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& un fimple bandage contentif étoit font l’appareil
quil adoptoit, quand quelques drconfiances
le portoient à en appliquer un. Il penfoit autrement
quand la maladie étoit accompagnée de
eontufibn , de la lèfion des veines & des nerfs
qui rampent dans les imerflices, de crachement de
fan g de la toux , ou quelle furvenoit à une per-
fonne qui étoit attaquée de tubercule ou de lup-
puration dans la poitrine. Ce Père de la Médecine
fe recrioit de fon tems de ce qu'on s’inquié-
toit moins de la contufion que de la fraéture (impie.
Les préceptes qu’il donne à cet égard font
encore ceux que l’on met en pratique aujourd’hui
que l’Art a fait de fi grands progrès. Il in-
fifle en pareil cas fur là diète , l’abflintnce du
coït , le filence , la faignéç du bras , les lini-
rnens & une compreflïon douce. Tant que le malade
étoit au régime , il tenoit le bandage ferré,
& il ne le lâchoir que quand il commençoit à
prendre des ali mens plus fubfianticls. Non-leu-
îement le mal prêtent l’occupoit, mais encore celui
qui oeuvoir venir par la fuite. Il oblerve fi une
contufion négligée laifle après elle un gonflement
fenfible, que bientôt les chairs fe^ détachent de
l*os , qu’il fe forme carie , & qu’ainfi ie malade
trrîne en langueur. Ces obfervations font de
toute vérité ; néanmoins quelqu’êloge que feroble
devoir mériter notre Auteur fur ce point , fes
vues ne font pas toujours faines. Il confeille, par
exemple-, de défaire tous les jours 1 appareil pour
un prétexte ahfolumént illufoire ; il portoit le
feu jufqu’à l’os dans le cas de contufion , fans
trop favoir pourquoi ; mais telles que foient fes
erreurs fa pratique la plus ordinaire nen étoit
pas-moins appréciable & eft à-peu-près celle
qu’on fuit encore aujourd’hui.
Dans les cas les plus ordinaires , il n’y a aucune
rédu&ion à tenter par cela même qu'il n’y
a aucun déplacement. Une fimple comprefle trempée
dans un mélange d’eau-de^vie & fou tenue
par un bandage , le .corps bien ferré pour diminuer
les fortes refpirations , eft le feul appareil
oui foit néceffaire. Si on fait davantage, c’eft
qu’on veut paroitrc faire beaucoup , pour inté-
refier & fixer plus ï ’ar rendors , dans le fpo ir,
ofons le dire d’une plus grande récompenfe ;
mais quelaues fuient' les topiques, la nature n’en
foude pas moin? en vingt jours, environ , les deux
bouts de la Côte. Quand il y a déplacement , fi
les deux bouts font en-dedans > on confeitle de
prefier avec les deux mains la partie antérieure
contre la peftérieure pour faire refiortir en-dehors
les bouts rompus $ les mettre de niveau avec
les autres' Côtes, avant foin d’appuyer , non pas
fur la fracture même , mais lut les deux, côtés.
On applique enfuite des comprefles frès-épaifles
fur les deux extrémités de la Côte , une du
■ côté du fiernum & d’autre du côté ce l’épine pour
tenir les bouts relevés, comme par un mouvement
de bafcule, & i-on applique un bandage de corpi
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bien ferté, Si l’on ne pouvoit relever par cette
méthode la portion d’o s , &’ qu’elle occafionnât
quelqu accident, il ne faudroit point héfiter d’ouvrir
Telpace inrereoflal pour y porter un éléva-
roire & relever les portions déplacées , & Tora
s’y détei minerait d’autant plus promptement que
| les accidens annonceroient un épanchement , ou
une ouverture de l’artère intercoftaie. Ce cas re-
yiendroit alors à celui de l’empième que nous
confidéreronü par la fuite. Les faignées font ici
plus ou moins néctflaires félon l’urgence des cas;
fi la refpiration ne devient pas plus libre , il
faudra tenir les malades fur leur féanr & leur
donner les potions calmantes & adouci (Tantes que
leur état exige. La coalition des pièces fraéhirées,
dans ces cas de complication, eft toujours plus
tardive ; eHe a lieu chez les bons fujets, du vingt-
cinquième jour au trentième.
