
appliquée en fomentation, guérit un ulcère qui
rongeoit prefque toute la jambe d’un fujet fc<jr-
biuique. La bière eu't probablement plus de part
que le Becabunga au bon effet de ce topique.
Voye[ Bière.
BEC DE CANNE , Bec de Corbin , Bec
de Grue , Bec de Lésard , font des inftru-
tnens dé Chirurgie en forme de pincettes, & qui ne
diffèrent pas effentiellement entr'eux. Leur ufage
eft le même > ils ont tous été inventés pour tirer
du corps les balles & les autres corps étrangers ; &
on ne leur a donné différées noms qu’à raifon
de la différente longueur ou largeur de leurs
branches. On ne voit plus ces inftrumens que
dans les anciens arfenaux de Chirurgie. On en
trouve la defcription dans le Traité d’opérations
de Dionis, & dans le Traité des' Inftrumens de
Garengeot. Voye\ les Flanches.
BEC DE GRUE , ou herbe à Robert. Cette
plante eft réputée Iaélifuge & vulnéraire. On s’en
fert dans certains cas d’ulcères à la vulve ou aux
mammelles. On en applique auffi les feuilles
fraîches fur les parties affrétées d’éréfypèle.
BEC DE LIEVRE. Fente, ou divifion longitudinale
dç l’une ou de l’autre lè v re , & quelquefois
de toutes les deux,
On voit fou vent des enfans venir au monde
avec un pareilvice d’organifation, particulièrement
à la lèvre fupérieure. Quelquefois les portions
de la lèvre qui devroient être réunies ,
fe trouvent féparées par un grand intervalle ,
d’autres fois l’écartement n’eft pas rr ès- confidé-
rable ; dans quelques cas , la divifion eft double,
les deux fentes renfermant entr’elles un petit lobe,
ou une petite portion de lèvre. Chaque degré de
cette maladie prend également le nom de Bec
de Lièvre , à caufe de fa prétendue refjemblançe
avec la forme de la lèvre d’un lièvre.
Pour l’ordinaire-, cette fente n’affeéle que la
lèvre même ; dans bien des cas cependant elle
s’étend aux os & au voile du palais , & même
jufqu’à la luette. Quelquefois les os du palais
manquent en tout ou en partie ; d’autrefois ils
lie font que féparés.
Ce vfçe de conformation eft toujours très-
fàcheux ; dans fon degré le moins confidérable,
il eft conftammenr l’occafion d’une grande difformité
; & lorfqu’il eft plus marqué , il empêche
fréquemment les enfans de terer > & oblige
à recourir à d’autres moyens pour les nourrir ;
lorfqu’il affeéle la lèvre inférieure ce qui n’eft
pas le plus ordinaire, les enfans ne peuvent retenir
leur falive , ni apprendre à parler qu'avec
affez de difficulté. Mais, lorfque la féparation
s’étend au travers du palais, non-feulement le
malade n’articule jamais que d'une manière très-
î/nparfaite, mais il a beaucoup de peine à mâcher
, & à avaler fçs alimens qui remontent facilement
par le nez.
D’après ces confidérations , on fent ajfément
de quelle importance il eft dç porter remède à
cette maladie le plutôt pofîible. Mais , comme on
ne peut le faire que par une opération plus ou
moins douloureufe, différons Praticiens tels que
Dionis , Garengeot & d'aurres , ont confeillé
d’attendre pour cela , que l'enfant eût quatre ou
cinq ans ; imaginant que dans un plus bas-âge ,
fes agitations & fes cris rendroient l’opératipn
impraticable, ou dérangeroient toutes les mefures
que l’on pourroit prendre pour la faire réuffir.
