
dejigatures Amples , ou combinées avec des plaques
d’or ou d’argent. La ligature fe fait avec un
fil d o r , ou de foye, que l’on paflfe autour de la
Dent qu’on veut redreffer ; on en lie fortement
les deux extrémités aux Dents voifines, & l’on
refferre cette ligature tous les huit jours ou à-peu-
près. Ou bien, on fixe, par des ligatures, une lame
de métal fur les Dents voifines de celle qui eft
de travers, en la faifant paffer par-deflus celle-ci,
de manière que l’aèlion de la mâchoire oppofée
tende à les rapprocher les unes des autres. Cette
dernière méthode eft pénible pour la perfonne
qui en fait ufage , la précédente eft plus fimple
& plus Facile ; mais comme nous l’avons dit ,
c’éft au Dentifte à les varier fuivant les circonf-
tances.
On doit auffi laiffer au jugement de l’opéra-
.feur le choix des Dents qu’il convient d arracher
pour donner aux autres 1 efpace néceflaire.
On peut cependant avec M. Hunter , indiquer
les règles fuivantes.
j.* Lorfqu’une feule Dent fe trouve fort écartée
du cercle dont elle devroit faire partie, & que
toutes les autres font placées régulièrement , ou
à-peu-près, il faut arracher celle-là, & faire le
uéceffaire pour rapprocher 1 une de 1 autre les
deux plus voifines.
1.® S’il y a deux ou plufieurs Dents d un même
côté, qui foient placées très-irrégulièrement, ( la
fécondé incifive, par exemple, & la canine ) , & s il
paroit allez indifférent, quant à la régularité qu on
arrache l’une ou 1 autre, on doit toujours ôter
celle qui eft placée le plus en arrière ', ( la canine,
par exemple, dans le cas que nous venons d indiquer
»} parce’ que fi 1 efpace quelle laiffera ne
fe trouve pas rempli quand 1 autre fera redreffée ,
il fera moins choquant que fi l’on eût arraché
l ’incifive.
3.0 S i, dans le cas dont nous venons de parle
r , les deux Dents, quoique hors^ du cercle,
n’en font pas très-éloignées, fans qu il y ait cependant
affez d’efpace pour les loger, plurôfque1
d’arracher l’une ou 1 autre , il convient -mieux
d’ôter la première molaire , lors même qu’elle
fer oit parfaitement bien placée , parce ique ion
ramènera facilement les deux autres, & que lef*
pace vuide fera trop en arrière pour qu’on puiffe
l ’appercevoir. • ;
On voit affez fouvent que 1 efpace d un côté à.
lamre de la mâchoire Supérieure fe trouve trop
petit antérieurement, ce qui fait avancer les Dents1
de devant beaucoup au-dela de celles de la mâchoire
inférieure , quoiqu elles ne laiffent pas
d’être rangées régulièrement en arc de cercle. Si
l’on veut remédier à ce défaut, il faut arracher de
chaque côté une petite molaire, ce qui ^permettra
à la partie antérieure du cercle de s-’abaiffer..
On peur aider ce replacement au moyen d’une
petite barre qu’on place en travers du palais, entre
îç&Dçnîs canines, & à laquelle on lie les inçiür.
ves pour les redreffer ; mais ce moyen, qui a éttf
mis en pratique avec1 fuccès, eft très-incommode
comme on peut aifément l'imaginer.
Comme, ni les racines, ni les corps des Dents ne
font parfaitement ronds, il arrive fouvent qü’ ea
vertu de cette circonftânce, elles tournent plus ou
moins fur leur axe,, en for tant'de'leur s alvéoles ,
ft elles viennent à rencontrer, par quelqu’un de
leurs angles, une Dent complètement formée. Il
eft plus difficile de remédier à cette efpèce de dérangement,
qu’à toute autre ; car il eft prefque
impoffible d’appliquer affez long-rems de ■ fuite
unecompreffion capable de faire tourner la Dent
fur fon axe. Quelquefois, cependant on en vient
à bout pour les Dents incifives, par une méthode
analogue à celles qu’on emploie lorfqu’il né s’agit
que de les redreffer •, mais lorfqu’on n y réuffit pas,
comme c’eft le plus ordinaire,on peut, ou arracher
la Dent, & la replacer immédiatement dans
une poficion plus convenable, ou Amplement
la tourner avec l’inftrument autant qu’il eft .né-
ceflake, & la lier aux Dents voifines, jufqu’à ce
qu’elle foit fixée d’une manière folide.
