
cela n’eft pas bien douloureux pour l’enfant, les
gencives étant des organes très-peu fenfibles. L ’in-
cilîon fournit quelques gouttes de fang ; mais
jamais elle n’ en donne allez pour caufer la moindre
inquiétude, i l n’eft pas néceflaire de faire
aucune application fur la plaie, qui ne tarde pas
®fe réunir à fa partie la plus éloignée de la Dent,
$ la gencive a une certaine épaiffeur -, mais, lorfque
celle-ci eft déjà fort amincie , elle fe retire de
deffus la Dent dont elle laiffe la couronne à
découvert.
La fortie des Dents de fagefle eft fouvent accompagnée
d’une circonftance qui n’a pas lieu pour
les autres Dents , & qui contribue à la rendre
plus difficile , c’eft que ces Dents ne trouvent
pas, dans les mâchoires, la place néceffaire pour
fe loger. Lorfque cela fe rencontre ainfi dans la
mâchoire fupérieure' , là Dent eft fouvent re-
poufl'ée en arrière , ce qui fait qu’elle vient comprimer
le bord antérieur de l’apophyfe coro-
noïde, chaque fois que l’on ferme la bouche,
& quelle occafionne ainfi beaucoup de douleur.
S i c’eft à la mâchoire inférieure, la Dent demeure
en partie cachée dans la bafe de cette
apophyfe, &- recouverte de la gencive, qui fe
trouve comprimée entre cette Dent & la Dent
oppofée, à chaque mouvement'des mâchoires.
En pareil cas , iî faut divifer entièrement la gencive,
& fouvent cette précaution n’eft pas fuffifan-
te. Le feul moyen qui refte, pour remédier à
cette incommodité, eft d’arracher la Dent ou les
Dents qui l’occafionnenr.
Il n’y a point de Praticien qui n’ait été appellé
à voir des cas de maladies occafionnées par la
Dentirion ; ils font fi fréquens, qu’il pourra paroi
rre inutile d’en citer aucun en particulier • &
l ’on ne finiroh pas, fi l’on vouloir donner des
exemples de tous les maux produits par cette
caufe. Nous croyons cependant faire ptaifir à nos
Lecteurs, en rapportant quelques faits affez fin-
guliers, & qui montrent, tout extraordinaires
qu'ils font, ce que l’on peut attendre de la méthode
que nous avons propofëe. Ces cas font
racontés par M. Humer > dans fon excellent
Ouvrage fur les maladies des dents, dont nous
avons extrait une grande partie de cet article.
C as L Un petit enfant fut attaqué de contractions
fuafmodiques des mufcles fléchiffeurs des
doigts, & de ceux des orteils. Ces fpafmes^al-
lèrent au point de tenir les doigts & le pouce
conftamment fermés & comme tordus. On avoit
employé pendant plusieurs mois tons les anti-
fpafmodiques ordinaires, fans aucun fuccès. M.
Humer incifa les gencives jufqu’aux dents, &
en moins de demi-heure, tous les fymptÔmes
fâcheux furent calmé*. La guéri fon , cependant,
ne fut pas permanente. Les gencives fe cicatrisèrent
y & les dents continuant à croître, elles
eurent bientôt rempli l’ çfpace que leur avoient
procuré les fcarifications, ce qui fit feparoîtrê
tous les accidens *, mais on répéta l’opération,
qui fut de nouveau accompagnée du plus entier
fuccès.
Cas II. Un petit garçon de deux ans, ou environ
, éprouva de la difficulté & de la douleur
en urinant, & il lui fortoit de l’urètre une matière
purulente. On fut d’abord porté à foup».
çonner que cet enfant avoit reçu de manière
ou d autre, i’infeélion du virus vénérien , & les
foupçons tombèrent naturellement fur la nourrice.
Mais ces fympiômes parurent admettre des
intermiflions ils s’appailpient jufqu’à un certain
point, ceffoient même totalement pendant
quelque-tems , & reparoiffoient enfuite- Enfin ,
l’on s*app'ërçut qu’ils revendent chaque fois que
l ’enfant étoit prêt à meme une nouvelle dent ;
& cela fè renouvelia fi fouvent, fi confiamment
& fi régulièrement, qu’il n’y eût plus aucun lieu
de douter qu’ils ne fuffem occaffonnés par U
Dentition.
