
& commirent aux barbiers les opération? & Implication
de tous les remèdes extérieurs. De grands
ommes n’avoient point vu indifféremment ce partage
*, a quelle profanation , s’écrie à ce fujet,
Ifaac Joubert, dans Ton édition de Guy de Chau-
liac., que de permettre-l’exercice de la Chirurgie,
l’une des plus dignes parties de la Médecine,
aux ignorahs Analphabètes qui n’étudièrent jamais
en aucun livre , & qui n’ont qu’une certaine routine
, avec des recettes qu’ils favait par'coeur.»
Le - Chirurgien ne fut phis dès-|ors un homme
feul, ce fut un compofë monfirueux de deux individus
, du Médecin qui Jarrogeoit exclufivement
le droit delà Science , & confëqu. ni ment celui de
diriger, & du Chirurgien manoeuvre, à qui
fon âbandonnoit le manuel des opérations.
Les pu mi-ers momens de cewe diyifion. n’en
firent pas fèntir d’abord tout le danger. Les
grands Maîtres qui a voient exercé la Médecine
comme la Chirurgie v-Koienr encore K &
l’habilité qu’ils seraient acquife fufHfoir pour diriger
l’automate , ou le Chii urgien purement opérateur
: mais dès,que cette race Hippocratique,
comme .F ail ope l'appelle, fut éreinte, ies,gj;ogrès
de là Chirurgie furent nqn feulement arrêtés., mais
l’Art lui-ipême fut prefque anéanti, il n’eq refta
plus, pour ainfi .dire , que Je nqm. ,On ceffa de
voir de ces brillantes & efficaces opérations, qui,
du règne des premiers Médecins, à voient fauyé
là' vie à tant d’homm'és :• de-là cette peinture fl
vive que, fait Magati du malheur, de tant d’infortunés,
Citoyens qui fe trauvoient abandonnés fans :
reffource, lorfqùaùtrefois,l’Art auroit pu les fau-
ver -, mais ils ne poqvoient rien en. efpérer.dat^,
cette fituarion. Le Chirurgien n’ofoit fe .déqer^-
ininer à opérer ,, parce qu’il étoit fans ..lumière,:
& le Médecin n’ofoit prendre fur fui .d’ordonner,
parce qu’il étoit fans habilité dans, ce genre.
L'abandon étoit donc. le. feul parti qui refiât &Ja
prudence fiji-mêiuà n’ep permettoit point, d’autre.
Enfin j ja Çhiqurgie devint un .Corps-de fçiencp.
par Ms Yravanx & l'émulation dp «ceux qui, en; s’y,
livrant j.tfiêrçbefent. à la tirer de l’état- d’inertie
dàbs léiquèl elle fe trouvpif. Long-tems ayant le
règne de François I.er le^Chirurgiens faifoient déjà
un Corps favant, mais uniquement occupé,à la
culture de la fcience. Les Membres de ce Corps
poffédoient la totalité des connoi^atïces qui.apprey
noient à guérir \ mais,’ la loi.ne.les autorifpjt qp’à
en faire {’application'fur les maladies extérieures,
nullement fÿr .les îiirè.rneà. La Science étoit
liée à l’Arr par des noeuds qui fembjpient indiflb-
lubles ; le Chirurgien favarirétpitborhéà la culture
de fin Art j la vaniré., l'ambition..pp l’intérêt,
ne poüvoient plus le diftraire pour tourner ailleurs
fon application, Tout fembloit prévu., toute fource
d^ défordre paroiffoit çpupée dans la racine:, mais/
la fagbffe des loix peut-elle toujours prévenir les
effets des pallions , & ,les tours, qu’elles peuvent
prendre îles Lettres, quifaifoient le partage des
Chirurgiens François, femb-1 oient mettre un frein
éternel aux tentariv s de leurs a Ivprfaires , les
barbiers, qui s’étoi nt immifeés dans la pratique ;
mais les guerres outrées qu’ils eurent à foutenir
alors , préparèrent l’avililTement de l’Art. La
Faculté de Médecine appJla ceux ci pour leur
confier la Chi. mgie purement miniftrante, elle
les initia enfuire dans les grandes opérations , St
enfin ils furent unis an Co-'ps des Chirurgiens,
tant par des motif, d’intérêt de ceux-ci, que par
la fupëriorité que vonlirem a'voi les premiers.
La Chirurgie ainfi dégradée par fort affociarion
avec dès àrtifans, fut expofée à tout le mépris
qui devoir fuivre d’une aulfi indigne alliance;
elle fut dépouillée par un A -rêr folenviel, en 1660,
de tous les honneurs iictérai es , & fi les Lettres ne
s’exilèrent point entièrement de ce Corps, du moins
ne parurent elles y être que dans la honte ’& l'humiliation.
