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que rien ne détermine leur apparition. On doit
toujours le regarder comme une maladie lîmple,
en fuppofant néanmoins que les humeurs foient
de bonne qualité. Mais pour peu quelles foient
acrimonieufes, que l’abcès, fimpie en lui-même,
ait gagné profondément, les voies lacrymales font
affeélées, & du moment qu’il s'y eft fait une ouverture,
la maladie primitivement fini pie, devient
compliquée, &, il y a ce qu’on appelle uneFiftule
lacrymale. Les larmes s’écoulent indifféremment
par l’ulcération & par le canal nafal,. & les bords
de l’ulcère continuellement baignés de cette humeur
qui leur eft totalement étrangère, deviennent
durs, calleux, contournés fur eux-mêmes,
& offrent tous les caractères d’une véritable fif-
tule. ( Voyei ce mot. ) L’Ægylops qui n’eft point
parvenu à ce point de complication, demande un
traitement très-fimple; les déterfifs les plus doux,
unis à un panfemenr bien dirigé, fuffifent p'our
le cîCatrifer. Si la furface n’en eft point rouge &
grainue, comme l’eft celle de tout ulcère qui
tend à la cicatrifation, il faut la faupoudrer légèrement
d’un peu d'alun brûlé, ou ce qui vaut mieux
encore y paffer fuperficiellemem la pierre infernale.
Il faut particulièrement en corroder les
bords, dont la dureté nuit à la formation de la
cicatrice, & faire bien attention à ne point trop
appuyer fur le centre, crainte d’entraîner dans
l'efcatreu ne portion du fac qui feroit défions.
L’oubli des moindres circonftances ici, comme
dans toutes les maladies des yeux, peut avoir des
fuites fâcheufes auxquelles on ne fauroit remédier
quand elles font arrivées, & qu’on pouvoir néan-_
moins prévenir par une petite attention!* ( M. P e -
t i t -R a d e i .)
ÆGYPTJAC. G’eft le nom d’une compofi-
fion dont Méfué paffe pour l’inventeur. On lui
a donné mal-à-propos le nom d’onguent, puif-
qu’il n’y entre ni huile, ni graille ; les ingré-
diens dont elle eft formée font Je miel, le vinaigre
& le verd-de-gris, comme on peut le
voir dans les Pharmacopées. C’eft un excellent
dérerfif, & fort recommandé "pour détruire les
excroiffances fongueufes. On le rend plus ou
moins aelif, en augmentant ou en diminuant la
dofe de verd-de-gris.
ÆTIUS étoit d’Amida en Méfopôtamic; il
vivoit fur la fin du cinquième fiècle II étudia
& pratiqua la Médecine à Alexandrie. Il joignit,
à la pratique la plus honorable de fon état, la
charge de Chef de la fuite de L’Empereur, que
les Romains nommoient cornes objequii.
Ses Ouvrages, où l’Anatomie eft très-négligée,
renferment d’excellentes chofes fur la Chirurgie.
Cet Art doit beaucoup à fes travaux, & fur-tout
à fa propre-expérience. La caftration & beaucoup
d autres opérations chirurgicalés lui appartiennent
réellement, par les déesuverres qu’il a
ajoutées aux anciens procédés. On trouve, dans
fes ouvrages ^ un grand nombre de queftions chi-
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rurgicales, dont Celfe, Galien, ni Paul d’Egine
ne font aucune mention -, la defeription détaillée
qu’il donne de l'Anafarque, & l’ufage du cautère,
foit athiel, foit potentiel, en font la preuve. Il
appliquoit le cautère dans la paralyfie fur-tour, &
l’ufage fréquent qu’il en faifoit ne permet plus aux
Modernes de douter, d'après fes ouvrages, que
ce remède fur connu des Anciens. Il le regardoit
comme le feul dont on put efpérer quelque fuccès
dans l’afihme invétéré*, dans ce cas, il en appliquoit
jufqu'à 16 au malade, & fuivoit la môme
méthode dans le traitement de l'empyème & de
la phthyfie.
