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velies forces *, elles ne fouffrent point dans ces 1
intervalles, elles font comme elles feroient dans
tout autre tems ; on en voit même qui s'endorment
alors d’un fommeil affez tranquille, mais qu’une
nouvelle douleur ne tarde pas à venir interrompre.
En confidérant philofophiquement la marche
de ces douleurs, l’on ne fauroit s’empêcher d’admirer
ici les vues fages de la nature ; chacune
de ccs douleurs , fi néceflaires, à l’expulfion de
l’enfant, eft fi violente que fi elles avoient été
continues, il n’eft point de femmes qui euffent
pu les Fupporter \ prefque toutes excédées au-
roient certainement perdu la vie avant de la
donner à l’enfant qu’elles portent dans leur fein ; •
& celles qu’une plus vigoureufe conftitution au
roit foutenu jufqu’à la fin du travail, n’auroient
pas manqué de tomber dans un épuifement mortel
à cette époque. En mettant des intervalles
marqués entre les douleurs, la nature a ménagé
aux mères les moyens de reprendre haleine, de
réparer leurs forces perdues dans les douleurs précédentes
, & d’en acquérir de nouvelles pour
foutenir celles qui vont bientôt arriver.
Les premières douleurs qui fe font l'entir quand
le travail commence, font proportionnées à la
force des contrariions qui les déterminent ; elles
font d’abord de peu de durée, & affez éloignées les
unes des autres •, elles ne produifent pas d’altération
fenfible dans le pouls, ni dans le relie du corps j
les femmes les app- lient mouches , vraifembla-
blement parce qu'elles piquent fuperficieliement.
Si l’on examine ce qui fe paffe du côté du ventre
& des parties naturelles, l’on obferve que le
premier fe refferre, & que les autres laiffènt
échapper quelques humidités glaireufes. A ces
premières douleurs en fuccèdent d’autres plus
vives & plus longues*, elles ne prennent point à
l’improvifte , leur arrivée eft annoncée par de
plus légères. Tantôt elleî commencent du côté
des reins, & vont fe perdre vers le bas, & tantôt
elles fe font fentir vers l’ombilic , ou autres
régions du bas-ventre, & paffent du côté des
lombes, où elles tourmentent violemment. Les
meilleures font celles qui portent fur-l’orifice de
la matrice ou vers le fondement. Ces douleurs
font prefque toujours celles que les femmes fup-
portent avec le plut, d’impatience, & qui pa-
roiffent les faire fouffrir davantage. Les intervalles
qui les féparem ne font pas fi longs qu’au
commencement du travail ; & à mefure qu’il
avance vers ia fin, elles fe rapprochent davantage
les unes des autres, & opèrent un changement
notable dans le pouls, qui devient, pour
l’ordinaire, plus fréquent & plus élevé*, la chaleur
de la peau augmente aufli, & fi le travail
continue à fe prolonger, le vifage s’allume , les
lèvres & la langue fe sèchent, la foif furvient
& l'agitation devient univerfelie;
A mefure que les chofes fe paffent ainfi du
côté de la matrice_ & du fiftême général, i’oria
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fice qui étoit précédemment enrr’ouvert, prend plus
d’étendue, fon bord s’amincit, & prefl’e fur la
poche des eaux, de manière à fe confondre avec
elle ; fa dilatation efi d’abord affez lente, mais
elle fe fait enfuite par des aecroiffemens affez
précipités, chofe à laquelle doivent faire attention
les jeunes praticiens lorfqu’il s’agit d’annoncer
la durée du travail. Les progrès de cette
dilatation varient chez toutes les femmes , &
même dans les divers Accouchemens. La dilatation
de l’orifice eft toujours accompagnée d’un
écoulement de matières glaireufes & fanguinoltn-
tes, qui dure ordinairement jufqü’à la fin du travail
; quand cet écoulement p^roît, on dit alors
que la femme marque*, c’eft de ce moment que
les fages-femmes datent le commenctnient du
véritable travail; mais fouvent les femmes marquent
lorfqu’elles ne fentenr encore que les mouches.
Cet écoulement muqueux eft fourni par
les glandes du col de la matrice & du vagin ,qui
préparant alors Une plus grande quantité de
mucofité, peut-être eft il augmenté par l’exfu-
darion des eaux de l’amnios qui fe fait à travers
ï les pores des membranes. Les femmes qui marquent
le plus font celles chez qui le travail fe
déclare brufquement, & chez qui le placenta occupe
les environs du col de la matrice, ce qui
paroît faire préfumer que le fang qui colore les
humeurs dont il s’agit, ou qui fo r t, provient de
la rupture de quelques-uns des vaiffeaux du placenta
même, ou du chorion.
