
fouvent éprouvé , avec le plus grand fuccès;
l'application de la raclure de racine de bryone,
ou couleuvrée, fraîche,dans ces Ecchymofes des
paupières & delà conjonéïive, connue du peuple
fous le nom d’oeil poché.
c* Pour peu que les extravafations foient confi-
dérables, on doit commencer la cure par la fai-
gnée. Si l’on n’eft appellé que quelques heures
après l’ accident, il faut employer des difcuffifs
avec les aflringens ; ceux-ci fortifieront les parties,
& les premiers difpoferont les humeurs à la
réfolution. On remplira ces deux indications en
fomentant la partie avec une décoélion de fom-
mirés de petite centaurée & d’abfynthe, de fleur
defureau , de camomille & de mélilor, cuites dans
parties égales de vin & d’eau. On peut appliquer
en fachets les plantes qui ont fervi à la décodion.
La réfolution des Ecchymofes eft annoncée
par le changement de couleur ; la partie qui étoit
noire devient d’un rouge brun; le-rouge s’éclaircit
infenfiblement, & la partie paroit enfuite d’un
jaune foncé, qui prend fucceflivement dîverfes
nuances plus claires, jufqu’à ce que la peau foit
dans fon état naturel.
cc II arrive quelquefois que la violence de la
chûte ou du coup détruit la chaleur de la partie
bleffée, en y éteignant le principe de la vie ;
alors les topiques froids & répercuffifs feroient
très-nuifibles dans les commencemens, ils pro-
duiroient la mortification. Dans ce cas,on are-
cours aux fcarificatiorw, qu’on fait plus ou moins
profondes, félon le befoin ; c’efl l’étendue & la
profondeur de l’extravafation du fang , & la con-
ïîdération de la nature de la partie léfée qui
doivent régler fur cet objet la conduire d’un
Chirurgien éclairé. Si la quantité du fang-extra-
vafé eft confidérabîe , & s’il paroît impoflibfe
de le rappeller dans les voies de la circulation y
on doit ouvrir la tumeur pour lui donner ifïue ,
c’eft le feul moyen d’en prévenir la putréfadion,,
& peut-être la gangrène de la partie. Mais cetre
ouverture ne doit point fe faire imprudemment
ni trop à la hâre ; quoique la partie paroifie
noire, on ne doit pas toujours craindre la mortification
, ni, croire à l’impoifibilité de la réfô-
lution , pnifqu’il eft naturel, dans ces cas, que
la peau foit noire ou bleuâtre à la vue. Il faut
confidérer attentivement , fi cette noirceur fe
difïipe pour un moment par l’impreflion du doigt,
fi elle eft 'fans dureté , fans douleur & fans tu-!
niéfadion confidérabîe, & s’il refte encore une
douce chaleur dans les parties affedées. Ces
fignes feront diflinguer l’Ecchymofe de la gangrène
, & de cette conrioiflance on tirera, des indu
étions pour la certitude du pranoftic , St. pour
aflêoir les indications curatives. Fabrice de Hil-
dan, ayant été appellé' le quatrième jour pour
voir un homme, qui par une chute de cheval,
y’étoît fait une contufion confidérabîe au fcrotum
& à la verge, trouva ces parties un peu enflées
& noires comme du charbon , fans cependant
beaucoup de douleur ni aucune dureté. Il fit
d’abord des embrocations avec de l’huile rofat
il faigna le malade & appliqua le cataplafme
fuivanr. Prenez des farines d’orge & de fèves
de chacnue, deux onces ; de rofes rouges en poq!
dre , une once ; laites les cuire dans du vin
rouge avec un peu de vinaigre , jufqu’à-la confidence
de cataplafme , apquel on ajourera un peu
d’huile rofat & un oeuf. On fe fervit cte ce topique
pendant quatre ou cinq jours ; enfuite on
fit des fomentations avec une décodion de racines
de guimauve , de fomtnités d’abfynthe,.
d’origan , d’aigremoine , de fleurs de rofes.
de fureau , de mélilot & de camomille ,
de femences d’anis , de cumin & de fénugrec
dans parties égales de vin & d’eau. On en balîi-
noit chaudement les parties affedées, trois ou
quatre fois par jo u r , après quoi on les oignoit
avec le liniment qui fuit. Prenez des huiles
d’anet, de camomille & de vers de chacune une
once, du fel en poudre très-fine, deux gros
mêlés : avec ces fecours , les parties contufes.
