
folution de continuité dit crâne , faite paf un
infiniment tranchant qui emporte la pièce comme
fi une hache l’aroit coupée. L ’on trouve dans les
Recueils d’Obfervations , faites par les Chirurgiens
d’Armées, beaucoup d’exemples, où une
portion du crâne, emportée par un infiniment,
appliquée au décidant, a été guérie , quoique la
dure-mère fut à nud de l ’étendue d’une pièce de
douze fous, par la feule application de la pièce
qui avoit été détachée. Cette pratique ne feroit
point à imiter fi la dure-mere étoit contufe, il
vaudroit mieux , en pareil cas , achever d’ôrer la
pièce, & panfer le trépan artificiel, comme celui
qu’on fait dans un lieu de néceflité ou d’éleélion ,
pour les accidens qui requièrent cette opération,
afin dé faite fuppurer la contufion de cette membrane.
Voyei T r é p a n . ( P e t i t -Ra d e i .) .
APOSTEME. Les Anciens Grecs employoient
ce mot également pour défigner l’augmentation
générale de tout le corps, & celle d’une feule de
fes parties, foit que l’augmentation en altérât les
fondions, ou qu’elle les laiffât dans leur intégrité.
Galien lui donna une valeur plus déterminée,
en ne s’en fervant jamais que pour'défigner une
augmentation de volume, qui trouble d’une manière
fenfible l’ordre établi dans l’ économie
animale. Les Modernes en ont limité le fens aux
tumeurs qu’on nomme humorales, & ont mentionné
autant d’efpèces d’Apoftèmes qu’il y a de
liqueurs renfermées tians le corps humain. Aujourd’hui
le mot Apoftème n’eft guères employé
que comme fynonyme d’abcès , c’eft-à-dire, pour
défigner une tumeur qui contient du pus. Voye[
A bcès, Empyème^ T umeur.
A P PAR E IL , Apparatusy apprêt, préparatif.
C ’eft la préparation, & la difpofitionde tout ce
qui eft néceflaire pour faire une opération, ou
un panfement. L ’appareil eft différent fuivant le
befoin j les infirumens, les machines, les bandes,
lacs , compreffes, plumaceaux, bourdonnets ,
charpie , tentes ± font des pièces d’appareil, de
même que les médicamens dont on doit faire
ufage. Voye\ chacun de ces Articles.
C’eft une règle en Chirurgie qu’il faut avoir
préparé l’appareil, avant que de commencer l’opération.
On évite, autant qu’il eft poffible, de le
faire dans la chambre du malade , & en fa pré-
fence 5 une telle vue pourroit l’affeéler trop fortement,
le rendre trop craintif, ou le jetter en
défaillance, ce qui ne pourroit manquer de troubler
l’opération, & de nuire par conféquent au
malade même.
ARCEUS. (François) Médecin célèbre, qui
florifloit vers le milieu du 16e fiècle, il exerça
la Médecine & la Chirurgie en Efpagne. Montanus,
qui fut fon Editeur, fait le plus grand éloge de fa
probité & de fon défintéreflement , il donnoit
gratuitement fes foins aux pauvres, & les com-
blo.it d’aumônes dans leurs befoins 3 il pratiquoit
encore avec la plus grande dextérité à l’âge de
So ahs. L ouvrage, qui a fait connoîtfe davantage
cet Auteur > eft celui qu’il a intitulé : D i reââ eu-
randorum vulnerum ratione, libri duo. Get ouvrage
eft rempli d’excellens points de pratique qui fe
trouvent cependant noyés dans une quantité de
formules. On lui doit une manière Amplifiée de
traiter les plaies. Son ouvrage fournit une grande
quantité de préceptes utiles à confulter dans le
traitement des coups â la tête. Il parle d’une opération
dans laquelle il dit avoir extirpé des portions
corrompues du cerveau, fans autres incon-
véniens que quelques accès d’épilepfie. Il a fait
des recherches très-étendues fur les plaies du
bas-ventre. Il s’élève avec force contre l’abus
fies futures, & l’amputation des portions charnues
ou offeufes qui tiennent par une partie quelconque
i & dans toutes les réfutations qu’il a faites
des mauvais procédés des Praticiens de fon tems ,
il n’a fait acception de perfonne, mais il na
ceffé d’avoir pour but la gloire de fon nom & le
bien de l’humanité. (P e t i t -R a d e l ).
