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parence d’un chancre. J ’ai Vu ces fortes de chafl-
gemens particulièrement lorfque le Condylome
étoit placé dans l’emrefeffon , chez les gens de
peine, & notamment chez les foldats qui avoient
beaucoup marché pour fe rendre chez eux. Ce
changement furvient également quand ces ex-
croinançes ont été tourmentées inutilement par
des ignOrans qui ne voyoiem en eux qu’ un mal
local , qu’il faut extirper ou caütérifer. Les
Condylomes doivent toujours être regardés comme j
les fymptômes les plus certains de la vérole -, mais
il faut bien prendre garde de les confondre avec
d’autres excroiffances qui peuvent furvenir vers
les environs de l’anus , notamment les hémor-
rhoïdes récentes ou anciennes. Je connois une
famille entière qui a lubi ainfi inutilement le
traitement mercuriel, parce qu’un prétendu gué-
riffeur avoir convaincu le père, que des hémor-
rhoïdes, qu’il portoit depuis vingt ans , étoient
rie véritables Condylomes. Le traitement futfuivi;
mais il n’y eut que le Chirurgien qui en profita :
les fymptômes perfiftèrent, ils ont encore lieu
«ujourd n u i, & continueront d'être les mêmes ,
car ce font de véritables hémorrhoïdes. On ne
doit rien faire aux Condylomes , comme ils font
fymptomatiques, ils doivent néceffairement fuivre
Je (ort de la maladie vénérienne qu’ ils caraétéri-
fent. Ordinairement, quand ils font peu volumineux
, ils fe flétriffent vers le milieu du traitement
, & tombent d’eux-mêmes. Quand ils font
plus confidérabfes, ils font plus ténaces ; alors
il faut, quand le traitement avance vers fa fin ,
les couper le plus près poffible de la peau", les
rieffécher avec la charpie fècbe, & enfuite cau-
térifer toute l’étendue de la plaie avec la pierre
infernale qu’on paffe légèrement fur fa fur face,
ï l faut prendre garde de pratiquer trop promptement
cette opération., 8t avant que l’infeéHon ne
foit fuffifamment combattue ; car il pourrait fe
frire que le procédé que nous recommandons ne
donnât lieu à un ulcère de mauvais genre , ou
à un chancre fecondaire. Quand on voit que le
-fbmmer de Texcroiffance commence à fe flétrir
que la totalité devient flafque; ceft alors le rems
d ’y avoir recours. Quelques-uns confeiilent la
ligature ; ce procédé feroit exceffivement douloureux
dans les Condylomes à large hafe , & généralement
dans les excroiffances fituées fur des
parties très-fenfibles ; il ne convient gu ères que
pour celles qui font fupporrées fur un filet, &
qui pullulent à-peu-près comme les champignons.
On le fert alors d’un crin de préférence à tout
autre moyen ; mais une attention qu’il faut avoir,
c’eft de le ferrer fortement d’abord ; c’eft le feul
moyen de faire ceffer la douleur, & très-promp-
ement. En général, la préfence des Condylomes
demande qn’on force la dofe du mercure dans le
traitement par les friélions. J'ai vu de ces excroiffances
qui étoienr flationnaires, & qui inquié-
loient beaucoup, tant les malades que ceux qui
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les tfaîtoient, difparoltre en peu de t e i n s , p a r
l’addition d’ un gros de plus, à chaque friéïion de
deux gros qu’on donnoit depuis long-tems, de
deux jours 1 un, & affez inutilement. ( M. P i t iv -
Radez.)
CONFORMATION, (vices de) On appelle
ainfi les différentes courbures contre nature,qui
exiflent fouvent dans les jambes, les bras, l'épine
d u .dos, comme auffi l’excès, ou le défaut
de certaines parties ; les premiers peuvent venir
de naiffance; ils peuvent auffi être accidentels,
Les féconds viennent Toujours de naiffance. Pour
corriger ceux-là , on emploie les bottines, corièts
& autres machines propres à former une com-
preffion douce & uniforme , qu’on dirige fuivant
les circonftances. Contre les derniers on emploie
1 amputation ou l’extirpation , lorfqu’il y a excès
de parties ; dans le cas contraire , on peut quelquefois
fuppléer au moyen d'une machine à" la
partie qui manque.
