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cela, on comprend aifément quil faut choifir une
Dent de la même efpèce que cel,le quon arrache ;
une canîne * par exemple, fi elle doit remplacer
une canine-, une première incifive, fi l’on doit
la mettre à la place d’une première incifive, &c.
11 faut auffi qu’elle reflëmble, autant qu’il fera
poffible,par la couronne ; & fi celle de la mau-
vaife dent fe trouve trop cariée pour qu’on puiffe
juger de fa forme, on fera la comparaifon avec
fa pareille de l’autre côté de la mâchoire. Il ne
faut .jamais ufer de force pour introduire la
nouvelle Dent-, car, fi elle excède le moins du
monde la longueur ou la groffeur convenable,
elle caufera beaucoup de douleur, elle oceafion-
nerade l’inflammation,& peut-être une fupuration
qui ne manquera pas de rendre l’opération inutile.
Si Ton ne peut pas fe procurer une Dent
précifément de la grofleur requife, on peut en
employer une un peu plusgrolfe, que l’on diminue
avec la lime de manière à l’adapter au
vuide qu’elle doit remplir ; car on ne voit pas
que de retrancher de cette manière une petite
partie de la racine nuife au fuecès de l’opération.
On aura foin de tenir la furface de la Dent tranf-
plantée un peu plus baffe que le niveau des Dents
voifines, pour quelle coure moins le rifque d’être
dérangée par la rencontre de celles de la mâchoire
oppofée. La plus petite différence à cet égard
fuffira; elle doit être prefque imperceptible à l’oeil;
plus grande, elle occafionneroit plus ou moins
de difformité.
Mais quoique nous ayons dit qu’on pouvoir,
fans inconvénient, retrancher avec la îime une
partie de la racine de la Dent, il n’en eft pas
dé même de la couronne que l’aélion de la lime
fur fon émail pourroit difpofer à fe carier. D ’ailleurs
, avec un peu d’attention, on fera bien rarement
dans le cas d'avoir à la diminuer, puif-
qu’avant de l’arracher, il efl aifé de voir fi elle
aura les dimenfions convenables.
6.° Lorfqu’on arrache la Dent que l’on veut
tranfplanter , ou celle qu’on fe propofe de remplacer,
il faut le faire avec beaucoup de prudence;
car fi la première efl endommagée par
l’ex traélion, ou fi l’alvéole qu’elle doit remplir a
beaucoup fouffert, il eft probable que l’opération
ne réujlira pas. C’eft pourquoi il faut employer,
pour arracher ces Dents, les inflrumens les plus
propres à ménager les parties.
7.0 Lorfqu’après avoir nétoyé l’alvéole du fang
qui pouvoit s’y être épanché, on y a placé la
nouvelle Dent, il faut la fixer de manière qu’elle
ne puiffe pas être facilement dérangée, jufqu’à
ce qu’elle foit bien affermie par l’adhérence
qu’elle aura contrariée avec les parties voifines.
C ’eft ce que l’on fait en la liant aux Dents contiguës
avec un fil de foie bien ciré ; il faut prendre
garde, en faifant cette ligature, à ne pas
la faire tirer d’un côté plus que de l’autre, car
ie manque de foin, à cet égard, fuffit pour faire
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manquer tout-à-fait l’opération. Il ne fora pas né^,
ceflaire de renouveller Cette ligature , à moins
quelle ne vienne à fe relâcher-, mais, en ce cas,
il faudra le faire fur-le-cliamp. L ’on aura grand
foin de ne rien faire qui puiffe tendre en aucune
façon à l’ébranler, foit en prenant des alimens
trop folides, foit de toute autre manière , & l’on
continuera ces précautions jufqu’à ce que la Dent
foit tout-à-fait affermie. Le tems néceffaire pour
cette opération de la nature eft fort incertain;
il dépend des circonflances particulières £ chaque
cas, de l’état des alvéoles, de l’âge & du tempérament
du fujet, & du plus ou moins de foin
qu’on a mis à faire l’opération. Quelquefois la
Dent eft très-folidement fixée au bout de huit
ou dix jours, quelquefois elle ne l’eft qu’au Bout
de deux ou trois mois. L ’on doit, pèndànt tout
cet intervalle, être très-attentif.à fe préferverdu
froid & de l’humidité, dont l’impreliion, plus
que toute autre choie, peut nuire au fuccès de
l ’opération, en occafionnant dans les parties un
engorgement inflammatoire.