Cas III. Une femme d’environ vingt.-fix ans,,
fut attaquée, à la campagne, de douleurs violentes
dans la mâchoire fupérieure, qui s’étendirent
enfin fur tout le côté de Ta tête, lemblablcs
à celles qui réfultent d’un mal de dents occa-
fionné par un coup de froid ; il s’y joignit de la
fièvre, & la maladie fut traitée comme une fimple
fluxion. Elle ne céda point aux moyens indiqués
fous ce point de vue ; on crut quelle étoit ner-
veufe,.& les remèdes employés dans cette fuppo-
fition ne réuftirent pas mieux. Quelques mois
après > elle fe rendit à Londres, toujours fout-
frante dès mêmes maux. M. Hunter, en exami:-
nant fa bouche, vit la pointe d’une dent de fa.-
geffe qui paroiffoit prête à fortir *, il incifa la
gencive, & la maladie ceffa immédiatement.
Cas IV. Une femme du même âge que cette
dernière, éprouva de violenres douleurs du^côté
gauche du vifage. Ces douleurs étoient périodiques
^revenant régulièrement tous les loirs à fix
heures. Elle prît du kinkina, des remèdes antimoniaux,
des anodins,fans aucun fuccè’:. Enfin
une des pointes de la dent de fagefle de la mâchoire
fupérieure, venant à fe montrer du côfé
affeélé, on foupççonna la vraie caufe de fes fouf-
frances ; on incifa la g e n c iv e & la douleur ne fe
fit plus refièniir.
M. Tiffot a vtrune femme* de vingt-huit ans,
qui, après avoir beaucoup fouffert à foccafion
de la fortie des deux premières dents de fagefle,
de douleurs très-vives dans la tête & dans les
mâchoires accompagnées de convulflons fortes &
fréquentes, fut débarraffée de ces fymptÔmes,
prefque fans aucun fecour?, Mais au bout de fix
mois, l’éruption de la rroifièrae de ces denrs,
ramenâtes mêmes accidens. Des remèdes vio l'en s
auxquels elle eut recours , déterminèrent une
fièvre très-fâcheufe; enfin les convuÜions ceffèrent
comme les précédentes fois , quand la
dent fut fortie, mais la malade demeura attaquée
d’une phtifie pulmonaire, dont • elle périt peu
après.
DÉNUDATION, Denudatio , état où un os
paroît à découvert. Cet accident eft aflez ordinaire
dans les fraélutes compliquées avec plaies,
dans les bleflùres de tête, &c. On croyoit affez
généralement que tout os qui étoit à découvert,
devoir néeeffaitement s’exfolier *, cette opinion,
qu’on a cru fauffe, a cependant été confirmée
par les expériences de M. Tenon, ainfi qu’on le
verra à l’article Exfoliation. Elle a donné
lieu à ce qu’on confervât, pendant un très-long
tems à découvert, les os dans les plaies avec
Dénudation, toujours dans l’expeclative que la
portion d’os dénudée alloir fe féparer; mais des
obfervations modernes ont fait voir que la Dénudation
de los n’étoit point un obftacle à la
réunion des plaies. L’expérience a appris que des
lambeaux de chairs fe font reçolés aulii aifément
à la furface d’un os découvert, qu’avec les parties
molles. Lorfqu’ il n’eft pas poliible de recouvrir
les os des parties dont ils ont été dépouillés
par quelqu’acGÎdent, la guérifon ne peut fe faire
que par une exfoliarion de la lame extérieure de
l’os; mais la lame qui s’exfolie eft quelquefôis fi
mince, que cette réparation eft infenlible ; c’étoit
pour l ’empêcher , que Beilofte avoit imaginé de
trouer la furface des os découverts avec le trépan
perforatif. On voit croître à travers ees trous,
des bourgeons charnus qui paioiffent recouvrir
effectivement la furface de l’o s , mais elle n’eft
pas confervée par ce moyen; l’exfoliacion infen-
fible s’en trouve feulement accélérée, parce que
la réfiftance que la lame de l’os qui doit fouf-
frir exfoliation, oppofe à l’aétion des vaiffeaux
qui font effort pour la féparer, devient beaucoup
moindre. La Dénudation de l’os eft un
accident qu’on voit quelquefois après les amputations
des. gros membres , où peu de-mufcles
font adhérons dans tonte l’étendue de l’os. Elle n’arrive
jamais lorfque la réfection des chairs a été
bien faite, & que l’os a été fcié bien exactement
au niveau des chairs rétraCtées. Mais lorfque l'os
eft faiilant, les chairs qui le recouvrent fe dé-
truifent affez facilement par la fnppuration, fur-
tout dans les fu jets mal conftitués, ou par le def-
féchement, & alors l’os refte à découvert. La
Dénudation commence toujours par l’extrémité
de l'os faiilant, & fe borne ordinairement à une
certaine étendue de cette extrémité, parce que
les^ chairs qui font vers la bafe de la portion d’os
qu excède la furface du moignon , fourniffent des
vaiffeaux pour entretenir des mammelons charnus
for «ne grande portion de cette faillie. Le terr.s
procureroit la chûte de la partie découverte,
mais l’exfoliation qui s’en feroit, n’empêcheroit
Pas le moignon d’être conique par la faillie de
1 os, ce qui eft un bien grand inconvénient dans
le traitement de la plaie après unê amputation.
