
céfarienne, ou la feélion de la fymphyfe du pubis.
A un plus grand degré d’ouvesture, l’accouchement
peut quelquefois fe faire; mais il y a tou>
jours du danger pour la mère & pour l’enfant.
Du côté de la mère, à raifôn des frottemens > de
la preffion &. divulfion d'es parties molles, qui
donnent toujours lieu à des douleurs profondes,
à l’inflammation, à la fuppuration & à la gangrène.
Du côté de l’enfant, à raifon de la fracture
des os qui réfiftent, de leur chevauchement
qui occafionnent des engorgemens, des déchire-
mens & des épanchemens intérieurs dont les
fuites font toujours mortelles.
Les détroits peuvent être bien difpofés, & néanmoins
l’accouchement être laborieux, à raifon d’un
vice dans l’excavation du Baffin. Ce vice provient
quelquefois d’une exoftofe du facrum, d’une
moindre courbure de cet ôs,quoique en général,
ce dernier défaut foit moins à redouter qu’une
trop grande courbure, qui tft toujours avec diminution
des détroits, & notamment de l’inférieur;
car de-là il fuit que la tête ayant traverfé difficilement
le premier détroit, fe trouve arrêtée par
la pointe du facrum , avant que l’occiput foit allez
ciefcendu .pour s’engager fous l’arcade du pubis.
La trop grande longueur de la fymphyfe des pubis,
le peu de largeur de -leur arcade, la longueur,
& la direèlion contre nature des épines feiatiques,
& la foudure intime du coccix avec la pointe du
fâcrum , peuvent aufîï rendre l'accouchement difficile.
Mais, en général} te plus grand nombre
de ces vices font toujours la fuite de la mauvaife
conformation du refie du Baffin. Voye\ quelques-uns
de ces vices rendus dans le? planches.
De Vécartement des os du baffin lors
de tAccouchement,
Une opinion qui remonte à l ’enfance de l’art,
eft celle qui admet l’écartement des os du baffin
dans le travail de l’accouchement. Hippocrate,
qui a traité cette queftion dans fon livre De naturâ
guéri , aflur-e que. les os des hanches fe disjoignent,
au moins lors du premier enfantement.
E x puerptris autem proecigue laborant , quoe
primos partus experiuntur, eo quod doloribus non
affiieverint, & totum quidem corpus dolor occupât,
pracipue yero. lumbos > & coxendices quoe ipfis
diducuntur. Cette déduction des o s , étoit une
opinion reçue chez le peuple J u if, ainfi cu’il
confie d’après un- paflbge du Rabin Zoar. Am-
hroife Paré en confidéranr .la ferme union des
fymphyfes > & combien il étoit difficile de fé-
parer les os chez les femmes même à l’époque
de leur accouchement, fut d'abord contre cette
disjonélion des fymphifes ; mais il revint cependant
de cette opinion, « Car, comment feroit-il
poffible , dit-il, qu’un enfant étant à terme.
•u deux gémeaux s’entretenant joints enfemble
puffent paffer par cette petite voie étroite, fans
que lefdits os ne fuffent disjoints l’ un d’avec
1 autre? or véritablement je le fais pour avoir
ouvert des femmes fubit après avoir rendu leur
fruit, auquel j’ai trouvé entre les os des hanches
, & os facrum, diflance k mettre le doigt
entre deux. Davantage, j’ai remarqué, étant appel
lé aux accouchemens des femmes, ayant la
main fous leur croupion, avoir oui & fenti un
bruit de crépitation 3 ou craquement defdîts os
pour la féparatioa qui s’y faifoit ; & même j ’ai
entendu de plulieurs femmes honorables, que
quelquejjours un peu devant que d’accoucher, elles
appercevoient avec douleur certain bruit defdits
os qui craquetoient enfemble. De plus les femmes
qui onrrrecentement enfanté, fe plaigneht fort
avoir douleur en la région de i’os facrum ,
qu’ils appellent reins ; & ici je conclus que lefdits
os commencent à s’entr’ouvrir, quelquefois
devant l’enfantement , principalement à l’heure
que l’enfant fort. Mais véritablement les os des
des hanches & pubis , s’ouvrent & fe féparent
les uns des autres, en forte que plulieurs femmes
(faute que nature ne les a , puis après rejoints);
font demeurées boiteufes..
