
par fa nature de fe changer en pus} tend rapî- 1
dement à la putridité, & occafionne la mortification
des folides qui le contiennent ; ce qui n’ar-
riveroit pas néanmoins dans la plupart des cas,
fi les folides n’étoient pas* eux-mêmes afFcftés.
La contufion efi fouvent accompagnée de commotion
, c’tft-à-dire , d’un ébranlement interne
& violent, qui s’étend quelquefois fort loin dans
Jes nerfs, & qui en diminue l’énergie. La fiu-
,pèur que produit cette commotion, fufpend l'action
des v ai (féaux, & affoiblit la circulation dans
toute la partie affedlée. Son effet même ne fe
borne pas toujours à celle-ci*, il fe communique
quelquefois jufqu’au cerveau, & en dérange les
fondions. Ctt accident efi d’une grande importance
dans les plaies d’armes à.feu, & il efi
d’autant plus à redouter , que les fujets chez qui
il fe préfente, font déjà plus affaiblis par l’âge,
ou par d’autres caufes. Voyè\ Contrecoup.
IY. Les repercujjifs & le froid. .
La Gangrène efi fouvent occafionnée par différentes
caufes, dont l’effet dired paroît être
de diminuer la fenfibilité, & l'irritabilité. Telles
font les applications , appeliées répercuffives,
lorfqu’on en fait un ufage,imprudent dans certaines
inflammations , & particulièrement dans
l’éréfypèle. Telle efi encore l’adion d’un froid
vif, & long-tems continué, qui peut aller au
peint de détruire la vie, & qui fouvent caufe
la mortification des extrémités du corps, qui en
ont le plus fouffert. Voye\ Engelure.
Difpojîtions du corps >tfavorable s a la. Gangrené.
L’Etat du corps, a, la plus grande influence
fur Tadion des caufes dont nous venons de par-
lt-r| cela va même au point que, dans le plus
grand nombre des cas, où l’on voit fe mani-
fefter la Gangrène, elle n’auroit point lieu s’il
n’exifioit déjà chez les individus-qui en font atteints,
une difpofition particulière, qui concourt
avec la caufe de cette maladie, & qui en facilite
la produdion -, tandis que, chez d'autres, telle
efi lheureufe difpofition dés organes , que les
accidens & les plaies les plus graves fe terminent
toujours de la manière la plus favorable. C’eft
chez'ces dernièrs, plus particulièrement, qu’on
obferve l’inflammation exquife, cette inflammation,
qui efi le remède quç.-la nature oppofe à,
la Gangrène, dans, le cas où elle peut la fur-
monter, & par laquelle elle fépare les parties déjà
privées de viemais qui prend aifément un
autre caradère, & ne fert alors qu’à propager
le mal.
La difpofition Gangrénetife peut être conf-
titufionnelle , ou accidentelle. On peut croire
qu’elle tient à quelque particularité dans la coitftitutîon,
lorfqu’on voit la Gangrène fe former
très-promptement à la fuite de fymptômes peu
graves en apparence, & defquels pour l’ordinaiie
on n’auroit pas lieu de redouter de femblables con»
féquences, lors fur-tout que cette difpofition paroît
héréditaire, comme elle l’efi fouvent en
effet. C’efi une difpofition de cette nature , qui
contribue à rendre la petite vérole fi terrible
pour les uns, tandis qu’à peine elle efi un mal
pour les autres, & qui rend d,angereufes chez
tous les individus d’une même famille , des plaies
qui chez la plupart des hommes feroient regardées
à jufte titre, comme n’étant d’aucune ton*
féquencé.
Diverfes caufes peuvent accidentellement oc-
cafionner une difpofition de la même nature ;
telles font la vieilleffe , les maladies antécédentes,
l’état de l’ame, le régime, le climat, le-lieu que
l’on habite , dont l’athmofphère peut v arier beaucoup
relativement à la falubrité.
