
recouvre la cornée ; auffi efi-il le plus bénin des
ulcères de cette membrane,& guérit-il toujours fans
oceafionner aucune cicatrice. On traite le Caligo
par les defficadfs fous forme féche. V o y e z , à cet
égard, l’article Argema. (M. Petit-Radez.)
C A L O T T E , moyen préfervatif qu’on conseille
dans tous les cas où l’on a fait quelques
opérations graves au crâne, quand on en a emporté
une grande portion, foit par des couronnes
« e trépan, la gouge, ou quand quelques parties
re’en font féparées, comme à la fuite des exfoliations
des caries, ou même après la guérifon
•des plaies , où les tégumens feuls auroient
jété affeélés. Quand on cherche à préferver les
parties fubjacentes de l’impreffion que pourroiefit
y oceafionner les corps réfifians, il faut préférer
les calottes de plomb ou de fer blanc bien
iattu à toutes autres. On trouve ainfi, dans les
Mémoires de l’Académie Royale des Sciences,
Thifloire d’un homme à qui l’on avoit emporté
■ prefque tout le crâne par différentes applications
de couronnes de trépan, & qui fe préf°rvoit de
la prelîion des corps extérieurs par ce moyen.
Quelques Auteurs cependant trouvent aux calottes
de métal un inconvénient, ceft celui de trop
s’échauffer, & conféquemment de réfléchir fur le
cerveau une trop grande chaleur. Auffi confeil-
‘lent-ils de les faire avec du cuir b ouilli, telles
que celles dont fe fervit Ambroife Paré, chez
lin laquais qui avoit éprouvé une très-grande
exfoliation du crâne, à la fuite d’un coup reçu à
la tête. Cet Auteur donne fur ce fujet un avis qui
peut avoir fon utilité, fi non à la ville, du moins
à la campagne, où le pauvre peuple eft fi fou vent
la dupe de ceux en qui il met fa confiance, a Or,
il y en a , dit-il, (des Opérateurs) qui fe difent
Chirurgiens, ' mais font plutôt des charlatans,
coureurs & larrons, qui, lorfqu’ils font appel-
lés pour traiter les plaies de tête, où il y a
quelques portions d'os amputés, font croire au
malade & aux affifians, qu’au lieu dudit os il
faut leur mettre une pièce d’o r, & d é fa it, en la
préfence du malade , l’ayant r e çu , la battent
& la rendent de la figure de la plaie , & l’appliquent
defius, & difent qu’elle y demeure
pour fervir au lieu d’os & de couverture au cerveau
} mais auffi-tôt après, ils la mettent en leur
jbourfej & le lendemain s’en vont laiffant le
bleffé en cette imagination. » (M. P e t i t-Radez.)
C A L L E U X . On donne ce nom au* ulcères
dont les bords, au lieu de fe refferrer & de fe rapprocher
,* deviennent inégaux, fe durciffent &
s’élèvent au-defius des parties voifines, ce qui
vient, pour l’ordinaire, de négligence ou de foins
mal entendus & mal dirigés.
Les ulcères, ainfi dégénérés, ne fe cicatrifent
p oint, à moins qu’on ne détruife les parties
devenues Calleufes, ce qui peut fe faire en les
enlevant avec l’infirumem tranchant ou en les
confuinam par l’application des efqarotiques, .On
préfère généralement ce dernier moyen, comme
étant moins cruel & tout auffi sûr quant à 1-effet.
Voyei Ul c é r é .
Mais s’il eft vrai que les bords, vraiment durs
& déforganifés des ulcères > exigent qu’on ait
recours à ces moyens, i l l’eft auffi quon en a
beaucoup abufé, & que l’on a fouvent tourmenté
des malades de la manière la plus cruelle, lorf-
qu’on auroit pu les guérir par des moyens infiniment
plus doux. Nous avons vu à l’article
Anus , en parlant des abcès autour du fondement,
& de la fiftule qui en efi fouvent la conflu
en c e > à quel point on s’étoit égaré en donnant
le nom de Callofité à *ee qui n’en étoit pas, &
en expofant les malades à des douleurs atroces
pour les débarraffer de ces prétendus obflacles
à leur guérifon. On a commis la même erreur
dans le traitement des fifiules au périnée, tandis
que, dans prefque tous les cas de 1 une & de L’au-
t>e elaflej il fuffit de favorifer l’écoulement dû
pus, dont la rétention engorge la membrane cellulaire,
& le tiflu de la peau, & de procurer le
dégorgement des parties tuméfiées par une ou plu-
fieurs fimples incifions, fuivant l’étendue du mal
& les circonftances particulières qui peuvent
l’accompagner. Nous croyons devoir préfenter
ici quelques réflexions de M. Pott, qui font bien
propres à tenir les Chirurgiens en garde contre
les erreurs dans lefquelks on efi tombé à cet
égard.