Il arrive affez fréquemment que la troiïïèma
molaire, que la nature a deftinée à être permanente
, fe carie de bonne heure., & même avant
que les premières, ou petites molaires foient tombées,
ou du moins avant que la quatrième molaire
ait percé la gencive. En pareil cas, on ne
1 devroit jamais héfiter à l’arracher , lors même
| quelle ne cauferoit aucune douleur f ta r les Dents
permanentes de côté & d’autre venant à croître,
elles rempliront tout i’efpace que celle-ci aura
laiffë vuide, & fe foutiendront réciproquement.
Il en réfultera auffi l’avantage, dans les cas où
la mâchoire fe.trouve trop étroite par-devant,
de faciliter fingulièremem l’arrangement des Dents
incifives & canines.
Chez quelques fu jets, le corps de la mâchoire
inférieure fe trouve trop court pour loger toutes
les molàires *, il arrive alors que la dernière de
ces Dents ; qu’on nomme la Dent de fagéffe, ne
fort jamais complettement de la bafe dé l’apo-
phyfe coronoïde , & qu’il n’y a que fa partie
antérieure qui puiffe paroître à découvert. La
gencive qui recouvré fa partie pôfiérieure , irritée
par fes pointes, qui n’ont pu la percer, & fréquemment
comprimée par la Dent correfpon-
dante de la mâchoire'fupérteüre©cêafionne quelquefois
.beaucoup de douleur. En pareil cas , on
doit.fendre cette gencive profondément& en
plufieurs fen?, afin qu’elle puiffe fe retirer , &
laifler toute la' couronne de la Dent à découverr.
Mais quelquefois cette opération ne fuffit pas ; &
alors, fi le malade fouffre, il n’y a rien de mieux
à faire pour le foulager, que d’arracher la Dent.
Une autre irrégularité qui peut auffi devenir
très-incommode, mais qui ne s’obferve que rarement;,
c’eft lorfque lés Dénis dé fàgeffe ne viennent
qu’à la mâchoire fupérieure , & manqueni
étalement à la mâchoite inférieure •, cat alors,
toutes les fois que la bouche fe ferme, ces Dents
compriment la partie antérieure de la bafe de
l’apophyfe ^coronoïde , qui , en pareil cas, fe
trouve ordinairement plus avancée que lorfque
les Dents de fagefle exiftent dans les deux mâchoires.
On ne peut remédier à cette incommodité
, qu’en arrachant les Dents qui l’occa-
fionnent.
Lorfqu’il y a quelque Dent furnuméraire, ce
qui çft plus rare qu’on ne penfe communément,
elle eft fort incommode, ou bien elle occafionne
tine difformité, & conféquemment il convient
de l’ariacher.
De la IrjnJplantation des Dents,
Jufqu’ici nous n’avons indiqué comme remèdes
aux maux de Dents, que des moyens qui tendent
à détruire ces organes, en tout ou en partie , ou
qui, dans les cas les plus favorables, vont tout
au plus à conferver une Dent plus ou moins gâtée,
dans fon état d’imperfe&ion. L ’on a de tout
tems defiré de pouvoir remplacer de quelque
manière, celles qu’on étoit obligé de facrifier ;
mais quoique l’on air xonnu déjà chez les Anciens
, l’art de placer des Dents artificielles, &
même d’en faire des râteliers complets, tout ce
qu’on a pu obtenir à cèt égard, n a été que de
remédier à la difformité occafionnée par l’ab-
fence des Dents naturelles ; car d’ailleurs , les
artificielles font fréquemment incommodes, &
il eft bien rare qu’elles puiffent être d’aucune
utilité, fi ce n’eft cependant celle de parer aux
înconvéniens qui réfultent poür la v oix , de la
perte des Dents, & fur-tout des Dents de devant.
