
Ravoir linv, quand on a route raifon de l’appré-
hender. La plupart des Auteurs croient que
l’Anchylofefurvienten pareil cas, par l'épanche*
tnent de la matière du cal, qu’ils difem avoir la ,
propriété de réunir les os fracturés, abfolument ,
oc la même manière que la foudure unit deux j
pièces de métal rompues; Mais il cette matière du
cal eft un être dè raifon, fi rien n’en démontre
l’.xifience commer nous le verrons par la fuite ,
on ne peut donc admettre cette théorie. Il y a
plus lieu de croire que l’Anchylofe arrive alors
par l’inflammation qui furvient dans l’article , &
par la roideur que contractent les parties molles
des environs, ainji que nous le verrons à l’arficie
F r a c tu r e . ' .1 ' ■ . ^
- Les Luxations qiii ne font pas réduites ne font
pas toujours pour cela accompagnées d’Anchy-
lôfe, fur-tout celles qui font compleîtes -, en pareil
cas la nature fe fait une nouvelle articulation 5
fur-tout chez les perfonnes peu aifées qui ont
befoin de l’exercice de leurs membres pour fubfif-
ter. Le tiflu cellulaire environnant s’endurcit, fes
mailles prennent plus d’épaiffeur , St forment tout
autour delà tête déplacée une membrane qui remplie
les fonctions de celles dont la nature avoït muni
l’article *, & les mufetes d’aBord gênés dans leurs
fonctions, s’habituent tellement à la nouvelle dif-
pofition, qu’ils reprennent peu-à-pen leurs mou-
vemens. La cfcofe arrive ainfi, particulièrement
dans les grandes articulations par genou comme
a«x bras, ou à lacuiffe, mais dans les articulations
par charnières j où les os ne font déplacés
qn imparfaitement, comme à l’avam-bras & au
genôu, lë mouvement étant beaucoup plus contraint
par l’étendue des furfaces, par plufieurs
ligamèns qui fouvem ne font que tiraillés & non
rompus , la difficulté de mouvoir les os dérangés,
eft plus grande , & conféquemment auftï les cir-
cor,fiances qui déterminent l’Anchylofe ont plus
4*effer. ; : ‘ ;
L’Anchylofe fuecèdê encore aux contufions
des articles, aux fecouffes qu’ont éprouvées les
têtes & les cavités articulaires , dans les fauts,
& les chûtes fur les pieds, & généralement dans
toutes les circonftances ou les effets de la commotion
fe font communiqués aux articles , &
que les accidens qui en font furvenus , n’ont
point été combattus convenablement par la fai-
gnée , & les remèdes généraux. Les enrorfes,
par cette raifon, donnent fouvent naiflance aux
Ancbylofes, fur-tout quand elles font confi-
dérables , que les ligamèns & les cartilages articulaires
ont beaucoup fouftërr \ & que la douleur
& l’inflammation qui fouvent accompagent
cettg affeétion, empêchent de mouvoir le membre
pendant fort long-tems. Dans cettecirconflance,
la fynovie fouvent s’épanche , & en allez grande
quantité entre les pièces articulées y elle acquiert
une denfité très - grande , & un caraétère de
lenteur, qui imite celle d’une terre molle j &
qui s’endurcifTantdeplus en plus,: ne peut que con*
tribuer davantage à fonder les os. On voit ainfi
cette matière de la fynovie endurcie , fouder
chez les goutteux les- articulations des doigts, &
rendre ceux - ci tout crochus.
Il eft facile, d’après lés détails où nous venons
d’entrer fur la nature des Anchylofes, d’établir
leur diagnofiie. La mobilité, on l’immobilité du
membre, càraétérïfe les deux principales efpèces,
& les circonftances qui ont précédé les Anchylofes
mobiles, font connaître fi celle qui fe préfente
I eft curable ou non. Une Anchylofe qui furvient
i à une luxation non réduite, eft plus facile à
; guérir lorfqu’on peut replacer l’os-, que celle
qui furvient après la- réduction. Les Anchylofes
anciennes préî'entent plus de difficulté que les
récentes $ celle qui fuccèdent long-tems1 après
une fraéture, des -fuppu ration s dans l’intérieur de
[ l’article, offrent pins d’incertitude fur la réuf-
fite que celles qui font dû.es "à un épaiffiffement
de la fynovie ,ou au trop grand repos des articles.