ARCEUS. Baume , ou onguent d’Arceus.*—
Voyei Onguent.
ARDEUR d’URINE , excrétion des urines
difficile, douloureufé & \accompagnée le plus
fouvent d’un fentiment de chaleur dans le canal
de l’urètre. Voye\ Ischurie.
ARGEMA ou- ARGEMON , en grec
C’eft un petit ulcère du globe de l’oeil , dont
le liège eft en partie fur la conjonctive ou blanc
de l’oeil, & en partie fur la cornée tranfparente.il
paroît rougeâtre fur la première de ces membranes,
& blanc fur la cornée. ( Cette defeription eft
exactement conforme à celle que Gorrhée donne
dans fes Definitiones Meàicoe. ) L’inflammation,
les puftules, les abcès ou les plaies des yeux,
peuvent donner lieu à ces ulcères.En général, les
ulcères des membranes de l’oeil font des maladies
fâcheufes, parce que ce n’eft fouvent qu’avec la
plus grande difficulté qu’on peut les guérir, &
qu’ils peuvent être accompagnées d’excroiffances
de chairs,defiftules,d’inflammations, de la forrie
& de la rupture de l'uVée, d’où fduvert s’en fuit
la flétrifiure de l’oeil : enfin , parce que leur gué-
rifon laiffe après elle des cicatrices qui nuifent
à la vue lorfqu’elles occupent la cornée tranfpa-
rente. Les ulcères fuperficiejs font moins fâcheux
& plus faciles à guérir que le.s profonds. Pour
guérir l’Argema il faut, autant qu’on le peut, en
détruire la caufe par l’ufage des remèdes convenables.
S’il vient ae caufe interne, parle vice ou
la furabondance des humeurs, les faignées, les
lavemens, les purgatifs, le régime, les véficâtoires,
les cautères ferviront à diminuer & à détourner
les fucs viciés &fuperflusj s’il y a inflammation,
il faudra employer les topiques émolliens & anodins
j enfuitè on tâchera- de cicatrifër les ulcères.
Le collyre fuivant eft fort recommandé.
' fy Camphre, vitriol blanc dix grains 5 fucre
candi un fcrupule j gomme arabique, douze grains j
eaux difiillées de rdfes, de plantain, trois onces
mêlées.
On fait couler quelques gouttes tièdes dans
l’oeil malade dix à douze fois par jour > & l’on
applique pardeflus l’oeil une compreffe trempée dans
unxolly’re rafraîchiffant fait avec un blanc d’oeuf,
& les eaux'd'e rofes & de plantain battues enfemble.
{Article deVEncyclopédie.') (M. P et z t-Radez.)
ARISTOLOCHE. On a employé en ,Chirurgie
les racines de deux éfpèces de cette plante, la
longue & la ronde-, elles font regardées comme
déterfives & vulnéraires, & on les applique en
poudre, ou en décoélion, fur les fiftules de l’anus,
& fur les ulcères des jambes & autres d’un mauvais
cara&ère. Aujourd’hui cependant on n’en
fait pas un grand ufage. Comme ces racines font
fpongieufes, on s’en fert quelquefois pour dilater
les plaies des cautères. |
ARNICA , plante d’un goût âcre & amer ,
& d’une odeur poignante quand on la broyé entre
les doigts. On l’a recommandée comme un excellent
remède dans les cas d’ecchymofe, & d’autres
épanchemens de fang, occafionnés par des coups,
des chûtes , &c. On en fait des fomentations fur
les parties contufes & meurtries-, onia donneauifi
intérieurement en infufion dans les mêmes cas.
En dernier lieu , on a particulièrement recommandé
cette plante pour des affections paralytiques,.,
& fur-tout pour des cas de ce genre où
les nerfs optiques ont fouffert , comme dans la
goutte fereine. On confeille alors de mettre depuis
tin gros jufqu’à une once, des fleurs en infufion
dans une livre d’eau, & de faire prendre cette
quantité en plufieurs dofes dans les vingt-quatre
heures. Quelquefois ce remède produit des vomif-
femens, d’autres fois il pouffe aux fueurs ou aux
urines, mais fouvent auffi il ne produit aucun
effet fenfible, à „moins qu’on ne regarde comme
tels, les picotemens & les douleurs qui fe font
fentir dans les parties affrétées de paralyfie, &
qui font un avant-coureur delà guérifon. L’on a
donné àuifi de grands éloges aux vertus de l’A rnica
, dans la gangrène, dans les fièvres d’accès
& dans d’autres maladies dont le traitement ne
doit pas rions occuper.