La Chirurgie moderne a imaginé un autre
moyen bien plus utile, & plus efficace, de fup-
pléer à cette perte, c’eft la tranfplantation des
Dents^ faines d’un individu à l’autre, chez qui
elles s’affermiffent en confervant leur état de vie,
& en faifant partie de fon corps auffi parfaitement
que fes Dents naturelles. Cette opération
îout-à-fait fimple en apparence , eft cependant
irès-délicate, & fuppofe plus de connoiffances
phyfiologiques & chirurgicales, qu’aucune autre
^ui foit du reffort du Dentifte. Elle n’eft pas praticable
dans tous les cas, comme on n’aura pas
. peine à le concevoir ; & fon fuccès requiert
toujours le concours de diverfes circonftances,
tfue le Dentifte ne doit pas perdre de vue. Nous
allons les indiquer, afin de faire connoître tout
ce qui a rapport à cette opération curieufe &
mtéreffante, mettant à part la considération de
ce qu’il peut y avoir d’immoral à. l’exécuter, &
à faire le bien d un individu aux dépens d’un
âutre ,q u i ne fauroit être dédommagé dit facri-
nce quon lui fait faire, & dont il,n eft jamais en
liât d apprécier la juftê valeur.
U on ne doit pas entreprendre de tranfplanter
aucune desgroffes molaires; car,comme
les racines de ces Dents font fouvent très*- divergentes,
& comme on ne peut en déterminer
d’avance ni le nombre, ni la longueur, ni la direction,
ilferoit prefque impoffible de fe procurer
des Dents qui puffent s’adapter exactement*
au vuide qu’on voudroit remplir. Auffi cette pratique
n’a-t-elie lieu que pour les Dents incifives
& canines, quoique l ’on pût l’appliquer également
aux petites molaires, dont les deux racines
fonr droites, & le plus fouvent réunies en une
feule.
2.0 Pour que l’opération réuffiffe, il faut que
le» alvéoles & les gencives foient parfaitement
faines; non-feulement il faut que la perfonne
foit entièrement exempte de toute affeCtion feor-
butique ou vénérienne, mais il ne faut pas quelle
ait fait aucun ufage de mercure depuis long-
tems, car la plus petite quantité de ce médicament,
laiffe fouvent- les gencives dans un état
de gonflement qui peut faire manquer l ’opération,
quoiqu’en apparence très - peu confîdérable. Et
même, fi l’on en fait ufage trop tôt après la tranfplantation
d’une Dent, cçla peut l’empêcher de
réuffir. On ne peut pas trop non plus fe flatter.
du fuccès, lorfque la Dent qu’on veut remplacer
, a occafionné des abfcès à la gencive, parce
qu’en pareil cas l’alvéole eft rarement en bon
état.
3-° Une faut pas tenter cette opération, lorfque
la Dent qu’il s’agit de remplacer, fe trouve réduite
depuis quelque tems à l’ état de chicot; car
alors les racines fe corïfument dans leurs alvéoles,
de manière à diminuer beaucoup, foit en longueur
, foit en groffeur ; les alvéoles fe rempliffent
dans la même proportiou , & il n’y refte pas
affez de place pour fixer les racines d’une Dent
faine. Cependant elle pourra réuffir généralement
lorfqu’il y aura encore une partie de la couronne
de la Dent; car alors, comme nous l’avonsob-
fervé ci-deffus, les racines pour l’ordinaire font
encore complettes, quelques progrès qu’ait d’ailleurs
fait la carie. Au refte , on eft toujours à tems
de porter un jugement à cet égard , lorfqu’on
vient d arracher la Dent cariée, & que l’on voit
l’ état de fa racine & celui de l’alvéole.
4.0 L ’on ne doit pas entreprendre de transplanter
une Dent que l’alvéole n’ait acquis toute
la grandeur qu’elle doit avoir. 11 convient auffi;
qu’il y ait une ou deux groffes molaires de chaque
côté à l’une & à l’autre mâchoire , afin de
tenir les mâchoires fuffifamment féparées, & que
la Dent tranfplamée ne rifque pas de fe déranger
par le frorrement de celles qui. font vis-à-vis*.
La néceffité de ces précautions ne permet pa»
de tranfplanter une Dent avant l’âge de dix-huit
ou vingt ans.
5--° L ’on fera d’autant plus fur du fuccès de
l’opéra tionque la racine de la Dent tranfplan-
tée s’adaptera plus exactement à l'alvéole, Pc^us