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fent pu guérir par un traitement bien ménagé,
ii l’on eût été plus attentif au diagnoftic. Difons-
l e , non à la nome de l’art qui eft indépendant,
de l’ignorance des hommes $ mais à celle d’un
grand nombre de ceux qui l’exercent : que cette
erreup a tourné fouvent à l’avantage du charla-
tanifme. Combien en effet ont été guéris en pareilles
circonftances par les fecours- où ils n’au*
roient dû trouver qu’une augmentation à leurs
maux, fi l’on ne: fe fût point mépris fur le véritable
earaélère de leur maladie !
M. Bell prefcrit dans ce cas les embrocations
avec l’huile d’olive la plus pure, & la plus chaude
qu’on puiffe la fupporter. On les fait trois fois
par four , en les étendant au-deffus de l’article,
& vers les mufcîes où probablement la caufe de
la roideur exifte plutôt que dans les tendons qui,
par eux-mêmes, ne font fufceptibles d’aucune
force de contfaélion. Les bonnes femmes, dans
les campagnes, confeillentl’application de l’épiploon
d’un mouton, au moment même où on le
v retire de l’animal : ce moyen fimple agit d’après
les'mêmes principes que le précédent, & doit
être réitéré au moins deux fois le jour.
Lés moyens dont nous venons de nous occuper,
n’ont rapport qu’à la circonftance où il
n’y aaucune formation de matière mais, quand
cette formation a lieu , doit-on défefpérer pour
cela, & recourir à l’amputation comme on l’a
quelquefois fait ? Non certainement 5 car on
peut, en ouvrant convenablement chaque abcès
^ 'auffi-tôt que la fluéluation fe fait fentir,
empêcher que le pus ne fufe dans l’article &
n’y occafionne par fon féjour un dégât qui ren-
droit l’amputation indifpenfable; l’ufage duféton,
en pareil cas, peut donner iffue à la matière du
pus , & ainfi éviter la néceffité de recourir à une
opération fi fâcheufe. On appliquera des cata-
p! afin es , &Pon entretiendra la fuppuration des
ouvertures par les digeftifs convenables, de cette
manière le dégorgement fe fait 3 & peu - à - peu
lès parties prenant leur reflort , la guérifon
devient complette. Cette méthode de traiter les
fupurations des articles au moyen du féton,
nous paroît préférable à celle qu’adopte J. L.
Petit , dans fon Traité des maladies des
o s , & celle qu’emploient beaucoup de Praticiens.
Cet Auteur confeille les grandes incifions avec
trop de perfuafion. Il efi reconnu que l’air eft
l ’ennemi de toutes les furfaces articulaires mifes
à découvert^ quels accidens ne doit-on donc pas
craindre d’une pareille méthode ? Une incifion
convenablement pratiquée, & là où il faut une
bonne pofition du membre, propre à favorifer
l ’ifiue du pus, des contre-ouvertures, & des comprenions
expulfives bien faites , vaudront toujours
beaucoup mieux que ces taillades, où l’on
coupe comme en plein drap, fans aucune connoif-
fance du malaéluel, ni des événemens que la
démangeaifon d’opérer n’occafionnç que trop
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fouvent ici comme en toute autre circonftance. Les
maladies dont il s’agit, font moins foumifes à
la routine que celles de toute autre partie, & c’eft
dans leur traitement que le Chirurgien peut faire
voir toute fon expérience & fa fagacité.
Le gonflement des articles qui vient de caufe
fcrophuleufe, eft beaucoup plus rébelle que celui
qui eft occafionné par la nafe d’une acrimonie
rhumatifmale *, il eft accompagné fouvent d’ouvertures
fiftuleufes qui jettent une a fiez grande
quantité de pus ichoreux. Quand l’article eft peu
étendu, on peut parvenir à guérir , en aidant aux
efforts que la nature tente pour brifer, & atténuer
la matière fcrophuleufe dans toute l’étendue du
fyftême ; mais lorfque le mal eft au genou, à la
hanche ou au coude, il ne refte d’autre reffource
que l’amputation quand elle eft pratiquable ,
encore ne peut-on point affurcr que le vice général,
en reparoiffant ailleurs, n’amènera pas une maladie
fecondaire. Quand L’incertitude fait rejetter ce
moyen, il ne refte plus que le traitement palliatif
& fpécialement les opiacés & le quiquina.
