
voit être. En opérant l’un, toute l'humeur vitrée
s’échappa avec ie crifiallin, & l’oeil s’affaifla entièrement
vers le fond de l’orbite. On prévint cet
accident fur l’autre , le crifiallin fut extrait, fans
qu il s’échappât rien de l’humeur vitrée, & dans
le cours environ de trois ou quatre femaines , à\\
dater de l’opération , les deux yeux avoiem le
naême volume, leur apparence étoit la même,.
& la perfonne voyoit également des deux côtés.
Dans la méthode que nous venons d’indiquer,
Ton fait une incifion femi-circul'aire, qui fait la
moitié de la circonférence inférieure de la cornée.
M. de Wenzel ayant trouvé quelques incon-
véniens dans cette méthode , tels que le rifque
de blefler la caroncule lacrymale, la veine angulaire
, le nez même , il lui préfère l’incifion oblir-
que£ faite comme nous l’avons repréfentée dans
une de nos Planches. J1 y trouve les avantages
fui vans y i.° de prévenir une trop prompte cfFufion
de l’humeur aqueufe, & par fuite la bleffore de
l’iris -, i.° de permettre une plus grande incifion, &
conféquéminent une fortie plus facile du crifiallin
\ y.° enfin d’expofer l’incifion à une preflion
égale des deux paupières', & de cette manière
dit-il, les lèvres de la plaie étant confiamment
rapprochées l’une de l’autre , leur réunion efi
plus prompte , la cicatrice moins apparente, &
les ftaphvlomes moins fréquens. Lorfqu’au contraire
l’incifion de la cornée efi horizontale, les
paupières venant à (e gonfler, & celle d’en-haut
preflànr la cornée, la lèvre fupérieure de l’inci-
iion fe retire ou s’élève, tandis que la paupière
inférieure comprimant & ponant- en dedans la
lèvre inférieure de la plaie, tend ainfi aies éloigner
l’unè de l’autre, & s’engage fouvent dans-
leur intervalle. L’air, qui a accès entre les lèvres
de l’incifion, les deffèJie , rend leur réunion
plus difficile & plus lente, & la cicatrice plus
difforme.- -,
11 eft une méthode de faire cette-incifion de la*
cornée, d’une manière très-prompte fans aucun danger,
& fans qu’on foit obligé de retenir l’oeil avec
aucun fpeculum , ni ophialmofiaty nous la devons
à M. Guérin , Chirurgien dans-un des premiers
Hôpitaux <ie Bordeaux., L’inflrumenr dont
il- fe fert fixe Pteil fans exercer aucune compref-
fion- fâcheufev& par le vuide arrondi que lai fie
1k plaque qui-s’applique fur lui, il laifie dépafier
la cornée qui, dès-lôrs,.peur être incifée au moyen
d’une lame tranchante, dont lé diamètre équivaut à:
la moitié du difque de la cornée. Cette lame, en
fe débandant au moyen d’un reffort,. vient tra-
yerfer la.cornéè de part en part, & ne coupe pré-
cifément que ce qu’il faut pour le paflagedu crif-
tallin. Cette méthode a eu dé grands fuccès entra
fiés mains, & nous paroit finguüèrementconvemble
dans les cas où l’on fe. détermineroit à extraire le
crifiallin.. Nous avons repréfenté'cet infiniment,,
ainfi que le jeu1 dont la lame eft* fufceptible..
pour de plus grands détails-,, la; Blanchequi
eft relative à cet article, ainfi que fon explication.
D u choix de Vune ou Vautie de ces deux méthodesy
& de Vopération de la CataraBe membraneufe.
Ce que nous avons dit jufqu’ici, fur les deux
méthodes de guérir la Cataraéle, a pu donner
d’aflez grandes notions pour qu’on fe détermine
fur la préférence que mérite celle par abaiflement;.
maïs, pour mieux établir la certitude dans une
matière d’une pareille importance, voyons à quoi
fe réduifent les objections qu’on lui a faites. .
On a objeété que le but qu’on fe propofoit
dans cette opération, le rétabliflement de la vue,
manquoir fouvent par le retour du crifiallin dans-
le chaton qu’il occupoir précédemment. Il eft
vrai, l’objeétion n’eft point fans réalité ; mais
quand on a d’abord inciCé la capfule inférieurement,
& qu’on a le foin de le ramener avec la
pointe de l’aiguille, vers l’un des angles de l’oeil,.