Il eft aifé de voir cependant que ces raifons nom
pas un grand poids ; un enfant de quatre ' ou
cinq ans, & même fouvent de huit ou dix, eft
bien plus difficile à gouverner en pareille cir-
conftance, qu’un enfant de quelques mois 5 & il
n’y en a pas un à cet âge qui ne redoute* mille
fois plus la douleur que la difformité, ou l’incommodité
qui réfulte de fon état aétuel & à
laquelle il eft accoutumé ; tandis qu'un enfant
en bas-âge ne redoute rien, & ne fent que la
douleur du moment. Nous croyons donc que fi
l’enfant eft bien portant d’alleurs il faut l’opérer
de bonne heure, afin de parer le plus promptement
poflible aux inconvéniens qui réfultent du
vice de conformation. M. le Dran dit qu’il a
fait l’opération à des enfans de tout âge, même
à la mammelle. M. Bell l’a faite avec fuccès à
un enfant de trois mois -, Muys confeille de la
faire à l’âge de fix mois. Roonhuyfen a opéré
des enfans dix femaines après leur naiffance ,
& tous fes Contemporains ont loué fa fingulière
dextérité & fes fuccès.Ce dernier a recommandé,
comme une précaution effen fiel le pour la réufîitede
l’opération , d'empêcher les enfans de dormir affez
de tçms avant que de l’entreprendre, pour qu’immé-
diatement après ils fuccombent au fommeil. On
a propofé auffi de leur faire prendre quelque
narcotique pour affurer leur repos. M. Louis croit
qu’en faifant l’opération fans future, elle réuflira
plus certainement chez les petits enfans,. qu’en
fuivant une autre méthode. Nous examinerons
bientôt ce qu’il convient de faire à cet égard.
Tousles Praticiens font d’accord fur le but de
cette opération , qui confifte à réduire la folution
de continuité contre nature, à l’état d’une jplaie
fimple, en coupant les bords des parties réparées
dans toute leur longueur, & à rapprocher
enfuite ces parties , de manière qu’elles demeurent
en contaél, jufqu'à ce qu elles foient
bien réunies. Mais quoique ces principes foient
admis par tous les Chirurgiens, tous ne font pas du
même avis fur la méthode qu’il convient d’adopter
dans la pratique *, les uns ayant recours
aux futures, pour maintenir les bords de la plaie
en contaél, tandis que d’autres défaprouvent cette
piéthode, & croient qu’on peut toujours obrpjpjr.
<tfir une parfaite guérifon au moyen des emplâtres
agglutinatifs , & des bandages uniffans , &
•épargner ainfi aux malades beaucoup de douleurs,
que les futures ne manquent jamais d'occa-
■ fionner. '
M. Louis a été le principal avocat de la méthode
qui proferit les futures, & il a donné fur
cet objet deux mémoires très-intéreffans, dont
nous allons faire ufage , pour mettre nos -Lecteurs
à portée de connoître les raifons fur lef-
quelles il fonde fon fentiment à cet égard, &
les moyens qu’il emploie.
Cet illuftre Praticien penfe que l’ufage des
futures dans l'opération du Bec-dé-Lièvre , tire
fon origine d’une-fauflfe idée qu'on s’eft formée
de la : nature de cette maladie ; l’écartement des ;
bords de la divifion ayant été regardé mal-à-
propos , comme tenant à une perte de fubftance,;
Ton a cru , d’après cette opinion , ’ qu’il ne feroit
pas poflible de maintenir en conta i lés parties, ;
autrement que par la future ; & même, pour fa-
vorifer leur extenfion, l’on a été long -rems dans
l ’ufage de faire, de chaque côté de la plaie, deux
incitions en forme de croiffànt , qui dévoient
divifer entièrement la peau , & quë Ton fâifoit
tantôt à l’intérieur, tantôt à l’extéHéur.
ce L’écartement des bords de la lèvre fendue
35 n’eft que l'effet de la rétraélion des mufcles,
33 & il eft toujours proportionné à l’étendue de la
33 fente. Ceux qui ont le Bec-de-Lièvrepeuvent
33 en rapprocher les côtés par l’aélion mufculairë,
13 qui fronce la bouche en cul-de-poule •, l’é-
13 carrément au contraire augmente confidéra-
33 blement quand ces perfonnes rient, & la brè-
•33 che paroît énorme, après qu’on a coupé fu-
3.3 perficiellement les bords de chaque" côté. Il
33 paroît de - là que l’écartement du Bec-de-
33 Lièvrè ne doit pas être pris pour un manque
»3 de fubftance ; ce qui fe trouve encore confirmé
33 par les effets de la future fèche qu’on ap-
33 piique quelquefois comme préparatoire fur
33 le Bec-de-lièvre, avant que de l’opérer, &
33 qui diminue fingulièrement l’écartement des
13 parties.
