
'478 E R E
rapide dans fes progrès. L’enflure fe couvre très-
promptement de phlyClènes, dont la bafe eft
livide ^ & l'on ne tarde pas à voir paroitre des
fymptômes de gangrène, accompagnés d'un état
du pouls femblable à celui qui a lieu dans les
fièvres malignes. Cette efpèce fe manifefte fur-tout
au vifage, fur lès épaules ou fur la poitrine. Le
danger qui laccompagne eft proportionné à l’état
plus ou moins vigoutéux du fÿftêmeà elle eft fou-
vent mortelle , fur-tout quand elle attaque des per-
fonnes déjà affeibiies par d’autres caufes. Voy,
G angrené. Lorfqu’elle fe termine favorablement>
on trouve fouvent dam (e tiflu cellulaire des petites
cavirés & des. finus qui s’étendent de côté &
d’autre, & qui contiennent du pus d’une mauvaife
qualité. En pareil cas, il fe forme à l’extérieur
un ou pluneurs^ ulcères , par où fortent des
efcarres confidérableî, formées pardes portions de
la membrane cellulaire.
L ’Eréfypèle termine fouvent d’autres affe&ions
fâcheufes; nous avons déjà fait mention de fon
utilité dans divers cas d’inflammation ; on l’a vu
auffi mettre fin à des fièvres intermittentes, à des
maladies fpafmodiques, & à diverfes autres affections.
Lorfque l’Etéfypèle aux jambes s’eft terminé
favorablement, il laifte généralement dans ces
parties plus ou moins d’enflure oedémateufe, qui,
pourl'ordin-aire, a beaucoup de peine à fe dilfiper.
Les confédérations que nous venons de présenter
fur les différentes efpèces d’Eréfypèle,
montrent que. le traitement de cette maladie ne
fauroit être le même dans tous les cas. Nous parlerons
féparément de celui qui convient à chacune
de ces efpèces.
La première indication, qui fe préfente dans
le traitement de l'Eréfypèle aigu, c’eft de diminuer
l’inflammation par la faignée,plus ou moins
répétée, fuivant les fymptômes, & par les divers
.moyens qu’on emploie dans d'aurres cas, pour
diminuer la mouvement de la circulation. Voye\
A ntiphlogistique.
11. n’efi pas néçeflaire, en général, de répéter
la faignée , dans aucun cas d’Erèfypèle, auffi fréquemment
que dans d’autres maladies inflammatoires
•, cependant il faut fe régler, à cet égard,
fur l’état du pouls , & fur les autres fymptômes.,
en ne perdant jamais de vue l’âge du malade,
l’état de fes forces avant la maladie , le lieu où
jl fe trouve.'Toutes chofes d’ailleurs égales en
apparence, le malade îuppo.rtera mieux cette"
évacuation 3 la campagne, dans un âîr vif&pur,
.que dans une grande ville, & fur^tout dans un
hôpital,
Ôn doit d’ailleurs favorifer la circulation dans
les vaifleaux de la furfaçe par dès boiflcms délayantes
, par des dofes convenables de nitre , par
la mixture faüne deRiverius, &c. Il faut tenir le
vçntre libre par des laveniens & par de légers la-
E R E
xatifs, Sa lorfque le malade eft fort Incommodé
par l’irritation 8c la grande chaleur de la partie
affeélée, on peut lui donner occafionnellemeni
de petires dofes d'opium.
Un léger émétique a fouvent un très-bon effet
pour calmer la fièvre & abréger l'Eréfipèle , fur-
tout après qu’on a fait ufage de la faignée. Mais
on doit prendre garde à ne pas infifler fur l’ufage
de ce remède, lorfqu’il agit comme purgatif.
Dans cette maladie, comme dans toutes les
autres, où la tête eft affeélée, on doit engager le
malade à tenir fon corps dans une pofition relevée
y autant que cela lui eft poffible.
