
;iS C I S
nient tranchant. On leur donnera de même la préférence
lotfqu’il s'agira d'aller au loin dentelerune
aponeurofe dont la.tenfion exceffive forme un
étranglement. ,
Avec les pointes de bons Cifeaux > on détruit
facilement & fans fecouffe les points de future;
ce qu’on ne feit pas avec le biftouri fans caufer
plus d'ébranlement.
Les Cifeaux font utiles pour enlever les lambeaux
déforganifés d’une partie qui a été moulue,
écrafée, & pour débarralfer la plaie des débris
qui l'entourent. Ils font bien fupérieurs au biftouri
lotfqu'il s'agit d'emporter lesefcarres gangréneu-
fes, pour détruire les petits filets par lefque s
elles tiennent encore aux parties faines, lefquels
pourroient donner lieu a des douleurs exceluves
& à beaucoup d’autres accidens graves ,.ü en les
coupant on les tirailloit ou qu'on les irritât ce
qui ne peut manquer d’arriver quand on le fait
avec le' biftouri : mais on peut préférer ce dernier
quand on veut détacher les efcarres des cau-
térifadoRs, parce que celles-ci adhèrent de plus
près, & qu’elles demandent moins de ménagemens,
; , , t -A . Quand il y aura des ampoules, des pmyctenes,
des veffies ou des boutons à ouvrir, foit dans
la mortification , foit dans la brûlure, &c. on en
chargera les Cifeaux, qui, pour les boutons varioliques
en particulier, feront .minces & prefque
fans dos. L’excifion des chairs baveufes & mollallés
qui rempliffent certaines plaies leur eft également
dévolue-, mais en ce cas ils doivent être concaves
pour mieux s accommoder à l’enfoncement du lieu,
& pour prendre ces excroiffances de plus près.
On s’en eft fervi depuis long-tems pour couper
les vernies, & la plupart des excroiffances de la :
même nature , le biftouri cependant feroit fouvent
plus convenable, parce qu’il peut rafer la peau
fans lableffer , an lieu que les Cifeaux, même les
concaves, ne peuvent bien atteindre àfon niveau
fans l’entamer plus ou moins.
La barbe, les cheveux & les poils qui fe ren- '
verfent fur les bords d’une plaie, doivent être coupés
avec les Cifeaux,plutôt qu’avec le rafoir,qui
a la lame trop large, & qui tiraille toujours un
peu avant découper. Les* Cifeaux connus fous
le nom de Cifeaux des Juifs, qui font grands,
& dont les lames font minces, p!ates & pliantes,
-font très-commodes pour cet ufage. Voye[ les
Planches. .
Il ne faut recourir aux Cifeaux que le moins
qu’il fera pofîible, lorfquil s agira de couper la
peau, parce quelle eft d’un fentiment beaucoup
trop exquis » & que fon tiffu denfe & épais ne
cède que difficilement à leurs tranchans, quelque
fins qu’ils foient. On fe gardera donc bien de s’en
fervir pour aggrandir l’ouverture des abcès, &
pour en emporter, les angles quand cela paroi ira
néceffaïre. Cette règle néanmoins ne s’étend pas
néçeffairement aux cas où la peau e f t amincie &
C I s
à moitié fondue, comme il arrive dans les abcès
chroniques, & dans ceux dont les maturatifs gras
ont, pendant long-tems, préparé la fuppuration.
Infenfible alors , & de plus , peu fufceptible
d’être fixée, comme il faudroit qu’elle le fût pour
la foumekre au biftouri, on peut en approcher
les Cifeaux , qui la couperont facilement & fans
exciter de vives deuleurs. Mais on ne fauroit trop
le répéter, indépendamment de tout autre inconvénient,
ces réfections ne feront jamais auffi
exaéles que celles qu’on fait avec le biftouri,
auquel on devroit toujours avoir recours dans
tous les cas d’abcès & d’ulcères linueux & fiftuleux.
§. 6 . V f âge s particuliers des Cifeaux h incifion.
Quant aux opéraiions particulières où Ion
peut fe fervir des Cifeaux , nous allons continuer
à fuivre M. Percy ,fans entrer cependant avec lui
dans tous les détail? qu’on fera bien de lire dans
fon ouvrage.
