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teur des guérifons , & n’empêchent pas de regarder
avec M. Lucas Tes obfervations comme tendantes
à prouver l’utilité de la méthode qu il avoit
fuivie.
imputation a deux Lambeaux.
Si Pon veut faire l’Amputation à deux lambeaux,
voiei quelle eft peut-être la méthode la plus
convenable d’opérer. On placera le malade fur
une table, après avoir appliqué le tourniquet
on fera tirer la peau vers le haut par un aide,
& l’on incifera les tégumens & les mufcles jufqu’à
Pos , circulairement à la partie inférieure
de la cuifle , & en tournant obliquement en.
haut le tranchant de l’inflrument. Cette incifion
étant faire > on prendra le couteau pointu à
deux tranchans dont nous avons parlé ci-deffus,
on l’enfoncera au travers des tégumens & des
mufcles d’un côté de la cuiffe jufqu’à Pos, à
l ’endroit où il doit) être fcié ; & en le faifant
gliffer fur l’os , on fera pénétrer la pointe de
l ’autre côté du membre. Alors l’Opérateur tournant
un peu obliquement en dehors le tranchant
du couteau qui le trouve dirigé vers le genou,
11 coupera les mufcles en fe rapprochant du bord
de l’incifion circulaire. Il fera enfuite une incifion
femblable de l’autre côté de l’o s , il coupera
-les parties molles qui peuvent être demeurées
entre les deux incifions, & après avoir lié les
vaiffeaux > il rapprochera fur-le-champ les deux
Jambeaux, où bien il les tiendra féparés pendant
douze ou quinze jours, & fe conduira d’ailleurs
<de la manière que nous avons indiquée.
5 . III. De VAmputation a îanbeau au-dejjous
du Genou.
Quant à l’opération à lambeau au-deffous du
genou, nous ne croyons pas qu’il foit néceffaire
d ’en décrire tous les détails. Le but de l’Opérateur
eft le même ici que lorfqu’il fait l’Amputation
au-deffus du genou, & la manière d’opérer,
n’eft pas bien différente. Après les préparatifs
préliminaires de l’opération , il doit marquer
avec de l’encre la grandeur & la forme d’un lambeau
fuffifant pour couvrir une grande partie de
la plaie, & il le féparera de la manière ci-deffus
décrite. Il incifera le refte des parties molles, en
ayant foin de conferver du côté oppofé au lambeau
une affez grande étendue de tégumens,
pour qu’avec le lambeau ils puiffent couvrir la
plaie entièrement , ou à-peu-près \ il conduira
d’ailleurs le traitement fuivant l’une ou l’autre
des méthodes que nous avons expofées, foit en
appliquant tout de fuite le lambeau, foit en le
tenant féparé, jufqu’à ce que les fympt’ômes de
douleur, de tenfion & d’inflammation foient
diflipés.
Il eft bon cependant de faire obferver qu’au-
deffous du genou l’on ne peut pas former le
lambeau fur le devant de la jambe 9 comme qb
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le fait fur le devant de la cuifle*, car il rfy $
point de fubftance mufculaire en cette partie,
auflj les Auteurs recommandent-ils de prendre
le lambeau fur la partie poftérieure de la jambe.
Mais il y a une objeélion très-importante à faire
| à ce précepte, c’eft qu’en formant le lambeau
i poftérieurement, il fera très difficile d’empêcher
; le pus de féjourner dans la plaie après que les parties
auront été rapprochées \ car on çe peut ufer ici
que d’ une compreffion très-modérée, & fi le lam-
beau eft placé de manière que le pus ne puiffe pas
facilement couler au - dehors, il s’en fera néceffai-
rement des amas entre fa, furface interne & l’extrémité
du moignon.
Au lieu de prendre le lambeau fur la partie
poftérieure de la jambe, il vaut mieux le former
fur le côté extérieur , où il y a affez de fubftance
mufculaire pour cela. On enfoncera donc la
-ointe du couteau vers le côté extérieur de la
crête du tibia, à la hauteur où l’on fe propofe
de feier l’os de manière qu’il pénètre en droite
ligne derrière la jambe au côté oppofé de labafe
qu’o.n fe propofe de donner au lambeau ; on
pouffera enfuite le tranchant de haut en bas en
fuivant la ligne qu’on aura préalablement tracée
pour fervir de direélion , & pour déterminer fa
forme & fa longueur. De cette manière, les os
pourront être couverts d’un couffin de chairs
fuffifant, fans que le pus qui fe forme pendant
la cure puiffe féjourner dans la plaie, puifqu’il
trouvera toujours à s’échapper par le bord inférieur
du lambeau.
