatre travers j
de doigt plus haut qu’il ne devoit être, ce qui •
joint à ce que la pointe du pied & le genou étoient
tournés en dedans, lui fit croire que l ’os éteit
luxé en haut & en dehors -, mais ayant pris le
pied pour le mouvoir, il sapperçut auffi-tôt de
fera erreur. On doit beaucoup à M, Sabatier,
qui, dans un Mémoire qu’on trouve dans le IVe
tome de ceux de l’Académie, a réuni tout ce qui a
rapport à ce point de doélrine: comme tout ce
qu'il avance efi fondé fur l’expérience, nous extrairons
de lui ce qui nous paroîtra convenir à
noire objet.
c« Toute efpèce de chute fur la Cuiffe, obferve
ce Praticien, peut occafionner la fraélure du col
du fémur. J . L. Petit a vu un particulier à qui cet
accident étoit arrivé, pour être tombé d’en haut
fur les deux pieds, de manière que le poids du
corps avoit plus porté d’un côté que de l’autre.
Une chute fur le genou pourroit également y
donner lieu, mais elle eft fi communément la fuite
de celles qui fe font fur le grand trochanter, que
c’eft déjà une grande préemption pour 1 exiftence
de cette fraélure, que de favoir que le bleffé eft
tombé fur cette partie. Les accidens qu’il éprouve
la font bientôt connoître d’une manière plus pofi-
tive j il reffent à la partie fupérieure de la Cuiffe,
k fur-tout au pli de l’aine, une douleur très-vive
qui l’empêche de mouvoir l’extrémité bleffée*, &
lprfque la fraélure eft avec déplacement, ce quj
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eft le plus ordinaire, l’extrémité diminue pins ou
moins de longueur, le grand tronchantcr fe porte
en dehors, & remonte fur la face externe de l'os
des îles • on fent une crépitation manifefte, lorfqu’a-
près des extenlions convenables on eft parvenu à
rapprocher les deux pièces fraélurées que la contraction
des mufcles deftinées à mouvoir la Cuiffe,
avoit éloignée l’une de l'autre. On peut rendre à la
Cuiffe fa longueur primitive en tirant le genou & le
pied en bas, pendant qu’on fait retenir le baftin par
un aide qui appuie de fes deux mains fur la face
externe de chacun des os des îles*, mais elle fe
raccourcit de nouveau lorfque-les extensions
viennent à ce fier. M. Louis a obfervé que la
Cuifle malade ne peut être écartée de l’autre fans
occafionner des douleurs, fort vives, ce qui vient
de ce que dans ce mouvement la partie fupérieure
du fémur appuie fur les chairs voifines du lieu
où elle eft remontée, & les froiffe par fes afpé-
rités, au lieu qu’on peut aifément rapprocher la
cuiffe rompue de l’autre fans exciter la fer.fibilité
du malade, parce qu’alors les parties molles ne
fouffrent aucune compreffion de la part des pièces
fraélurées. Mais rien n’indique plus fûrement que
le col du fémur eft caffé > que la pofition du
genou & de la pointe du pied , qui fuivant la remarque
de M. Foubert, & les obfervations de
tous ceux qui ont eu depuis lui occafion devoir
. cette maladie , font toujours tournés au-dehors
I pendant que le genou eft légèrement fléchi, u
Il eft très-ailé, d’après tous ces lignes, de
reconnoître la fraélure du coi du fémur, mais
c ’eft quand elle eft avec déplacement', car quand elle
eft fans déplacement, on ne peut guères que la
foupçonner, d’après les circonftances concomitantes..
Dans ces cas, la Guiffe conferve la même
longueur que l’autre -, on a même vu des malades
marcher quelques pas fans fe douter en rien de
ce qui leur étoit arrivé. M. Sabatier parle d’un
foldat qui continua de marcher un mois après
l’accident où il s’étoit rompu le col du fémur.
Mais le plus Couvent la douleur qu’ ils reffent en â
I leur ôte la volonté d’exercer aucun mouvement ;
ou.traite la maladie comme une contufion pro-
■ fonde*, la grande douleur difparoît, enfin il n'en
refle guères plus que quand» ils effaÿent de faire
mouvoir le membre. Les malades fe livrent d’ eux-
mêmes au repos, mais infenfiblement l’on s’apper-
i çoif d’un raccourciffement de la jambe qu’on
j attribue à- une luxation confécutive du fémur 3
| lequel provient d’un déplacement des pièces anté-
! eédemment fraélurées ; & ainli en fe méprenant
* fur le caraélère de la maladie, l’on s’égare fur
: les moyens de guérifon qui lui conviennent.
I Les cas où il y a lieu de foupçonner une fraélure
| au col du fémur fans déplacement, font extrême-
J ment embarraffans $ la douleur que les malades
! éprouvent, & l’impoffibilité où ils font de mouvoir
| la cuiffe font prtffque les feuls figues qui d’abord
l’annoncent. J ai fur-tout remarqué, ditM.Sabatier,
qae
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gue le genou & la pointe du pied étoit légèrement
inclinés en dehors, ce qu’ il faut attribuer
en cette occafion comme en celle où il y a déplacement
, à l’aélion des mufcles quadrijumeaux,
& autres rotateurs de la Cuiffe , laquelle n eft
plus contrebalancée pat la réfifiance que leur
oppofe la continuité du col & de la tête du fémur
loffque celle-ci eft retenue dans fa cavité. La
crépitation , qui, dans toutes Jes fraélures, eft un
ligne confiant k d’une évidence reconnue, pour-
roir bien avoir lieu ici-, mais pour le percevoir,
il faudroit faire faire à la partie malade des
mouvemens qui pourroient occafionner le déplacement
des pièces ofieufes, & ce déplacement
eft toujours fâcheux. Auffi, vaut-il mieux, malgré
le défaut de lignes polîtifs, s’en tenir à ceux
dont il vient dêtre fait mention, & traiter le
malade comme fi l’on étoit fûr de fon état. Si
donc au bout de vingt-cinq ou trente jours le
malade ceffe de fentir des douleurs , & qu’il
commence à mouvoir aifément la Cuiffe, on lui
donnera la liberté de fe lever & de reprendre peu-
à-peufes exercices ordinaires ; mais fi au contraire
la douleur & l’impuiffance continuent fort iong-
tems,on peut raifonnablemem préfumer que le
col du fémur eft fraéluré -, alors on dirige la cure en
conféquence.