Voyez les articles Saillie & Amputation.
Ancienne Encycloped. (ilL Petit~Radel. )
DÉPILATOIRES. On donne ce nom à certains
remèdes caufliques, qui font tomber les poils
de la peau. Il font indiqués dans le cas où une
partie eft couverte de poils contre l’ordre de la
nature. On fe fert, dans cette intention, de chaux
vive et d’orpiments, et pour cet effet on réduit
ces fubftances en pâte avec du favon, en
proportion plus ou moins forte.
DÉPLACEMENT. Nom générique qu’on
donne à tourçs les maladies occafionnées par un
changement contre nature, dans la fituation ref-
peéHve de certains organes. On diftingue trois
genres principaux de déplacemens, favoir, les
Hern ie s , les Chutes & les Luxations.
D É PÔ T , ( de deponere ). D’après la fignifica-
tion propre de ce mot, on devroit entendre par
dépôt tout amas d’humeurs formé lentement
dans quelque partie. L’ufage a voulu qu’il fût
limité aux colleélions de matières purulentes que
la théorie a jugées fe former dans la maffe du
fang , pour être dépofées enfuite dans une
partie quelconque ; & l’on a cru pouvoir l’op-
pofer à la dénomination d’abcès par laquelle on
défigne des turnéurs formées par du pus produit
dans la partie même où il fe trouve , en confé-
quence d’ une inflammation de cette même partie»
Les Chirurgiens cependant ne font pas toujours
fidèles à cette diftinâion, puifqu’on les entend
fréquemment parler de dépôts de la it , dénomination
qui s’applique ordinairement à des engorgement
inflammatoires, furvenus à la fuite des
couchés, & fuivis d’un épanchement de pus ,
ou de férofité purulente. Nous n’entrerons
ici dans aucune difeuflion fur la diftinétion à
faire entre ie dépôt & l’abcès ; fi l’on eft fondé à les
regarder en théorie fous différons points de vue,
Ta Chirurgie pratique n’y met aucune différence»
Voyez Abcès & Suppuration.
DÉPRESSION y [©>«*«. Deprejfio, • introcejjïo
J cranii. C’eft ainfi qu’on appelle la rentrée des tables
du crâne à l’endroit qui a été primitivement frappé,
de même qu’on voit l’extérieur d’un pot d’étain
être enfoncé après un coup porté avec une certaine
violence, il peut fe faire que les os fe dépriment
ou s’enfoncent chez les enfans dont les
os du crâne n’ont point encore acquis tonte la
folidité qu’ils auront par la fuite ; quoique cependant
le rétabliffement qui s’enfuit auffi-tôt , rende
cette Déprefticm affez rare ; mais fouvent aufir
l’on s’eft mépris fur le véritable caraélère de cette
Dépreflion, en croyant qu’elle avoir lieu lorfqefiè
n’y avoit qu’une fimple affeétion des tégumens„
fanspucùn tfice quelconque au crâne. Les Anciens,
qui admettoient communément ce genre de Dé-
preffion , reconnoiffoient aufli divers moyens à'y
remédier ; ils avoient recour» à une ventoufe sèche.,