Il y a des hommes li fermes en leurs opinions ,
qu’encore qu’on leur fît toucher au doigt , &
voir à l’oeil la vérité du contraire de ce qu’ils
maintiennent fi eft-ce toutefois que jamais ils
nefe voudraient départir dece qu’ils auront conçu
& engravé en leur efprit, en quoi ils fe montrent
ou merveilleufement amoureux d’eux-
mêmes, s'ils aiment mieux leur opinion que la^
raifon , ou font ennemis de la poflérité, fi con*»
noifTant la vérité , veulent toutes fois qu’ehe
relie cachée & ignorée. Saint-Auguftin n’a point’
fait de difficulté de compofer lui-même un livre;
de fes rérraélaiions. Pareillement Hippocrate a
écrit comme font les excellens hommes qui fe tiennent
aflurés de leur grand favoir , qu’il ,a été
.déçu à reconnoître la future dé la tête d’avee:
la fraéture. Certes, comme écrit Celfe les petits
& fbibles efprits, parce qu’ils n’ont rien, ne
fe peuvent auffi rien ôter;. mais il efl bien
féant à un efprit généreux de confeffer & avouer
pleinement la faute , & principalement qu’on
l’enfeigna à la poflérité poqr le bien public ; afin
que nos fucceflèurs ne fe trompent en la même
raçon que. nous avons été. Or ce qui me fait-
tenir ce propos, efl que jufqu’ici j’aveis maintenu
par paroles & par écrit les os pubis ne fe
pouvoient féparer , & entrouvrir aucunnement
en renfantement.. Toutes fois, il m’efl apperçu.
du contraire le premier jour de Févriér 1 5751
par l’anatomie d'une femme qui avoit été pendue
quinze jours après être accouchée , de laquelle
je vis la diffeélion, & trouvais l’ os pubis féparé.
en fon milieu, d environ demi - doigt, & l’os-
ifehium féparé de contre l’os facrum. Qui n*
le ^voudra, croire, je le renverrai au livre
ïfatufe, laquelle fait des chofes <JQé notfe intelligence
n eft pas capable d’entendre., îj
O n auroit cru que ce témoignage de Paré ,
eût dû réunir tous les fuffrages des Praticiens.
Dulaurens, Médecin de Paris, 'perfifia néanmoins :
contre, & malgré tout ce qu’eût pu dire Riolan fur
la plus grande molleffe, fur la plus grande épaif- i
feur, & la plus grande flexibilité des fymphyfes,
à l’époque de l’accouchement ,* beaucoup d’A c coucheurs
n’en furent pas moins contre l’écartement
des os du baffin, & notamment Roëderer,
qui avoit porté fur cette matière les lumières
d’une géométrie la plus exaéle. 11 eft cependant
certain que les os du Baffin peuvent s’écarter
dans l’accouchement*, mais cet écartemennt a-t-il
auffi fréquemment lieu qu’on le dit ? l’expérience
prononce ici négativement du moins de la manière
dont les Auteurs l’enrendent ordinairement.
Les recherches les plus exaéies font encore loin
de prouver, fans laiffer aucun côté au doute,
que l’écartement des cartilages y entrent pour
quelque chofe. Mais fi cette déduction des fyni-
phyfes vient moins fréquemment qu’on ne penfe
du gonflement des cartilages, elle n’en n’eft
pas moins fouvent produite par la rupture du
tiffu des fymphyfes comme on en a plufieurs exemples
à la fuite des accouchemens laborieux, où
les efforts font très-grands. Quand nous difons
une rupture des fymphyfes , nous n’entendons
point une déchirure du tiffu ligamenteux de la
fymphyfe, mais plutôt une réparation de ce
tiffu d’avec la propre fubftance de l’os , de
manière que l’un ou l’autre pubis refte k nud.
On trouve dans la fécondé édition des Cas de
Chirurgie , d’Olaiis, Acrell > publiée en 1778,
une preuve de ce que nous avançons. Lo caractère
de la maladie ne fut connu que cinq fe-
maines après la délivrance , quand en ouvrant
un abcèà qui s’étôit formé fur le pubis , on
s’apperçut que les os étoient féparés, & corrodés
par le pus. Après i’exfoUation des os cariés,
les parties fe réunirent, & la malade fe rétablit.