& „qu’on l’a logé > comme nous avons dit qu’on
devoit le faire, au-deffous de l’humeur vitrée
il arrive rarement qu’il fe relève. D’ailleurs ,,
quand bien même l’opération manqueroit par la
faute de l’Opérateur, ou par toute autre caufe,
la douleur qui accompagne ia piquure eft fi peu.
de chofe, que peu de malades fe refùfent à une
fécondé & même à une troisième épreuve, & il
efi infiniment rare qu’on foit obligé d’y revenir
un fi grand nombre de fois.
On a dit, en fécond lieu , que l’abaiflemenr
devoit toujours être infruéhieux, quand le criftal--
lin étoit dans-un état de difiblption , l’humeur ,
contenue dans la capfule,, devant fe difperfer dans.,
tout l’intérieur de l’oeil , dès qu’elle auroit été
ouverte. Cette fécondé objection paroit plus importante
à ceux qui ne font point verfés- dans la-
pratique des maladies des yeux 5 mais elle efi aulli
aiféc à réfoudre que la précédente. « Une cataraélè
en difioluïion, & flottant hors de fa capfule immédiatement
après que celle-ci a-été percée avec
l’aiguille , n’efi point une ehofe ordinaire d’après
ma propre expérience, dit M. Bell, qui nous
fournit cet extrait je pourrois même dire que'
de vingt fujers, elle ne fe trouve pas chez nn,
mais quand bien même elle auroit lieu plus fréquemment
, au lieu d’être, une objeâion à cette
méthode ce devroii être pour elle une raifom
de préférence y car alors lelfort qu’on fait fur
l’oeil, n’efi pas fi confidérable que celui qu’on-
eft- obligé de faire quand la cataraéle a une plus
grande confiflance y on n’efi jamais néceflité de;
revenir à une fécondé tentative. Quant au trouble,
ou blancheur laiteufe, que contrarient fponrané-
ment' les Humeurs de l’oeil, il continue quelques
jours , mais enfuite il difparoît infenfiblement &
complètement, ce qui eft confiaré par l’expérience
dè tous les Praticiens,. & particulièrement de
M.-Pott/ur le témoignage de qui on' peut; compter..
Mais ce qui eft plus encore en faveur de cette
opération, c’eft que le crifiallin , même le plus
ferme, qui aura été complètement féparé de fa
c a p fu le par l’àignille, fe diflbur toujours dans
rhumeur aqueufe, fans laifler aucun veflige d'opacité.
|
Enfin l’on ajoure que quand l’opacité eft dans
la capfule, & non dans le crifiallin, l’abaifiement
ne peut avoir aucun fuccès. Gette objeélion efi
fans contredit la plus forte qu’on puiffe apporter
contre l’opération, mais elle perd beaucoup à l’examen.
D’abord cette efpè.e de Cataraéle efi extrêmement
rare, on la rencontre, il eft vrai, mais pas
afiez fréquemment pour que fur ce feul motif on
fe détermine à préférer la méthode aéluelle à
l’autre. En fécond lieu, l’extraélion ne pourroit
pas plus convenir en fuppofant que cette Cata-
raéte exifiâr, la capfule peut à la vérité être forcément
déchirée, tjrée mène au-dehors par dès
inftrumens dirigés à travers le centre de la pupille
mais non pas fins produire un tel dérangement
dans l’oeil, qu’il ne s’enfuive l’aveuglement. Aufiî
peut-on avancer que quoique fanent- ceux qui
veulent faire parade de leur dextérité aux dépens des
malades qui fe confient à eux, leur mérhode ne
deviendra jamais une pratique générale.
Si l’on1'pouvoit répliquer aux (blutions que nous
venons.de donner r nous ajouterions encore que
1 opération par abaificmenr efi moins fouvenr
accompagnée de douleurs d’inflammation fubfé-
quente,. qu’on n’a point à craindre d’elle aucune,
cicatrice-, aucun affaiflement, aucune perte, de
I humeur vitrée, comme dans l’opération par ex-
iraélion ^ nous dirons enfin que les fuccès font
plus nombreux. Il efi prouvé, en effet, que quoique
lèxtraélion de la Cataraéle foit en générai
fuiyie du retour dp la vue suffi-tôt après l’opé-
vation J & que la vue refie paflablement parfaite
pendant quelque teins .comme une femaine
& même un mois, elle fi* troubloit néanmoins
par la fuite jufqu’à ce qu’enfuire les malades de-
vinfîent entièrement aveugles. La porte de la vue
tfi annoncée en pareil cas par un degré d'immobilité
qu’on ôbferve d’abord dans la pupille.