Les fongus qui naiffent fur la dure-mère-a près
l’opération du trépan, & fur-tout après les grandes
déperditions des os du crâne, font du domaine
des Cifeaux, comme en toute autre partie du
Corps. On fait combien il eft dangereux en les
coupant de fecouer les méningés, & aucun infiniment
n’eft moins fuj et à cet inconvénient que les
Cifeaux ; ils n’ont en outre befoin ni de pinces,
ni d’érigne, & ils emportent les par ries à mefure
qu’ils coupent -, mais il faut s’en fervir légèrement,
& bien fe garder en coupant, de preffer fur le
cerveau.
On eft quelquefois obligé d ouvrir la dure-
mère pour vider un épanchement -, alors, après
avoir fait une petite ouverture avec le biftouri,
on y paffe la lame à dos convexe des Cifeaux courbes
& l’on coupe enfuiteen foutenant la membrane
avec la concavité de cette lame j cette incifion
fe fait de cette manière beaucoup plus commodément
& plus fûrement qu avec le biftouri.^
S’il faut dépecer un corps étranger introduit
& groffi dans l’oreille., les Cifeaux peuvent être
utiles. M. Brambillaa propofé pour cet objet des
Cifeaux a lames étroites, pointues & coudées fur
le côté , qui ont l’avantage de ne pas intercepter
la lumière à l’Opérateur.
Les Cifeaux font fréquemment ufités dans les
opérations qui fe font fur les yeux. Ils ont de
grands avantages fur le biftouri dans 1 agglutination
des paupières, lorfqu’il s’agit de les léparer,
parce qu’on n’a pas befoin de fonde pour les diriger,
& parce que laiffant à l’Opérateur une main
libre, il peut s’en fervir pour étendre les pau-.
pières, ce qui lui fera mieux appercevoir la ligne
qu’il doit fuivre en faifant fa feélion, pour n’anticiper
ni fur l’une ni fur l’autre paupière. La
réparation des lèvres, néceffaire quelquefois chez
les nouveaux nés, s’exécutera de la même manière.
Les Cifeaux qu’on emploie, dans ces fortes de
eus,
C I s
cas, doivent être petits, fins, à pointes très-
mouffes, & avec de longues branches, pour éloigner
la main de l’Opérateur , & ne pas empêcher
le jour.
Pour remédier à un relâchement opiniâtre sle
la paupière fupérieure, tel qu’il a lieu dans les cas
de trichiafis & de lagophtalmie, M. Percy confeille
de faire un pli à la peau avec une pince à diffé-
quer, & de l’emporter d’un feul coup avec des
Cifeaux à lames très-minfces. Et lorfqu’un pareil
relâchement affeéle la membrane intérieure des
paupières, il veut qu’on faffe la même opération
fur cette membrane avec des Cifeaux concaves.
Pour emporter les verrues, les tumeurs farco-
mateufes & cancéreufes des paupières, l’encanthis,
& les autres fongofités, tant de l’oeil que de fes
angles, les Cifeaux font d’un ufage géhéral &
bien fupérieur à celui de tout autre inftrument.
Il-n’y a jamais eu qu’une manière d’opérer
Vongle , le pannus , & ce réfeau de vaiffeaux variqueux
qui couvrent quelquefois les yeux > elle
confifte à paffer par-deffous un fil, ou un crin,ou à les
accrocher avec une érigne pour les foulever, &
à les détacher enfuite en les coupant avec des
Cifeaux fins & pointus, le plus près qu’on pourra
de leur origine. Le pterygion, que Maître - Jan
a appellé graiffeux , ne peut ablolument être enlevé
que par les Cifeaux, à caufe de fa grande
molleffe.
Les Cifeaux fervent encore à couper le pédicule
du ftaphylôme, & il eft mille cas infolites où le
Chirurgien-oculifte en a befoin.
Les Cifeaux dont on fe fert le plus ordinairement
dans les opérations que nous venons de rapporter
font droits ou concaves. M. Percy fubftitue
aux uns & aut autres , dans ces différens cas,
des Cifeaux dont les lames font coudées fur le
plat, & forment avec les branches un angle de
25 degrés. Les branches font divergentes comme
dans les Cifeaux ordinaires, mais les anneaux
font cylindriques. Le principal avantage de ces
Cifeaux eft d’empêcher qne la main de [’Opérateur
ne fe trouve à (on jour , inconvénient qu’ont
fouvent les Cifeaux droits j ils coupent d’ailleurs :
mieux de la pointe que les Cifeaux concaves.
