tôt il fe communique aux glandes voifines ;
cependant, pour le plus fouvenr, il ne s’étend
pas à toutes les glandes, vraifemblablemént
parce qu elles ne communiquent point toutes par
ies mêmes lymphatiques. Ordinairement le gonflement
paroît du côté où l’érofion a lieu y il
peut cependant y avoir des exceptions , comme
dans le cas de gonorrhée. On divife avec raifon
les Bubons vénériens en fympathiques, & en
idiopathiques. Les fympathiques dérivent d’un
genre d’irritation exercée fur les orifices des abforbans
qui viennent y aboutir ^ ils font moux, on
les voit fouvent accompagner l’écoulement go-
norrhoïque, où les chancres qui font tourmentés
par des topiques peu convenables. Ils dif-
paroiffent généralement dans l’efpace de peu de
• jours , & ils fe réfolvent dès que l’irritation
qui lesoecafionnoit vient à cefler, Auffi les voit-
on particulièrement accompagner le période
aigu de la gonorrhée , & diminuer peu-à-peu
à mefure que l’écoulement vieillit. Les idiopathiques
proviennent d’une infeélion réelle,
ou du paflage delà virulence dans'les routes de
1 abforption. Depuis le moment de finfeélion juf-
qu’à celui où le Bubon paroît, l’efpace de rems
varie 5 quand il fuccède au chancre,. il fe développe
communément le fixième jour , &
quelquefois le dixième. Il arrive allez fouvent
alors qu il foit annoncé par une efpèce de corde
qui partant du chancre , s’étend tout le long du
dos de la verge , & aboutit à fa racine, ainfi
fjue M. Hunter l’a obfervé. D’autres fois elle
s’étend plus loin , de manière qu’on peut la
fuivre jufqu’à une des glandes Emphatiques de
1 aîné. Cette corde s’enflamme, & même fup-
pure quelquefois, & forme ainfi u n , d eu x,
& même trois Bubons, ou petits abcès dans le
corps de la verge. Le Bubon fe forme chez les j
femmes de la même manière que chez les hom- f
mes , & il eft auffi quelquefois accompagné d’un j
gonflement à lune des lèvres , & d’une corde
dure qui s’en élève pour gagner le pubis, & I
palier fur faîne du même côté, où elle- vient
aboutir a 1 une des glandes.«« Lorfqueles Bubons
fe maniflftent chez les femmes, dit M. Hunter fans
quil y ait eu de chancre, il eft plus difficile que
chez 1 homme de connoîtFe s’ils font vénériens ou
non. Lorfque les chancres font fiiués près de
l’orifice de f urètre , des nymphes, du clitoris,
des grandes lèvres, ou du mont de venus y la
matière abforbée eft alors chariée tout le long
d’ un ou des deux ligamens ronds, & l’on voit
bientôt de petires tumeurs paroître dans ces lu
gamens^précifément à leur fortie de l’abdomen,
fans qu il s’en forme jamais plus loin. Nous ne
penfons pas que ces tumeurs foienr glanduleufes,
fions croyons plutôt qu’ils font des abforbans
enflammés. Lorfque le? chancres font fitués
beaucoup plus près du périnée , ou dans cette
partie même, la matière abforbée eft chariée
en avant , 1» long de l ’angle formé par la
grande lèvre & la cuiffe, aux glandes inguinales,
& dans ce trajet il fe forme fouvent des petites
tumeurs dans les vaifîeaux abforbans, fembiables
à celles qui ont lieu fur la verge chez les hommes
, & lorfque les effets du virus ne s’arrêtent
point là , il furvient fouvent un Bubon dans
l ’aine, jj
Le Bubon idiopathique chez les fujets v igoureux
, paffe aifement à l’inflammation à raifon
dé 1 irritationr qui attire les 1 humeurs dans les
fanguifères des glandes primitivement affrétées.