Des maux qui peuvent reTulterde la Tranfplantatiom
de/ Dents.
On a cru que la tranfplantation d’une Dent
pouvoit être un moyen de communiquer l’in-
feèlion de quelque maladie , d’un individu à
l’autre ; l’on ne peut pas nier la poffibilité d’une
pareille communication , & même elle pourra
paroître très-probable à bien des perfonnes. Il y
a plus-, c’eft que l’on a vu des cas où la Dent
tranfplantée a évidemment été la caufe d’une maladie
très-fâcheufe, que diverfes circonflances ont
fait regarder comme tenant au virus vénérien.
Cette maladie, qui paroît avoir eu les mêmes
caraéïères, quoique plus ou moins marqués chez
tous les fujets où elle s’eft manifeflée, a toujours
commencé par une ulcération de la gencive,
quelques femaines après la tranfplantation , &
lorfque la Dent étoit parfaitement affermie. Cette
ulcération f qui met à découvert la racine de la
Dent & l’alvéole, ne tarde pas à s’étendre fur
les parties voifines, les Dents tombent, les alvéo*
les fe carient, il fe forme des ulcères dans la
gorge-, il fe fait fur la peau une éruption de taches
affez femblables à celles qui ont lieu dans la vérole
; on voit quelquefois une forte d’exoftofé fe
former en différentes parties ; quelquefois il fe
joint à ces fymptômes un degré de fièvre lente,
qui fe manifefte par de l’agitation , de l’infomnie,
des maux de tête, le manque d’appétit, &c. Le
mercure a contribué évidemment, dans quelques
cas, à guérir cette maladie*, d’autres fois elle s’eft
guérie fans qu’on ait employé aucun remède mercuriel.
On ne l’a jamais obfervée chez les per-,
fonnes dont on avoit pris les Dents, pour les
tranfplanter chez celles qui en ont été atteintes.
Quoi qu’ il en foit de fa nature, fur laquelle
iê n’eft pas ici le lieu d’entref dans aucune recherche
, il eft certain qu’il a exifté chez diffé-
rens individus une maladie caufée par la tranfplantation
d’une Dent, & c’eft un fait qui mérite
une attention férieufe de la part de ceux
qui pourroient être dans le cas de recourir à
cette opération. La première précaution à prendre,
lorfque cette maladie dont nous parlons a commencé
à fe manifefler , c’eft d’arracher la Dent
qui en eft la caufe ; le kinkina, le bain froid &
d’autres toniques ont été employés avec fuccès ;
le mercure, comme nous l’avons dit, a guéri dans
quelques cas *, il y en a cependant où fon effet
a été moins marqué , ou du moins beaucoup
plus lent que dans les maladies vénériennes les
plus rebelles, ( i)
Du remplacement des Dents arrachées, par des
Dents mortes.
Au lieu de Dents récemment arrachées, il y
a des Dentiftes qui confeifient d’employer des
Dents mortes pour remplacer celles qu’on eft
obligé d’ ôter -, & , quoique cette opération ne
féuffiffe pas aufli fréquemment que celle dont
nous venons de parler , elle a fouvent tout le
fuccès qu’on peut defirer. On a même ici un
frand avantage, c’eft de pouvoir choifir fur un
eaucoup plus grand nombre de Dents pour
affortir celle qu’on veut pjacer, & pour trouver
des racines qui s’adaptent exaélement à l’alvéole.
Il eft vrai que ces Dents ne eonfervent pas
toujours leur couleur, & qu’elles font très-fu-
jettes à fe tacher ; on en voit cependant qui fe
eonfervent nombre d’années fans altération, &
qui contrarient même une forte de tranfparence
que n’ont jamais les Dents artificielles proprement
dites.
Du rétahlijfëment des- Denis arrachées mal-h—
propoSi ou par accident..