On fe comporte différemment quand les bouts
déplacés fe portent en-dehors. On les pouffe en-
dedans avec Les doigts jufqu’au niveau des autres
Côtes , ayant foin d'appuyer fur les deux côtés
de la fracture ; on applique enfuite une com-
prefie d’ertviron un demi-pied carré rrcrâpée
dans l’eau-de-vie , puis deux autres d’un doigt
environ d’épaifieur fur trois de large & huit de
long fur ie lieu même de la fracture, près des
bouts rompus, & l’on foutiem le tout également
avec un bandage de corps.
De Venfoncement des Côtes.
L ’enfoncement, tel que nous l’admettons, diffère
de celui dont on parle ordinairement , en
ce qu’il y a promptement reftitutiôn. Il ne faut
point le confondre avec la fracture accompagnée
de déplacement dont nous venons de parler. Pour
que renfoncement dont il s’agir, puifië avoir lieu,
il faut que l’impreftion fe palfe fur plufieiirs Côtes
à-la-fois ; comme ces os font fingulièremem élastiques
, fur-tout du côté de leur portion carti-
lagineufe, ils prêrent & fe portent ail - dedans,
fur les vifeères qu’ils bleflent plus ou moins.
Ainfi l’on a vu le foie , la rate être entièrement
coupés , après la violence qu’une voiture avoit
fait en pafTam fur la poitrine, & néanmoins les
côtes à Tout erture du cadavre être dans l’état de
la plus grande intégrité ; les Hiftoricns fournif-
fent nombre de ces obfervations. L ’on a. également
vu des crache mens, confidérables de iang ,
fans qu’on ait pu découvrir la moindre trace de
fraélure fur quelques-unes des Côtes. Ces fortes
de cas font toujours très-fàcheux ; on peut même
les regarder comme étant la plupart du tems
mortels. Quant à Tenfonçure fans reftitution ,
c’eft une maladie idéale qui ne s’eft encore rencontrée
que dans le répertoire des charlatans, où
vraifembhblement ,elle pliera encore long-teins.
Nous en dilon? autant de la fêlaie de la Côte
qu’jis annoncent avec cet air d’aflarance que l’itn-
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pitdence & l’ignorance peuvent feules ‘ donner.
Ce n’d i pas que cette rente ne puifie arriver
dans certaine fraélure, & notamment celles qui
font Gccafionnées par des armes à feu ; mais ce
cas n’eft point le leur , & conféquemment ne
faoroit lui être rapporté.
De la luxation des Côtes.
On ne trouve rien fur la luxation des Côtes,
dans les Auteurs les plus anciens. Les Observateurs
, qui nous ont donné beaucoup de faits
concernant les antres maladies, ne nous onr
rien fourni fur celle-ci. M. J. L. Petit, Duvçrney
même, qui a écrit plus récemment,n’en four pasmen-
tion. On ne peut concevoir leur filence fur ce point,
fur-tout étant venu après Paré , qui en parle
d’une manière particulière. Ces Praticiens au-
roient-ils jugé cette luxation injpofiîble, &
croyoient-ils pour cela' n’en devoir point parler;
mais une telle opinion eft démentie par l’expérience.
En confidétant la jonélian des côtes ,
tant au fiernum qu’aux vertèbres, l’on voit que
la luxation doit plutôt arriver vçrs celles - ci
que vers ce dernier os. Ce n’eft pas qu’on ait ,
eût lieu de l’obferver fur celui-ci; 1 mais c e toit
à la fuite d’un détordre dans la fymphyfe fyn-
chendrofiale des . Côtes avec lui , tel qiTon
le voit quelquefois dans le feorbut porté au
plus haut degré. L ’efpèce d’articulation qui
•fixe chaque Côte fur les côtés de l’épine, eft
un genre de gyngüme, fortifié en arrière par
de forts ligamens , les vertébro - cofiaux qui
des apophyfes tranfverfes vont aux tubérofirés
de chaque Côte, & en devant par un épanouitTe-
ment‘ ligamenteux , qui de la circonférence de
la tête . fe porte fur les contours des facettes
vertébrales. Les apophyfes tranfverfes retiennent
chaque Côte en arrière , & empêchent conféquemment
que la luxation puifie fe- faire en
dehors ; la force des ligamens vertébro-coftaux,
& la rareté des cas ou un corps agiroit d’une
manière àftez précife, fur le bord inférieur ou
fupérieur près de fon articulation, exclut en quelque
forre la luxation en haut & en bas, que
Paré admettoit de fon temps, & que quelques
perfonnes peu inllruites croient encore aujourd’hui
avoir lieu.
