
trente-cinq ans dans Padoue, avec une éloquence
à laquelle il dut vraifemblabiement la plus grande
partie de fa réputation. Il préféra conftamtnent
fa patrie aux appas des richeffes que les Princes
voifins lui ont offertes pour l’attirer dans leurs
Etats. Il mourut en 1589, & laiffa plufîeurs ouvrages
d’Anatomie juftement critiqués des Savans.
Son Traité des maladies Chirurgicales offre des
détails intéreflans fur plulieurs points, & principalement
fur les maladies des yeux. Il a écrit auffi
fur l'emploi des cautères. / $ƒ. P e t i t -Ra d e i ).
CARCINOME Kapx'Nuy.* ao - une écre-
vim., r, de **>-, je ronge. — Fbye* c * NCEB.
dont ce mot eft fynonyme.
CARDIOGMUS. Aneurifme vrai formé dans
l’aorte auprès du coeur, ou dans le coeur même.
Cette maladie qu’il n’eft pas toujours facile de
reconnoître , fur-tout dans fescommencemens, fe
manifefte particulièrement par une douleur coûtante,
& plus ou moins vive dans la région du
coeur, & des gros vaiffeaux, par la fehfation d’un
grand poids dans la poitrine, accompagnée de battement,
fenfation qui augmente beaucoup, &qui
devient extrêmement pénible lorfque le malade fait
quelque mouvement, & par la gêne qu’éprouve la
circulation, qui en eft tellement dérangée que le
pouls difparoit quelquefois totalement de l’un ou
dé l’autré côté du corps. Ajoutezàces fymptômes
une difficulté de refpirer qui fouvent devient
extrême , & à laquelle fe joint quelquefois une
toux fatigante. Le malade a de la peine à trouver
une fituation dans laquelle il puiffe relier, il
fouffre moins lorfqu’il eft debout, ou que fa
tête eft penchée en avant*, Réprouve, dans bien
des cas, des douleurs fpafmodiques violentes &
qui fe font fentir plus ou moins fréquemment le
long du diaphragme. Lorfque le fac aneurifmal
eft tourné du côté des côtes, il arrive quelquefois
qu’il les détruit, & qu’il vient enfinfe moiÊ
trer à l’extérieur. Voye\ Aneurisme.
Quoique l’aneurifme de l’aorte foit une de ces
maladies auxquelles les fecours de la Médecine
& de la Chirurgie ne fauroient apporter de gué-
rifon , l’art peut cependant faire quelque chofe
pour pallier les fouffrances dés malades, & même
pour prolonger leur vie, lorfque la nature du
mal eft déterminée. Les petites faignées répétées 1
de tems à autre fuivant les circonftances, le repos
du corps, le régime antiphlogiftique dans
toutesfes parties. ( Voyei Antiphlogistique ) ,
feront en pareil cas d’un grand fecours, fur-v
tout fi l’on peut reconnoître la maladie avant
qu’elle ait fait de grands progrès. Dans fes com- '
mencemens, pour l’ordinaire, on la confond 1
malheureufement fous le nom d’afthme, avec
d’autres maux d’une nature abfolument différente,
& l’on n’obferve pas allez les fymptômes qui
pourroient la faire diftinguer.
CARIE, Tsp'ncf«y , Caries>Jphacelus ojjîum. C’eft
ans érefion , ou corruption particulière aux parfies
dures ou offeufes du corps, qui produit le
même effet que l’ulcère , ou la gangrène fur le*
chairs, & généralement fur toutes les parties molles.
On ne doit point confondre cet état avec l’éro-
fion ou ufure des os, qui accompagne fouvent
les tumeurs fongeufes de la dure-mère, & les
aneurifmes très-volumineux. La prelfion de ce*
tumeurs mine, & détruit tellement la fubflance
de 1 os , qu’on n’en trouve aucun veftige. L’os
difparoit ici, mais fans aucune fuppuration ou
corruption de fon parenchyme j auffi les bords ufés
font-ils ordinairement unis & polis, & avec leur
couleur naturelle, ce qui n’a point lieu dans la
Carie. Hippocrate eft le premier Auteur qui aie
de cette maladie \ mais il eft aifé de voir
dans les Traités où il en fait mention, qu’il ne
j>e” f°rm°h point une idée bien exalte. Ici, il
a tu qe à une pituite Cachée entre les lames des
os, la a une terre racornie Far la chaleur , ail-
leurs à un défaut de mucofité. Le p*onoftic qu’il
établit, n eft pas mieux fondé que fon CAaanof-
tic.