Quelquefois on arrache une Dent parce qu’elle
donne de la douleur & qu’on a lieu de croire
quelle eft cariée,. & cependant on voit enfuite.
qu’elle eft parfaitement faine..' En pareil cas, ce
qu’on a de mieux à faire, c’eft de la replacer
ntr-le-champ, & de la fixer dans fon alvéole au
moyen- d’une ligature. On fera la même chofe
forfqu’une Dent aura été arrachée accidentellement
par quelque coup. Plus on fe hâtera de remettre
la Dènt, plus on aura lieu d’efpérer qu’elle
reprendra -, cependant il conviendra toujours de
le faire, lors même qu’il fe feroit déjà écoulé
quelque - tems depuis l’accidenr ^ pourvu, que
ialvéole foit encore en état de recevoir laracipp.
Si l’on replace la Dent avant qu’elle ait perdu
. I.1 ) Voyez, à ce fujet > Le Traité, des maladies véné-
«cuncs de M. Hanter..
fa vie , elle s’unira de nouveau à l’alvéole, &
redeviendra parfaitement folide.
On peut faire ufage de cette méthode p o tf
toutes tes Dents indifféremment; car, quoique
les groffes molaires aient plufieurs racines, cha»
cune de ces racines rentrera dans fon alvéole suffi
facilement qu’une {feule ; & cela fe fera d’autan*
plus aifément, que les alvéoles ne peuvent qua
s'élargir lorque la Dent eft chaffée de fa plaça
avec violence. Mais ©n ne fera pas fouvent dans
le cas d’appliquer cette méthode aux groffes molai*^
res f qui, par leur fituation, & par la manière
dont elles font enracinées, font infiniment moins,
fujettes que les Dents de devant à ces déplace«
mens accidentels.
M. Hunter raconte le fait fuivant pour montrer
l’avantage de replacer les Dents arrachées ou?
ébranlées, lorfque d’ailleurs elles font faines.
Un homme reçut un coup qui lui arracha une
première Dent molaire & ébranla la fécondé..
La première fut féparée fi complettement, qu’elle
tomba dans fa bouche, &qu?il la rejetta en crachant
-, mais fui-le-champ il la releva & la ffîir
dans fa poche. Quelques heures après, il vit
M. Humer, & lui préfenta fa Dent, qui n’étoit
pas encore sèche, mais fort Talie- M. Huntery
après avoir introduit un fiilet dans Palvéole pour
en faire fortir le fang caillé , & avoir lavé cette
Dent avec foin dans de l’eau chaude y la remit
en place; il la fixa ainfi que la fécondé qui
n’étoit pas trop dérangée, en les liant l’une*&
l’autre, d’un côté, & la troifième molaire,. & de
l'autre, à la Dent canine. Au bout de quelques
jours, ces Dents furent affèzraffermies- pour qu’on,
pût ôrer la ligature; au bout d’un mois,, elles
tenoient aufli folidement qu’aucune autre Dent ^
& ne s’ébranlèrent point par la fuite; (2 J
De* Dents artificielles^
Tout ce que nous avons dit jufqù’à préfent dtr
remplacement des Dents ,.fuppofe qu’on eft appelé,
à le faire au moment où l'on vient d’àrracher
une dent cariée , que Fa cavité de l’alvéole eft:
encore entière, & quelle n’a point été altérée-
par la maladie de la Dent. Mais on rencontre,
fouvent des perfonnes qui, ayant depuis long-
fems perdu des- Dents dont les alvéoles font-
entièrement effacée^ & recouvertes par les
gencives, défirent d’en remplir les vuides par
des Dents artificielles,. ou qui ayant des Dents
eonfumées- par la carie,- voudroient les- remplacer,
fans cependant adopter la. méthode, dç là
tranfplantation. Ces cas fe préfentenr fouvent,
& les Dentiftes font parvenus à placer des Dènts
artificielles affez parfaitement pour en impofer à
l’oe il, quoique bien rarement de-manière qu’èlles
(• r j À praûical Treatife. on the difeafes ofthe teetii*-
Pàgi 104»