Dans l’Eréfipèle oedémateux la faignée n'eft peut’
être jamais admiffible; la perte même d’une petite
quantité de fang peut avoir les conféquerices les
plus funeftes. L ’on doit auffi être extrêmement
réfervé fur les autres genres d'évacuations. Il faut
fur-tout entretenir la détermination à la peau par
les moyens indiqués ci-deffus, & calmer l’irritation
& les angoiffes au moyen de la liqueur
d'Hoffmann, de l’éther y du camphre, de l'opium
, &c.
Lorfqu’il fe fait un tranfport de la maladie fur
q«elque partie interne , & particulièrement fur
le cerveau, il faut avoir promptement recouts aux
véficatoires appliqués entre les épaules, fur la
tête ou aux jambes.
Pour empêcher que le mal ne fe termine par la
gangrène, il faut foutenîr les forces du malade
par des remèdes toniques; tels que le vin & 1«
quinquina.
Quant ait traitement de I'Er és ifele gang
r én eu x , il ne diffère pas de celui qne nous
expoferons à l’article G an g r en é .
On a propofé différens topiques pour combattre
directement l’affeéfion extérieure qui a toujours
lieu dans l'Eréfypèle, & qui, dans bien.des cas,
n'eft accompagnée d’aucun autre fymptôme; mais,
parmi le grand nombre d'applications de ce genre
que l’on a recommandées, il y en a bien peu dont
l’ufage ne puifî’e être regardé comme dangereux.
Toutes celles qui font tirées de la clafle des médi«
çamens narcotiques , repellens & aftringens,
doivent être lùfpeéles comme pouvant difpoferà
la gangrène ; celles qui font fpirituèufes paroiflent
augmenter l’inflammation, & tous les émolliens
aqueux où huileux prolongent le malj & dif-
pofent i’enflureà s’étendre, Le topique le pluisconvenable
y & qui a le moins d'inconvéniens,, eft la
farine d’avoine , ou d'autres poudres du même
genre, que l'on répand légèrement, & à diverfes
reprifes, fur la partie enflammée ; çe remède diminue
la chaleur & abforbe l'humidité de la partie*,
ou, plutôt, il empêche l’épanchement de (ëro*
fité en diminuant férétifme des vaifleaux. Cepen«
danr, lorfqu’il y a déjà un épanchement un peu
confidérable de fluide fous l ’épiderme , & que les
véfiçulçs commencent à s’ouytir, il peut arriref
%
E R ï
les poudres étant trop hume&ées'forment des
croûtes qui fe durciffent enfuite fur la tumeur,
s’y attachent, & contribuent à l’irriter.
Quant aux cataplafmes émolliens , que beaucoup
de praticiens font dans l’ufage d’employer,
ils paroiflent en général plus nuilibles qu’utiles.
Lorfqifà là fuite de l’éréfypèle il fe forme un
épanchement dans quelque partie du tiflu cellulaire
, on recommande ordinairement de favorifer
cette fupuration par des cataplafmes, mais cette
pratiqué réuflit mal *, la matière épanchée dans
ces fortes de cas n’eft pas de nature à former de
bon pus; elle eft âcre & corrolive, & il faut
fe hâter de lui donner iflue par une ouverture
faite à l’endroit le plus favorable à fon écoulement.
On panfera enfuite la plaie avec du cérat de
Goulard, ou avec quelqu’onguent analogue.
L’Eréfypèle qui eft occafionné par la piquure
d’un nerf, d’une aponévrofe, ou de quelqu’aurre
membrâne , demande fouvent que l’on commence
le traitement par une grande & profonde
incifion dans Tes parties affeClées. Voye\ Plaie.
ER1GNE ou AIRIGNE, petit infiniment terminé
par un crochet, dont on fe fert pour élever
& foutenir des parties qu’on veut diuéquer, afin
de le faire plus facilement.
Il y a des Erignes fimples qui n’ont qu’un crochet,
& des doubles qui en ont deux.
Cet infiniment eft compofé de deux parties, de
la tige & du manche : la tige eft une verge d'acier,
exactement cylindrique, qui a environ trois pouces
de long; fon extrémité poftérieure eft une mitte
qui eft appuyée fur un manche; du milieu de la
mitte, & du côté poftérieur qui eft plane & limé
groffièrement, il s’élève une foie qiiarrée, d’un
pouce & demi de haut, qui s’ajufte dans le
manche, & y eft fixée avec du maftic.