A mefure que cette affluence a lieu , les environs
s engorgent, la -marche devient pénible , la fièvre
furvient avec fes fuites, la douleur devient
plus vive, elle eft pulfative , la tumeur pointe,
les tégumens s’étendent, font r.ouges, & après
un certain tems , plus ou moins long , félon la
violence des fymptômes , l e . pus fe forme, &
la fluctuation devient évidente. Cette tendance
du Bubon vénérien à la fuppurajion , î’a fait
regarder par beaucoup d’Auteurs, comme le
réfultat d’une méraftafe y mais cette opinion eft
abfolument faillie. elle n’eft fondée ni fur la
nature de la maladie , ni fur l’expérience j celle-
ci prouve en effet que la fuppnration complette
da Bubon eft bien loin dfe fuffirè pour la gué-
rifon de la maladie, & qu’il faut toujours un
traitement général pour l ’obtenir. Avant que le
Bubon ne foit complètement fuppuré, il s’ouvre
, de lui-même par une ou deux petites fentes ou
j crevaffes qui laiffent échapper le pus. Les té--
j gumens continuellement abreuvés par l'écoulement
de la matière , s émincifîent , fe rongent
& fouvent fe recoquiliant, ils laiffent à découvert
une furface blafarde, humeétée d’ichorofiré'
& dont la baie eft plus ou moins dure & cal-
leufe. Mais cette terminaifon n’a guère lieu que
chez les fcrophuleux, & chez ceux dont le Bubon
a été mal traité dès le commencement par les
réfolutifs, & les répereuffifs violens. Souvent auffi
le Bubon fe réfout dans fa plus grande étendue,
mais une des glandes engorgées, & c’éft ordinairement
celle qui eft la plus extérieure , fup-
pure, & après avoir verfé une petite quantité
de pus, elle ne fournit plus qu’un peu de lymphe
qui conrinue à couler pendant un tems affez
lo n g , comme j’ai eu occafien plufieurs fois de
1 obferver. Cette lymphe eft de nature albii-
mineufe, elle fe coagule comme le blanc-d’oeuf,
ainfi que je J’ai éprouvé moi-même à la fuite
d’un Bubon que j ’eus à l’aiffelle , pour m’être
bjeffé en. ouvrant un cadavre, il y a une dixaine
d’années.
Tout ce que nous avons dit jufqu’à préfent
fur le Bubon , en conftate clairement la nature.
En faifant donc attention aux circonftances qui
1 ont précédé, & à celles qui l’accompagnent,
on le diftinguera toujours d’un abcès lombaire
qui fe manifefte fouvent à l’endroit où il paroît,
d*fine hernie crurale , & d’un anévrifme de l’artère
crurale. On ne leconfondra également point avec
les Bubons fimples dont nous avons fait précédemment
i’hifloire , fur-tout quand il y a quelques
érofions ou écoulement gonorrhoïque. Il eft plus
aifé de fe tromper , quand il n’y a aucun de ces
fymptômes appareils, & que les malades ont intérêt
de cacher la vérité y mais alors les cirçonfiances
concomitantes, le foupçon qu’on a fur la bonne
foi des malades, les réponfes mal-fou tenues font
autant d’indices, au moyen defquels on parvient
à la découvrir.
Le feul but qu’on doit fe propofer dans le traitement
du Bubon, eft la réfol ut ion. C ’eft la terminaifon
l^moins fu jette aux inconvéniens , quand d’ailleurs
on conduit bien la.cure, en même-tems quelle
eft la plus prompte, lorfque la maladie eft prife à
tems. Le mercure eft fans contredit ici le remède
par excellence : mais il faut tellement en régler
l'ufage qu’il n’agi,ffe qu’avec un degré moyen de
force. Après les faignëes préliminaires, fi elles
font jugées convenables, on diminue l'excitabilité
des folides en ordonnant une douzaine de
bains, & l’on preferit auffi-tôt les frictions mercurielles,
en commençant par de petites dofes
d’onguent , pour éviter que le mercure ne fe
porte à la bouche, & en même tems, on fait
garder la diète. la plus févère. que le malade
puifle obferver. On ne fera point les frictions
fur le Bubon même, q u i, le plus fouvent, eft
imperméable y mais bien fur le trajet des yaif-
feaux abforbans, vers la jambe, l'intérieur des
çuiffes, & particulièrement fur toute l’étendue
de la verge , où s’ouvrent les abforbans qui vont ;
aboutir au lieu de l’engorgement. Mais une attention
qu’il faut avoir dans cè procédé , c’eft
d’introduire le mercure en telle quantité que l ’irritation