Gette ouverture refie fans aé^ion quand 1 oeil efi
expoié à une vive lumière, elle devient infenfiblement
plus petite, & enfin elle paroit fi contrariée
qu’elle peut à peine admettre une plume
de corbeau. Elle efi alors immobile à quelque
lumière qu’on Texpofe & le malade efi fouvent
dans un état pire que celui où il étoit avant d’être
opéré. Cet accident bien fâcheux ne viendroit-il
point de la violence que l’iris éprouve pendant l’opération
> On fait que cette membrane , efi très-
délicate , &. comme fouvent la pupille n’efi’ pas,
afiez-étendue pour làifler pafler le crifiallin avec
facilité , celui-oi ne là traverfe pas tou jours fim$-
qoe: l’iris en fooffre. I# efi vrai que l’effet n’eft;
pas; ordinairement* fenftble immédiatement après*
l’opération ,* mais il n’en peut pas moins avoir
lieu par la fuite. On a vu l’iris en certains cas
être (léchirèe- en p’ufieurs endroits , & fe con-
traéler enfuite fort irrégulièrement, & même
fouvent point du tout, ainfi que les Obfervateurs
en fourniffent nombre, d’exemples.
Il eft cependant quelques cas où l’opération
par extraélion nous paroîtroit préférable à celle
par abaifiemenr : i.° celui où le crifiallin adlsé-
reroit à l’iris, cas qui efi toujours accompagné-
d’une immobilité de cette membrane, & d’un ref-
ferrement confidérable des pupilles. Ces efforts
qu’on feroit en pareil cas pour déplacer le crif*
tallin , pourroit dëchirer;cette membrane & occa-
fionner des accidens. Il faut alors pratiquer fim«-
plement la première incifion de la cornée, &
revenir à.celle du crifiallin qu’on fait avec une-
aiguille d’or. On porte enfuite fa lance de côté
& d’autre pour détruire les adhérences du crif--
tallin & dilater la pupille. Les adhérences font la-
plus fouvenr. vers le bifeau de ce corps y elles
rendent l’opération longue fafiidieufe, & f>n
fuccès douteux y elles fuivent quelquefois le
criftsllin, & font appliquées fur l’une de fes
faces en forme defiries. 2.0 Ceux où le corps*
vitré éproùveroit quelque altération. Le crifiallin
ayant alors perdu toutes les adhérences qu’il
a av ec fon chaton, fe porte dans toute forte de
dirèélion dans la chambre poftérieure, ne fau-
roit être contenu en aucun point; Ce qu’il convient
de faire en pareil cas, c’eft^ après l’incifion’
de la cornée j de portera travers la pupille un petit
crochet en tire-bourre,. tel qu’il efyrepréfenté dans
nos Planches, pour faifir le criftJiin, en tournant
l’inftrument entre les doigts en même-temps
qu’on l’attire au-dehors. Quelques-uns (ubftîtuent
à cet inftrument un petit crochet terminé en hameçon.
En générai, cette opération eft longue frie
fuccès douteux. 3.? Quand le crifiallin eft tombé:
?en purulence, & qu’il n’en refte pour ainfi*
dire que le noyau , il efi alors comme flottant dans
fa capfule, & celle-ci, libre de toute adhérence
paroit comme une petite véficule. Cette efpèce fe
reconnoît en ce que la pupille efi ertièrement
bouchée , fouvent immobile, fr que le crifiallin'
paroît fort blanc \ on y remarque fur-tout
petite faillie que forme l’iris, reponffée par la
petite veffie,- & qui rétrécit plus ou moins la;
chambre antérieure. Comme le corps vitré eft
porté à; échapper en pareil cas, il conviendroit*
de préférer ici l’incifion par en-haut, félon la
méthode de M.-de Wenzel,à celle quon fair
communément par en-bas.- 4.0 Enfin, quand le
crifiallin a palfé dans la chambre antérieure, fr
qu’il efi immédiatement'dernière la cornée y- cir--'
confiance qpi efi arrivée à Petit', & dont' iP
parle dans lés Mémoires de l’Académie Royale-'
des Sciences;, année-’ 1708,.-
Nous terminerons par quelques Remarquer fu#