Chez les vieillards, le principe vital perd de
fon énergie, & le ton des vaiffeaux s’affoiblit,
fur-tout à leurs extrémités. Ils font beaucoup plus
fujets que les jeunes, gens aux maladies Gangnï-
neufes, & toutes efpèces d’inflammations, celle
des plaies enrr’autres, prend beaucoup pW ai-
fément cette tournure chez eux , que chez dés' per*
fonnes d’un âge moins avancé.
La même difpofition efi fouvent la confé-
quence de certaines maladies qui ont diminué
Paélivité du fyfiême nerveux , ou le ton des fibres
dans quelques organes particuliers. A la fin des
fièvres malignes , il n’eft pas rare 3e voir fe
former, dans quelques parties du corps, une
tumeur inflammatoire que les Médecins-; font
accoutumés à regarder comme un dépôt critique.
Si le malade, a encore des forces, fi l’on a foin
de le (outenir par des toniques ou des cordiaux,
cette tumeur fe réfout ou vient en fuppuration,
& fe termine heureufement. Mais fi les forces
font épuifées* fl le. malade efi dans un mauvais
air, s il e fi mal foigné, on voit fouvent cette
inflammation fe terminer par la Gangrène. Chez
les hydropiques, toute caufe d irritation , dans
quelquune des parties de la peau qui, par
une grande extenfion , ont perdu leur reflort,
peut produire une inflammation & cette efpèce
d inflammation a pareillement une difpofition des
plus marquées à devenir gangrénetife. Peut-être
devons-nous rapporter à cette même claflè de
caufes, celles de certaines inflammations fpéci-
fiques qui abattent l’énergie du principe vital &
le "ton des vaiffeaux, en même —tems qu’elles
excitent dans ces derniers, une irritation inflammatoire.
Tel efi, dans bien des cas, le venin
de lax petite vérole \ tel efi toujours celui de la
psfief tels font encore divers autres poifons qui
manifeflem plus ou moins évidemment cette
double manière d’agir;
L état de famé a suffi un grand pouvoir à cel
ggard *, les paffions triftes diminuent l’énergie du
{enforium, & cette atonie s’étend fur toutes les
parties du fyfiême. Sià dans ccs circonftances,
il furvient une maladie inflammatoire, fi elle
occupe quelque organe irritable & plus particulièrement
fournis à l’influence du cerveau, elle
eft beaucoup plus fujette à fe terminer d’une manière
fâcheufe. Les coliques inflammatoires qui
tendent le plus rapidement à la Gangrène , font
celles qu’excite quelquefois un chagrin violent,
ou qui prennent naiffance tandis que l’ame efi
en proie à quelque affeélion de ce genre.
Le régime peut beaucoup pour favorifer cette
difpofition dont nous parlons. Les alimens très-
fucculens , ceux qui piquent le plus l’organe du
goût > le vin , les liqueurs fpiritueufes, augmentent
beaucoup chez ceux qui en font un grand
ufage l irrirabilifé des vaiffeaux fanguins -, ils les
difpofenc au fpafme inflammatoire & diminuent
en même-tems cette force tonique qui maintient
leur aêiion dans l’état de fanté. Ils augmentent,
par cet te raifon , la tendance à la putridité dans
les affections générales du fyfiême , & à la Gangrène
dans les inflammations locales proprement
dites auffi voyons-nous généralement que les
perfonnes livrées à l’intempérance, & les ivrognes
far-tout, fupportent difficilement les maladies inflammatoires
, & que divers genres d’inflammation
, celle en particulier qui accompagne les
plaies, fe terminent fréquemment chez elles par
la Gangrène.