Mais tous ces grands effets de l’Arnica ne font
peut-être pas èncOre auffi certains que voudraient
le faire croire quelques perfonnes, qui, féduires
1 par un petit nombre de faits & d'exemples heureux
des vertus de l’Arnica , ont cru pouvoir la
mettre au rang des remèdes les plus héroïques.
Cependant, à en juger par fes qualités fenfibles,
c’en unefubfiance très-aélive, & qui mérite, foit
par cette raifon,foit à caufe de quelques exemples
bien conflatés deguérifons opérées par fon moyen,
que des obfervations exaétes & multipliées, déterminent
avec plus ’de précifion ce qu’on peut en
attendre.*
ARRACHEMENT. Ce mot en termes- de
Chirurgie, défi g ne tantôt un accident & tantôt
une opération. Confidéré dans le premier fens, il
exprime la réparation violente, fubite &non méditée,
d’une partie quelconque du corps de fon tout.
On lit en différens endroits, & particulièrement
dans le fécond volume des Mémoires de l'Académie
Royale de Chirurgie , plufieurs faits curieux
fur des membres arrachés. Leur détail fait voir
que ces bleffures , qui. d'abord paroiffent fi formidables
, ont prefque toujours une fin heureufe,
& que la.nature fait elle-même tout ce qu’il faut
pour parer à l’hémorrhagie -, tout ce qui eft d’ailleurs
néceflaire pour la cure, appartient à la Chirurgie
des plaies compliquées.
L ’Arrachement confidéré comme opération,
eft l’extraôlion forcée que l ’on fait de quelque
partie malade, ou formée contre nature. Cette opé- m
ration fe pratique fur les parties dures comme fur
les parties molles. L’extraôlton des dents fournit
un exemple de l'Arrachement des premières , &
celle du polype, d’une opération du même genre
fur les fécondés. Voye^ Dents , ;Polype, &c.
ARSENIC. Tout le monde connoîtles qualités
délétères,de ce minéral qui, à la dofe de quelques
grains , agit fur le corps comme le plus
violent poifon. Malgré ces effets généralement
redoutés, on a ofé l'employer comme un moyen
de guérifon, & on l’a fait quelquefois avec fuccès,
non feulement en l’appliquant à l’extérieur comme
topique, mais encore en le donnant intérieurement.
C’eft particulièrement dans les cas de cancer,
& d'autres ulcères de mauvaife nature, qu’on a
recommandé des applications dont i'Arfenicétoit
la bâfe., regardant cette fubftance comme un cor-
rofif d'une nature particulière. Elle paffe pour
être le principal ingrédient d’un remède fecret ,
qui a jo u i, depuis jong-tems en Irlande, d’une
grande célébrité , pour la, guérifon du cancer,
& qui eft connu fous le nom de remède de
Plunker. il paroît què ce topique eft compofé de
quelques poudres végétales irritantes, mêlées très-
exa&ement avec une certaine proportion d’Ar-
fenic & de fleurs de foufre. On forme une pâte
de cette poudre au moyen d’un blanc d'oeuf j on
l’applique fur la partie ulcérée , & on la recouvre
d’un morceau de veffie enduite aufli de blanc
d’oeuf. On laiffe le tout pendant vingt-quatre
heures, ou davantage, fans y toucher -, après quoi
l’on panfe l'efcafre avec un digeflif fimple & très-
doux..
M. Rush ( 1 -), Médecin à Philadelphie , qui
avoit vu de bons effets d’un remède employé par
un empirique pour certains cas de cancer, ayant
étéà iriêm.e d’en faire l’analyfe , trouva quec’étoit
de I’Arfenic blanc, mêlé avec à-peu-près quarante
(*i jVoyez'les Médical Conamentaxies, Vol. XI, pag. 176.