
guérifon en en retranchant les parties ’ es pîiis malades.
Mais voilà, fuivant nous, les feuis cas où cette
pratiquédoit être fuivie, puifqu’elle n’offre d’ailleurs
aucun avantage, qu’on ne puiffe obtenir par
une méthode plus douce & plus fûre. K C a llosité.
Les autres fymptômes tenans à certe maladie, &
dont nous .n’avons pas encore parlé, font ceux
qui procèdent d’affeclions des parties plus profondément
fi tuées, telles que le coccyx, le fa-
cruni, la veffie, &e.
Il arrive quelquefois que le pus amafl'é dans
les ulcères fiftuleux auprès de l’Anus, s’étendant
vers les parties voifines, vient enfin à affeéler la
fubflance même des os •, mais il arrive auffi, dans
bien des cas, que ces affermions des os font la
maladie première , & qu’elles deviennent le principe
des ulcères fiftulèux auprès de l'Anus ,
plutôt que d’en être 1 effet. Ainli, l’on voit que le
pus des abcès formés dans les mufcles pfoas , &
qui font occafionnés dans quelques cas par une
carie des vertèbres lombaires, au lieu de tomber
fur la partie antérieure & fupérieure de lacuiffe,
où il vient pour1 l ’ordinaire fe former une iffue,
fuit quelquefois le cours du gros boyau, & fe
vuide auprès de l’Anus. On a vu le même effet
caufé par un coup violent fur les hanches, qui
ayant fraéluré le coccyx, avoit déterminé en con-
féquence une carie de cet os.
Mais le plus fâcheux de tous les accidens qui
puiffent accompagner'cette maladie, c’eft la formation
d’un paffage entre le retïum & la veffie.
Quelquefois il fe forme de femblables communications
, indépendamment d’aucun linus ou abcès
qui eût antérieurement exifté autour de l’Anusj
mais il arrive beaucoup plus ordinairement qu’elles
font occafionnées par des ulcérations de ces parties
, & par un traitement mal entendu , que par
aucune autre caufe. Les fymptômes, qui dénotent
le plus certainement cette terrible maladie , font
d’abord un fédiment brun dans les urines, qui
peu-à-peu devient épais, prend une couleur de
plus en plus foncée , '& comraéîe une odeur forte
d’excréroens *, enfuite le paffage des urines s’obftrue,
ou bien ilfe fait des émiffions confidérables d’air
par l’urètre, avant & après la fortie de l’urine.
La préfenee de ces fymptômes donne fuffifam-
mènt à connoître la nature de la maladie j mais
jufqu’ici nous n’avôns pas été affez heureux pour
y trouver un remède ) en forte que tous ceux
q u i, jufqu’à préfent, en ont été attaqués, en
ont toujours été les yiétimes, après avoir traîné
une malheureufeexiftence pendant un an , ou deux
années au plus , s’ils avoient une conftitution
naturellement vigoureufe.
Lorfqu’il y a carie dé quelqu’un des os du
coccyx , dufacrum, ou des vertèbres lombaires ;
en conféquence d’une érofion formée par le pus
retenu dans quelque finus, tout ce que l’art peut
faire, eft de donner une libre iffue à ce pus,
‘dp tenir les parties bien néto.yées, d’extraire les
fragmens d’os qui fe préfentenr, & de fortffîer
la cohftiturion par une nourriture convenable ,
afin de la mettre en état de fouten'ir une fup-
puratfon, qui probablement fera de longue durée.
On a vu quelques malades en pareilles circonftances,
être affez heureux pour fe rétablir , lorf-
qu’au riioyen d’un traitement comme celui que
nous avons indiqué,1 les portions d’os cariées ,
,,'onr pu fortir enfin par les plaies, & favorifer
ain.fi la cicatrifarion des parties affeélées. Mais il
faut avouer qu’un pareil cas eft très-rare r Sc
que, pour l’ordinaire, tout ce qu’on peut faire
pour un malade en cet état, fe réduit à pallier
les fymptômes les plus pénibles.
