
Non-feulement l’on pratique iGjrcHîî.CÜ du
F ile t , pour faciliter à l'enfant la fuélion; mais
encore pour lui rendre la parole plu* ailée ,
quand on préfume que le bégayement ou la
mutité dont il eft affeété, proviennent d’une
trop petite étendue du Filet. L ’opération, dans
le premier de ces cas, doit être faite fur-le-
champ, mais l’on peut différer pour le dernier.
Elle confifte à couper le filet, foit avec
des cizeamt, ou avec un fcalpel. Dans chacun
de ces cas, il eft bon de foutenir la langue,
pour qu’elle ne foit point bleffée par l’initru-
ment. Les Anciens.avoient imaginé une fpatule
fort large & fendue par l’extrémité qui doit foutenir
1a langue de manière à recevoir le Filet.
On peut en voir la forme dans la Planche qui
eft relative à cet article. J . L . Petit, qui a donn
é , en 1741, à l’Académie Royale des Sciences,
un Mémoire relatif à cette opération, a imaginé
une paire de cizeaux dont les pointes renfermées
dans une châffe fendue, rendent nul
par leur jeu , l ’emploi de cet infiniment ; il fe
trouve dans nos Planches. L ’enlànt étant donc
aflis fur les genoux de fa mère, l’Opérateur lui
ouvrira la bouche & élevera la langue avec l’index
& le doigt du milieu de fa main gauche ,
pendant que de l’autre il introduira les cizeaux
dont nous parlons fur le plat de leur lame, en
forte que la fente de la chiffe reçoive le milieu
du Filet ; il fera enfuite agir les anneaux, & de
cette maniéré le Filet fe trouvera coupé fièrement
& à la profondeur convenable.
11 arrive quelquefois, quand on a porté l’in-
cifion trop au-delà de ce qu’il faut, ou quand
o n s ’eft fervi de cizeaux pointus, au lieu d’é-
tnouffés, qu’on bleffe les artères ranines qui ne
font que des ramifications de l’artère fublingnale,
qui fe portent dans l’intérieur du filet. Si l’on
s’apperçoit de cet accident au moment même
de l’opération, il faut toucher les vaiffeaux qui
fourniffent, avec un petit morceau de vitriol ,de
glace, ou avec le bout d’une fonde rougie au
feu. Mais fouvent on ne s’en doute point, parce
que les enfans avalent leur fang, à mefure
qu’il coule, & alors s'affoibliffant de plus en
plus,* fans qu’on puiffe en favoir la caufe, ils
meurent hientôt, & l’on eft étonné à l’ouverture
de leur corps, de trouver l’eftomac rempli
de fang. Ce malheur eft arrivé plus d’une
fo is , & les Praticiens n’y fauroient donner trop
d’attention. J . L . Petit, dans le Mémoire dont
nous avons parlé plus haut , mit mention
d’un moyeu de compreffion qui lui a réufli fou-
vent. C’eft une fourche de bouleau dont le manche
a quatre lignes de long, 8t chaque fourchon
huit. On enveloppe cette fourche avec une bandelette
de linge fin , puis on la pofe fous la langue
de manière que le’-manche de la fourche foit appuyé
fu r la partie moyenne & interne de la mâchoire
isférieure, & que les fourchons s'étendent“ latéralement
fous la langue. On arrête efifuite fit
langue avec ni*“ bande de linge dont le milieu
s'applique fur fon dos, & les chefs viennent croi-
fer fous le menton ; on fait enfuite plufieurs circulaires
à l’entour du col.
