voyons aux ouvrages d’Anatomie , & Phyfiologie,
pour tout ce qui a rapport à l’hiftoire, tant de
la ftrnôlure, que des fondions de cette membrane
qu’on (ait entourer intérieurement le crâne de
toute part & préfërver le cerveau des a gens qui
pourroient l’offenfer. L’on trouvera également
dans les traités de Pathologie médicale, tout ce
qui concerne les épaiffifl'eroens ou offifications
auxquels elle eft lu jette , les inflammations,
iuppurations ,, & autres affections chroniques qui
font caufes, ou effets de plufieurs maladies du-
reffort de la Médecine & qui. ne fe manifeftent
au dehors par aucun fymptôme évident auquel,
un traitement- chirurgical puifle convenir. Nous
nous bornerons à deux aflkôtions qui, méconnues
ù leur première apparence,, ont jetré dans de'
grands écarts ceux qui ne fe dont oient point de
leur nature, ainfi qu’il le confiera de plus en
plus par ce que nous dirons p a r ia fuite. La
première v qui eft d’un caractère chronique, paroît
pe.u-à-peu par une tumeur qui mine les os du
crâne, s'élève. & fe confond infenfiblemem avec
les tégumens,. dont elle femble en quelque façon
foire partie, ce font les tumeurs fcngeufes de la
dure-mère. La fécondé conftitue les fongofirés de
cette même membrane •, elle n’a lieu qu’à la fuite
des plaies ou caries du crâne, ou confécutivement
à une uxfoliation très étendue de cette partie, n'importe
la manière dont elle s’eft opérée. Nous
allons nous étendre plus particulièrement fur
chacune d’elle en commençant par les- tumeurs
frngeufes-proprement dites..
De s-tumeurs fongeufes- de> la'Dure mèrev.
Les tumeurs fongeufes naiffent fpontanéraent
fins tous les points de la Dure - mè.re ; mais
Ipécialement fur la furface qui-- adhère au Commet
du crâne, ou à fabafej elles font fermes, indolentes,
froides,. & paroiffent être le réfultat d’un
engorgement lent dans les va i fl eaux qui la nourrif-
fenr y & établiffent entre elle & le diploé une
communication que l’Anatomie démontre ^e la
manière la. plus évidente. Il eft allez difficile,,
l'on pourroit même dire impoffible, de décider
fl y dans une affe&ion de. ce genre ,, le vice a.
commencé dans la. dure-mère, ou-dans le tiflu
H'-éme de l’os. Le malade qui-fait le fujet de la
première obfervation rapportée dans le Mémoire
de M. L o u i s q u i a traité cette matière fi fa-
vamxnenf., n’avoit reçu aucun coup à la rête, &
ne pouvoir rapporter fon mal qu'à une chûte
oui l avoir foire-quatre ou cinq mois auparavant,,
à dans laquelle la tête n'a voit point, poiré ;
unis 2 dès ce moment, il avoir éprouvé un étonnement
qui a perfiflé jûfqn’à la mort, où le
défôrdre paroiflbit égal fur la durev-mère, comme
for le crâne. Que cette’obfervation puifle prouver
en faveur de la formation fpontanée des tumeurs
fosgeufo. de la. dure mère, il n'en eft pas moins.
conflaté, d’après l’examen du plus grand nom»
bre des cas , que cette affedion fuccèdê plus
fbuvent aux coups reçus à la tête, qu’à toute
autre caufe. Le commerce de vie établi entre la
Dure-mère , & le crâne, dit à ceux qui favent
l'apprécier, que de même qp’il fe forme fiâfe
dans le diploé, dt dans le cerveau même, à la
foire des coups reçus à la tête, il peut également
sen faire une fur cette membrane, après une
pereuffion même très-légère. Les maux de
tête, obferve M- Louis , qui ont été la fuite descoups
négligés, parce qu'ôn les croyoit de peu
de conféquènce , venoient probablement de cette
caufe. L a diminution fucceflivc de ces douleurs,
a été l'effet de la réfolution lente,, & leur ceffa-
t-ion, celui, de la dilfipation tardive de cet engorgement
/ dont la faiguée répétée autant que les
ckconfiances peuvent le permettre, eft le remède
le plus àffuré.. >5 Mais, il eft quelquefois im-
poffible d’attribuer c&utre origine à; cet engorgement
, qu’à une caufe purement interne ^au virus
vénérien, par exemple, dont les effets fè font fixés
fur une portion de cette membrane •, les obfer-
vareurs fourniflent beaucoup de faits en faveur
de l’affinité qu’a ce genre de virus avec les-parties
blanches, ou exfanguines du corps.G'eft àraifon:
de cette affinité, qu’à, l'occafiôn des caules déterminantes
qui; ne feront peut-être jamais connues
, que les focs abondent, les vaifleaux fe.