C O N G E S T IO N. Amas , du mot latin
c ongerere ,amaffer , accumuler. On entend, par
Congeftion, une colleérion ou un amas d’humeurs
qui fe fait lentement dans quelque partie folide
du corps, d’où réfultent différentes fortes de
tumeurs & de gonflemens. Voye^ les articles
T umeur , Paracentèse , &c.
CONSOLIDANS. Ce font les médicamens
qui favorifent la cicatriiation des plaies 8t ulcères.
L on a donné ce nom indifféremment à une
multitude de topiques auxquels on a fuppofé une
qualité pareille, quoique l’expérience ait démontré
qu’ ils étoient plus fouvent nuifibles qu’utiles.
Voyei Pl a ie , Ulcère.
Les fubftances particulièrement ufitées fous ce
point de vue fon t, i.® les balfamiques émoi-
liens , ou les baumes naturels, qu’on a mêlés
avec le jaune d’oe uf, ou avec les corps gras ,
de peur qu’ils ne caufent de l’irritation. On les
recommande dans les cas de plaies trop feches.
Tels font le baume du Pérou, le baume de la
Mecque, le baume d’Ârcoeus, l’onguent de Styrax,
le digeftif; 2 ° les balfamiques fortifians qu’on
preferit dans les cas de plaies où les chairs font
molles & flafques; tels font l’eau vulnéraire, le
baume du commandeur, les effences de myrrhe,
de kinkina, de maflic ; 3.0 les digeffifs ou efearp-
tiques, qui agiffent en irritant comme le verd-de-
gfis, le précipité rouge , &c. 4.0 les defficatifs,
tels particulièrement que certains fe ls , certaines
chaux métalliques, comme l ’extrait de Saturne ,
la pierre infernale, les fleurs de zinc, le minium,
la cérufe.
CONSOL IDATION de confolidare, affermir,
réunir. C’eft proprement l’opération de la nature,
par laquelle les parties, q ui, dans l’état
morbifique fe font amollie?, ont été divjfées par
rupture, ou aurremenr, fe prennent, s’aglutinent,
& deviennent propres à opérer leurs aérions
premières) auffi bien que Ci elles n’euffent éprouvé
précédemment aucune affeérion, Ainfi, l’on dit
d’une plaie arec perte de fubftsiice , d’un ulcère,
d'une fraéfere, qu’ils fe confondent, quand il fur- :
rient une bonne cicatrice,.qui tient lieu de la peau !
rremière qui a été détruite, ou que les exrré- î
mités de l’os rompues, fe foudent de manière,
à être auffi fermes qu’au par van r , V a y e \ les ■
articles Cicatrice, C a l , In carnation.
(M.Petit-Radf.l.,)
CONTORSION. L ’état d’un membre, ou de
quelqu’autre partie qui t fl de travers. Voyc\ Bosse,
Distorsion.
CONTRACTURE. Enroidifîement des parties
molles qui environnent une articulation Si qui
en empêche le mouvement, en la retenant dans
un état de contraérion ou de demi-flexion. V o y e i
Anchylose, Distorsion.
CONTRAYERVA. La racine de cette plante,
qui efl aromatique & légèrement amère, eft regardée
comme anri-fepeique & réfolutive. On l’a
recommandée comme très-utile en forme de gar-
garifme dans les maux de gorge gangréneux.
CONTRE EXTENSION. Aérionpar laquelle
on tire un membre du côté du centre du corps,
tandis qu’il eft tiré du côré oppofé pour en faire
la réduérion , lorfqu’il eft fra&uré ou luxé. Voye\
F racture, Luxation.
CONTRE-OUVERTURE. ïnciûon que l’on
fait dans un endroit oppofé à celui qui eft déjà
ouvert, foit pour donner iffue à du pus qui ne
peut découler par la première ouverture, foit
pour extraire le corps étranger qui ne peut fortir
par la plaie qu’il affaire. Ces Contre-ouvertures fe
font prefqtie toujours avec l’inftrunitnt tran-
chant -, il eft cependanr quelques cas ou l’on eft
obligé d employer le cauftique pour cet objet.
V o y e i Abcès , Plaie.