Quand on fait l’opération immédiatement au-
defîùs des malléoles, on eft obligé de prendre le
lambeau derrière la jambe -, car il n’y a pas ailleurs
affez de lubftance mufculaire pour le former,
Mais nous avons obfervé ci-devant, qu’il ne faudroit
jamais couper la jambe tout auprès des malléoles,
parce qu’autrement on forme un moignon qui n’eft
pas commode pour y adapter une jambe artificielle.
Mais à la diftance de huit à neuf pouces, depuis
les condyles du fémur, qui eft en général la plus
convenable chez un adulte , on peut aifément
prendre le lambeau fur le côté de la jambe, de
la même manière que nous avons prtferit de le
faire immédiatement au-deffous du genou.
C eft particulièrement, lorfqu’il s’agit de couper
la jambe en cet endroit que l’on recommande
l’Amputation à lambeau comrne préférable à toute
autre méthode. Nous avons fait voir , ci-deffus,
quil valoir mieux couper la jambe en bas qu’en
haut, à caufe de l’avantage que l’on trouve à conferver
1 ufage du genou j mais pour que l’on puiffe
porter commodément une jambe artificielle, il faut
que le bout du moignon foit recouvert d’une certaine
quantité de chairs, afin que la preffion de l’oJ
fur les tégumens n’y mette pas obftacle par la douleur
qu a utrement elle pourroir occafionner. Or
il eft peut-être plus facile de,pourvoir à cela en faifant
un lambeau, qu’en opérant de toute autre manière.
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M. Lucas » dans le Mémoire que nous avons
cité, comme tendant à' montrer 1 avantage de la
méthode de M. O’HalIoran, dit que tous les malades
qui avoient été renvoyés guéris, fe fervoient
librement de l’articulation du genou *, fupportoient
fans inconvénient la preffion du moignon fur la
Ïambe artificielle,& pouvoient marcher avec beau-
coup d’aélivité. Il ajoute, comme une preuve de
l’utilité du lambeau, qu’un homme âgé eut les
orteils attaqués de gangrène laquelle s’étendit jnf-
qu’au deffus des malléoles, & détruifit toutes les
parties molles fi complettement , qu’il y eut
peu de chofe à faire de plus que de feier l’os
pour ôter le pied. Le moignon fe guérit très-bien,
& l’on fit à cet homme une jambe artificielle,
comme à ceux à qui l’on avoit feit l’opération à
lambeau ; mais, quoiqu’elle fût faite de manière
à ne preffer que très-peu fur le bout de l’o s ,
il ne put jamais en faire ufage. Il parle auffi
d’un jeune garçon, à qui il avoit vu faire l’opération
au mime endroit, par la méthode ordinaire
de la double incifion, 8c qui ne put jamais fe
fervir de la jambe artificielle. Cependant lorfqu’on
fe donne les foins néceffaires pour conferver la
fubftance mufculaire, ainfi que nous l’avons pref-
c r it , on peut obtenir à-peu-près le même ufage
de la jambe , qu après l’opération à lambeau.
Vbyei l’article Jambe artificielle.
