
pèce de chapelet à l'entour du prépuce. Les progrès
du Chancre ne font pas les mêmes chez tous }
il s’étend , en certains fujets, en très-peu de
jours , & forme une grande furface, pendant
que chez d’autres, il eft ftationnaire , & retient
fon état primitif pendant plufieurs femaines.
Le Chancre fe fait connoître ailément à trois
fymptômes qui le caraélérifent fpécialement: fa-
voir, i.° la douleur confidérable qui accompagne
ordinairement la première dépofition du virus -,
douleur qui eft à peine fenfible dans les ulcéra-
rations confécutives à la vérole confirmée. 2.0 La
dureté des bords qui ici eft plus confidérable
proportionnément à l’étendue de l’ulcère, que
quand l’ulcération vient d’une infeélion générale.
3.0 Enfin, une plus grande circonfcription de
l’ulcère qui montre moins de tendance à fe répandre.
Le Chancre fimple, qui n’eft accompagné d’aucun
autre fymptôme vénérien , conlidéré dès fon
commencement, peut céder au traitement local
Lien adminiftré. On peut réduire ce traitement
aux points fuivans, félon la théorie du D.Nisbery
l.° à le détruire entièrement} i.° à changer l’inflammation
fpécifique en une commune, & moyennant
laquelle le procédé propre au renouvellement
des parties puifle s’opérer} 30. à obvier Amplement
à l’irritabilité morbifique, état de la fibre d’où
dépend particulièrement l’aclion du virus. Il y a
long-teins qu’on a confeillé la première méthode.
Paré eft précis fur cela.— u Après l’évacuation ,
dit-il, ( la faignée) il faut trancher & ôter tout
ce qui eft corrompu, voire en couper un peu
davantage, afin qu’il n’y demeure aucune por^
lion de ce qui pourroit avoir été épris de la nature
du Chancre. Auffi il faut laiifer affez couler
le fang , afin de décharger les veines remplies
de fang mélancholiquc, étendues de toute part
aux lieux voifins comme racines *, c’eft pourquoi
il le faut exprimer & prefler de tout Côté, puis
appliquer un cautère aéluel, lequel roborera la
partie en confumant la qualité du venin imprimé
en icelle, aufli arrêtera le flux de fang. 99
Cette méthode de Paré eft très-bonne en elle-
tnêmé } on peut guérir les Chancres par fon
moyen, fans qu’il refte la moindre trace de virulence
, mais il faut s’y prendre de bonne heure.
M. Humer l’a Amplifiée en n’employant que la
fimple exfcifion,& la plaie qui en eftréfultée s’eft
guérie fpontanémenr, fans aucun autre traitement.
Cette méthode ne peut être admife que dans les
cas où le Chancre occuperoit le prépuce, ou les
grandes lèvres, car il y auroit du rifque à la pratiquer
fur le gland. Mais, quoique le fymptôme
puifle ainfi guérir, cependant M. Humer obferve
qu il eft toujours prudent de donner intérieurement
ou extérieurement quelques mercuriaux ,
fur-tout fi le Chancre , avant l’extirpation, avoit
une très-grande étendue, & qu’il fût accompagné
tf*in engorgement dans les environs, Queiqu’avantage
qu’on puifle fe flatter d’obtenir en fuîvant
ce procédé, la pufillanimité des malades a fait &
fera toujours recourir à d’autres moyens moins
cruels qui font les cauftiques , dont l’opération
eft plus lente, & , pour dire la vérité, moins
certaine. La méthode des cauftiques confifte à
toucher le Chancre Rvec la pierre infernale ,
toutes les douze heures, jufqu’à ce que la fur-
face acquierre l’apparence vermeille a une plaie
qui tend à la cicatrifation. On applique enfuite
deffus un petit plumaceau recouvert d’onguent
brun, pour faciliter la chute de l’efcarre. Cette
méthode bien fimple, & bien préférable en elle-
même à routes les aurres, ne convient que lorf-
que le Chancre eft bénin, & qu’il ne fait que
commencer. Quand il eft plus ancien, étendu,
que fa bafe eft très-dure, & ne peut participer à
l’effet du cauftique, celui-ci l’irrite , l’enflamme,
en augmente les accidens, & le fait fbuvent devenir
malin. J’ai vu ainfi plufieurs fois des ulcères
de mauvais genre, qui provenoiem d’une admi-
niftrarion mal faite du cauftique. En général ,
veur-on que ce remède réuffiffê ? il faut que fora
effet s’étende promptement fur toute la furface &