Ainfi, en fe trompant fur la nature de l’affection
, on s’eft laiffé naturellement aller à de fàufles
conféquences , en fe perfuadant que cette di-
duélion étoit abfolument aéceffaire, en forte que
comme l’obferve Séverin Pineau. c< ce feroit
envain que le col de la matrice, & les autres
Farties molles, fe dilateraient pour le paffage de
enfant, fi les os ne pouvoient s’écarter, n C’eft
d’après cette opinion qu’on preferivit les catapla-
mes, les fomentations, les linimcns, fit les bains
pour relâcher les fymphyfes, comme fi l’effet de
ces remèdes pouvoir êtreaffez direél fur le lieu où
on les applique, pour qu’en attendant tout d’eux
on dût abandonner tous les autres moyens. Des
recherches fcrupuleufes , & fur lefquelles nous
reviendrons à 1 article de la Symphyse bu
p u b i s , ont démontré que l’augmentation du
diamètre antéro-poftérieur fe réduifou prçfque
4 zéro , quand l'écartement étoit médiocre , &
que les pubis dévoient s’écarter au moins, d’un
pouce, pour procurer deux lignes de plus à ce
diamètre ; tandis que le tranfverfal s’accroifloit
de fix lignes , & fouvent au-delà. Ainfi, le Baflin
étant déjà plus large qu’il ne faut chez la plupart
des femmes, la didnélion des fymphyfes,
loin de leur être avantageufe, au contraire ne
devroit être regardée que comme rrès-fâcheufe,
en ce qu’elle donne lieu à une trop prompte déli-.
vrance, & aux accidens qui s’èn fuirent; & de
plus aux fuites' fâcheufes qui font irréparables
de l’écartement, & de la mobilité des os du
Baffin. O r , une conféquence claire de tout ce
qui vient d'être dit fur cette matière eft que
fi l ’on ne doit attendre que deux lignes d’ac-,
croiffement dans la direèlion du diamètre an-
tero - poftérieur du détroit fupérieur , <d un
écartement d’un pouce qui n'a jamais lieu entre
les pubis, fans que leur fymphyfe ne fût déchirée
; quel plus grand avantage pourra - 1 - on
obtenir d’un écartement toujours moindre, & fi
peu apparent chez la plupart des femmes.
La diduélion, ou ruptures des fymphyfes telle
qu’on doit l’admettre dans la plupart des cas, efL
ailée à reconnoître quand elle a lieu. Elle fur-
vient toujours à la fuite d’un mouvement ou
d’un écartement fubit de l’une des extrémités,
la douleur eft exceffivement vive à l’endroit de
la réparation ; il y a impoffibilité de marcher p
& quelquefois même dé remuer en aucune tna-»
nière, les extrémités inférieures. L ’inflammation,
la fièvre, les dépôts , la carie & la mort, en ont
fouvent été les trilles fuites. On n’a point
tous ces accidens à craindre, lorfque la diduc-
tion provient du relâchement des fymphyfes *
& quelle eft légère; mais la marche n’en eft
pas moins chancelante, & douloureufe. Quand
on a fait garder affez long-tems le lit > & que
le traitement a été dirigé d'après les indications
qui paroiffent, les fymphyfes fe rafferrniffent,
& la marche devient plus certaine. Mais quelquefois
le raffermiffement ne s’opère point , &
les femmes ne fauroient même remuer la jambe
fans éprouver pendant long-tems les plus
vives douleurs r fouvent cependant ces accidens
ne proviennent point d’un très - grand défordre
dans la jonèlion de os du Baffin , ils font oc-
1 cafiannés par un très-petit écartement, comme
on l’a fouvent remarqué.
On preferit ordinairement, dans le cas de relâche*
ment des fymphyfes, des. topiques aftringens> des
fumigations aromatiques, les bains froids, & même
à la glace. Il eft prudent, quelque convenables que
puiffent être ces moyens, de ne les mettre en ufage
qu’après le tems des couches , pour ne point
fupprimer î’écouiemêntdes lochies;néanmoins,eii
attendant le tems, ou preferit le repos , & l’on
fixe les os du Baffin au moyen à: plufieurs tours
de bande convenablement ferrés. Mais ces ra*
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