
gnoient en faveur de fon efficacité, ils en ont vanté
les effets. Nous aurons occafion par ! la' faite de
montrer le peu de fondement de ces éloges.
31 nous fuffira défaire remarquer ici que M. Monro,
dont la pratique dans les cas de Cancer avoit été
li malheureufe, comme nous l’avons dit ci-deftus,
étoit généralement dans l’ufage de donner ce remède
à fes malades, foit qu'il les eût, ou ne les eût
pas opérés. Voyez Me r cu r e .
Le D. Jaenilch, Médecin Ruffe, a publié depuis
peu un Traité fur le Cancer, dans lequel il parle
de la Belladona comme du remède qui lui a le
mieux réuffi de tous ceux quil a employés contre
cette maladie, dans le petit nombre de cas où
elle s paru céder à des moyens de cette nature ;
mais nous n’avons pas encore aflêz d’expérience
des effejs de ce médicament pour rien prononcer
fur fon efficacité. Voyez Be l l a po n a .
On a cru auffi troüver dans l’air fixe, & fur-
tout dans fon application extérieure, un remède
très-efficace contre lès ulcérés cancéreux j mais
quoiqu’il n'ait pas été inutile, fur-tout pour en
diminuer la putridité & en corriger la puanteur,
comme nous l’avons dit ci - deffus, il n’a pas
mieux réuffi que les autres dont nous venons
de parler, comme moyen curatif. Cependant
quelque infruétueufes qu’aient été ces tentatives,
elles ne doivent pas détourner tout- à-fait les Praticiens
d’en faire de nouvelles*, ceux néanmoins qui fe
livrent à de pareilles recherches ne fauroient trop
être avertis du danger qu’ils peuvent faire courir
à leurs malades, en les tenant trop long-temps
à l’ufage de remèdes qui n’ayant aucune prife
fur leur maladie,' la laifferonc peut-être empirer
au point qu’il fera trop tard pour recourir à
l’opération, ou du moins pour le faire avec la
même prohabilité d'en obtenir une guérilon com-
plette que fi l ’on y avoit eu récoùrs plutôt.
Mais fi tous lès médicamens proprement dits
foit externes, foit internes, ont trompé l’attenté
de ceux qui les ônt- employés , il n’en eft pas de
même de la méthode recommandée par M. Fearon,
à laquelle nous avons fait allufion ci - deffus,
& qui confifte à faire, dans les premiers périodes
du Cancer, des faignées générales ou topiques,
fuivant la partie où fe trouvé le fi'ége au mal;
Cette méthode à laquelle il a d’abord été conduit
comme nous lavons dir plus haut, par l'Opinion
que la caufe du Cancer eft étroitement liée à un
état inflammatoire, a opéré entre'fes mains plu-
fieurs guérifons ; & comme le récit des faits eft
toujours la meilleure manière5de faire cohnoître
les avantages , ou les dëfayamages d’un traitement
médical ou chirurgical quelconque, nous
joindrons ci-après l ’hiftpire de quelques-uns des
cas qu’il a publiés, pour mieux faire voir ce qu'on
peut attendre de celui-qu’il recommande.
Lorfqn’il fe préfentoir une àffeélionfquirrheufe
externe dans une partie quelconque du corps-,
mais particulièrement dans les. feins ou les teftL
çuleSjM. Fearon rous dit qu’il metfoir desfang^
fues lur la partie affcélée, rous les dçux.ou trois
jours, à moins que l’irritstion caufée par leurs
piquures neTobligeât à mettre de_plus longs intervalles
entre ces différentes applications, comme
cela lui eft fouvent arrivé. Mais lorfque des fymp-
rômes d’un autre genre lui faifoient reconnoître
une affeélion de Ta matrice, ou de quelqu’autre
vifcère, qui pouvoit bien-tôt dégénérer en Cancer
, il avoir recours aux faîgnées générales. Xi
recommande une grande perfévérance dans l’ufage
des unes, comme dans celui des autres *, car, dit-
i l , quoique rien dans le pouls n’indiquàt que l’on
dût avoir recours à cette pratique, les malades
ne fouffroient pas de ces faignées fréquentes *, au
contraire, lorfqu’ils avoient paffé quelque temps
fans fefaire faigner, ils éprouvoienr un retour de
leurs fymptômes & demandoient d’eux-mêmes à l’être
de nouveau ; en même-tems qu’il fuivoit ce traitement,
il prefcrivoit à fes malades de fe nourrir
de lait, ou de végétaux, de s’abftenir de vin
& de toutes liqueurs ïpiritueufes, de fe tenir le
ventre libre-* & de faire des applications fur la
partie affrétée, avec des préparations de plomb.
Hijioire de quelques cas de Cancer traites
par la faignée.