la profondeur du Chancre , & c’eft en quoi la
méthode de Paré étoit avantageufe & fupérieure
au procédé aéluel. Cependant on pourroit remplir
les mêmes vues , en appliquant, fur le Chancre
, un petit morceau de pierre à cautère, proportionné
à fon volume, de manière qu’il formât
promptement efearre. En agiffant ainfi , l’on fixe-
roit le virus, fon effet ultérieur feroit arrêté, &
il n’y auroit aucune crainte pour I’infedlion générale
} mais, pour réuffir, il faut opérer dès le
commencement, & lorfque le Chancre eft fimple
& fans aucun autre fymptôme. t-
On change l’inflammation fpécifique en une ordinaire
, en excitant, fur la furface de l’ulcération
, une irritation incompatible avec l’aélion
du virus. Les remèdes qui peuvent répondre à
cette intention, font autant de fubftances tirées
du plomb, du cuivre ou du mercure} on les
emploie en onguent, en poudre , fous forme liquide
, ou de vapeurs. Celles qui font tirées^ du
mercure font les plus ufitées, telles font le fu-
blimé corrofif, le précipité rouge, l’eau mercurielle
, &c. On emploie également le cérat &
l’extrait de Saturne , le précipité ronge eft celui
dont on fe fert ordinairement} on en mêle une
petite quantité avec un peu de bafiliçum , où l’ont
en faupoudre la furface de l’ulcère» Depuis quelque
temps, on lui préfère la folution de fublimé
corrofif, qu’on prépare de la manière fuivanre.
$£. Sublimé corrofif quatre grains, efprit-de-vin
une once, eau de rofes trois onces, fel ammoniac
un grain : mêlez} on lave fouvenr l’ulcère
avec ce mélange, & s’il occafionne de la douleur,
on alonge la quantité d’eau, ou on en mouille
un peu de charpie qu’on applique fur l’ulcère.
JLt D , S aunders, à Londres, a introduit depuis peu,
je calomel qu’il mêle aux onguens fuppuratifs,
JVl-Hunter préfère cependant le miel & lesmucilages;
Ji a obfervé, comme le D. Saunders , que le
calomel étoit moins irritant, & beaucoup plus
efficace qu’aucune autre préparation. Les fumigations,
ou vapeurs féches, font un dernier moyen
de remplir la feèonde indication générale que les
Chancres préfentenr. Ce moyen eft fingulièrement
efficace dans le traitement de ceux qui ont
une difpofition à s’étendre} on jette, fur des charbons
ardens , des paftilles compofées de cinnabre
& de quelques fubftances réfineufes} on les reçoit
au moyen d’un entonnoir, dont le bec, par
où fort la fumée , eft dirigé fur la furface de l’ulcère}
on réitère , plus ou moins , les fumigations
, en prenant foin de retenir la vapeur par
un appareil convenable. Il eft étonnant combien
cg moyen a été efficace dans des cas répurés incurables.
Je me rappelle d’avoir vu à Londres ,
à l’Hôpital Saint-Barthélemi, des trairemens de
ce 'genre, qui ont eu de grands fuccès dans les
cas de champignons , & même de choux-fleurs
très - volumineux fur le gland } & j’ai vu , par
moi-même, des fymptômes de ce genre, qui
avoient réfifté au mercure convenablement adminiftré,
céder à un moyen fi fimple , lorfqu il étoit
long-temps continué.
La dernière indication générale demande qu’on
obvie à l’irritabilité morbifique qui favorife l’in—
feélion. Les Praticiens qui ne fe laiflent point
guider par la fimple routine, ont eu occafion
d’obferver que le Chancre ne s’étendoit qu’à rai-
fon de la fenfibilité des fujets} que quand la cal-
lofité qui lui fervoit de bafe, étoit épaifle, il éroit
circonfcrit & fixé à cette bafe. Cette obfervarion
a fuffi à quelques-uns pour propofer d’éteindre
la fenfibilité, & conféquemment fixer le Chancre}
de cette manière, a-t-on dit, fi l’on ne
guérit pas réellement, du moins l’on arrête les
progrès du mal. On a propofé , à ce fujet, une
forte folution d’opium, dans laquelle on trempe
un plumaceau qu’on applique fur le Chancre , &
qu’on renouvelle au befoin. Cette méthode n’a
point encore étéfuffifammeni fantlionnée par l’expérience,
pour que nous publions porter fur elle
un jugement définitif, auffi attendrons-nous du
temps une folution fur les difficultés quelle pourroit
préfenter.