et Suppofons , dit cet illufire Praticien
95 un abcès formé dans le voifinage du reélum,
99 & qui, après un certain degré d’enflure &
99 d’inflammation, vient à maturité, ou s’élève
99 en pointe à une petite diftance dé la marge
99 de l’anus. Suppofez encore qu’on y ait fait une
99 ouverture large & convenable, par une fimple
5s incifion; que la matière contenue a été par-
99 là évacuée, & qu’il en efi réfuité un ulcère,
99 ou une cavité, peut-être d’une étendue con-
99 fidérable. Cette cavité doit être remplie de
59 manière à produire une bonne guérifon, &
99 une cicatrice folide & durable.
59 Le fréquent ufage du mot remplir, & cette
99 opinion généralement admife, que l’indura-
99 tion des parties environnâmes efi une callo-
99 .fité morbifique, me paroiffent avoir été les
99 deux fources principales de l’erreur, & de la
99 mauvaise conduite dans cës cas.
99 Toutes les fois qu’il fe forme une matière pu-
99 rulente à la fuite d’une inflammation , elle Jaiffe
f9 toujours, en fortant, une cavité proporriorii-
99 nelle, & un certain degré d’induration. La
95 première efi d’une étendue différente, félon
9.9 la quantité de matière purulente $ & la der-
99 nière dépend tant du degré de l’ inflammation
99 précédente, que de ce que la fuppuration a été
95plt*s ou moins parfaite.
99 L ’opinion généralement reçue à l’égard de
;;_ces deux çirconfjances, la cavité & l'induration
iiê f t j que la première efi produite entièrement
»9 par la perte de fubfiance*, & l’autre , par une
19 induration morbifique des parties.
99 Voici quelle efi la conféquence de cette opi- j
99 nion. Auffi-rôt que la matière purulente efi éva- *
99cuée, on remplir & on diftc.nd la cavité, dans
>9 la vue de procurer une régénérefcence graduelle
99des chairs’, & les fubfiances avec lefquelles on
9»remplit ainfi cette cavité, font très-communé-
95 ment de Tefpèce efearotique, étant deftinées
«9à diflbudre & à détruire la dureté.
99 La pratique efi une conféquence néceffaire
99 de la théorie. Celui qui fuppofe que la dureté
95 dépend d’une altération morbifique dans la
>9ftruélure des parties, & qu’il y a une pertecon-
*9 fidérable de fubfiance, fe croit néceffairement
99obligé de détruire la première, & d’empêcher
•9 la cavité formée par la dernière, de fe remplir
*9trop promptement. D’un autre côté, celui qui
99 confidèrecet objet tel qu’il efi réellement ; c’eft-à-
»9dire, celui qui croit que la cavité de l’abcès
19 efi principalement l'effet de la diftraéfion &
99de la féparation graduelle de fes côtés, avec
une fort petite perte de fubfiance , comparée à
99 l’étendue de la fufdite cavité*, & qui regarde
55 Amplement l’induration des parties environnan-
?9tes, comme une circonfiance qui accompagne
99 néceffairement toute inflammation dans les parties
99 membraneufes, fur-tout dans, celles qui tendent
99 à la fuppuration, jugera par la plus légère réfle-
99 xion que les panfemens appliqués fur certe cavité
99 doivent être en affez petite quantité pour per-
»9 mettre à la nature de parvenir au but auquel
99elle vife toujours, auffi-tôt que la matière pu-
9i rulente efi fortie j c’eft-à-dire, de rapprocher
99 les uns des autres les côtés de la cavité ; 8c
99 que ces panfemens» en petite quantité, doivent
95 être faits avec des fubfiances propres feulement
99 à aider la fuppuration, de manière quel le s’opère
9> facilement & par degrés. Ce fait eftfi palpable,
?9 qu’il doit être faifi par tous ceux qui ont une
99 intelligence ordinaire ,& qui le confidéreront de
Jifang froid & fans aucune prévention.