déploient, & que. cette membrane dont la ténuité
égale cell.ê, du papier ,. s’ ë p a i ff it s ’endurcit , &
fe convertit en une végétation farcomateufe, • dony
la formation précède toujours 1a- deftrudion de.
l’os..L’os qui éprouve un dérangement-dans l’abord;
& la.réforption des focs-qui lui. arrivent, fouffre
un genre d'affaiffement & de liquéfaélion qu'on;
rapporteroit à tort à la carie, ofo il y a mani-
feftement érofion & ulcération.,L’on trouve dans-
le mémoire de M. Louis, inféré dans le cinquième
volume de ceux de l’Acadétme Royale
de. Chirurgie , un fa i t intéreflam, qui eft bien en.
faveur de tout ce que nous, avançons ici.. Nous
le rapporterons exactement?, en y ajoutant le
deffein. qui repréfente fontes-les apparences qu’on
a rrouvéesà l’extérieur, & celles qu’a offert le crâne.
2près la mort y on le doit à M. Grima, Chirurgien
à Mahhsr.. Le. fujet eft un jeune homme de.
vingt & un. ans, qui a voit une tumeur confidé-
rable au côté ^liche de la tête, laquelle fut prile
pour, une hernie du. cerveau. Cette tumeur avolî
commencé à la région temporale,. & éroit parvenue
par degrés au-volume d’une fécondé tête 3
ainfi qu’on le peut, voir dans la Planche qui a
rapport à cet. article j l'oreille extérieure en éioit
déplacée,. & portée au niveau de l’angle de la.
mâchoire inférieure. On fentoit très-diftinéle-
ment, à la circonférence fupéiieure de la bafe
de. la tumeur, les inégalités de l’os perforé, &
les» pulfations- du cerveau. Il y avoir, dans l’éten?
due de. la- mafle tuméfiée x des endroits rénitens?
8t fquirreux, d’autres qui étoient mous avet fluctuation.
Un emplâtre qu’on appliqua for la tumeur,
pour favorifér le fuccès qu’en efpéroit
défunt le Grand-maître Emmanuel Pinto , détermina
quelques points de fuppuration, d’où
fortoit une matière ichoreufe. Il forvint une
petite fièvre & des friflbns irréguliers, & le
malade mourut en moins de quatre mois en 1764.
La diffeôlion découvrit une tumeur farcoma-r
teufe d'e la Dure-mère, avec deftru&ion de toute
la portion du crâne qui lui correfpondoir, ainfi
qu’on le peut voir dâns la même Planche. On
»e voit rien dans les bords que l’on puifle comparer
au genre d’érofion qui a lieu dans la carie.
Quelque foit la caufe qui ait donné lieu à la
congeftion première dans le tiflu de la Dure-
mère , ( & fur elle un grand champ s’ouvre à
l'imagination. Voyt\ la Differt. inaugurale de
M* Desgranges foutenue à Lyon en 1779 ) ;
dès qu'elle ell décidément formée , elle tend à
pouffer hors' d’elle toutes les parries environnantes
quilui réfiftent, molles ou dures, n’importe
leur degré de folidité. La tumeur, en fecirconf-
crivanr, fe confond en partie avec la dure-mère \
elle prefle & ufe en quelque forte les parries du
crâne qui. s’oppofent à. fa croiflance, & bientôt
fe confondant avec les tégumens , elle- s’élève
inopinément, & fe diftipgue au-dehors par une
failiie contre nature, molle, -Toupie, offrant
même quelquefois l’apparence d’une fluctuation
décidée, ou une pulfition qui la fait regarder
par quelques-uns- comme une tumeur anévrif-
matique. La tumeur une fois fortie de l’intérieur
du crâne,. s'étend de côté & d’autre fous les
tégumens, qui cèdent facilement. Ceux-ci fe
dillendenr, deviennent liffes, s’cçdématient dan:?