L ’Opération du Filet, obferve 1 Auteur que nous
venons de citer, n’eft point une des moins importantes,
telle facile qu’elle paroiffe à pratiquer , tant
à raifon de l’hémorrhagie, dont elle eft quelquefois
accompagnée, qu’à caufe de la trop grande mobilité
qui donne fouvent lieu à fa propre déglu-
. tition. En facilitant ainfi cette fonélion que 1 enfant
cherche continuellement à exécuter , ot que fol-
licite encore le fang qui fe porte vers le gofier, tl
va enfin jufqu’à avaler fa langue, c eft-à-dire, à
l’engager fi avant dans l’arrière-bouche, qù il en eft
bientôt étouffé. Il faut donc au meins pendant les
premiers vingt-quatre-heures qui fuivent l opération,
ne point abandonner les enfants à qui on
l’ a faite. Innruit par l’expérience, J . L. Petit a
fauvé la vie à plufieurs enfans, en leur dégageant
promptement la langue, qui avoit été ainfi avalée
par le mécanifme ordinaire de là dégiùntioii. Lés
nourrices feront donc bien de donner immédiatement
après l’opération, le mamelon à 1 cnlam,
pour accoutumer fa langue à la fuélion qu il doit
en faire , & le faire téter fouvent; & pou* peu
quelles s’apperçoivem d’un commencement de fur-
fdtation, elles porteront le doigt dans la bouche,
pour s’affurer fi la langue n’auroit point été avalée,
& la ramèneront en cas qu’elle l’eût été. Mais quelquefois
l ’enfant réitère machinalement & à différentes
reprifes, cette déglutition qu il ignora
pouvoir lui être fi funefte. Notre Auteur fut ap-
pellé dans un cas de ce genre > & ü fut affez heureux
pour lui fauver la vie, en lui portant le doigt I
dans la bouche à deffein de ramener la langue,
qui étoit à demi - renverfée; & il la contint par
les moyens que nous venons d’indiquer; mats un
jo u r , la nourrice ayant oublié leur application,
la langue fe renverfa de nouveau , & I enfant
mourut. » v
Dans le cas où l’on feroit dépourvu des ctfeauï
de J . L. Petit, ou de la fpatule fendue dont nous
avons fait mention , on pourroitaffujettir la langue
avec le pouce, & l’ indicateur de la main gauche
introduit dans la bouche, obfervant de tourner h
paume de la main du côté du nez de l’enfant. Ces
deux doigts condnifent St gouvernent les branches
des cifeaux, & règlent ainfi l’opération. Cette méthode
eft celle que préfère M. Faure, à toutes
celles qui ont été rapportés ci-deffus. V ° ï- *a"’
Ciseaux. _ . ■ ,
Nous ne quitterons point cette matière, faut
faire mention d’une affeélion qui avoifine le Filet,
& qui, quand elle a lieu chez les nouveaux nés,
nuit fingulièrement à la déglutition. L Auteur , Ug®
nous venons de citer, eft le premier qui en ait rot
mention. Elle confifte, en un bourlet charnu,
quelquefois fi gros Sc fi étendu, qu’il femble former
L „ e doublelangue : ce bourlet empêche l’aéïion de
Let organe fur le mamelon, & nuit conféquemmem
L la fuélion. M. FaureTa emporté & avec fuccès
Evec des cifeaux, «St d’autres fois il s’eft contenté
|de le faire dégorger en le fearifiant de rems en
Items & pur cc moyen, il a été fou vent difpenfé
jd ’en’venir a l’extirpation. ('M . P£t i t -RjW£l . )
1 FIORAVENTI (Léonard). Il fut Médecin
|& Chirurgien à Bologne, & mourut en rç-88.
|lJ donna beaucoup dans les rêveries de l’Alchy-
|niie; il compofa un baume qui eft encore d’un
Jerand ufage fous fon nom- Il reconnoît avoir
■ appris la Chirurgie de Matthieu Guaruccio ,
Idoine d’Italie, ainfi que la manière de guérir
■ toutes les plaies avec trois remèdes. Il vint à
Ip a le rm e , en 1448 , y exerça la Chirurgie, & dit
|y avoir extirpé la rate. De cette ville il paffa
là Naples, où il guérit une femme d’une chûte
de matrice & de veffie, après l ’opération céfa-
Irienne. Il alla en Afrique avec la flotte Ef-
Ipagnole, en 1550, y traita plufieurs plaies de
Ette avec fuccès ; il dit avoir remis un nez coù-
Ipé, lequel reprir. Il revint à Naples en iç ç ç ;
■ puis à Rome en 1558; enfuite à Venife; enfin
lil fe fixa à Bologne, où il prit fes' grades en
^Médecine , & y fut fait Chevalier. Ce fut pen-
dant fa réfidence à Venife qu’il fit paraître fon
Igiand Ouvrage, intitulé : La Cirurgia difiinta in
lire Libri, C’eft un Ouvrage .écrit dans un
llyle fort emphatique; & pour emprunter les ter-
imes de Haller , irtformit (r confufus labor , qui vix
Squidquam habit chirurgici prieur titulos & médicamenta
Jua, quibus immenjos cjfiSus tri huit. L Au-
leur, en effet, y tient le langage d’un véritable
■ charlatan ; il avoit la fotte prétention de cqnnoître
beaucoup d’herbes avec lefquelles il affuroit pouvoir
guérir toutes les maladies externes ou inter-
lies. Voici ce qu’il dit à ce fujet : motte fono le
3U,lc con le quali ficuriamo e faniamo tutu leforti
d: infermità cofi interiori corne ejlsriori. On voit,
par ce paffage, à quel point il portoit l’efptit de
-•charfatanifme ou de tromperie. Il a encore fait
jjparoître l’Ouvrage intitulé: Compendia di fecreti
taùomli, Venet. IÇ71 , in-8. 11 n’y traite que
)jfes plaies 8t des ulcères, & il s’y annonce p o f-,
Êefleur de remèdes particuliers. 11 a enfin fucceffi-
jvemem publié les Ouvrages fuivans : Caprici Me-
dicinali. Venet. I s68. Piccolo Dtfcotfo di Cirur.