fe rétablirent dans leur premier état, malgré la
noirceur dont èlles étoient couvertes. Voye\,
Gangrène. ■
L ’efprit-de- vfn , ou Peau-dè-vie fimple ou.
camphrée , qu’on applique (ans inconvénient fut.
des Ecchymofes légères, font capables d’irriter,
beaucoup celles qui feroient menacées d’ une inflammation
prochaine-, le Dodeur Turner en a
vu fouvent les mauvais effets. 11 rapporte à ce
fujet l’hiftoire d’un homme de fa connoiflancey
grand, amateur de Chymie , & partifan très:zélé
de fefpriî-de-vin. Cet homme s’êrant meurtri
les deux jambes, en Portant d’un batèdu , confia
l’une dè fes jambes à Turner, & livra l’autre à
un Chymifte, qui devoit prouver la grande efficacité
de refprit-de-vin dans la cure des Gon-
rnfions avec extravafation de fang. La violence
des accidens qui furvinrent fit rejerrer ce iraite-
meht au bput de quelques jours , & l’autre jambe
qui fut panfée avec un liminent j compofé de bol
d’Arménie , d’huile- rofat & de vinaigre.,, étoit
prefque guérie-
« Il y a dès perfonnes fi délicates qu’on ne
peut les toucher un peu fort fans leur càufer une
Ecchymofe ; on le remarque en faignant celles
qui font graffes. Peut-être la comprellion ne fait-
elle , dans ce- cas , qu’affoiblir le reffort des
v ai fléaux, & y procurer un engorgement variqueux
, fans extravafation.
« On voit fur les bras & les jambes dès feor-
butiques des grandes taches livides vqui font des
Ecchymofes de caufe interne.
c* Il fe fait fous les ongles., â l’occafion de
quelque violence extérieure, un épanchement de
fang qu’on peur mettre au rang des Ecchymofes.
Les tppiques ne font d’aucune utilité pour la
réfolution de ce fang j le plus fur eft de luipracurer
une ifïue en ouvrant l’ongle. Pour cet effet
on le ratifie avec un verre jufqu’à ce qu’il foit
tellement émincé qu’il cède fous le doigt -, on en
fait alors l’ouverture avec la pointe d’un petit
bifîouri ; le fang fort par cette ouverture ; fans
cette précaution , il pourroit fe putréfier & cau-
fer la chûte de l’ongle. Cetre petite opération
tl’exige aucun panfement, il fuffit, au plus, d’envelopper
l’extrémité du doigt avec une bandelette
de linge fin i pendant quelques jours. »
Extrait de Vancienne Encyclopédie.
E C C O P E d’Exxo-jr», cxcifio. Fradure ou
fôlntiôn de continuité du crâne faite par un inf-
trument tranchant, qui a frappé perpendiculairement.
Il eft rare que la divifiou de l’ os ne s’étende
pas par une fradure prolongée plus loin
que la partie frappée par l’inftrumenr. Son poids
ou l’adion de celui qui a donné le coup , fait
que l’inftrument agit fouvent comme contondanr.
Vùye[ pour le traitement l’ariicle T r é p a n .
Extrait de Vancienne Encyclopédie. C M. P e t i t -
R Ad EL.)
É C H A R P E. Efpèce de bandage avec lequel
on foùtient la main, l’avant-bras & le brasbïefle.
Pour bien faire l’Echarpe on prendra une fer-
viette fine, qui aura au moins deux tiers d’aune
enquarré’; on la pliera en diagonale; on la paf-
fera, ainfi p liée, entre le bras & la poitrine du
malade, de. manière que l’angle droit fe trouve
fous le coude , & le grand côté du triangle fous
la main. Des deux angles aigus, l’un fera paffé
fur l’épaqle faine , & l’autre en remontant, &
recouvrant l’avant-bras & l’épaule malade, paflèra
derrière le cou , pour venir joindre l’aurre angle
de l’Echarpe fur l’épaule du côté oppofé , où
ces deux angles feront cou fus enfémble Si
arrêtés à une hauteur convenable , pour tenir
1 avant-bras plié prefqu’à angle droit. On prendra
enfuite à l’endroit du coude, les deux angles
droits de la ferviette ; on les repliera proprement,
pour en envelopper la partie Inférieure du bras,
puis on les attachera enfemble.