Celfe n’offre aucune opinion fur la caufe de la
Carie , il ne parle même que très-peu de fes
lignes, mais il s’étend davantage fur- fon traitement.
Cet Auteur donne des avis, dont Belofte a
fait une méthode qui lui a valu beaucoup trop
de louange de la part de ceux qui n’avoient point
lu Celfe. Cet Auteur confeilloit de mettre à découvert
la partie cariée, & de percer de diftance
en diftance avec un trépan pyramidal, jufqu’à ce
que la fciure ne fût plus noire. Quand la Carie
n étoit que fuperficielle, il vouloit qu’on la brûlât
avec un fer chaud, ou qu’on la ruginât jufqu’à
ce que le fang fortit par goutte, & que la blancheur
du fond montrât que la portion cariée avoit
été complettement enlevée 5 & alors il faupoudroit
la furface avec du nitre bien fin. Quand la Carie
étoit plus profonde, il vouloit qu’on fit des trous
à travers l’os avec un inftrument que l’on peut
rapporter à nos couronnes de trépan , d’après ia
description qu’il en donne ; & après l’ouverture
faite il vouloit qu’on paffât un fer rouge à travers
pour brûler jufqu’à ce qu’on fût parvenu
jufqu’à la partie fèche. Simîil enim, continue-t-il,
poji ha c & rejolvetur ab inferiore ofte quodeumque
vitiatum eft , & is Jinus replebitur carne ; & humor
aut nullus poftehferetur aut meftiocris. Si la Carie
pénéiroit jufqu’au côté oppofé de l’os, il vouloit
que l’on continuât l’excifion, quand l’étendue n’en
eft pas plus grande que celle que pourroit comprendre
la couronne du trépan, il employoit
î’inftrumenr qu’il nomme Modiolus. Quand la Carie
étoit très-grande, il ordonnoit qu’on fit des
trous avec un perforatif à l’entour de fes bords, &
enfuite qu’on coupât les intervalles avec un fort
cifeau & un marteau. Galien eû celui des Ancien*
qui nous .paroiffe avoir mieux connu la nature de
la Carie, & les remèdes qu’elle demande. Il compare
cette affection à un ulcère dans les parties
molles \ il dit qu’elle eft occafionnée par une tnau-
vaife fanie que les chairs des environs fourniffent
& qui corrompt les os qu’elle humeéle. En con-
féquence de cette théorie, & de l’axiome général *
que les contraires fe guériftent par leurs contraires.
Galien fut naturellement portés à recommander
les delficatifs dans toutes les Caries. L’opponax ,
la poudre de racine de ptucedanuin, quelques emplâtres
compofés, tels font les feuls remèdes dont
il faffe mention. Les Grecs ont peu ajouté aux
rotions que Galien nous a tranlmifes. Paul d’Egine
donne cependant une formule différente pour
produire une féparation des parties affrétées *, c*eft
un cataplafme fait de feuilles de pavot & de figuier
avec de la farine d’orge & le vin , & en fa place ,
partie égale de jnfquiame & de vitriol. Les Arabes
ajoutèrent beaucoup à la lifte des exficcatifs, qui
leur fut tranfmife par les Grecs; Leurs remèdes
étoient fous forme pulvérulente & abforboient ou
irritoienr ; ces derniers augmentoient la chaleur,
& donnoient lieu à un commencement d’inflammation.
Les bons effets de ceux-ci ramenèrent à
la méthode de Celfe, qu’on avoit trop négligée,
& ce fut celle qu’on fuivit, depuis que les Lettres
fleurirent en Europe , dans le quatrième & le
quinzième fiècle, sinfi qu’on le peut voir dans
Guy de Chauliac &. autres. Il étoit réfervé aux
notions de Chimie à faire naître .une toute autre
méthode que celle de La éautérifation par le feu ,
& de la trépanation. Angeio Bolognino , dit, en
partant de la guérifon des ulcères, que de fon
temps , quelques-uns employoient l’huile toute
bouillante, du foufre enflammé, & de l’eau dont
■ on s’eft fervi pour féparer l’or d’avec l’argent.
Bientôt Jean de Vigo, ajouta l’huile de vitriol,
l’onguent ægyptiac , le vitriol brûlé , comme ca-
théritique , après quoi il panfoit avec l’onguent
dëterfif d’ache, & il allure que l’exfoliation fe
faifoit après quarante jours d’un pareil traitement.
