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ur la nature 8c la formation de ces efpèces de
tumeurs. On fait aujourd'hui comment elles
peuvent fe former à la fuite d’un commerce'
impur, d une infeélion quelconque, par un baifer,
un conraél, ou confécutivement à une méraf-
îafe quelconque. Comme nous ne pouvons entrer
ici dans de très - grands détails fur cette
organifation, nous renvoyons aux Auteurs d’Ana-
tomie qui en ont le mieux traité, & fpéciale-
ment à l’ouvrage très-étendu de M. Cruiskank ,
lur les val fléaux abforbans. On diflingue les
Bubons en Amples ou bénins, & en malins ou
compliqués. Les Bubons Amples font rares, ils
paroifient fans avoir été précédés d’aucune maladie
& fe terminent toujours heureufement ;
les malins font critiques on fymptomariques : ceux-
ci entrent comme fymptômes dans les phénomènes
qui condiment les maladies connues fous
les noms de pelle, vérole, & écrouelles.
Du Bubon fimple ou bénin.
Le Bubon (Impie eil le plus fouvent, & même
prelque toujours phlegmoneux ; il paroît fous la
forme dune tumeur dure, rouge, ronde, ou
oblongue, accompagnée on précédée de fièvre
de chaleur , & d une douleur pulfativê ; il s’ap-
pJam le plus fouvent à mefure qu’il fe porte
vers la circonférence, tandis que le centre pointe
quand il tend à la fuppuration. Les enfans &
particulièrement les jeunes gens font les plus
eipo.és au Bubon fimple. On le confond fonvent
avec le vénérien, fur-tour quand il occupe l’aine,
& que les fujets font d’un tempérament fanguin.
Jl paroit provenir d un engorgement inflamma-
totre des vaiflêaux fanguifères de la glande,
suffi efl-ii plus aifé à guérir que les aurres.
Le Bubon fimple fe termine le pins ordinairement
par la résolution & la fuppuration. Les
fatgnées plus ou moins répétées fuivant la nature
de [inflammation, le régime, & les boifTons
annpblogifliques favorifent toujours la première
ar C€a ‘errmna,1"ons- En général, il faut être
xüervé «ans ces fortes d’engorgemens, fur l’ufage
°ES. r,éPer<;u® s 1UJ pourraient coaguler les fucs
arrêtés, & rendre pour toujours imperméables
les vaiffeaua qu ils obflruem.Auffi leur préfère-
t -o n avec raifon les cataplafmes émollîens &
anodins , qu on rend pat degrés réfolutifs à me-
lure que la tumeur prend plus de moieffe, &
que les accidens de l’inflammation diminuent
Quand on fe comporte convenablement la rumeur
difparoit peu-à-peu , non fans lailfer nuel-
quefois un refle d’engorgement qu'on diffioe
auénient au moyen des emplâtres réfolutives &
fondantes. Mais fouvent quelque chofe que l’on
fade, la tumeur vient à fuppuration, alors le
centre s élève, s’ amollir, blanchir, & offre une
fluctuation qui devient de plus en plus évidente L
*e qui eu particulier aux Bubons critiques, Quand
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, on eft afluré due la fuppuration doit, fe fairei
il faut alors mettre tout en ufage, pour procurer
une maturation complette du pus, & n'ouvrir
l’abcès que quand tout indique que l'engorgement
eft bien fondu. En fe comportant ainft, il eft
rare que le Bubon de Fefpèce dont il s’agit, ait
des fuites fâcheufes; pour l'ordinaire, il guérie
complètement.
Quelquefois néanmoins chez les fujets phleg-
matiques, les fymptômes qui caraélérifent les
Bubons Amples, ont moins d’intenAté qu'ils
devraient avoir, fuit que la réfolution, ou la
fuppuration arrivent, & fe terminent convenablement.
La réfolution, quand elle a lieu, Iaille
après elle un noyau y ou un refte d’engorgement
qu’on ne :peut fondre qu’avec la plus grande
difficulté. 11 faut, en pareil cas, être réfervé fur
les laignéès, & inüfter fur les atrénuans, & les
fondans mercuriels, tels que la ptifane fudori-
fique, les pilules mercurielles, & les purgatifs
réitérés. On applique fur le Bubon l'un ou l’autre
de emplâtres, diachylum gommé, diabotanum,de
de Vigo, au des cataplafmes de farines réfolutives y
imbibées d’un peu d’efprit-de-vin camphré.