L’extrémité antérieure eft une efpèce d’aiguille
recourbée, crochue & fort pointue ;. dans l’Erigne
double, c’eft une fourche ou double crochet.
Cet infiniment eft monté fur un manche d'ébène
ou d’y voire, qui peut avoir fix lignes de'
diamètre dans i’endroit le plus large , & trois
pouces de longueur; il .eft fait à pans pour présenter
pluç de furfaee} & pour être tenu avec
plus de fermeté.
Cet infiniment donne la facilité de difféquer Si
d’emporter des petires glandes gonflées qui ont
échappé à l’extirpation d’une grofle tumeur; on
s en fert pour faire la réfe&ion des amygdales tuméfiées;
il eft auffi d’ufage quelquefois dans l'opération
de l’anevrifme pour foulever l'artère 3 afin
d'en faire la ligature fans y comprendre le nerf &
la veine. On peut fe fervir d’une Erigne d’ar-
gent, à pointe moufle, dans l’opération de la
hernie, pour faire l’inciiîon du fac herniaire. Cet
|nftrument fert plus en Anatomie qu’en Chirurgie;
convient fur-tout pour foulever les filets nèr-
d a n s l ’o p é r a t io n d e c e s p a rtie s# Voyc^
E R O 479
les Planches. Extrait de Vancienne Encyclopédie.
EROSION, folution de continuité qui fc fait
imperceptiblement, & en détail, dans les parties
folides du corps humain, & que l’on a coutume
d’attribuer à quelque fubfiance âcre & corrofive,
telle que les poifons, & les humeurs même de
notre corps qui ont dégénéré. C’eft ainfi que le
pus acquiert quelquefois la propriété de ronger &
de détruireJes parties avec lefquelles il eft en con-
taéh Voye[ Ulcéré & Carie.
On donne le nom d’Erofion à cette affeélion
de l’émail des dents, qui aliène fa dureté dans
quelque point, le détruit peu-à-peu, & enfin donne
lieus à la carie du corps même de la dent. Voyc\
Dents.
ESCARRE. EçxAfA, de forme une
croûte. On donne ce nom à une croûte sèche,
formée par quelque portion des parties folides du
corps , privée de vie. Lorfqu’une partie vivante
du corps a été brûlée par le* cautère. a&uel ou
potentiel, tout ce qui a été fournis directement
à faction de cet agent perd le fentiment & la v ie ,
devient dur, prend une furfaee rude, d’une couleur
noire ou grife , & forme ce que fon nomme
proprement une Efcarre. On étend cette dénomination
aux parties charnues ou membraneufes
qui contractent la même apparence dans les ulcères
gangréneux, dans la petite vérole maligne, & dass
d’autres maladies de la peau.
La réparation ou la chûte naturelle de l’Efcarre,
eft toujours un fymptôme favorable, parce qu’elle
montre que la gangrène fe circonfcrit & qu’on n'a
plus à en craindre les progrès ; on doit par
conféquent favorifer cette réparation. Voye\
Gangrené.
ESCAROTIQUES. Voye^ Caustiques.
ESPECES. On donne, dans les pharmacies ;
le nom d’efpèces à des affortimens de médicamens
fimples, de nature à-peu-près femblable , & qui
étoient tenus prêts d'avance pour f ufage. Les Anciens
avoient beaucoup multiplié ces fortes de
compofitions, ou plutôt d’agrégations, foit pour
la pratique de la Médecine, foit pour celle de la
Chirurgie. Les Chirurgiens en confervent encore
quelques-unes ; telles font les
Efpèces Emollientes,
Prenez de feuilles de mauve,
d’althéa,
de bouillon blanc , de chacune un«
poi-gnée,
de graine de lin,
de graine de fenu-grec, de chacune demi^
poignée, '
de fleur de fureau, deux poignées.
Hachez & mêlez le tout.
On s’en fert pour les cataplafmes & les fomen^
tâtions émolliemes, E m o l l i e n s » . . . .