La fraélure du col du fémur eft en général
très-fâcheufe, les jeunes fnjets en guériffent,
quoiqu il leur refte encore une légère claudication
j mais les vieillards font fouvent forcés de
relier au lit pendant le refte de leurs jours ; &
s’ils en relèvent, ils ne peuvent marcher qu’avec
des béquilles. Dans ces cas le tiffii du col s’altère
tellement, quil n’en refte plus aucun vefiigd,
ou ce qui en refte n’offre plus qu’un riffu ligamenteux
attachés aux furfaces intérieures de la
tète &. du grand trochanter, & qui fért ainli de
lien aux parties divifées. La tête fait alors un
angle droit avec le grand trochanter, & il y a
de la mobilité entre la tête & le corps de l'os
à 1 endroit où étoit le col. On peut voir la
difpofition ligamenteufe qui a pris la place du
col du fémur à la fuite d’une pareille fraélure
dans le neuvième Tréfor de Ruifch.
fraélure du col du fémur avec déplacement
une fois reconnue, il s’agit d’en faire la réduction *,
on y procède en appliquant les forces extenfives
au pied du côté malade, & les contre-extenfiyes
au pu de la Cuiffe faine. C eft ordinairement un
lacs double dont on fe fert dans ce dernier cas ;
on en fait retenir les deux chefs au-deffus de
la hanche du même côté, pendant qu’avec une
lerviette pliée en quatre, fuivant fa longueiir ,
appliquée çirculairement autour des os des îles
« retenues par les deux bouts, du côréoppofé à
la fracture on empêche le baliîn d’obéir à l ’exren-
ion& de defeendre avec l’extrémité fur laquelle
_ t e force agit. Les mufcles qui, dans ce procédé
e lont expofés à aucune compreffion, cèdent à
Chirurgie, Tome I .er I .eri Partie-,
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j la force qui tend à les alonger, & permettent
| au fémur de defeendre & de reprendre fa longueur
j naturelle. L opérateur, qui fait la réduélion , doit
j en même-temps diriger la Cuiffe en l’embraffant
à la partie fupérieure. Il l’éloignera un peu du
baffin pour éviter l’impreffion que feroienr les
pointes offeufes fur ies parties qu’elles ratifferoient,
pour ainfi dire, fans cette précaution; & par un
petit mouvement de rotation de dehors en dedans,
il redonnera à toute [’extrémité , fa reélitude
naturelle. Mais lorfque les deux bouts de l’os
| font rapprochées 1 un de l’autre, il n’efi pas facile
’ de les maintenir réduits, l'aélion des mufcles
qui entourent la Cuiffe tend continuellement à
les déplacer avec d’autant plus de force que*
cette aélion ne peut être réprimée par l’application
d’un bandage circulaire. On fe fervoit autrefois
pour bien contenir la fraélure, du fpica &
de grands cartons , qu’on app’iquoit vers léfom-
mst de la Cuiffe ,• on prenoif enfin le mêmes précautions
dont nous avons parlé plus haut à
1 occafion de la fraélure oblique du fémur ; mais
fouvent il furvenoit au membre un gonflement
qui rendoit ces moyens infruélueux & fouvent
infupportables. D’ailleurs l’application de tours
de bande fur la Cuiffe donnoit toujours lieu à
un nouveau déplacement, les jets s’en faliffoiont
par les urines , & de-là s’enfuivoient des excoriations
, des inflammations, fouvent accompagnées
de fièvres. Ces accidens portèrent les
Praticiens à imaginer quelques moyens qui puffent
les prévenir $ M. Duverney k Beliocq en ont
préfenté qu on trouve encore dans le Mémoire
de M. Sabatier 5 mais ils font tous deux également
infuffifans. On s’en tient aujourd’hui à la
mérhode de M. Foubert; elle confifte à couvrir
le lieu de fa fraélure avec des compreffes imbibées
de médicamens convenables; on enferme
enfuite rouie l’extrémité dans des fanons ainli
quon le faifoit précédemment; & on les tien*
hés Amplement par des noeuds convenables feulement
on s’affujétit pendant les trois premières
femaines à faire deux ou trois fois par jour de
nouvelles ex reniions pour replacer & affronter
les pièces de la fraélure que l’aétion fortuite des
mulcles auroit pu déranger : paffé ce tems il
eft rare quon fott obligé d’avoir recours aux
extenùohS, il fuffit de làiffér le malade en repos-
& de maintenir l’extrémité dans une pofition
droite, au moyen des fanons, & l’on perfide
ainfi pendant, plufieurs mois. I! in’eft pas pôffible
de déterminer précifémenr le tems- que la nature
emp’oie pour former le cal dans cette efpèce de
fraélnre; quatre, cinq, & même fix mois n’ont
pu luffire pour la réunion, & fouvent même elle
üe s?e5,P°iot fait^ comme' nous l’avons dit plus
haut. $ il furvenoit du gonflement & de l’inflammation
pendant ces tentatives,1 on les difeonri-
nueroit, & même on en viendroit aux faignées •
pus ou moins réitérées j k àu régime. Mais
Aaà - - :