Nous avons ainfi terminé ce que nous nous
étions propofé de dire , fur le fujet de la
fiftule à l’Anus $ maladie cruelle autant que
fréquente , & fur laquelle nous nous fournies
cru d’autant plus obligés d’entrer dans de grands
détails, que ce n’eft que depuis peu d’années
que l’on a commencé à traiter ce fujet avec
exactitude, & avec méthode. Ce que nous avons
fur-tout cherché à faire voir , c’eft qu’un finus,
ou une fiftule , eft une maladie conftamment
de la même nature, foit qu’elle ait fon fiège aux
environs de l’Anus, foit quelle exifte en quel-
qu’autre partie & que le traitement doit en être
à-peu-près le même, & s’établir fur les mêmes
principes dans quelqu’endroit que foit le mal,
Jufques au milieu de ce fiècle, & nous pouvons
dire , jufqu’au tems où M.„ Pott a publié fon
traité fur cette maladie , on n’en connoifTow
pas bien la nature, & les idées qu’on s’en fai-
foit étoient bien confufes. Excepté les cas très«-
légers de finus tout-à-fait fuperfieiels, on ne
comprenoit pas qu’une fimple incifion pût fuf»
fire pour faire une guérifon ; & Ion n’imaginoit
pas qu’il y eût-d’autre moyen de l’obtenir qu’une
deflruCHon, ou une extirpation totale des parties
affedées.
Mais il eft fuffifamment démontré que des
moyens auffi cruels ne font que bien rarement
néceffaires j & que la guérifon , lorfqu’elle eft
praticable, s’obtient plus facilement par la méthode
que nous avons recommandée •, favoir par
une fimple divifion des finus, que de toute autre
manière qui ait encore été propofée. Il peut
arriver quelquefois , il eft v ra i, que dans des cas
très - invétérés, l’on ne viendra point à bout
de guérir par aucune méthode quelconquemais,
dans ces mêmes cas , les moyens violens dont
nous avons parlé , n’auroient aucun avantage
fur les nôtres, & ne ferviroient qu’à tourmente«
beaucoup plus les malades.
A nus contre nature. Ouverture acciden*
telle des parois de l’abdomen , à laquelle aboutit
quelque partie du canal inteftinal , & par où
fortent les matières fécales en tout, ou en par«
tie.
1« £.orfquil furvient étranglement à une her«*
trie*
ï) nie, dans laquelle l’inteftin eft fimpîement
j j pineé , &' que cet accident a été inconnu, ou
j j que, n’ayant pu être diffipé par les moyens?
j j ordinaires-, l’opération qu’il exige n’a pas été-
99 pratiquée à tems, la'partie déplacée tombe
j? en pourriture, les matières fécales s’en échap-
j j pent ; il fe fait une infiltration putride dans
j j le tiffu cellulaire , &- au-deftbus des fégnmens
j? voifihs * & la gangrène s’empare de la tumeur ,
j j de l’imérieur à l'extérieur. Il s’établit bién-
j j tôt, à travers les parties corrompues , une ou
j j pluficiirs ouvertures, par où les 'matières
j j s’écoulent, jufqu’à ce que la réparation des
j j efcarres leur laifte une iffue plus libre. Mais
j j fi le malade eft enfin opéré, fes excrémens
j j fortent par la plaie , & lé canal inteftinal
j j fe dégorge avec plus de facilité. Dans l’un
j j & dans l’autre cas, les excrémens ne ceffent
j j de fouir par la plaie, qu’aurant que la perte
j j dé fubftance que l’inteftin a fouffert eft mé- •
j j diocre , & qu’elle n’a pas donné lieu à un*
ij rérreuflement trop considérable au - deffous
j j de l'endroit malade ; car lorfqu’il a été en-
j j tariié trop profondément par la pourriture ,
j j & que la cicatrice qui fuccède à la chûte des.
j j parties altérées a beaucoup diminué de leur
n calibre, les matières qui trouvent, moins de
j j facilité à continuer leur route par le canal
j j inteftinal qu’à paffer par la plaie, fe portent
» en entier vers celle-ci ; & il s’y établit un
j j Anus contre nature par où elles ne ceffent
j j de couler pendant toute la vie.
j j Cela arrive aufli à la fuite des plaies pé-
99 nétrantes au bas-ventre avec léfion confidéra-
99 bie aux iriteftins. L ’inflammation qui accom-
j j pagre toujôurs ces fortes de plaies , donne
j j lieu à des adhérences falutaires entre les bords
99 de l’inteflin divifé, & ceux de l’ouverture du
j j péritoine & deî mufcles *, ce qui empêche
u les matières de tomber ! dans le ventre. La
j j firuation fixe & permanente des gro- inteflins,
j j rend les plaies qui y arrivent beaucoup plus
j j fufceptibles de cette terminaifon heurenfe à
jj quelques égards , que celles des inteflins
j j grêles. On a vu néanmoins des Anus contre
j j nature fe former à la fuite de ce? dernières*,
j j on lit un cas de cette narure dans Fet nel, &
u un fécond dans Bauhin. ( i ) j j F ô yq les articles
Hernie & Intestins.