leur contour, & enfin ils. s’ulcèrent foit fpon>-
tanément, ou à la fuite de l’application de
quelques emplâtres .fuppuratifs ou de quelques
cauftiqués. La matière que ces ulcérations four-
»iffent eft ichoreufe, fanieufe, lé contour de
la tumeur refte confondu avec les tégumens ,
& avéc les bords du crâne for lefquels il
repofe , en forte, qu’à cette époque il eft très-
facile 9e fe méprendre., & de regarder comme
extérieure une tumeur qui a pris naiffance intérieurement.,
La tum eu ren prenant ainfi fes ac-
croiflemens extérieurement, en prend également à
^intérieur y mais ceux-ci ont particulièrement
fieu, tant que le crâne: n’a point éprouvé une
érofion foffifante pour admettre tout le volume
de la tumeur, celle-ci alors déprime le cerveau,
& fe loge dans un enforcement qu’elle fe forme,
& qui eft. proportionné à fa groffeur,. lequel
diminue, & réduit, pour ainfi dire.à rien , du
^ornent que la tumeur s’eft fait jour au-dehors,.
L o s , en fe détruifant pour admettre ainfi la tu>-
*ï)eùr, éprouve une véritable ufore ou érofion de.
parties, fo tablç interne, commence à éprouver
l’altération, &. fuccelfivcment Intérieure qui
offre beaucoup plus de réfiftance. Mais unf
chofe à obferver, & qui dérive naturellemenf
! de la manière dont croît la tumeur, c t f i que 1«
fable vitrée eft détruite dans une beaucoup plus
grandi étendue de fa fin Lee , que la rable exté-*'
rieure, ainfi que la difleélion l’a plus fou vent
démontré. Quelquefois une nouvelle matière
calcaire fe dépofe dans les environs de l’ouverture,
"& pénétrant le paranchime amolli de l’o s ,
lui donne une folidité & une irrégularité, qui
! a toute l’apparence d’une végétation éburnée,
en forte qu’icr l’o s, par line compenfatron fingu-
lière , femble acquérir d’une part ce qu'il perd
de l’autre, ce qui arrive fréquemment dans les-
endroits du crâne,, ou la fubnanee diploïque eft
plus abondante. C-s fortes d'alrérations n'ont
guères lieu quand la maladie n’eft accompagnée
d'aucun vice des humeurs qui puifle la compliquer
y car, en.pareil cas, l’ufure n’eft point le réfui
d’une , fimple abforption , mais bien d’une érofion;
ou altération putride qui offre tous les phénomènes
de la carie* •
On ne peur rien décider for la préfence de fs
tumeur fongeufe de la Dure-mère", tant qu’elle
ne fe manifefte point au-dehors*, en effet, les
phénomènes qu’elle fait naître peuvent provenir
d’un fi grande nombre de caules, que ce ne,
feroit qu’avec le rifque de fe tromper grofîtère-
ment, fi l’on ne s’en rapporroit qu'à quelques-uns^-
Il n’en- eft point de même quand le crâne eft
ouvert l’on découvre,. dès le commencement,,
une dureté à l’entour qui indique que la tumeur
provient du dedans. Lorfqu’on la- touche avec
attention, on fenr un craquement,, ou une crépitation
qui a beaucoup de rapport à ce que feroit
éprouver le froidement d’inf parchemin fec.
qui feroit tendu fous la peau. Si l’on appuie un
peu fortement, l’on fait éprouver de la douleur,
&. quelquefois même un engourdiflèment dans
tous les membres, des étourdiffemens & autres
fymptômes plus ou moins fâcheux. La tumeur
rentre en quelque feçon en - dedans, fun-touc
quand elle n’èft pas bien volumineufe, & repai^ait
peu-à-peu, quand on a ceffé la compreffion.
Quelquefois il y a dbulenr, & d'autres fois point ;
ce qui provient fotivent de la manière dont ia
rumeur eft affeôlëe par l’inégalité de l’os qu'éll&
traverfe : cette douleur difparoit fouvent par la
compreffion,. & reparoît dès qu'on l’a ceffée.. La
rumeur a un mouvement alternatif, qu’elle emprunte
du cerveau y ou des artères- volumineufes-
qui font à?fa bafe y- mouvement qui en a impofé-
à plufieurs-, & qui- leur a quelquefois fort croire -
qu'elle étoit un véritable anévtifme , comme il eft
arrivé chez le malade qui foit le fujet de la fécondé
obfervation du Mémoire de M; Louis. En
repouffant de côté la tumeur , & portant le doigt
entr’elle & le contour de i'os par où. elle forx^.