De tous les Auteurs qui ont écrit fur cette ]
matière, depuis ce Reftaurateur de la Chirurgie
Françoise, je ne fais que Platner qui ait eu
wne opinion planfible touchant le? luxations en
haut ou e« bas. Cojlae dit-il, dans fes Infirmions de
Chirurgie, § 1149, fongs frequentiiis franguniur
çuam a fnâ ftde moverr.ur, Non pojjunt in ex te-,
'tiorern panera cxcidere , cum oppofid procejus
irinfverfiyencb rarurn fummam illarum panent cofi-
tineant * ncc facile furfurn vel deorskm versus
p omoveri pojfunt. Jgitur f i moventur in inte-
fforcm partent propelluntur, & .en homme préc
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voyant, il va même juCqu’i annoncer les accidens
qu’on doit attendre d’un pareil dérange,
ment, cum pleura prem :tur 5 gravis injlammatio &
Jpiranii difficultés Jtquitur. M. Butret, dans, un
Mémoire^ tlèt-inümClif5 & qu’on trouve parmi
ceux de l'Académie Royale de Chirurgie, a de
nouveau pris cette matière en confidération, il-
eift plus décidé que. Platner,à cet égard, en admettant
la feule luxation en avant, il ne la
croit cependant pas^également facile pour toutes-
lés Côtes $ les fupéi.ieures en font garanties, dit—
i l , par les omoplates qui leur fervent comme
de bouclier, & les dernières des faufles femblent
ne, devoir fe luxer que très-difficilement, parce
qti edes font flottantes -, ainfi, il n’y a guères que
les quatre ou cinq inférieures de vraies & les
deux ou trois premières des fauffei, qui puiffent
erre déplacées, & plus encore ces dernières, par
„ la raiton quelles n’ont aucun appui fur le iter-
nuro.
Plus les Côtes font longues, ■ continue
M. Buitu, ainfi que leur cartilage, plus elles font
courbées en arrière, & folidement appuyées antérieurement,
plus auifi elles font faciles à luxer.
Au contraire , fi quoique : fort courbées poilé-
rteurcinenr & appuyées en devant, elles font
très-courtes, de mèmè que leur .cartilage, alors
elles fe déplacent plus difficilement ; mais leur
luxation femble être impoflible , quand elles
font en même-teriis courtes peu courbées , &
- ^ans appui antérieurement. Dans le premier cas
leur longueur, leur counbure, & leur appui ’
concourent avec 1 effort de la caufe à les courber
davantage , pour pouffer leur extrémité potié-
rieure vtrs le dedans de la poitrine, & c’eff ce
qui doit arriver aux côtes moyennes. Dans, fe
fécond qui eft celui des côtes fupérieures, outre
que l’affteire de leur tête fur la partie latérale des
corps des vertèbres eft moins obdique, c'eft-ài-
dire pltts: directe à la ligne tranverfale, ces
côtes étant 'déjà très-courbées & d’ailletirs très-
courtes, la caufe. trouve - plus de réfiflance à
augmenter leur courbure pour les enfoncer.
Enfin, dans le troifième où fe trouvent les dernières
fauffes Côtes, ie défaut de courbure en
asrière & d’appui en devant, fait que lefrort
extérieur, fe réduit à porter en - dedans l’exfré-
niité antériéure de la côte. « M. Buttet tire de
ces'principes une conféq.uence naturelle, que de
tontes les Côtes, les vraies inférieures, font les
plus ailées à luxer que toutes les autres. '
, Mais, obfet i c notre Auteur, pour que cet effet
ser.fuive, il faut que le corps fur lequel on
tombe, ou dont on efi frappé, ait peu de fur-
face, afin qui! ^agiffe que fur une côre ou fur
deux , car s il s étendoit à un plus grand nombre ,
la luxation ne pourroit s’enfuivre du moins
fans caufer d’autres défordres infiniment graves,"
& même mortels. Il faut que fon aétion foit en
arrière près de l’angle j e la Côte t & micqx gn^