Le Bubon Ample eft fujet à 1e terminer par
fehirre, quand il a étév traité d’abord par les
répereuftifs aftringens, ou par les réfolutifs & les
maturarifs trop fpiritueux, employés à contrevins
, & fans ménagement. Cependant la fuppu-
ration s'établit toujours, mais imparfaitement;
les glandes en s^engorgeant, arrêtent & gênent
la circulation de la lymphe,d’ou s’enfuit fouvent
une oedématié de toute l’extrémité. Les émoi-
liens, & les réfolutifs n’ont aucun fuccès ; il faut,,
en pareil cas, recourir aux remèdes intérieurs, au
petit lait, au lait, & aux apéritifs,, notamment
aux eaux minérales fondantes & fulphureufes;.
pendant ce traitement on emploie les douches
& les bains d’eau aiguifés d’alkali minéral, le*
douches d’eau de Ëarège ou de Montmorenci..
Quelques-uns confeillent l’extirpation des glandes,,
niais ce moyen extrême ne peut- guères être miS’
en pratique, que dans les cas où les glandes*
engorgées ne font point trop volumineufes
& qu’elles font ifolées des partie* qu’il faut
refpetfter.
Du Bubon compliqué ou malin.
Les Bubon,* de ce genre font ceux qui font
fomentés par une caufe interne, & qui demande
par elle-mêmçun tout autre traitement que celui-
de 1 affeétion locale. On en reconnoît communément
deux efpèces, l’un peftilemiel, & l’autre
vénérien \ eonfidérons-les chacun en particulière
Le Bubon pefiilentieL
Le Bubon peftilentfel commence par une petite
tumeur dure & profonde, rouge ou livid e,
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accompagnée d’une chaleur brûlante, Sl de douleur*
très-vives. Il paroît en teins de pefte, &
eft toujours critique j aufii eft-il le plus fouvent
précédé delà Aèvre, du mal de coeur, de naufées,
de vomiffemens, de douleur de tête, & d’un
accablement plus ou moins cenftdérable. Les
féuhons & les charbons font prefque les feules
reflburces de la nature pour l’expulAon du dé*
létere de la pefte, quand ils s’élèvent & fuppurent
promptement. AinA, le principal foin doit con-
ïilier à hâter, par tous les moyens poffibles, la
forrie du Bubon, dont la rentrée eft prefquë
toujours- mortelle. Il faut donc fe donner bien
de garde d’y appliquer des répereuftifs dont
1 effet feroit funefteu Quelques Auteurs ont cependant
cru qu’on pouvoir tenter la réfolution
de ces Bubons, dans le cas où ils ne peuvent
pas fuppurer. Mais il faudrait, pour la sûreté de
cette méthode, que le virus s'échappât par des
fueurs abondantes, ou par des exanthèmes. Il
faudrait d ailleurs que le Bubon ne fût pas trop
enflammé, ou prêt à tuppurer, car les accidens
de la maladie ne pourraient qu’augmenrer par
ce procédé. La méthode la plus sûre eft de
féconder toujours les efforts de la nature, afln
de rendre la crife parfaite par l'éruption & la
fuppuration de la tumeur. On favorife cette
terminaifon en la couvrant d’un cataplafme
émollient ou fuppuratîf, ou d’un emplâtre de
même vertu. Si 1 inflammatioh eft languiffante,
il faut recourir aux maturatifs les plus aétifs,
& 1 ouvrir de préférence avec une traînée de
pierre à cautère.Mais, dans les cas où le Bubon
vient de lui-même à une parfaite maturité, on
1 ouvre comme à l'ordinaire. Ces digeftifs doivent
\ P0l,r réveiller l'aélion des chairs
affoiblies par la qualité maligne du délétère,
avec les teintures de myrrhe, & d’aloës, lebau-
me de foufre, on même avec la thériaque. Si
1 ulcère eft fordide, & garni de chairs mortes,
,C^e .bmbeaux ^ elcarre encore attachés aux
chairs vivantes, comme il arrive à tous les Bubons
qu on ouvre par les caufliques, on emploie le
TÎUn^r v.er^ » l’onguent ægypriac , & d'autres
déterufs inciAfs pour en accélérer la fuppuration.