I.’hydropifte des Articulations üydarthron f
quoique rare , fe manifefte néanmoins quelquefois
par Paélion des mêmes caufes qui déterminent
ailleurs la ftafe de la férofité. Les fecoufles & en-
torfes, un vent froid chez les perfonnes naturellement
foibles & cacochymes, pi donnent fouvent
lieu. L’on diftingue l’hydropifie de l’article,
à une tuméfaélion circonfcrite, qui fouvent vers
les derniers tems, s’étend à deux ou trois pouces
au-deffus comme au-deffous de la rotule, aux
mouvemens libres- de cet os , quand la maladie
occupe l’Articulation du genou, à la fluéluation
qui eft évidente quand la diftenfion du fac, ou
ligament capfulaire qui contient les o s , n’efVpoint
trop grande, & à une certaine tranfpatence de la
tumeur , mais ce figne n’eft pas toujours évident,
encore moins au commencement. Ces lignes qu’on
donne comme les plus certains, ne peuvent guères
fervir dans les Articulations profondes-, enrourées
de beaucoup de mufeles, comme à celle de la
hanche, on eft réduit alors aux conjeétures.
Quand l’épanchement n’eft point encore bien
avancé, il faut chercher à confolider, & corro-
dorer les parties trop relâchées, qui laiffent ainfi
échapper laférofité. M. Haffner recommande dans
le commencement les douches d’eau froide, les
fomentations avec l’urine du matin , les eaux
minérales chaudes, on la décoéïion de ciguë ,,
en aidant Jes effets au moyen des hydragogues
des diurétiques, & des fudorifiques. Cet Auteur
dit avoir réufli plufieurs fois avec ces remèdes.
Je n'héfiterois point en pareille circonfiance à
appliquer un large véficatoire fur l’Articulation,
& à entretenir l’écoulement pendant long-temps.
L ’hifioire que nous avons rapportée à l’article
A n ch y l o s e , d’un homme guéri*de cette maladie
par un cataplafmc de douve, & rapportée
par Fabrice d’Aquapendente, ne fait que con?
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firme!* notre opinion. On trouve dans les Medical
Commentants, une obfervation qui eft bien en
faveur d’une pareille application. Comme les
préceptes n’ont de valeur qu’aufant que la pratique
leur eft favorable, nous l’extrairons de
l’ouvrage , en rapportant les propres exprefiions
de M. Orred , l’Auteur, a Dans le Printemps de
l ’année 1775 , on me pria de voir Mifs Lithtfpot
de Hoole, à deux milles de Chefter. Elle fouffroit
une douleur confidérable depuis plufieurs fe-
maines, occafionnée par un gonflement blanc au
genou, qui avoir commencé depuis l’âge de quatre
ans *, elle en avoit alors vingt-quatre, & étoit
d’une foible complexion. Le genou étoit monf-
trueux, d ur, noueux,.& les faillies naturelles
étoient entièrement effacées, la peau étoit brillante,
polie , & d’un pâle jaunâtre , la jambe & la cuiffe
étoient fingulièrement amaigries. D’après la très-
grande douleur que la malade éprouvoit, je' ne
doutai point que l’article ne pafsàt bientôt à la
fùppuration, aufli confeillai-je auffi-tôt l’application
d’un véficatoire à l’entour de la tumeur.
Mon prognoftic fâcheux détermina, quoiqu’avec
peine , les parens à fuivre mon avis pendant trois
mois. Le genou fut panfé tous les jours avec un
dig.eftif, où entroient les cantharides à bonne
dofe, ce qui occafionna une fuppuration complette.