Néanmoins malgré i'extinélion prefque
tota'é des Lettres dans lemoii veau- Çorps, la théorie
s'y conserva , ce en quoi contribuèrent quelques
uns de ceux que l’eîprir d'étude portoit toujours
à cultiver la S- ience. Ces hommes à qui la
Chirurgie eftfi redevable; malgré leur humiliation,
malgré la douleurdefe voir ainfi confondus avec
' de-yils-artifaus opérèrent, le rétabliffetyicnr de
j leur Art. Ils, confervoient le précieux dépôt de
lia :.éoé7rine v ils Je tranfmjrent à des fuccefièurs
qu’ils èfpéroient devoir faire un jour renaître l’Arc
■ dans fa primitive fplendeur. Parmi cette foule
]d’bpmmes avec qui i)s;j.éuient .confondus, ils
trouvèrent -dans quriques -uns des teintures de
Lettres , prifes dans une heiireufe éducation j &
'dans d-’autres des talens marqués pour réparer dans'
iun. âge Avancé le malheur d'une éducation négligée
dans le plus grand nombre enfin, le zèle
le plus vif pour la confervation d’un Art qui étoifi
deyenu le leur. Ainfi , la Chirurgie continua de
fe maintenir dans la poffelfion de la théorie ;
nyais cette pofleffion n’étoit pas une pofle.lfion juri-
îdique autorifée par la loi ; ç’ëroit une. poffelfion
ifurtive & conféquemment elle ne pouvoir durer
long-tems. La Réparation «de la théorie d'avec la
pratique d;es opérations de l’Art éroif la fuite de
ja décadence de l’état , & par-là la Chirurgie étoit
fur le bord du précipice-, fa chuté étoit d’autant
plus certaine, que la dictée & les. chaires publiques
leur .étant interdites.il • ne refioir plus d’autres
moyens • qqe 'la tradition pour faire palier aux
Elèves leurs connoi fiances. :
La Qhirprgie • fe releva encore de cet état
d'inertie des hommes vraiment pénétré* de fa
dignité , firent de nouveaux efforts , tant
par leur libéralité que,, par les infiruélions
qu’ils donnèrent eux-mêmes; les écoliers devinrent
des maîtres célèbres, leur nombre augmenté
n&effiroit-rm amphithéâtre qui put lés cpnrenir ;
& M. Maréchal , premier Chirurgien du Roi,,
après1 beaucoup de foljici tarions, obtint l’éta-
biifièment dp cinq Démonfiratsurs Rp)aux, en
17M a
'JyÛi Pour enfèigner la théorie & la pratique
de l’Art. Ce premier bienfait fut fuivi fept ans
après, en 1731, de »’érection des. principaux
maîtres, en Corps académique. Voye\ Académie.
Le premier volume des mémoires & obfervarions
de la plupart des Membres de cette nouvelle
inflifution, juflifia l’opinion qu’on en avoit conçu
& donna lieu à un réglement qui, en affurant
Je régime, prévint la perte d’un Art auffi in-
téreffant & néceffaire. Les prérogatives accordées
aux Chirurgiens, dans les Lettres-patentes qui
portent l’établiffement de l’Académie de Chirurgie,
excitèrent naturellement les réclamations,
des Médecins & de l’Univerfité, qui avoit le
droit fpécial de l’enfeignement. Les conteftations
qui furent longues & vives, & dans le cours def-
quelles les deux principaux partis fe livrèrent à
des procédés peu mefurés, pour foutenir leurs
prétentions refpeélives, font enfin terminées par
un Arrêt du Confeil d'Etat du 4 Juillet 1750.
cc Le Roi voulant prévenir ou faire çeffer toutes
les nouvelles difficultés entre deux profefîionï'
qui ont un fi grand rapport j & y faire régner
la bonne intelligence, qui n’eft pas moins né-
ceffaire pour leur perfection & pour leur honneur,
que pour la confervation de la fanté & de la vie
des fujets de Sa Majefté,elle a réfolu d’expliquer
fes intentions fur ce fu jet. »5 Le Roi preferitpar
cet Arrêt, f.° Un cours complet d’études fur
toutes les parties de l’Art & Science de la Chirurgie,
qui fera de trois années confécutives. 2.0 Pour
rendre ce cours plus utile aux Élèves & les mettre
en état de joindre la pratique à la théorie, il
fera inceffamment établi dans le Collège de Paris
une école pratique d'Anatomie & d'Opérations,
où toutes les parties de ces deux fciences feront
démontrées-gratuitement, & où les Élèves feront
eux-mêmes les difleCtions & les opérations qui
leur auront été enfeignées. 3.0 Sa Majefté ordonne
que les étudians prendront des inferiptions au
commencement de chaque année du cours d’études.