Jufqu’ici nous avons confidéré le Chancre
comme une affeélion locale, & ne demandant
que des topiques pour fa guérifon | cependant,
quand l’ulcère eft malin, qu’il a déjà duré quelque
temps, que fa furface eft étendue, fuppu-
rante , fans dureté à.fa bafe , & conféquemment
du genre de ceux qui peuvênt beaucoup s’étendre
} quand vers lui aboutiflenr différentes cordes
qui, plus loin, fe perdent infeniiblcmem dans les
parties environnantes} quand il eft fi tué dans des
iCndroits où fe ttpuvent beaucoup de vaifleuux
lymphatiques, il ne faut point fe borner à ce*
feuls topiques, il convient encore de recourir aux
remèdes intérieurs} car l’on a tout lieu de croire
que l’infeétion eft générale. Il eft des Auteurs
même qui portent la févérité jnfqu’à croire que
la préfence des plus petits Chancres l’annoncent
indubitablement ; opinion qui nous paroît inad-
miffible dans la plupart des cas qui fe préfement
communément. Dans tous ces cas, non-feulement
on traite le Chancre extérieurement, mais
on prévient encore les fâcheux effets qui pour-
roient fuivre de la réforption du virus. 11 faut
fpécialement recourir à ce traitement dans les cas
où le Chancre feroit accompagné de pbymofis,
de paraphymofis , de gonorrhée ou de bubon.
M. Hunter veut même qu’on donne le mercure
dans les cas les plus Amples} mais les raifonne-
mens hypothétiques qu’apporte cet Auteur, nous
paroiffent rien moins que décififs -, fa théorie dé-
coufue, entortillée , & rendue dans un ftyie peu
ciair, & fa pratique qui, le plus fouvenr, n’dl
rien moins que conforme à fes principes , le
rendent ici inintelligible. Tout ce que nous dirons,
pour ne point tomber dans le*défaut que
! nous reprochons à cet Auteur , c’eft que, quand
les circonftances fe préfentent telles que nous venons
de les indiquer, il faut néceffairement faire
fubir le traitement en grand , fi l’on veut être
certain du fuccès de la guérifon, & encore quand
les ulcérations font avec hyperfarcofe , ne
faut-il pas fe flatter de guérir radicalement}
il faut alors en venir aux fumigations dont
nous avons parlé : & fi le mal fait des progrès,
& qu’il foit rebelle à tous les procédés, il faut
fe décider à l’amputation de la verge. On concilie
cependant, avanr d’en venir à un fi fâcheux
parti, la tifane allemande , l’extrait de ciguë ,
ou les bains de mer, on peut les mettre en ufsge;
mais pour peu qu’on voie qu’ils ne donnent pas
un meilleur afpe& à l’ulcère, il faut recourir à
l’opération que nous recommandons. ( M. P e t i t -
R a d e x » )
CHARBON. Voye[ A nthrax.
CHARDON BENI. Plante amère , qu’on a
regardée comme détetfive & anti-ulcéreufe. On
en répand la poudre fur les ulcères malins &
cancéreux.
CHARPIE. On donne ce nom aux filamens
de vieux linge raffemblés, dont on fe fert pour
différens panfemens. Elle eft abforba me, deffi-
cative & légèrement irritante} les deux premières
de ces propriétés tiennent à fa nature, lâche &
fpongieufe, la dernière eft purement méchanique
& tient au frottement de fes fibres. On appelle
charpie brute , celle dont les filamens font entalfés
fans ordre , & l’on en fait en leur donnant ura
certain arrangement , des plumaçeaux ,'desbour»
donnets , des tentes & des mèches. Quelquefois
au lieu d’effiler le linge,, on fe contente de 1©
Rr ij