. CONTRE-COUP. RepercuJJro ichis. Terme d’origine
moderne qu’on ne trouve conféquetnment
poinrchtz les Anciens, & par lequel on défigneles
dérangemens ou maladies quifurviennent à l’effet
d une caufe contondante, ailleurs que là où elle
a éréportée. Les Contre-coups peuvent avoir lieu
indifféremment dans les divers régions du corps,
mais il eft beaucoup plus ordinaire quiis appareillent
à une partie du crâne oppofée à celle
qui a été frappée , après les coups reçus à cette
partie. Voye^ les articles Contre- fissures &
Plaies d armes a feu. Il eft beaucoup d’ob-
ervations a faire fur l'hiftoire des Contre-coups
à la tête ■, mais, comme nous y reviendrons en
parlant des plaies de cette partie , nous différons
ce que nous pourrions en dire , pour nous
occuper de ceux qui ont lieu ailleurs) favoir,
à U poitrine, au bas-ventre ou aux extrémités.
Vouloir, comme quelques-uns, expliquer ces for-
es de iranfiriiffions de la caufe contondante, par
î1ne difpofttîon donnée de vaiffeaux , c’eft courir
e pays des hypothèfes avec rifque de s’y égarer ;
«ous nous contenterons donc ! pour ne
point nous expofer à un rel danger, de l’expo-
fition de quelques faits qui mettent la chofe hors
de tour doute. Un foldat , dit M. Du vergé ,
Médecin à Tours, fut culbuté par un cheval etî
pleine courfe-, il perdit auffi rôt connoiffance ;
il rendit du fang par le nez , mari il revint bientôt
après. J1 ^ parut une tumeur à la tête ; on
1 ouvrit jufqu’à Vos qui fût trouvé fain. Tous les
accidens relatifs à la tête fe d-rffipèrem , mais le
malade, quelque rems après, fut pris d’une difficulté
de refpirer & d’un fifflement violent à la
poitrine. On le faigna rélarivement à ces der-
niers accidens, & il prit l’émérique, les minorâtes
& les béchiques fous toutes les formes*,
mais ils n en perfiftèrent pas moins les mêmes, 8c
fembloient meme prendre encore plus d’inten-
• ^ es vomiffemens furvinrenr avec la fièvre
une profonde douleur à la poitrine 5 & il fe
forma une vomique qui s’ouvrit du dix-fept au
au dix-huitième jour de h chûte , il en forrit
J ne n _^rand« quantité de pus que le malade en
fut fuiFoqué. Le crâne fut ouvert -, on n y trouva
aucune choie effentiellement remarquable ) on
paüa à la poitrine, les poumons furent trouvés
gorgés de fang & de pus mal digéré. Un jeune
nomme , dit M. Duponteau , eut une plaie con-
tslP Par,^ta^ gauche B il fut conduit à l’Hôtel
Pieu de L y on , & ayant été faigné plufieurs
tois du bras -, fa plaie qui étoit légère , quoi-
quil fe fût évanoui au moment du coup 8c
que fe fang lui fut forti par le nez, 81c. parut
néanmoins guérie quelque temps après. Le fei-
zième jour, il eut un violenr accès de fièvre
avec un très- grand mal de tète ; la cicatrice
le rouvrit; le dix-huitième, il tomba dans Taffou-,
piffement, le bas-ventre s’éleva , fe tendit à le
malade mourut. On examina fa tête après la
mort ; on trouva que 1e péricrâne abandonnoit
facilement los dans 1 endroit de la plaie dont
1 érendue égaloic celle d’un écu de trois livres *
il n y avoir point de fracture , le cerveau éroit
fain ; mais on trouva dans 1e bas-ventre les -in-
mteftins tendus & météorifés, les vifeères étoient
en bon état excepté le foie dont la couleur étoit
plus foncée 8t le volume plus conlidirable qu’à l’or-
dinaire. Enfin, en ouvrant fon grand lobe, on donna
iffue à quelques cuillerées d’un pus fanieux fem-
hlable à la lavure de chair. Le mide qu'il avoit
tait dans ce vifcêre, aurait pu contenir un -ros
oeuf. MM. Boudou & Bertràhdi citent de pareilles
obfervations. -
Les Contre-coups ont également lieu fur la
poitrine après l'imprelbon des coups reçus directement
fur ceuepartie. Fabrice de Hildan rapporte
cpj’un payfan voulant empêcher' fa charrette d«t
verfer, elle lui tomba fur le cotps. Une paroiffoit
aucune plaie à la poitrine ni ailleurs ; & néanmoins
cet homme fe plaignoit de douleurs intérieures,
& d’avoir le coeur comme ferré avec difficulté de
refpirer ; enfin il mourut le onzième jour. On
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