Le Roi règle, par plusieurs articles, comment la
Faculté de Médecine fera invitée par les Elèves
gradués à l'aéle public qu'ils foutiendrontà la fin
de la licence pour leur réception au Collège de
Chirurgie : Sa Majefté entend que le Répondant
donne au Doyen de la Faculté la qualité de
Dccatius Salabernmoe Faculta tis, & à chacun des
deux Doéleurs aflîfians, celle de Sapientijfimus
Doâor, fuivant l’ufage obfervé dans les écoles de
l'Univerfité de Paris. Ces trois Doéteurs n'ont
que la première heure pour faire des objeélions
au Candidat ; les trois autres heures que dure
l'aéte, font données aux Maîtres en Chirurgie,
qui ont feuls la voix délibérative pour la réception
du Répondant. Extrait en partie de l'ancienne
Encyclopédie. (M.Pe t i t -Ra d e j. )
CHOU. Les feuilles fraîches de cette plante,
légèrement contufes, appliquées fur la plaie faite
par un véficatoire occafionnênt un abondant écou-
Chirurgiç, Tome I , er I . erî Partit,
Iement de férofité ; mais elles s*y corrompent, &
deviennent bientôt incommodes en. augmentant
la mauvaife odeur naturelle de la plaie. Appliquées
de même fur les jambes enflées des hydropiques
, elles font couler, l'humeur féreufe au
travers des pores de la peau , & quelquefois elles
ont produit cet effet de manière à diflîper complètement
l’enflure anafarque. On dit que ces
feuilles appliquées rièdes en cataplafme fur les feins
des femmes en couches -, empêchent le lait de s’y
grumeler & en arrêtent la trop grande'affluence.
CHUTE DE L’A N Ù S. Vove[ Anus*
'CHUTE DE LA LUETTE. Voyei L u e t t e .
CHUTE DE MATRICE. Voye% Matrice,
CICATRICE cw. Cicatrix. Empreinte ou
veftige que laiffent fur la peau les plaies & les
ùlcères après leur guérifon. La Cicatrice diffère
des parties qui l’avoifinent par une dépreflion
fenfible & une irrégularité qui font d’autant plus
apparentes que la déperdition de fubftance a été
plus grande, que les parties font plus charnues
& que la fuppuration a duré plus long-tems. Il y a
«ombre d’obfervations à faire fur la manière dont
la Cicatrice s’opère, fur les remèdes qui font les
plus propres à la favorifer,fur les obftacles qu’elle
éprouve dans fa formation, &c. &c. Nous reviendrons
fur tous ces objets aux articles, Plaie ,
Ulcéré & Incarnation, (ikf. Pe t it -Radei.')
CIGUË. L’ufage delà Ciguë, fi vanté depuis
vingt-cinq ans par beaucoup de Praticiens, & fi
fort décrié par tant d’autres, ne paroît pas avoir
été inconnu aux Anciens. Nous ignorons, il eff
vrai, quelle étoit la plante qui portoit ce nom
chez les Athéniens, & dont on fe fervoitpour
faire mourir les criminels ; mais notre Ciguë
( Comum,maculatum de Linnæns) a beaucoup de
rapport avec celle dont parlent Diofcoride &
Galien , foit par fon extérieur , foit par fes effets,
notamment par celui de produire du vertige lorf-
qu’on l’adminiftre en certaine dofe, ce qui s’accorde
avec l’obfervarion de Galien. Diofcoride parle
de l’extrait de Ciguë comme étant d’un grand
ufage en Médecine, il paroît cependant qu’il l'em-
ployoit plutôt en applications extérieures, qu'il
ne s’en fervoit comme d’un médicament interne.
Le Doéteur Storck , de Vienne, a de fios jours
reffufeité ce remède, quoi qu’on ne puiffe pas
affirmer que l’efpèce de. Ciguë qu’il a employée
foit la même que celle de Diofcoride ; & il en
a vanté les effets fur-tout pour la guérifon des
cancers. Les merveilles qu’il en raconta dans fon
ouvrage le firent recevoir dans toute l’Europe
avec un empreffement extrême ; par tout on prépara
de l’extrait de Ciguë, & par-tout les Praticiens
en preferivirenr. Mais bientôt on s’apperçut
que ce médicament étoit bien loin de mériter
tous les éloges qu’on lui avoit prodigués ; & tombant
dans l’extrémité oppofée , on crut qu’il n’étoit
bon à rien , on l’accufa même d’empirer les