
pèle fe manifefta fur les extrémités inférieures,
& fe gangréna très - rapidement, quoiqu’on ne
négligeât aucun des moyens ufités en pareilles
çirconfiances. Tous les fymptômes annonçoient
ufte mort prochaine, lorfqu’on fe détermina à faire
prendre au malade un demi-gros de fel d’abfymhe ,.
avec une quantité fuf&fante de jus de citron,
dans l’aéle d’effervefcence. On donna cette même
dofe toutes les deux heures, & l’on prefcrivit
en méme-tems une boiffon abondante d’eau de
Seltzer. Dès le lendemain la fièvre fut abattue ,
les progrès delà gangrène fe trouvèrent arrêtés,
& la fétidité des plaies parut confidérablemem
diminuée. Les jours fuivans tout alla de mieux
en mieux & la guérifon ne tarda pas à devenir
parfaite. Le malade fit ufage de l’A ir fixe pendant
quinze jours.
Le même Auteur a obfervé les plus heureux
effets de l’A ir fixe dans les maux de gorge gangréneux
, dans le fcorbut, dans les ulcères de
mauvaife nature, &c. Nous renvoyons les leélcurs
^ l’ouvrage même pour le détail de fes obfer-
vations ; celles que nous venons de rapporter
fuffiront pour donner une idée de ce que l’on
peut attendre de ce précieux remède, dans bien
des cas où les amifeptiques les plus vantés font
fans effet.*
§, U . De Vufage de l’Air fixe dans les maladies
' -calcüleufes.
- L ’ufagede l’Air fixe n’efi pas moins recommandé
dans les cas de pierre & de gravelle que dans
Içs maladies putrides. Les Chymifies & les Médecins
fé font beaucoup occupés à trouver un diffoi-
vsmt des concrétions calculeufes ; c’efi en travaillant
à de pareilles recherches que le Doéleur Haies
a voit apperçu que la pierre tirée de la veffie éprou-
yo*t un degré de diffolution dans certaines liqueurs
en, fermentation. Mais comme il ne paroiffoir pas
que fou 'pût expofer la pierre, contenue dans
quelque partie du corps vivant, à laélion d’ un
pareil menflrue, cette découverte tomba dans
l ’oubli, jufqu’au tenas où celle de différentes el-
pèces de fin* les aëiiformes a fixé l’attention des
Ehilofophès. En 1774, M Saunders, Médecin de
Londres, ayant répété les expériences du Doèleur
HMès ,il trouva que la propriété des liqueurs en
fermentation pour difioudre la pierre, apparrenoit
à l’Air fixe qui s’en dégageoit.
Les expériences des Chymifies leur a voient
appris que diverfes fubfiances terreufes pouvoient
fe diffoudre dans l’eau par des procédés qui les
privoient d’Air fix e, & qu’on obtenoit an® le
même effet par une furabondance de ce même
firtiide. fis a voient vu des pierres mina ires attaquées
par des menfinies, de la .première eïpèce
l’analogie les condnifit ù fuppofer qu’elles pour-
roiem l’être aoffi par ceux d.e la jfeconde }.& l’expérience.
confirma cette, hypothèfe..
D’après ce fa i t , on fut porté à conclure que
fi l’urine pouvoir paffer du fyfiême de la circulation
dans les reins & dans la veille chargée à
un certain point d’Air fixe, on auroit lieu d’en
attendre quelque effet analogue fur les pierres
qui fe trouveroient logées dans ces organes. «< Il
» feroir permis de douter, dit le Doéïeur Priefiley,
»que l’Air fixe, contenu dans nos alimens, pût,
»fans changer de nature , circuler avec le fang
» & imprégner l’urine. Mais je me fuis plus
» d’une fois convaincu de la vérité de ce fa it ,
» en dégageant d’une certaine quantité d’urine
» récente, par le moyen de la chaleur , un volume
»affez confidérable d’un fluide que j’ai reconnu
>3pour être de l’Air fixe, à ce qu’il précipiroit
» la terre de l’eau de chaux , & à la facilité
13avec laquelle l’eau labforboit prefqueen entier.