L’Anchylofe vraie, confidérée comme maladie
des articles, ne demande aucun remède quelconque.
L ’incurabilité eft conftaréepar l’impoffibiiité
phyfique où l’on eft de redonner aux pièces articulées
le'mouvement qu’elles avaient précédemment
-, tout ce qu’on pent faire, c’eft de fubvenir
aux accidens qui peuvent les accompagner, par
diffiérens moyens variés félon leur nature. Il n’en
eft pas ainfi des fauffes, on peut les traiter, & même
avec plus ou moins de fuccès. Quand on préfume
que la maladie provient d’un épaiffiffement
dans la fynovie , dans les ligamèns on capfulès de
Farticularidn^il faut chercher à réfoudre l’engorgement
par des douches d’eau chaude données de
j fort haut, & dans laquelle on aura fait fondre
I quelques gros de fel ammoniac , de fel marin ,
ou de fel fixe de tartre. M. Le Dran cite, dans
fes Obfërvations de Chirurgie , une Anchylofe
de la cuiffe avec l’os innominé, qui, fut guérie
par ce feul moyen j mais il faut le continuer
îeng-tems, & que la douche dure au moins une
heure, & qu’elle foit répétée deux fois dans la
journée. Dans les intervalles on couvre toute la
partie Anchylofée avec des veflies remplies de
décoélion de camomille chaude à un degré fup-
portable, & on les renouvelle de deux heures en
deux heures. A fiez fouvent il fort une fueur
épaifle, qui eft plus ou moins abondante •, il faut
la favori fer en couvrant Amplement la partie'
avec des linges chauds qu’on a foin de renou-
veller de tems-en-rems. S’il y a peu de gonflement
dans l ’arricularion, qu’on foupçonne une
trop grande fecherefîe ou rigidité clans les Iiga*
mens, comme il arrive quelquefois dans lefeorbu*
au troifième degré ; les bains de Vapeurs pris
plufieurs fois dans la journée , les câtaplafmes
émoLiions , les linimens avec les huiles,douces y
comme celles de lis, de pavots, font le^ opiques
les mieux indignés. Ce font les- remèdes qu on
preferit
preferit avec le plus d’avantages dans les An-
chylnfes à la fuite des luxations , pour amollir
les ligamèns tendus, délayer l’épaifliffement
de la fynovie, & faciliter le travail de la réduction.
Quand il y a du gonflement , & qu’on
préfume qu’ il eft dû à la ftâfe de la fynovie dans
l'articulation, & au relâchement des capfulès, on a
recours d’abord aux eaux fulphureufes réfolutives
Si à toutes celles qui contiennent du fer diffous
par l’hépar de fourre. Les eaux d’Àix - la - Chapelle
, de Bourb jn j de Barèges, & même nos
eaux de Montmorency, près Paris , font alors
fort miles. M. Deffault, dans fa diflertation fur
la pierre , cite l’hiftoire d’un Officier qui fut
guéri d’une Anchylofe au genou > par les bains
des eaux de Barèges & les friétions. Les boues de
quelques - unes de ces eaux peuvent également
être très-miles, appliquées en eataplafmes dans
les intervalles où l’on ne prend pas les bains. Les
remèdes doivent être aidés des fondant intérieurs
, & notamment la folution de l’âlkali de la
foude, qui eft un des meilleurs fondans de la
lymphe qu’on connoiffe. Peut-être, dans celle-ci,
un large yéficatoire appliqué fur la partie
auroit-II fon avantage? En le preferivant nous
n’avons pour garant du fuccès, qu’une obferva-
fion de Fabrice d’Aquapendente. Ce Praticien
dit qu’un homme de naiflance eut une tumeur
au genou, qui éroit dure , & qui lui ôtoir tout
mouvement. Capivacci fut appelle avec Fabrice,
& regardant tous deux la maladie comme incura-
b 'e , ils preferivirent les boues thermales pour
topiques. Mais, pendant qu’on y difpofoit le malade,
un empyriqne appliqua fur la tumeur, un
emplâtre chaud , que Fabrice crut être fait avec
la douve \ la rumeur devint plus volumineufe,
il furvint de l’ inflammation ,1a douleur étoit confi-
dérable *, néanmoins, après que tous les fymptotnes
furent appaifés, l’articulation commença à devenir
pins libre j foit comme le dit Fabrice, parce que la
matière avoit été appellée du dedans en dehors, ou
parce que l’humeur épaiffie ayant été échauffée,
elle aura étéatrénuée par le topique, comme s’il
eût été appliqué d’après une indication raifonnée.