Cas I.«« Une dame, dit-il, meconfulta,en 1784;
» au fujet d une tumeur qu’elle venoit d’apperce-
»3voir depuis peu dans: le fein droit, & qui lui
33 occafionnôit une forte'd’oppreffion, & un fen-
sstiment de tenfion & cfe plénitude dans le voi-
33 finage de la partie affeélée} comme ces fymp-
33 tômes n’étoient pas très-incommodes, & comme
33 elle étoit accoutumée à en éprouver de pareils
33aux époques de fes règles*: ou dans les com—
33jnencemens de fes groffeffes * elle demeura quin*
3 3 ze,jours fans en parler*, mais la dureté venant
33 à augmenter, & à faire éprouver des.douleurs
>3 vives & lancinantes, h crainte des conféquen-
33 ces la détermina à chercher du fecours. Elle
33 avoit alors quarante-neuf ans^:& n’avoir point
33 été .réglée depuis deux, mois. La tumeur me
33 parut de nature à requérir affez promptement
33 l’opération \ mais fept.ou huit femaines après
33 qu’elle eut commencé à fe manifefter.,la malade
33 eut un retour de fes règles qui coulèrent avec
33abondance & plus long-temps qu’à l'ordinaire,
33 & la délivrèrent tout^à-fait de. fa tumeur & de
33 tous les autres fymptômes qui l’avoient alarmée.
33 Nous fûmes, très - agréablement furpris de c@
33 changement, & ne doutant pas que‘la guérifon
33 ne dur être attribuée au retour des règles, nous
33 convînmes que, fi après leur fuppreffion totale,
33 la malade éprouvoit quelque retour des mêmes
3? maux, on lui feroit une petite .faignée toutes
33 les fix femaines, ou tous les deux mois *, qu’elle
»3fe tiendroit le ventre libre, & fe mettroit à un
33 régime févère. Ce plan, a été- fuivi exactement „
33 & depuis troiç ans çlle n’a point eu de rechûte«
53 J ’ai r e n c o n tré d ep u is b e a u c o u p d e cas d e l à
*3 m ême n a t u r e , c h e z d es fem m e s q u i é to ie n t à
»3l’é p o q u e d e la c e flà d o n d e leurs r è g l e s , & je
»3 les a i e n gén é ra l tra itée s a v e c le m êm e fuccè s
33 & par la m êm e m é th od e .
C as z . 33 E n 1 7 8 4 , u n e fem m e v in t d em an d
e r m o n a v is fu r u n e -tumeur q u e l le a v o it au
»3 fein d ep u is fix m o is. C e tte tum eu r é to it to u t-
»3 à -fa it d u re & in c om p r e flib le , & lu i o c c a fio n n o it
93de v iv e s d o u le u r s * fu r - to u t ap rès a v o ir été
93 m an iée * le b o u t d u fein é to it ren tré e n d ed a n s ,
33les. v e in e s des è n v iro n s é to ie n t v a r iq u e ü fe s , le s
99 d ou leu rs la n cin a n te s , & a u gm en tan t en v iv a cité
33 à m efure q u e la tum eu r fa ifo it des p ro g rè s. J e
93 lu i fis d ’a b o rd p re n d re d e la c ig u ë en d o ie auffi
?9 fo rte qu’e lle p u t la fu p p o r t e r , je fis>des a p p li-
33 ca tio n s fu r le fe in a v e c l ’e au v ég é to -m in é ta le^
93 & je p a rv in s au ffi à lu i d o n n e r u n p e u d e fo u -
3 3 la gem en t. M a is im p a tien té e d e r c e q u e fa gué*
3 3 rilo n n e fa ifo it pas dés p ro g rè s p lu s r a p id e s ,
9 3 e lle re n o n ç a à m o n tr a item e n t, & s’ad reffa
33 ailleu rs*, d e u x m o is ap rès cep en d an t fe v o y a n t
33 to u jo u rs m a la d e , e lle r e v in t à m o i. J e la mis
33 alors au ré g im e v é g é ta l & à l'u fa g e d u la it ,
93 & je fis m e ttre to u s les d e u x jo u rs, qu a tre fan g-
93 fues fu r ie fe in affeCté. B ien -tô t en fu iv a n t ce tte
33m éth od e, la tum eu r d im in u a d e v o lu m e , la d ou -
93 le u r & le s au tre s fym p tôm e s fe d iffip è re n t p e u -
93 à-p e u , & to u t a lla fi b i e n , q u ’en n e u f fem ain es
99 la m a lad e fu t p a rfa item en t g u é rie . L e s f r é -
3 3 quentes fa ign ée s la v o iem m a ig r ie & ren d u e
as e xtrêm em en t pâ le , a u p o in t q u ’o n c r a ig n o it
9 3 qu’e lle n e d e v în t p h rh ifiq u e & q u e fes c o n n o if-
93 fances l'e x h o r to ie n r à r e n o n c e r à ce tra item en t 5
93 m ais les b o n s e ffets q u ’e lle e n o b ren o it l ’e n co u -
93 ra g è ren t à p e rfé v é re r. E l le re p r it en fu ite fa
ts fan té & fa v ig u e u r p r em iè r e , d o n t e lle a jo u i
»3 d epu is fans a u cu n e in te r ru p tio n ; 33
C as 3. »9 J e fus c o n fu lté p a r M . - â g é d e
93 cin q u an te -& -u n ans, p o u r un e tum eu rfq u irrh e u fè
99 du t e ftis u le , q u i a v o ir c om m e n c é à fe fo rm e r
93 d epu is d eu x ans * p en dan t le fq u e ls )« v o lum e ,
93 le p o id s & ‘la d o u leu r d e la pa rtie a v o ie n t aug-
93tnenté con fid é rab lem en r. L e c o rd o n fp erm a ti-
93que lo rfq u e j e le v is p o u r la p rem iè re f o i s ,
93 étoit un peu g o n flé ; le c o rp s dès re fticu le s é to it
93d ur & tr è s - v o lum in e u x , les:.d o u leu rs v iv e s &
93 la n cin a n te s,. & fi fréq u en te s q u ’e lle s l ’em p ê -
99 ch o ie n t fo u v e n t d e d o rm ir.. C om m e on a v o it
9 3 fo u p ç o n n é la m a lad ie d ’ê tre d e n a tu re v én é -
93 r ie ïïn e , on lu i a v o it fa it fu b ir u n tra item en t
93 m e rcu rie l p ën d an t c in q fem a in e s , Ce q u i n e fit
>3 qu’au gm en te r le m a l. O n tra ira au ffi la tum eu r
99 com m e fc ro p h u le u fe , fans e n o b te n ir au cu n e ffe t
» fa lu t a ir e .