Ces Anus artificiels fe forment aux hernies
avec gangrène dans les circonftances ci - deffus
énoncées fuivant le voeu de la nature, & Couvent
l’on auroit tort de s’y oppofer, lor« mê’mequ’il
leroit polfible de cicarrifer complettement la
plaie qui en eft le fiège. Car l’inreflin fe trouvant
(i) Voyez fe Mémoire de M. S.ibbaticr fur les Ajius
contre nature, dans le cinquième volyme des Mémoires
de l’Acidémie de Chirurgie. ' . *
Chirurgiç, T çm f 'Z i t l l Partit»
j froP refferré à l’endroit delà cicatrice ,1e malade
rdleroir fujet à des coliques, qui le mettroiént
dans un danger plus où moins proch un de p^rir
par la rupture du canal inreftinaldans l’abdo-
rnen , ou fimpîement en corifé.quece cl’iinë ob-
ftruélion de fa cavité. Il n’en eft pa1- dé même,
lorfque les A nus ^contre nature s’établi fient à la
fuite de plaie aux inteftins ^ & li l’on éroit à
portée de donner du fecours aux bie fies s avant
que ces Amis fuffent entièrement formés : il
feroit fouvent poffible de les prévenir. Nous
verrons à. l’article Intestins , quelles (ont les -
circonftances où le Chirurgien doit mettre rôtis
fes foins, à conlerver une ouverture 4par où les
matières fécales puiffent s’écouler, & celles où
ft doit chercher à obtenir une cicatrifation parfaire.
.
Quelque avantageufe que puiffe être la formation
d’un Anus contre nature , dans bien des-
cas ou la vie du malade en dépend-, il faut
avouer qu il en réfulte une infirmité fâcheufe &
dégoûtante. Il eft vrai cependant que jès matières
qui en fortent, n’ayant pas lorig-ttms fé-
journé dans les inteflins, elles n’ont pas la fétidité
de celles que I on rend par les voies ordinaires;
mus aufli , comme l'ouverture qui leur donne
iflue , n a point la même organifation que
1 extrémité inférieure du reétum , & comme elle
manque fur-tout d’un fphincler quife contraéle,
& fe relâche fuivant le befoin , ces matières
torrent continuellement fans que les malades en
foient avertis. Quelques - uns fur le nombre de
ceux dont on nous a confervé l’hiftoire ,-ont
pu faire ufage d’une boîte de métal, dans laquelle
leurs excrémens étoient reçus. Schenckius_rap-
porte le cas d un- officier bleffé au ventre,'qui
rendoit les fiens dans un vaiffeau fait exprès :
Dionis^ fait mention d’un cas femblable. Ce qui
eft arrivé à un foldat invalide, dit cet Auteur
célèbre, eft trop fingtilier, pour tenir lieu d’exemple
dans la pratique^ puifque c’eft la nature feule
qui 1 a guéri ; elle s eft fait elle-même un égoût
par la plaie du ventre. L’inteftin s’y eft attaché,
il vuide tous les jours par cet ouverture fes
excrémens, qui fbrrent involontairement, ce qui
1 oblige de porter à cet endroit une boîte de fer
blanc pour les recevoir.
M. Mofcati, premier Chirurgien de l’Hôpital de
Mdan, a auffi communiqué à l’Académie de Çhi*
rurgie, l’hilioire d’un bleffé, chez qui il s^ft
foi mé un A nu contre nature, à la fuire d une plaie
au ventre, fituée au -deffous de la région hypo*
condriaque droite, & dont les excrémens tom«
bent dans une boîte de fer bl^nc , retenue par
une ceinture. Ce Chirurgien remarque avec rai-
fon v comme une circonftanee forr exraordinaire
de cette plaie, qu’on ait pu y place*-' à démeure
une canule de plomb, à laquelle s’a jultë la boîte
de fer blanc. Mais tfct liruaiion des plaies qui
péUYeot iaiffer après elles un Anus contré nature
v ' •