Il eft difficile de remédier aux Anchylofes qui
font la fuite de fraélures à l'article 5 car comme on
a tout à craindre de déranger les pièces fraétu-
rées, fi on vouloir éviter le premier accident, on
tomberoic dans lautre. Il faut donc attendre que les
pièces foient fuffifamment consolidées, avant de
tenter aucun moyen prppre â remédier à l’accident
qui eft fecondaire. Mais quelquefois la
maladie première eft accompagnée d’un tel dégât
dans l’article, qu’il n’y a qu’ une bien petite
efpérance de fuccès ; c eft au Praticien à combiner
les mouvements légers du membre avec les
topiques qu’il emploie, de manière que les accidens
de la fracture ne pu iffent devenir plus
fâcheux. M. P etit, toujours inquiet fur l’épanchement
de la matière du cal , preferit ici des
Chirurgie, Tync L ex I f* Partis*
bandages j dont la bonne application , dit-il,
préferve de cet inconvénient $ il eft difficile de
concevoir comment le fuccès aura lieu dans une
grande articulation,entourée de mufcles, & fu r
laquelle il eft aflez difficile de diriger convenablement
les tours de bande , pour produire l’effet
qu’on defire.
L ’Anchylofe, qui eft la fuite d’une luxation, ne
fe guérit que par la répofition de 1*09 luxé en fi
cavité première •, mais, pour que l’opération puifte
fe faire, il faut que la luxation ne foit point
ancienne , ni trop nouvelle non-plus *, il faut
qu’on puiffe mouvoir l’os déplacé, & que remis
dans fa cavité, il puiffe y être maintenu. Les
procédés qu’on fuit en pafeil c a s , font ceux qui
font relatifs à l r réduction des fraélures. Voy.
F r a c tu r e s ., Mais, quand cette réduétion eftitn-
polfible , il ne refte plus qu’à favorifer, & exciter
les mouvemens que l os déplacé exerce encore fur
une furface qui ne lui eft point propre \ afin qu’il
puiffe s’y former une articulation. Il faut avoir fom
de ne faire toutes ces tentatives de réduéüon ,que
quand les accidens locaux primitifs font en
partie diffipés; & de faire précéder les bains &
les douches d’eaux fulphureufes quand le déplacement
eft ancien, & qu’on a à craindre que
la caviré naturelle de l’article foit gorgée. M. Petit
cite des fuccès qui méritent d’être lus dans fon
ouvrage même ", nous y renvoyons.
Les Anchylofes, qui font la fuite de maladies
inflammatoires dans les articles, dégénérées en
fuppuration, font en général les plus fâcheufes.
Elles font fouvent accompagnées de fufées. de
pus qui fe portent au-dehors, vers les endroits
où elles trouvent le moins de réfiftance -, fouvent
la carie attaque les o s , & donne au pus qui s’en
échappe, une odeur infeéte, & une couleur plus
ou moins noire. Les douleurs font intermittentes*
& généralement beaucoup plus fortes lorfque le
pus veut fortir au-dehors •, ce qui a lieu en des
tems aflez diftérens. Le traitement de cette efpèce ,
dans fon commencement, exige les bains y les
douches d’ eaux chaudes, les catapiaûnes émoi-
liens , les fomentations d’eau de tripes, & autre*
émolliens. Quand la maladie eft plus avancée,
& qu’elle eft portée au point dont nous venons
de parier, elle eft alors l’écueil du favoir du Chirurgien*,
aufli le plus fouvent fe contente-t-on
d’abandonner le mal à la nature, quand il eft
dans une articulation qui ne permet point l’amputation
5 ou bien l’on préfère ce dernier moyen,
quoique plus cruel en apparence. Quelquefois
cette efpèce provient d’un virus vénérien fixé,
quand les lignes anamoeftiques étabiiffent cette
caufe , il y a plus d’efpérance *, les grands remèdes,
bien adminiflrés, pouvant la combattre avec
fuccès *, mais quand on la rapporte au rachitis,
aux écrouelles, on peut regarder la maladie comme
incurable. On vante pour cette efpèce, i’emplâr