33 De l'aveu de tous ceux qui ont écrit en faveur
33 de la future entortillée, elle n’a paru recem-
33 mandableque dans l’idée tout-à -fait faufle ,
‘33 que le Bec-de-LièVre étoit l’effet d’un dé-
.13 faut de fubftance plus ou moins confidérable;
33 & ils difent pofitivement, qu’il ne faut point
33 y avoir recours, quand on n’a qu’une fimple
33 divifion à réunir : voilà donc la future entor-
99 tillée proferite de l’opération du Bec-de-Lièvre
» naturel, puifqu’il eft prouvé qu’il eft fans
33 déperdition de fubftance. Mais la perte de
13 fubftance n’eft que trop réelle dans l-’extir-
3? pation des tumeurs fquirreufes, & carcino-
33 mateufes , auxquelles' les lèvres font très*-
33 fujettes. Or, dans ces cas blêmes, l’extenfibilité
13 des lèvres permet de 'tenter la réunion de
Chirurgie. Tome l . er I.*re Partie.
33 la double incifion , parTaqhéfiVori 3 enlevé
33 la tumeur, & l’on-:y réuflît fans laifler la
33 moindre difformité], lorfqu’on a attention de
33 diriger chaque incifion obliquement, de ma-
13 nière qu’elles forment, par leur rencontre, un
» angle aigu, dans la bafe duquel la tumeur
33 foit comprife. C'tft dans cette occafion, où
i3 les moyens de réunir doivent être d'autant
33 plus efficaces, que la difficulté de contenir
33 les bords de la plaie rapprôchés: eft plus
33 grande. M. Pibrac a déjà fait connoître dans
33 fon mémoire, fur l'abus des futures, en rrai-
33 tant du Bec-de-lièvre , qu'elles font un
i 3 moyen mal conçu, & plus nuifible à raifon
33 de la plus grande déperdition dé fubllancé ;
33 parce qu’en .effet, plus les deux parties laiffent
33 d'intervalle entr’elles, plus on doit cràindrb
33 leurs efforts fur les aiguilles ou épingles
13 qu’on laifle dans la plaie; auffi a-t-on toujours
33 pris des précautions pour que l’appareil vînt
33 au fecours de la future. De cette réflexion
33 faite judicieufement par les partifans de ce
33 moyen, il n’y a voit, félon M. Pibrac, qu’ un
33 pas à faire pour appercevoir la néceffité de le
33 proferire. Le bonnet, ouefpèce decàfque en
33 cuivre , décrit par Verduc, & par Nuck, pour
33 comprimer les joues, les agraffes d’Heifter,
33 les languettes d’emplâtre agglutinatif qu’aucun
33 Auteur n’a oublié de recommander expreffé-
33 ment,- tout cela a été imaginé pour foutenir
33 les^parties & en empêcher la défunion. Quand
33 la ; future a manqué , c’eft par ces; moyens
33 auxiliaires qu'on eft parvenu à corriger
33 avec la difformité primitive , celle quVvoit
33 produite le déchirement qui n’auroit pas eu
33 lieu fans la future ; or puifque l’appareil ap-
33 pliqué méthodiquement peut réparer effica-
33 cernent les dèfordres de la future1,' quelle
33 raifon auroit-on de ne le regarder que comme
33 une reffource dans lecas accidentel feulement ï
33 pourquoi n’en pas faire le moyen capital &
33 primitif de la réunion des lèvres, même avec
33 déperdition de fubftance ?
33 II n’y a rien à oppofer aux preuves don-
33 nées fur ce point , elles font tirées de la
3.3 pratique même de ceux qui ont employé
33 les futures fans fuccès ; ils ont fourni les
?3 argumens en faveur du bandage réparateur
33 des torts de la future entortillée. On ne peut
33 juftifier les Praticiens de l’ufage qu’ils ont fait
33 de cette future, qu’en avouant que les vrais
33 principes de l'art n'ont point été pofés fur
33 cette matière. 33
■ M. Louis, pour fuppiéer à cet égard à ce qui
nous manqueit, pofe en fait que là rétraélion
des mufcles étant la caufe de l’écartement des
bords des parties féparées, ce n’eft point fur ces
bords qu'il faut exercer la force qui doit les
réunir , mais qu'il convient de l’appliquer plus
loin, fur les parties mêmes-dont il faut gêner