Il n’eft point d’inftrument plus convenable dans ;
l’extirpation de l’oeil que les Cifeaux concaves. .
Quand on aura avec le biftouri débarraffé le globe
de fes attaches antérieures, on portera ces Cifeaux
au fond de l’or bîre pour y couper le nerf optique
& les mufcles qui l’environnent ; après quoi on
s en fervira comme d’une curette pour tirer l’oeil
en avant, & le faire fortir de fa cavité. On y
aura recours encore pour emporter les débris &
les lambeaux que laide l’oeil après fafôrtie de l’or- ;
bite, & pour enlever les fongofités qui pourroient ;
y naître dans la fuite de la cure. Tous les antres
mftrumens qu’on a propofés pour cette opéra- !
tton 5 ont des inconvéniens qui les mettent fort au*
défions de celui-ci. ‘ ; J
Chirurgie. Tqmc 1,* I ,ere Partie
c 1 s
On fe fert quelquefois de Cifeaux pour couper
des polypes lorfqu’ils ont une bafe étroite; mais,
en général Jls font de peu d’ufage pour cette opération.
Dans certaines occafionsoù il a fallu faifir
; un polype placé fort avant dans la gorge , ou fort
haut dans le nez , on a été dans le cas de fendre
les ailes de celui-ci , ou le voile du palais, & l’on
a eu recours aux Cifeaux courbes, qui font le nieil
leur inftrument pour exécuter une pareille opé-
; ration.
On a été long-temps dans l’ufage de donner
la préférence aux Cifeaux pour l’opération du bec-
de-lièvre, mais aujourd’hui on les a prefqu’emiè-
rementabandonnés, & avec beaucoup de raifon
pour le biftouri. Fôyqce que nous avons dit
à ce fujer, à l’article Bec-de-liè vre . M. Percy
croit qu’il peut y avoir de l’avantage à opérer
avec les Cifeaux fur les petits en fans qui ont la
peau molle & facile à couper, & chez qui l’e£-
tenfion de la partie qu’on eft obligé de faire pour
opérer avec le biftouri peut occafionner une inégalité
fâcheufe dans les bords que l’on a à réunir.
Lorfque le frein de la lèvre fe trouve intéreffé
dans la fente du bec-de-lièvre, c’eft avec les
Cifeaux plutôt qu’avec le biftouri, que les Auteurs
recommandent de le couper.
Il en eft de l’opération du cancer aux lèvres
comme de celle du bec-de-lièvre, elle doit toujours
fe faire avec le biftouri. M. Percy remarque ( &
nous fommes portés à regarder (on obfervation
comme très-fondée) que larenaiffance des boutons
carcinomateux aux lèvres eft bien plus fréquente
quand on les a enlevés avec les Cifeaux, que
quand on s’eft fervi du biftouri. Voye[ Cancer.
Les Cifeaux font très-utiles pour diverfes opérations
qu’on pratique dans l’intérieur de la bouche.
11 y a bien long-tems qu’on s’en fert pour couper
le filet de la langue aux enfans , & aucun aurre inftrument
qu’on ait inventé pour faire cette feélion
n’en a les avantages ; mais il faut que ceux qu’on
emploie aient les pointes minces, larges, foigneu-
fement arrondies & bien tranchantes. On placera
le doigt index de la main dont on les tiendra entre
leurs branches, pour entrouvrir tant foit peu les
lames; on les portera de la forte fous la langue
que l’on relèvera avec les deux premiers doigts de
l’autre main dont la paume fera tournée contre la
face, ou qu’on forcera l’enfant à relever lui-même
en le faifant pleurer , & quand on aura engagé le
filet entre leurs pointes, on retirera preftement le
doigt d’entre les branches , ce qui opérera une
feélion nette & prompte Voye{ Filet.
MM. Maurain & Sernin fefontfervisdes Cifeaux
avec le plus grand fuccèspour couper, tantôt des
brides membranenfes, tantôt des bandes mufeu-
leufes qui lioient latéralement la langue de quelques
nouveaux nés, foit au bas-fond de la bouche, foit
aux joues. M. Faure y a eu recoùrs pareillement
pour enlever les bourrelets charnus qu’il a rencontrés
autour du filet de langue de plusieurs nouveaux