33 II faut obferver cependant, ajoute-t-il, que ce
» n ’étoit qu’au bout de quelques heures que la
33 chaleur en procuroit le dégagement, & qu’il fe
3jtrouvoit enfuite un dépôt confidérable d’une
33 matière blanchâtre au fond du vaiffeau. Ce dépôt
» étoir probablement quelque fubflance calcaire,
3 3 que l’A ir fixe avoir tenue en diffolution, &
33 qui auroit pu former une pierre , ou du gravier
»fans cet intermède. C’efi par cetre raifon que
>3 les eaux chargées d’Àir fixe , donnent à l’urine
33 la faculté de difibu.dre une plus grande quantité
>3 de terre calcaire, & d’empêcher par ce moyen
33 la formation d’une pierre ou même de la
»détruire. >3(1 )
Une obfervation du Doéleur Perd val vient fortement
à l’appui de celles du Dodeur Priefiley. Il
raconte qu’un jeune-homme ayant bu pendant
quinze jours une grande quantité d’eau imprégnée
d’Air fixe, fon urine, pendant tout ce tems, fe
trouva contenir une_ proportion confidérable de
ce gas, précipitant la terre de I’egu de chaux ,
&. laifiànt échapper beaucoup d’Air en forme de
bulles, quand on la plaçoit fous le récipient d’une
machine pneumatique ( z ).
11 n’eft donc pas douteux que l’Air fixe ne
puiffe parvenir, fans fe dénarurer, jufques dans la
veffie, & par conféquent jufqu’à la pierre qu’on
voudroit détruire. Il ne l’çfi pas non plus qu’il
n’ait de bons effets dans les cas de calcul & de
gravelle-; ceux des eaux acidulés dans les maladies
qui proviennent de cette caufe en font la
preuve manifefie. Hoffmann & divers autres Médecins
ont recommandé les eaux de Spa , & toutes
celles qui contiennent le même principe volatil ?
aux perfonnes tourmentées de la pierre", ils-ont
cru qu’elles pouvoient empêcher la formation des
concrétions calculeufes, & même les diffoudre
lorfqu’ elles étaient formées.. \
~( x ); .Expériences 6c obfervarions fur l’Air.
Eiïays medical and experimental , voU.3~
Nous ne pouvons paffer fous filence la propriété
qu’on a attribuée à la bière de prévenir les maladies
de ce genre. Cette liqueur, celle particulièrement
qui n’eft pas très-ipiritueufe, & qui efi-
nouvelle, contient une grande quantité d’Air fixe.
Le célèbre Sydenham, tourmenté pendant long-
tems de douleurs néphrétiques, trouvoit un grand
foülagcment dans l’ufage de cette boiffon. Cypria-
nus, Lithotomifte, Hoilandois très-renommé, la
re^ardoit comme un préfervatif affuré contre la
pierre ", il prétend oit que fur 14CO malades qu’il
avoit taillés, il y en ayoit un grand nombre qui
étoient accoutumés à boire du vin , mais aucun ■
qui fut dans l’ufage de boire de la bière. Il s’en
faut de beaucoup cependant que la bière mette
ceux qui en boivent abfolument à l’abri des
maladies produite? par cerré caufe, comme cela
èft prouvé par les recherches de M. Dobfon fur
la quantité comparative de ces malades en différentes
provinces d’Angleterre. Voyt\ C alcul.
Des expériences plus précifes ont fait con-
noîrre les effets médicaux de l’Air fixe contre la
pierre. Lé premier fait de cette nature qui foit
venu à la connoiffance du public> a été publié
par le Dôéïeur Hulme, à la fuite de fon difeours :
De rtMedicâ cognofcendâ &promovendâ ; il a été
enfuite l’occafion d'un autre ouvrage du même
Auteur, intitulé: A fafe and eafy Remedy for
ihe fione and gravel, &c. Nous allons le rapporter
en abrégé.