Il a laiffé un excellent traité fur la rnorfure
des animaux enragés-, ou il recommande de tenir
la plaie ouverte pendant 60 jours, & de la rou-
vrir par.un cautère , fi elle vient à fe fermer. Ceux
qui ont écrit dernièrement fur le traitement local
de cette maladie, ont pris beaucoup de lui, fans
feulement daigner le citer. Il paroît aulîï que les
fêtons ne lui éroient pas inconnus. Partifan des
remèdes externes, il a écrit un livre entier fur
les emplâtres, où il a recueilli tout ce que Galien,
les Perfes & les Grecs ont dit de meilleur. Ce
qu’il dit en particulier des réfolutifs & des fup-
puratifs prouvent qu’on ne feroit pas aujourd’hui
uns- plus judicieufe application des topiques. Néanmoins
cet ouvrage renferme beaucoup d’erreurs;
il eft éronnant qu’un homme aufli éclairé, d’ailleurs,
ait écrit qu’il exifioit une onguent qui pût dit
fiper les abcès.
Ætiusaembraffé, dans fes ouvrages, prefque toutes
les parties de la Chirurgie. Il a un chapitre
de la goutte qui mérite d’être lu. Nous avons de
lui : Contractes ex veteribus Medicîna Tetrabïblos
Venet, 1543, in-8.° Bafilea, 1535. 4 2* 4 9 * in-fol.
Lugduni, 1549. ia-fol. Lugd. 1560. 4 vol. in-12.
Excerpta de Balneis l. liber de febribus. (M. P x -
t i t -R a d e i .)
AIDE , Minifier. On appelle ainfi toutes les per-
fonnes que le Chirurgien emploie pour lui porter
fecours dans les opérations qu’il pratique fur le
corps humain. Autant qu’il lui eft poflihle , il
faut qu’il emploie ceux qui fe 'deftinent à la pratique
de l’art de préférence à d’autres, qui n’entrer
oient point dans les vues qu’il peut avoir, & qui
ne connoîîroieritpoint la nécdfnédelui obéir, &
encore mieux de le prévenir. Aufli, la plupart du
teins, les Aides, dans les Hôpitaux, font-ils des
Elèves qui font déjà exercés dans la pratique des
opérations ( yoye\ Elève s ). 11 eft certaines opérations
où l’Aide doit être aufii inftruit que l’Opérateur
, pour fuivre exactement toutes fes vues >
fans que celui-ci même ait befoin de lui parler.
Celui quittent la fonde, dans certaines méthodes
de tailler, qui fait l’extenfion dans la réduction
d’une fraCture, d’une luxation , qui tient le tourniquet
dans l’amputation , qui offre les inflrumen.s
dans une opération 5 doit néceftairement être aufli
habitué aux procédés opératoires que celui qui
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les met en exécution. J’ai vu un Opérateur être
obligé de céder fa place à un autre, en faifant
une amputation , parce qu’il s'étoit bleffé en prenant
un couteau droit qu’un élève ignorant lui
avoit imprudemment préienté par la pointe. Ainfi,
dans la réfection d’une amygdale, celui qui tient
l’érigre où eft accrochée la tumeur, doit être
affez inftruir pour la tirer convenablement à lui,
& fuivre ainfi tous les mouvemens de l’Opérateur.
En général, moins on a d’Aides dans
une opération > plus fûr on eft de fes procédés ;
il faut, autant qu’on le peut, s’en paffer, car tels
infiruifs qu'ils puiffent être,, ils n'entrenr pas
toujours dans les vues du Chirurgien; & alors,
au lieu de lui être utiles, ils lui portent obftade.
[M- P e t i t - R ad e i ., )
AIGUILLE. Les Chirurgiens fe fervent d’Ai-
guilles ordinaires pour coudre les bandes & autres
pièces d'appareils. Il y en a de particulières
pour différentes opérations. On fe fert d'Aigùilles
pour la réunion d^es plaies & pour la ligature des
vaiffeaux. Ces Aiguilles font courbes; on y confrère
trois parties, la tête , le corps & la
pointe. La tête doit avoir moins de volume que
le corps ; elle eft percée d’une ouverture longuette
» entre deux rainures latérales plus ou
moins profondes, fuivant les d!menions de l’Aiguille
; l’ufage de ces rainures eft de contenir
qne partie des fils qui traversent'- 1-Ouverture ou
1 oeil, afin qu'ils pafient facilement dans les chairs.