95 Quelle efi la partie où la maladie a fon fiège ?
*5 Quels font les changemens que cette maladie
99 produit ? La partie efi une membrane purement
»^cellulaire, & le changement ou l’altération, eft
?9une obftruélion & une inflammation qui fe
99 détermine par la formation d’une matière puru-
99 lente. Mais en réfulte-t-il quelque corps nou*
99 veau ? Les côtés de l’abcès ne font-ils pas for-
99més comme auparavant par la membrane cel-
99 lulaire & adipeufe, qui eft feulement enflammée,
99épaillie, durcie, & qui eft devenue purulente?
99 Cette altération exige-t-elle qu’elqu’autre chofe
99 pour que les parties foienr rétablies dans leur
>9 état naturel qu’une fuppuration facile des par-
»9des ainfi altérées? Ou peut-elle en rendre la
»9defiruélion ou l’extirpation néceffaires ? Non,
I» tfès-cçrtainemeot. Comment donc la fuppura-
•j tîon doit-elle être produite & entretenue ? Ce
>9neft pas en employant des topiques, q ui,
99par leur quantité & leur qualité, diftendenr,
95 irritent & détruifent ; mais en panfant légère*
99 ment & facilement avec des fubfiances, qui fort
99 capables de calmer, d’adoucir , & de relâcher.
a Ce fait peut encore être fournis à l’expé-
99r ien e e ,& celui qui la fera, c’eft-à-dire, qui-
99effayera les différentes méthodes, & examinera
99 attentivement leurs effets, fera en état d’en porter
99 un bon jugement, à moins qu’il ne foit aveuglé
5> par le préjugé, ou guidé par quelque motif con—
99 damnable.
ci En donnant une attention de quelques mo-
99 mens à la conduite delà Nature lorfqu’elle eft
»9 abandonnée à elle-même > & que l’Art ne trouble
99 pas fes opérations, cette matière fera peut- être
99mife encore dans un plus grand jour.
95 Lorfqu’un abcès de cette efpèce efi ouvert
99par un Chirurgien, il trouve l’étendue de la
99 cavité proportionnée à la quantité de pus, &■
99 en conféquence , fi la quantité de pus eft con-
99 fidérable, l’étendue de la cavité l ’eft auffi. 61
99cette cavité efi auffi-tôt remplie par les panfe-
59mens, de quelque efpèce qu’ ils foient , ils
99 empêcheront fes côtés de s’approcher les uns
95 des autres, & peut-être même qu’ils les écarte-
97ront encore davantage. Mais fi la cavité n’eft
9> pas remplie, & fi l’on n’y introduit pas de
99 panfemens, ou fi ceux que l’on y met font
9î très-légers, les côtés s’affaifféntauffi- tôt ; & fe
»9 rapprochant de plus en plus, il font, dans un
« fo r t court efpacede tems, d’une large eaviré,
99 un petit finus ; cela arrive auffi conftamment
99de cette manière, lorfque le pus, au lieu de
99 fortir par une ouverture artificielle , s’évacue
99 par une iffue que lui fourniffent les parties
>5 contenantes en s’ouvrant fpontanément.
99 II eft vrai que ce finus ne fe fermera pas
99 & ne fe guérira pas,toujours parfaitement, fans
99 le fecours de la Chirurgie, mais le but & la çon-
99 duite de la Nature n’en font pas moins évidens y
99 & le profit que l’Art doit en retirer n’en eft
99 pas moins fenfible. 99
Ç ’eft donc bien à to r t, comme nous l’avons
fait obferver ailleurs, qu’en faifant l'opération
delà fiftule à l’anus, l’on a craint de laiffer fub-
fifter les duretés improprement nommées cal leu-'
fes, qui pouvoient fe rencontrer dans le voifinage
du finus, & que l’on a multiplié les moyens de
les détruire ou de les extirper, lorfqu’une fimple
incifion', & le panfement le plus doux, fuffiroientf
dans la plupart des cas pour les diffiper entière-^
ment. Ces ulcères, il eft vrai, ainfi que ceux qui
ont lieu en toute autre partie du corps, peuvent,
lorfqu’ils font négligés ou mal foignés, devenir
vraiment calleux; & lorfque, par la cureté, ou
le renvèrfemem des bords de la plaie, le Chirurgien
juge qu’ il n’efi point du tout probable
qui] puiffe les ramener à l’état néceffaire pou£