K Le climat a encore une grande influence à
cet égard -, il paroît même , jufqu’à un certain
point, déterminer la conftitution originelle. Dans
les pays froids, les fibres motrices des vaiffeaux
fanguins font doués d’une grande force tonique
& d’une irritabilité peu confidérable, fi on la
compare à ce quelle efi dans d’autres parties du
globe. Les hommes y font plus fujets aux maladies
inflammatoires proprement dites \ mais ces
maladies qui, chez eux , fe terminent fouvent
par fup.puration, ne donnent lieu que rarement
à la Gangrène, comparativement à ce que l’on
obferve dans d’autres climats. Dans les pays
chauds, au contraire, où la force tonique efi
peu confidérable & l’irritabilité très-grande , on
voit moins de maladies inflammatoires , mais
lorsqu’elles ont lieu, la violence des fymptômes
étant proportionnée à l’extrême irritabilité des
vaiffeaux , il en réfulte promptement la Gangrène
& la defiruèlion des organes qui étoient
le fiège du mal.
Ces effets de la chaleur peuvent être confidéra-
blement augmentés par les exhalaifons méphitiques
dont l’atmofphère efi chargée dans bien
des endroits *, &. dans tous les climats , ^ cette
dernière caufe peut avoir les plus pernicieufes
influences fur L’énergie du principe vital. Les
Chirurgiens favent tons combien il efi plus difficile
de guérir les bleffés accumulés dans les grands
hôpitaux , que ceux qu’ils font appellés à voir
dans leur pratique particulière ; & combien, chez
ies premiers , les plaies naturellement accompagnées
de beaucoup d’irritation , télles^que les
fraélures compofées, font plus fujettes à fe terminer
par la Gangrène, que lorfqu’elles fe rencontrent
chez des malades ifolés qui vivent dans
un air pur, & particuliérement à la campagne»
Voye{ Aïs. & Amputation.
Marche & Symptômes de la Gangrené.
Lorfque la Gangrène fe déclare dans quelque»
parties > voici quelle efi la marche la plus ordinaire
des.fymptômes par lefquels ellefe manifefie.
L’on obferve dans la partie affeélée, tes marques
d’une extrême irritation , telles qu’une
rougeur vive & une tendon confidérables ; le
malade y éprouve une douleur aigue & une
chaleur brûlante. Bientôt la rougeur de la peau
devient plus- foncée , elle fe.change en une couleur
livide, le gonflement inflammatoire commence
à s’affaiffer, la partie affeétée fe charge
de férofité qui demeuré flâgnante dans le tiflit
cellulaire, elle devient flafque ; on apperçoit en
même - tems cil N là fur fa furface, de petites
veflies environnées à leur bafe, d’un cercle livide,
& q u i renferment une férofité âcre; & lorfqu’il
y a quelque ulcère exiftant antérieurement en cet
endroit, fa furface paroît sèche & décolorée.
Tels font les fymptômes qui annoncent la
Gangrène proprement dite. Çeux qui préfagent
le fphacèle ou la mortification complète, font
d’abord un épanchement de fang rouge fous 1 épiderme,
qui prend U forme d’ecchymofes ou
de pétéchies. La partie affeétée devient oedéma-
teufe & quelquefois emphyfémateufe. ( V oyt[
(Edeme & EMPHYSEME ) le malade n’y éprouve
plus aucune douleur, elle prend une couleur
noire, & elle exhale une odeur cadavéreux.
Gangrène sèche.
Dans la Gangrène sèche, la marche des phénomènes
ell un peu différente de telle que nous
venons de tracer. Les fymptômes inflammatoires
oui la précèdent, font ordinairement peu marqués,
fi ce n’eft par la douleur qui, dans certains
cas efi extrêmement vive v <1 autres fois eue efi
très’-légère, ou même à peu-près nulle, le ma-
lade ne fe plaignant que d un frotd très-grand,
ou feulement d’un fentiment d extrême pefanteur
dans la partie affeétée. Le gonflement efi peu
confidérable, fouvent il fl y en a point. Les
progrès du mal font généralement très-lents,
Quoiqu'il y ait à cela des exceptions, & quota
le vove cheminer quelquefois très-rapidement.
Dans ce dernier cas, il eft toujours précédé d une
^r.U.nr rnnfidérables. On VDtf