Les rainures & l’oeil doivent fe trouver du côté
des tranchans; le corps de l’Aiguille commence
où finiffent les rainures; il doit être rond , &
commencer à s’applatir , ou à former un triangle,
en approchant delà pointe ; la pointe eft la
partie 1a plus large de l’Aiguille, elle doit en
comprendre le tiers. Suivant l’ufage le plus ordinaire,
on lui donne la forme d’un triangle dont
la bafe eft plate en-dehors; les angles qui terminent
cette furface font tranchans , & par conséquent
très-aigus. Le commencement de cette
pointe eft large, & diminue infenfiblemenr juf-
qu à l’extrémité, qui doit être affez fine pour
faire le moins dedouleur qu’il eft poffible, mais en-
même-teins allez folide pour ne point s’émouffer
eh perçant le tiflïi de la peau. La bafedu triangle
dont nous avons parlé, forme le dos ou la convexité
de l’Aiguille; la furface concave eft double,
ce font deux bizeaux féparés par une vive
arrête. Par cçtre conftTuéïion, le corps & la tête
armée des fils paffent facilement par l’ouverture
que la pointe a faite ; & le Chirurgien ne rifque
point de febleftèr, le corps de l’Aiguille n'étant
point tranchant ; condition que la plupart des
couteliers négligent en les fabriquant ; au refte,
là forme triangulaire qu’on donne à la pointe de
ces îortes d’Aiguilles n’eft pas néceffaire; elles
0Rt auffi commodes, & pénètrent avec tout autant
de facilité , lorfque la pointe eft plate, & à
«eux tranchans feulement ; d’ailleurs le tranchant
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qui fe trouve fur la partie concave les rend plus
fujettes à bleffer des artères, & d’autres parties
délicates qu’elles peuvent rencontrer*
La courbure mal faite donne une grande imperfection
aux Aiguilles ; & cette imperfection eft
commune. Il ne faut pas que la courbure foie
particulièrement affeCtée àla pointe ; tout le corps
de l’Aiguille doit contribuer à former un arc,
car l’Aiguille, en pénétrant àjune certaine diftance
de l’autre lèvre, doit décrire une ligne courbe
dans toute fon étendue ; & fi toute l’Aiguille ne
contribue pas également à la formation de fa
courbure , l’opération fera plus douloureufe
& plus fujette à caufer des accidens, parce
que la tête & le corps formant une ligne droite,
ne pourroient traverfer les chairs qu’en froiffant
confidérablement le paffage. M. Bell recommande
cependant de ne pas courber la tête des Aiguilles,
& il nous affure , d’après fon expérience. qu’elie9
en font plus faciles à introduire & à manier.
Il y a des Aiguilles de différentes grandeurs &
de diffërens degrés de courbure, félon la profondeur
des plaies; on proportionne toujours le volume
du fil à celui des Aiguilles, comme l’Aiguille
à la plaie. Voye[ les articles S u t u r e , Pl a ie j
A r t è r e .
Les Aiguilles pour la future des tendons, ont
le corps rond; la pointe ne coupe pas fur les côtés ;
elles font plates par cette extrémité, où il n’y a
qu’un tranchant dans la concavité, la partie convexe
étant arrondie & mouffe; cette conftruélion
a été imaginée pour que l’Aiguille ne fît qu’écarter
les fibres tendineufes, qui font difpofées parallèlement
; l’oeil de cet inftrument doit, par la
même raifon, répondre à fon tranchant & à fon
dos , afin que le fil palïè plus facilement, & n’écarte
pas trop les bords de la plaie qu’il a faite.
Les Chirurgiens font tous les jours moins d’ufage
de la future pour la réunion des tendons, ce
qui probablement fupprimera tout-à-fait l’ufage
des ces Aiguilles. Voye\ T en don s.
Les Aiguilles pour le bec de lièvre } font toutes
droites & applaties d’un bout à l’autre, afin qu’appuyant
par leur côté le plus large fur les chairs,
après qu’on les a garnies de la ligature quelles
font deftinées à retenir, elles foient moins fu-
jetfés à les couper. On fait ces Aiguilles avec
de l’or plutôt qu’avec tout autre métal »parce que
l’or n’eft pas fujet à la rouille, & qu’il eft plus
facile d'y entretenir la propreté qu’on ne peut le
faire, même fur l'argent ; quelques perfonnes
ont cru devoir donner à ces Aiguilles des pointes
d’acier, mais cela n’eft pas néceffaire , parce que
l’on peut faire les pointes d’er auffi dures &
aufli tranchantes que l'exige l’opération à laquelle
ces Aiguilles font deftinées. Voy.BEC de l iè v r e .
Il y a une Aiguille particulière pour la ligature
de l’artère intercoftale. Oo en doit l ’invention
à M. Goulard, Chirurgien de Montpellier;
elle reffemble à une petite algalie; fa tête eft en