Cette écharpe loutient exactement l’avant-bras
& Ie coude j.tout le membre fe trouve enveloppé
depuis 1 épaule jufqu’au bout des doigts; & l’on
ne rifque poinr que le malade, en agiftant imprudemment
, dérange fon appareil. Cet article eft
tiré de l'ancienne Encyclopédie.
i-umpoiee a une caille de carton , bien garnie
& doublée intérieurement , étroite & affez Ion
gue pour recevoir tout l’avant-bra-s, jufqu’a
bout des doigts , & de courroies difpofée
de manière à lafou tenir uniformément. L ’Echarp
que l’on' fait avec une ferviette a par - defiu
celle-ci le grand avantage de pouvoir f
préparer par-tout & en tout té-ms ; mais I;
dernière eft préférable en ce qu’elle finir jeu
plus également1 tout i’avanr^bras depuis le coudi
jufqu’au bout des doigts ; ce qui, dans bien de«
cas, eft une circonftance rrès-eflentielle. Voye[-
en la figure dans les Planches.
E CL1SSES, Napôüxjc, fetulce Atelles : ce font
de petits morceaux de bois de l’épaifleiir d’environ
une ligne , & de différentes longueur &
largeur, dont on fe ferr pour maintenir dans une
bonne fituation les membres fraéturés après la
rédu&ion. Les éclifles ou atelles dont les Anciens
faifoient ufage, n’étoient nullement comparables
à celles que nous employons aujourd’hui. Hippocrate
fe fervoit de la tige d’une plante ombel-
îifere, q u i, dans la Grèce, s’élevoit jufqu’à la
hauteur de trois condées, c’eft le N*p0»£, ou la férule
de nos climats. Il y trouvoit plufieurs avantages
, qui lui avoient fait donner la. préférence
fur Les atelles de bois que fes Contemporains
employoienr. Ces édifies étoient plus légères
, fe mouloient mieux à la partie, & ne pou-
voient à raifon de leur molefle confondre ni-
blefler les parties. On ne trouve point toutes ces
qualités dans la férule qui nous eft connue ; fa
tige eft caftante, trop poreufe, & conféquemment
point aflez réfifiante pour fixer les parties fracturées
, auffi s’en eft-on terni aux éclifles de boii
mince , qui fouples par elles-mêmes, peuvent
être garnies de linge pour leur donner de la
molefle. Les lames de bois, telles que les four-
bifleurs les emploient pour faire les fourreaux
d epée, font les plus convenable«, on les taille
comme on veut, & félon que la forme des membres
les demande, & enfuite on leur donne un
fourreau. Quelques-uns préfèrent le carton pour
la matière de l’écliffe, on le couvre d’un linge
fin, & l’on mouille réclifle ainfi garnie dans de
l’eau de vie camphrée avant de l’appliquer. Ces
fortes d'éclifles me paroiflent réunir tous les-
avantages qu’H-ippocrate trouvoit dans les fien-
nes. On les emploie communément dans les fractures
de l’avant-bras, & généralement dans celles
des membres peu volumineux où il y a peu à-
craindre pour le déplacement.
En lifant attentivement le Traité de Frae&ï
d’Hippocrate, l’on voit que cet Auteur n’employoifc
pas les éclifles dès les premiers jours de la maladie.
Il les rempiaçoir par des comprefies fiiffi-
(ament épaifles, pendant tout letems qu’il a voit
à craindre l’inflammation. II ne les employait
guères que vers le feptième jour; il en fait même
une loi ,. eh difant, feptimo aut nono die ferulee
cireur,idandce: fiant. La ledure de Celfe donne à
croire que c’étoit auffi fa méthode, car en parlant
de l’appareil & de la manière de l’appliquer, on-
voit qu’il n’y eft fait mention d’éclifles que fécon-
dairement, & lorfque. les os s’étant dérangés forcent
à un traitement plus afin ré. Rursus ergo, dit-
il , f i parum commifta fiant, comniitd debent ;fi qua-
firagmenta e minent} in fiuas fie des reponenda Junt'x
diiudi codera- modo membrum àeUgahdum y fient-*•