Les douleurs furent rrès-augmentées par,
ce traitement, malgré les opiacés quelle prenoit
tous les jours, & les évacuans qu’on lui donnoit de
temps à autre. Deux mois après la première
application des véficatoires, environ, il fe fit une
luxation en levant la jambe, qui jufqu’alors avoir
été pliée en arrière, fans que la malade en fouffrît
beaucoup. Je remis la jambe dans la. première
pofition, & je recontinuai encore pendant un
mois l’üfage des.véficatoires *, après lefquels je les
ceffai, & quand l’inflammation fut un peu dimi-
minuée, je fis un bandage ferré pour maintenir les j
parties dans leur pofirion naturelle ; elles fe
raffermirent peu-à-peu , & au bout de quelques
mois, la malade avoit recouvré en partied’ufage de
jambe. Elle porta ce bandage pendant environ
deux ans, l’Articulation en devint roide, mais
après il fur vint du relâchement, & depuis peu
ayant examiné le genoux je trouvai qu’il jouiffoit
d’une allez grande flexibilité| la jambe eft un peu
plus courte que l’autre, mais fans difformitésien-
i f f j f >5 Les Anciens étcier.t plus courageux que
nous dans le-traitement de ces fortes depanche-
mens *, ils avoient recours aux cautères a duels ,,
& les fuccès qu’ils en éprouvoient, les confirmoient
de plus en plus dans leur ufage. Uruntur aniculi,
dit Fabrice d’Aquapendente , d’après la doélrine
des Anciens, tribus potijjimiim cajibus, aut ad
dolorem leniendum, aut ad humorem evacuandum ,
aut adprolapfum, & prorsus relaxatum articulant
contrahendum ac reflituendum. Cet , Auteur eft on
ne peut plus exaéï fur l’étiologie de la maladie
qui nous occupe. Quelquefois, d it-il, la tête des
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os ne s’échappe de la cavité que par la préfence
de l’humeur pituiteufe qui s’amaffe dans l’article,
ou qui fe répandant fur les ligamens d’alentour *
les relâche de manière que les os ne trouvent
aucune difficulté à s’échapper. Le cautère aéluel
peut avoir ici de très-grands fuccès quand on en
dirige bien l’application : Hippocrate le vante dans
les feiatiques anciennes & rebelles, qui paroiffent
d'après fon texte provenir de la caufe dont nous
parlons: Quibus diutumo dolore , dit-il, ifchiadico
vexatis coxa excidit, iis fémur coptabefcit, 6*
claudicant nifi urantur. Non-feulement ceci arrive
à l’Articulation de la cuiffe avec la hanche, mais
encore à celle du bras avec l’omoplate , ainfi
qu’on peut s’en convaincre en lifant le commencement
de fon Livre de Articulis. Galien, en
commentant l’Aphorifine d’Hippocrate, fait remarquer
que l’uflion n’agir ici qu’en defféchant
& refferrant les ligamens qui alors ramènent l’os
dans fa place ordinaire quand la maladie eft
accompagnée de luxation. Aëtius recommande, le
même procédé dans les mêmes affrétions du talon,
du pied, & du poignet. Les cautères potentiels,
quoique corrodans, ne peuvent fervir en cette
circonftance/, ils ne pourroient,. comme l ’obferve
très-bien Fahrice d’Aquapendente , crifper &
corruger comme l’aétuel, & leurs effets "ne s’étendent
point affez au loin , comme ceux des autres.
Dans les paffages où il eft fait mention du cautère
aéluel, Hippocrate entend toujours le fer rougi
au feu , ferramenta candentia. Cependant il n’em-
ployoit pas toujours ce moyen, ainfi qu’on le peut
voir parle paffage fuivant de fon Livre De AjfeSio-
nibus, où il dit, urito , quocumque loco dolor fuerit,
urito autem lino crudo. Ce lin crud, dont fe fen oit
Hippocrate, étoit un lin tors en forme de petite
corde, & très-fufceptible d’ignition. Ceux qui ont
fuivi cette doélrine d’Hippocrate ont toujours,
appliqué le cautère fur le lieu même de la maladie.
On doir, quand on a recours à ce moyen ,
auquel la pufillanimiré fouvent s’oppofe, préférer
l’amadou ordinaire , dont on fait un petit cône
avec Hn fil de laiton, & qu’on allume enfuite en.
le laifiant fe confumer fur la partie. Ce moyen
qui paroît moins cruel que celui des Anciens,
opère avec la même efficacité, & l’on y revient
félon que les circonftances le demandent. Une
attention qu’.il faut avoir en brûlant les articles,
eft de n’appliquer après l’uftion aucun topique
quelconque pour diminuer la douleur, car elle
entre pour beaucoup dans le fuccès de l’opération.
M. Pouteau de Lyon cite plufieurs anchylofes
guéries par ce moyen ; fans ajouter toujours foi à
Ce que dit cet Auteur, fi grand partifan du feu
dans les maladies des Articulations , il eft certain
que ce moyen peut avoir de grands avantages dans
celle dont nous traitons aéluellemenr.
Mais quand l’épanchement eft porté au plus
haut point, que la fluéluation eft évidente, ^
qu’on a tout lieu de croire que la réfôrprion n’efî
Z ij