»3 L o r fq u ’il s’ad reffa à m o i , n’ ay an t aucun
99doute fu r la n a tu re d e fo n m a l, je lu i fis tire r
93dix on ce s d e fan g d u b r a s , & j ’o td o n n a i q u 'o n
93 m ît des fan g fu e s fu r la p a rtie a ffë é lé e an m o in s
Si trois fois la fem a in e , le g o u v e rn an t d 'aiHeurs
Jj (Juatit au régime comme les autres perfonnes
39 dont j’ai parlé. Ce traitement fut fuivi pendant
33 dix femaines qui fuffirènt pour compléter la
»guérifon,
3 3Je pourrois, 33 continue notre Auteur*
39 ajouter beaucoup d’autres cas à ceux que je
33 viens, de rapporter \ mais je crois que ceux-ci
33 doivent fùffire, (1) J^ajouterai feulement, que
33 même chez des perfonnes dont la conftitution
39 a'été affoiblie & épuifée par la longueur du
33mal, lorfque lès poumons font affeétés, lorf-
33que les reins, le fo ie , ou d’autres vifcères font
33 devenus fquirrheux; lorfque des douleurs de coli-
33 que annoncent que les entrailles font affeôlées,
33 que lé vifage devient jaune, pâle, livide &
33cadavéreux, que la maladie eft fans reffotiree
3 3 du côté de l'opération, que la ciguë & l'opium
33 ne foulagent pius, des.petites faignées ont encore
.33fouvent les effets les plus heureux, les plus
33 immédiats, & les plus defirables, en adou-
33ciffantles fouffrances du maladedontil eft im-
33 pofiible d’empêcher la mort. »3
A l’appui de ces faits^que nous venons de
raconter d’après M. Fearon, nous croyons devoir
en rapporter un du même genre, qui fe trouve con-
figné dans le fécond volume des Commentaires
de Médecine d'Edimbourg..
Un homme, d'environ 34 ans, avoit, depuis,
près d’unan, un ulcère dans le fond de la bouche,
accompagné-de douleurs lancinantes qui avoit
à-peu-près détruit l’amygdale gauche, &qui four-
niffoit une fanie fétide. Après avoir pris beaucoup
de remèdes fans fuccès, .& avoir entr’autres chofeg
fait ufage pendant affez long-temps de mercure ,
focis différentes formés, la maladie ayant fait
encore beaucoup de progrès pendant ce traitement
, il fe mit entre les mains d’une vieille femme
qui promit de le guérin Celle-ci lui prefcrivic
de mettre fous fa langue autant de fangfues qu’il
pourroir en placer à-la-fois, & de répéter cettè
opération de temps en temps. Il plaça en confé-
quence quatre fangfues à l’endroit défigné, & fa
fentit foulagé *, il en mit fix le lendemain , &
peu de jours après il en mit encore autant. Le
bien-être qu’il éprouva l'engagea à pourfuivre
cette méthode*, &. par ce moyen la fanie icho-
reufe del'ulcère, dont auparavant la fétidité étoit,
infupportable, diminua en quantité ,& changea
de nature en prenant l’apparence d'un pus de
meilleure qualité} peu-à-peu tous les fymptômes
fe diffi pèrent completrement, & quatre ou cinq ans
après le malade n’avoit point éprouvé de rechûte.
Cependant, ajoute-t-on , il reffent de temps en
temps lorfqu’il s’eft trop fatigué à fon travail,
une douleur à la poitrine, vers le bord infériem-
du müCcle dentelé, laquelle s'étend vers l’oreille
& fur le côté de là tête*, mais il n\.n eft jamais
(1) Outre les cas ci-deflus , M. Fearon én raconte dei^x
autres, où fa méthode a eu un pleinsuccès.
K k ij