S il reftoit quelques duretés dans les glandes, on
les détruirait avec l’onguent brun ou avec la
poudre de pierre à cautère, mêlée avec le baftii-
cum. Au refte, on ne doit point trop accélérer
la cure deces fortes d’ulcères, jufqu’à ce qu’on
* °n -i e” ^e. dépuration totale du virus
peftilemiel. Il ferait même avantageux, en pareil
cas, d.ouvrir dans cette vue'un cautère au malade,
pour le mettre à 1 abri du retour des accidens
e la pefte. Quelques-uns ont confeillé d’ouvrir
peftilentiels avant leur maturité, ou
o en faire d’abord l’excifion totale, afin d’enlever
hnt ^ Virlls dans I«® glandes $ mais le
our de cette opération porterait à faux, toutes
. ^ue *e dépôt ne feroit pas complètement
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f^t; & elle ne manquerait pas de déranger le
travail de la nature. D ’ailleurs ce procédé cruel,
& très - douloureux , pourrait, dans le cas de dif*
folurion du fang, donner quelquefois lieu à de*
hémorrhagies infurmoncables. Il parait donc plus
prudent d’attendre la maturité de ces Bubons,
à moins que la mortification ne menaçât de s’emparer
des glandes.
Le Bubon vénérien.
Les nouvelles découvertes en Anatomie, ont
conftàté que les vaiffeaux abforbans des tégumens
de la verge, aboutiftoient vers les glandes con-
globéeS de l'aine ,* que ces glandes recevoient
les fluides abforbés, non-feulement du fyflêine
général, mais encore de toutes les extrémités
inférieures. Ainfi fe trouve naturellement expliquée
l’opinion de Braffavole fur la formation des
Bubons, favoir: Per penem pravam quamdam
qualitatcm ad emunSôria afeendere , & adadenofas
inguinum partes, ibique Bubonem excitare. Les
glandes de laine font rangées par paquets qu’on
peur diftinguer en fupérieur & en inférieur. Le
fupérieur reçoit les branches de la racine de la
verge , & conféquemment il eft le feul qui foit
affecté à la fuite de la coïtion. A l’inférieur abou-
tiffent les tronc des abforbans qui viennent des
extrémités inférieures , aufli eft-il le feul qui fe
gonfle quand l’abfortion a lieu vers les parties
inférieures, ce dont le D. Schwediaver rapporte?
un exemple à la fuite d’une ulcération vénérienne,
furvenue au gros orteil. Il n’eft donc point
étonnant que ces glandes fe gonflent après un
commerce impur , vu qu'étant formées par
l ’entrelacement d’une férié indéfinie d’abforbans,
elles font propres à fixer le principe d’infeétion,
plus que tout autre organe, où la circulation
eft plus prompte , & la perméabilité plus facile.
Les premiers Auteurs, qui notèrent les fymptômes
de la vérole, ne pafferent point fous filence
ce qui a rapport aux Bubons. Nicolas Mafia-,
dansfon traité de Morbo gallico imprimé en 1527,
en les rapportant fort au long , continue: Sequun-
tur apojiemata inguinum quoe f i fuppurantur,
removet cegritudinem, maxime aprincipio. Marcel lus
Cumanus dit également, dans une defes Obfer-
vations publiées peu de tems après, Infinitns Bu-
bones caujjatos ex puftulis virgoe , 6 ’ ex nimiâ fati-
gatione & labore curavi.
Le Bubon vénérien s’annonce toujours à la
fuite d’un commerce fufpecl, par un fentiment
de preflion , de douleur qui eft très-profond ;
à mefure que ce fentiment devient plus intenfe,
le taéi fait découvrir un gonflement, qui d’abord
eft peu de chofe, & que les malades rapportent
ordinairement à une fatigue dans la
marche, ou dans l’exercice du cheval.' Ce gonflement
ne tarde point à être fenfible à la vue.
Il commence d’abord dans une glande, & biea-
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