qu’il procure, foit toujours fupérieure
à celle de l’infeCîïon -, ce à quoi on reuffit tou-u
tes les fois qu’ il eft abforbé par une grande
furface , & que les molécules font dans un état
de très-grande divifion. Ma méthode, en pareil
cas, eft d’oindre la verge & les'bourfes avec
un gros d'onguent mercuriel à partie égale, &
de continuer cette illinition tous les deux jours,
jufqu’à ce que le mal de la bouche indique d’éloigner
les dofes. On doit chez lés femmes faire
les mêmes frictions fur les grandes lèvres , &
même y maintenir une bandelette toujours couverte
d’onguent mercuriel. Mais commechez elles
la furface d’abforption eft peu étendue, il convient
de recourir aux préparations internes, qui
ne font que favorifer l’effet des frictions. Je fajs
mettre fur la tumeur un emplâtre deVigoavec
le mercure, plutôt pour fatisfaire à la coutume
flu’à la néceffité. Quand les glandes inférieures
fe prennent, je fais appliquer les frictions fur
toute l’extrémité du côté affeCté, & j ’en fais
prendre un gros chaque jours. Il eft dés fujets
chez qui fl faut élpignerles dofes/& d’autres
l'où l’on peut les rapprocher, l’expérience preferit
ici de petits détails qui font relatifs aux idio-
fincrafies, & qui ont rapport au flux de bouche
ou aü dévoyement y nous y reviendrons par
la fuite à l’article de la V érole. M. Hunter
penfe que la pofition des Bubons doit beaucoup
influer fur la méthode des friétions. » Sa fiîua-
tion fur le corps de la verge,'dit cet Auteur,
indique que les abforbans qui tirent directement
leur origine de la furface d’abforption , font eux-
mêmesaffeCtés. Si le Bubon fe trouve à faîne, &
à la partie fupérieure de lacuiffe, ou un peu plus
bas que l’aîne , on peut fuppofer alors qu’il afon
fiège fur les glandes communes à la verge & à la
cuiffe y s’il eft plus haut , ou à la partie inférieure,
du bas-ventre devant l'arcade crurale, alors on
doit fuppofer que les abforbans , qui tirent leur
origine des environs de' faîne de la partie inférieure
du bas-ventre & du pubis, paffrnt à travers
Je Bubon •, & s’il fe trouve beaucoup en devant ;
il eft problablé alors qu’il n’y a que les abforbans
dé jà verge., & de la peau des environs du pubis
qui foient affe&és y il faut alors varier l’application
du mercure: fui vant ces- différentes cir-
conftances. Dans le cas d’affeCtion de la verre
on tiendra toujours cette partie couverte d’onguent
mercuriel, & l’on preferira en même-tems
les mercuriaux intérieurs. Si le Bubon eft à la
partie fupérieure de l’aîne, les frictionsje feront
fur la cuiffe & à la jambe. Quand le Bubon a
fou fiège-chez lès femmes, entre la grande lèvre
& la cuiffe , Ie*s friétions fe feront à l’entour de
l’anus & des feffes, la direction des abforbans fonde
la prefeription de ces divers procédés. Si ies Bubons
paroiffent à l’aiffelle , comme à la fui te d’une
infection par unebleffure, les frictions fe feront
fur le bras & 1-avant-bras, & mè ne ailleurs.
M. Hunter a vu un vrai chancre vénérien fur le
milieu de la lèvre inférieure, êtrefuivi d’ un Bubon
de chaque côté du c o l, au-défions de la mâchoire
inférieure. Ges Bubons furent réfous en appliquant
l’onguent mercuriel fo r t ,à ,1 a lèvre inférieure,
aux joues & aux tumeurs mêmes. Les
fimples frièhoBs , telles que nous -venons de les
preferire, réuffiffent toujours j mais fouvent cependant
on eft forcé par les circonftances à les
remplacer par les préparations mercurielles. Celles
qui m’ont le mieux réuffi en pareils cas, ont
été les fimples pillules mercurielles du Codex,
données chaque jour au nombre de deux , &
même trois, de manière à toujours procurer deux
felles par jour. Ainfi, par l’ ufage bien ménagé
des moyens que nous venons d’indiquer , on
parvient le plus fouvent à réfoudre les Bubons
quand l ’inflammation n’eft point trop vive , ni
la fuppu ration prête d’arriver. Et encore la réfaction
peut-elle avoir lieu, quand celle-ci eft
bien décidée j M. Hunter en cite un exemple. »
J ’ai vu à Lisbonne , dit cet Auteur , un fait
remarquable .en ce genre chez un officier qui