Jean Dobeÿ , penfionnaire dans une maifon de
charité, âgé de 73 ans, avoit depuis trois ans les
fymptômes de la pierre dans la veffie. Il fe p!ai-
gfioit foûvent de douleurs violentes dans les
reins, d’un fenriment de' pefanrenr vers le pubis ,
& d’une douleur poignante à l’extrémité de la
verge, & dans la veffie. Ses urine?, qui étoient
très-colorées , & dépofoienr un fédiment muqueux
très-abondant, ne paffoient qu’avec beaucoup
de difficulté, toujours goutte à gourte,
& quelquefois involontairement. De tetns à autre,
mais.-affez rarement, il rendait en urinant une
011 deux petites pierres de forme arrondie. Ses
fôuffrances étoient telles, que fréquemment elles
lui faifoiem pouffer les hauts cris. Après avoir
envain employé divers moyens de le foulager,
on parloit de lui faire l’opération de la faille,
lorfque M. Hulme, encouragé par les expériences
mentionnées ci-deffus -, voulut encore tenter fur.ee
malheureux les effets de l’ Air fixe. Pour cet effet,
il lui donna quinze grains de fel de tartre dans
trois onces d’eau , quatre fois par jour, en lui
faifant prendre immédiatement après'vingt gouttes
d efprii de vitriol foible dans utie pareille quantité
d’eau. Quelques jours après, il fut agréablement
furpris de voir au fond de l’urine plu-
fieurs petits fragmens de pierre & une fubftance
niuqueufe ■ &. blanchâtre qui reffembloit an peu
a de la craje. détrempée dans de l’eau.
Dans lefpace d’un mois , le màlâde rendit plus
de cent quatre-vingt de ces fragmens de diff -
rentes grandeurs^ Quelques-uns étoient compofés
de lames très-minces, d’autres paroiffoient plus
compaéls. Chaque fragment étoit évidemment
une portion d’une plus grofle pierre, ayant une
furface concave & une convexe*, celle-ci étoit
unie, l’autre étoit raboteufe.
Après qu’on eut fuivi ce traitement pendant
trois femainès’, les pierres fortirenr avec facilité,
& bientôt après le malade fe trouva fi bien, que,
pendant plu (leurs mois , on le crut complètement
guéri. Mais tout-à-coup il furvint une rétention
d’urine, qui devint bientôt mortelle, malgré
tous les feceurs j cet obfiacie,, qu’on ne put
jamais furmonter, empêcha abfolument l’inrror
duélion de la fonde. En ouvrant Je cadavre, on
yit que cet obfiacie venoit d’un gonflement c^n-
fidérâbJe de la profiate, & l’on trouva beaucoup
de petites pierres, & de fragmens de pierre dans
la veflie.
On lit , dans les Mémoires de la Société de
Médecine de Londres, un cas bien plus frappant
que celui du Doéleur Hulme. Un homme de 75
ans, dune confiitution très-forte, fe plaignoit,
depuis deux, ans, de fymptômes qui dénotoient
l ’exiffence d’une pierre dans la veffie, lorfqu’il
fut attaqué d’une rétention d’urine, pour laquelle
il fallut le fonder. La fonde, introduite dans la
veffie, rencontra une pierre, & la fit reconnoître
à l’oreille & au taèl du Chirurgien , de manière
à ce qu’il ne pût, èn aucune façon, s’y méprendre;
il jugea, par l’examen qu’il en fit, quelle pouvoir
être de la groffeur d’un petit oeuf de poule.
Quelques.jours après., il fut obligé, par le renouvellement
du même accident, ^’introduire
une fecotade fois la fonde ; il trouva la pierre fur
le col de la veffie qu elle comprimoit ; mai? le
bout de i ’inftrument l'ayant écartée, lurine forxit
librement.
Dans cet état de chofes, on eut recours à la
même méthode qui avoit été mife en ufage dans
le cas précédent; après qu on l’eut fui vie pendant
fept ou huit femaines, le malade , un fo ir , fe
trouva tout-à-coup extrêmement foulagé par la
fortie d’une quantité^ confidérable de matière crétacée
, ou plutôt pierreufe , qui vint avec les
urines, fans caufer aucune douleur, & continua
de couler involontairement pendant une grande
partie de la nuit, & même pendant lefommeil.
•Cette fnbfiance, dont l’écoulement dura pendant
cinq ou fix jours, étoit fous la forme d’une poudre
impalpable. Le malade n’en avefit jamais
rendu de pareille auparavant. Dès cette époque ,
tous les fymptômes de pierre, dans la veffie,
difparurent entièrement.
Deux ans après, le malade fe plaignit d’hé-
morrhoïdes , accompagnées de conftipation , & de
quelque difficulté pour uriner. Ces fymptômes
allèrent en augmentant pendant deux ou trois
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