gta. Ces Ouvrages offrent, comme les autres, les
(traits les plus évidens du charlatanifme. ( M. Px-
g Z I X - R j l D î i . )
; F1STU LE. Fifluta, en grec ïi,,.,? , un tube, un
■ tuyau. Ulcère plus ou moins profond, avec un
lorifice étroit & fouvent calleux. Cet ulcère com-
ituuttiquc ordinairement avec une ou plufieurs
(autres cavités de différentes grandeurs, & de différentes
dimenfions, fituées en général dans le
tiffu cellulaire, entre les tégutnens communs &
Chirurgie. Tome I . " 11.* Partie.
les mufcles, ou entre les interfaces des mufcle«
mêmes.
Ces différentes cavités,' qu’on défigne généralement
par les noms de finus, ou dé clapiers %
fervent en quelque forte, de réfervoirs , tant à U
matière qui fe forme dans le corps de l’ulcère ,
qu’à celle que fourniffent leurs propres parois y
c’eft pourquoi quand on détermine, par la compreffion
, la matière contenue dans les clapiers à
fe porter dans ces fortes d’ulcères, ces derniers
en rendent une quantité beaucoup plus confidé-
rable qu'on n’auroit lieu de l’attendre, en ne con-
fidérantque l’étendue de leurfurface.
Cette defeription de l’ulcère fïfluleux indique
l’état le plus fimple de la maladie 3 mais lorfque
cet ulcère a fubfifté long-tems, ou que l’on a fait
ufage de topiques aftringens & defficatifs, fa fur-
face interne devient fréquemment dure & caî-
Jeufe y il éft alors dans l’état auquel la plupart
des Auteurs ont affigné particulièrement le nom
de Fiftule.
La caufe la plus fréquente des Sinus qui fe
forment dans les ulcères, & dans les abcès, eft
le féjour de la matière purulente, qui étant renfermée
, fe porte naturellement vers la partie la
plus déclive 3 fi l’on ne lui ouvre pas alors une
iffue pour qu’elle puiffe »’évacuer promptement
& librement, elle s’ introduit avec beaucoup de
facilité entre les lames du tiffu cellulaire , qui
en raifon de fa molleffe, n’oppofe aucune ré-
fiftance3 elle s’avance peu-à-peu le long des interf-
tices des organes plus folides qui ne font liés en-
femble que par cette fubftance, & fe fait jour
enfin à la furface du corps, ou pénètre dans quelque
cavité voifine.
Les bandages trop ferrés produifent fréquemment
le même effet lorfquson les applique directement
fur les ulcères , & qu’ils ne font pas placés
de manière à agir également fur les parties voi-
fines au-deffus & au-deffous des ulcères > c’efi-à
quoi le Chirurgien doit faire la plus grande attention.
Il efl rare que l’on ne puiffe pas donner un
pronofiic favorable dans un cas d'ulcère filîuleux
récent, ou même ancien, pourvu que l’ulcère foit
fitué de manière que l’on puiffe y porter les remèdes
convenables , & que la conftimtion foit
d’ailleurs en bon étar. Mais lorfque la maladie eft
ancienne, & fur-tout lorfque les clapiers s’ouvrent
dans.une articulation, ou font placés de manière
que l’on ne peut y pratiquer aucune opération, la
guérifon en devient fort difficile & fort doureufe.
Aucune maladie ne rélifte plus fréquemment à
toutes les reffources de l’art que certaines efpèces
de celle-ci, & particulièrement que certains ca»
de fiftule à l’anus.
Tous les anciens Auteurs, & plufieurs même
parmi les modernes, recommandent dans les af»
feélions récentes de ce genre, de faire ufage d’in-
jeéiions qu’ils appellent vulnéraires, ou cica*