Véfale dans fa grande Chirurgie parle de l’huile
de foufre & de l’euphorbe contre la carie ; mais
il préfère une préparation d’antimoine, dont il
ne donne point la defeription.
Paré dit encore plus précifément qu’Albucafis
que l’application des onélueux & huileux, ou des j
humeéîans & fuppuratifs corrompt Rs os,il paroit
plus que fes devanciers préférer les fimples deffé- j
chans, ou les poudresabforbantes. Fabrice d’Aqua-
pendenre" a moins avancé l’Art en ce point que
fes prédéceffeurs y il recommande, on ne fait trop !
pourquoi, le fuc de poireau avec le fel pour ;
deffécher* encore plus les os après qu’on les a
brûlés. Fabrice de Hilden n’a point mérité ce
reproche : plus pofitif que Paré, en défendant
l’application de tous les remèdes humeltans <&
huileux fur les os à nud , il femble infinuer qu’on
doit toujours attendre l’exfoliation de tout os
mis à découvert, quoique dans quelques-unes de
ces obfervarions , il cite des exemples de gué-
nfon fans aucune exfoliation , dans le cas d’os
à découvert. Il eft le premier qui ait parlé de
la teinture d’euphorbe dans l’efprit-de-vin, malgré
ce qu’aient dit fes prédéceffeurs fur l’acrimonie
de cette fubflance. Quelque tems après, on pré-
conifa les huiles effentielles des végétaux:, le remède
favori de Tulpius étoit l’huile de cinnumorne
’ avec l’huile de fublimé. Barbette, Verduc, Mufi-
tan vers la fin du fiècle dernier, non-feulement
employèrent différentes efpèces de ces huiles, mais
encore leur teinture dans les efprits ardens, 8c.
autres compofitions defficatives des Anciens, les
alkalis fixes & volatils & autres acides dont nous
avons déjà fait mention. Mais pendant que le plus
grand nombre cherchoit ainfi de nouveaux
moyens , quelques-uns revinrent toujours a«x
méthodès de Celfe, la perforation, le trépan
l’excifion, lacautérifation,& d’autres s’en tenoient
aux fimples aqueux, & à la charpie fèche. Jean-
Louis Petit eft des derniers Aureurs celui qui
fe foit le plus étendu fur la Carie, il parle des
douleurs lourdes & profondes qui l’annoncent
dans les abcès qui fe forment près des os, de
cette lividité , & fpongiofité des chairs , des
excroiffarices qui s’en élèvent, de leur faignement
fans grande douleur, pour peu qu’on les touche,
de l’abondance des matières plus grande que celle
que devroit fournir l’ulcère, de leur tmuvaife
odeur, de *a couleur brunâtre, de l’empreinte
noirâtre qu’elles laiflent fur les emplâtres & com-
preffes quoiqu’il n’y ait point de plomb dans leur
compofition, & de l’inégalité des os que la fonde
fait découvrir fur leur furlàce.
Il eft aifé de voir, d’après les détails où nous
venons d’entrer, que la pratique des Chirurgiens
a été jufqu’içi affeZ incohérente, ce qui vient de
ce que les obfervarions & diftinltions n’ont point
été faites avec tout le fcrupule qu’on devoir apporter
dans une pareille matière. Différentes expériences
ont conftaté que les os tels durs qu’ils
foient, étoient perméables à des humeurs qui leur
porroient des principes de vie-, qu’un os chez
Je vivant étoit une véritable éponge dont le parenchyme
étoit pénétré d’un très-grand nombre de
vaiffeaux, & d’une terre calcaire qui lui donnoit
de la foliditéj qu’il y avoit une circulation continuelle
dans les vaiffeaux qui apportoient les
humeurs aux fpongiofités de ce parenchyme 5c
ceux qui emportent de mêmes fpongiofités. De ce
que les os ont une telle organifation , ils peuvent
donc partager ksaffeétions des chairs, s’enflammer,
fuppurer, être fphacélés, paffer à la gangrène
fèche, humide, fe gonfler & enfin offrir les mêmes
déforganifations que les parties molles en état
de maladie , & c’eft ce que la pratique confirme
tous les jours. La carie peut provenir d’un vice
local, & affez fouvent elle eft la fuite d’une con-
tufion fur l’os, d’une fuppuration du periofte,
d’une plaie où l’os a été découvert & trop long-
tems expofé aux injures de l’air, d’une fente ou
fraèlure de l’os, d’une exoftofe , des abcès, qu