§. IV. De T Amputation, du Pied*
Lorfque tout le pied eft malade , il peut être
néceffaire de couper la jambe à l'endroit où
nous avons conseillé de le faire, fâvoir au-deffus
des malléoles *, il convient ,même de prendre ce
parti, lorfque la jointure eft faine , fi le refle
du pied eft en mauvais état. Car quoique l’ on
ait recommandé d’amputer lé pied dans l’art.icu-
îation , on ne devrôit jamais adopter cette pratique,
foit parce qu’il n’y a pas en cet endroit
des parties molles dont on puiffe fe fervir pour
couvrir la plaie, foit parce que cette longueur
du moignon n’eft pas la plus commode. Mais lorf-
quune portion confidétable du pied eft encore
laine, il faut , fans contredit tâcher, de la conferver
, & n’en féparer que les parties malades. Plus
d une fois on a fait l’Amputation de.tout le pied,
lorfqu’ il n’y avoit qu’un ou deux des os qui le
compofent qui fût affeélé ; il faudroit au contraire
établir comme règle générale , qu’on ne
doit jamais amputer d’autres parties que celles qui
font dans un état de maladie, lors même qu’il
ne refteroit dans tout le pied que deux osfainsj
car, avec le fecours d’ un foulier bien garni, &
dont la femelle eft fortè, une très-petite partie
du pied peut être fort utile pour marcher, particulièrement
quand ce font les os du côté intérieur
dit pied qui demeurent, c’efl-à-dire, ceux
qui correfpondent au gros orteil ., diçeux qui font
les plus voiûns de ceux-ci.
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Si le mal fe trouve dans le milieu du pied,
les os du métatarfe de chaque côté étant en bon
état, il ne faut pas toucher à ceux-ci ; on fe
contentera d’enlever lesos affeélés, en lesféparant
dans leurs jointures, foit que le mal s’étende dans
toute leur fnbflànçe , foit. qu’il n’en ait attaqué
qu une portion *, car quoiqu’il ne fût pas impoffi-
ble d’imaginer des ihftrumens, au moyen def-
quels on pût couper en travers un feul os dans
le milieu du pied, cette opération feroit beaucoup
plus longue & beaucoup plus douioureufe que
l’incifion d’un os faite dans fes jointures $ il n’y
auroit d’ailleurs pas grand avantage à efpérer de
ce que l ’on en conferveroit une extrémité. Mais
lorfqu’il y a u n , ou deux , ou trois os affeété»
dans une portion feulement de leur longueur,
à l’un ou à l’autre côté du pied, comme il convient
de fauver le plus que l’on , peut de cet organe,
il faut tâcher de feier les os dans ua
endroit fain, le plus voifin qu’il fera poffiblede
leur partie malade.
C ’eft toujours un objet de la plus grande importance
dans tous les cas d’Ampuration, que de
conferver autant de peau & de chairs qu’il en faudra
pour couvrir la plaie j mais on peut dire que cela eft
particulièrementnéceffaire, lorfqu’on ampute quel-
I que partie du pied , où le frottement occafionné
par la marche eft plus confidérable que celui qui a
lieu dans une autre partie du corps. C’eft pourquoi
lorfqu’on fait l’incifion auprès de l’endroie
où l’on doit appliquer la feie, il ne faut jamais
négliger, autant que la chofe eft poffible , de conferver
un lambeau affez grand pour couvrir la
plaie. Or fi l’on y apporte un peu d’attention
cela pourra toujours fe faire, & le plus fouvenl
fans beaucoup de difficulté 5 car on peut prendre
le lambeau deffus, au-deffous, ou à côté, fuivant
que les tégumens fe trouvent fains ou
autrement, dans l’une ou l’autre de ces polirions«
Mais il eft bon de faire obferver, que lorfque
la peau eft en bon état, il convienr mieux de
prendre le lambeau par-deffous, parce qu’elle eft
ici plus forte, & par coriféquent plus propre à
réfifter aux effets de la compreffion que le pied
doit éprouver dans la marche.
La meilleure pofirion du malade pour cette
opération eft d’être placé fur une table. L ’on appliquera
le tourniquet au - deffus du genou , 8e.
l’on comprimera l’artère, au moyen d’une com-
preffe convenable placée fous le jarret. On fera
tenir le membre très-ferme par des aides} & lorf»
qu’on feiera l’o s , on mettra entre cet 03 & celui
qui eft à côté, un morceau de carton , ou une
petite pièce de bois très-mince , pour que les
dents de la feie ne touchent pas ce dernier.
Lorfqu’on aura amputé les parties malades, &
lié les artères qu’on aura coupées, on appliquera
• bien exactement le lambeau à la furface de la
| plaie } puis on l’affujétira avec des emplâtres ad-
1 héfifs, a une bande de flanelle. .Si l’on fait ufage
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