A mefure que l’orifice de la matrice fe dilate,
les membranes s’y préfentent, en formant une
rumeur plus ou moins large, & qui fe tend à
l’apparition de chaque douleur *, cette tumeur
s’avance fouvent très-au loin dans le vagin &lorf-
qu’elle commence à paroître bien ditiinélement,
l’on dit que les eaux fe forment. Toutes les fois
que l’orifice de la matrice répond au centre du
baflin, que fa dilatation- efi égale de toute part,
& que les membranes font d’une texture fouple,
la poche des eaux eft arrondie, & reffemble affez
à une portion de fphère ; mais quand l’orifice eft
appuyé contre un des points du baflin, & qu’il
ne peut s’ouvrir circulairement, la poche prend
une figure plus ou moins ovoïde; enfin elle
s’allonge en forme de boudin lorfque les membranes
font d’un tiffu lâche & peu fe r ré , fans
que pour cela l’enfant préfente une main ou nn
pied , comme quelques-uns l’ont avancé. Dans le
moment même où la poche des eaux fe tend le
plus par la violence de la douleur, l’enfant s’éloigne
de l’orifice de la matrice , il remonte .vers
fon fond, y étant repouffé par les eaux qui le
foulèvent ; aufli l'enfant n’eft-il jamais fi éloigné
du paffage qu’au moment de ia douleur. Mais
tandis que l'enfant recule ainfi dans l’intérieur
de la matrice , celle-ci s’avance & defçend un
peu vers lé petit baflin , & la diftance qui le trouve
naturellement entre elles de les parties génitales
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.P r ieu r e s . diminue en conféquence d’une nu-
îrière proportionnée à l’efpace que la matrice a
R IK ; . en defeendant. La douleur une fois
taffée h bord do l’orifice; fe détend, la poche
S B " ' ’ 1— 'des eaux devient Jpl.u»s ffll-aaffmqiu#»e , IlV’e.nnffaanntt rreettoommbbee ,.
& vient s’ appliquer fur le bas de la matrice vers
fon orifice.’ On peut alors le toucher, & dtf-
tinauer à travers les membranes qui le couvrent,
ouelle eft à-peu-près la partie de fon corps qui
fe oréfente au paffage. Tout ceci fe paffe également
foit que l’enfant foit vivant, ou quil foit
mort. Une fois la douleur ceffée, la matrice remonte;
-mais elle Be regagne jamais le point d é-
îévation où elle fe trouvoit avant dêtre forcée
à defeendre ; en forte qu’après chaque douleur elle
refle toujours un peu plus bafle qu elle n’étoit
auparavant ; la tumeur que formoient les membranes
gonflées s’efface, l’orifice de la matrice fe
relâche, devient mou, & peut aifément être parcouru
dans toute fon étendue,
ïE n f in vient le tems où le travail eft dans toute
fa vigueur. Les douleurs fe fuccèdent alors très-
japidement, elles font plus aiguës & plus longues ;
les femmes font forcées, malgré elles, de les faire
valoir , tous leurs mufcles font dans une contraction
très-grande, & notamment ceux qui environnent
la capacité du bas-ventre , & qui la retré-
ciffent alors de toute part; le calme, qui furvient
entre les douleurs eft de peu de durée , il eft accompagné
d’un fentiment de pefanteur qui perfide
plus ou moins long-tems. L'orifice de la
matrice s’augmente alors tellement qu’il égale
quelquefois prefque toute la largeur du bailin.
.Ç’eft alors que les membranes , fortement tendues
par les eaux qui les pouffent en avant, fe déchirent
; celles-ci s’échappent avec impétuofité, à
elles fuccèdent celles, qui étoient contenues dans
|a matride, & dans laquelle nage l'enfant; & elles
continuer oient de couler, fi la tête du foetus ne fe
portoit vers l'orifice , & ne le fermoir de manière
à empêcher route effufion quelconque, du
moins dans l’intervalle des douleurs. Quand ia
tête eft ainfi appliquée à l’orifice, & que Tes bords
la compriment circulairement en manière de couronne
, l’on a coutume de dire que l’enfant eft
àù couronnement. Mais fi c'cft toute autre partie
de la tête qui s’engage à l’orifice, nayant point
jaffez de volume , ou étant trop inégale pour
pouvoir s’y mouler exactement, les eaux continuent
à couler d une manière continue , jufqu’à
ce qu’il n’en refte plus dans la matrice. La rupture
des membranes ne fe fait pas toujours dans
le même tems, ni fur le même point de l’orifice;
quelquefois elle a lieu dès le commencement du
travail, ■ & tantôt à ia fin-feulement; quelquefois
elle fe fait au centre de l’orifice, & d’autres fois
au-deffus de fon bord, ci»confiances qui font
toutes aufli intéreffames les unes que les autres
à connoitre. Quelquefois cependant les membranes
ne peuvent fe rompre à raifon de leur exceifive
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réfiftance ; & c'eft ce qui a lieu aflfêz fouvent dans
les accouchemens prématurés, où le foetus fort
renfermé dans fes enveloppes, & entraînant avec
lui fon placenta ; cette expnifion eft toujours
accompagnée de fuires fâcheufcs, ainfi qu’on le
verra à l’article A vo r tem ent L ’on a cependant
des obfervations où il eft fait mention de foetus
fortisàterme avec leur membrane, & nageant au
milieu des eaux qu’elles renfermoient, & fans
qu’aucun accident s’en foit fuivi. Cet Accouchement
reffemble à celui des animaux; il ne peut
avoir lieu que chez les femmes bien conformées,
■ & il n’eft heureux qu'autant que la matrice revient
proportionnément fur elle-même. Souvent aufli
j ’amnios & même le chorion, fe déchirent & fe
féparent du refie des membranes fur les bords
de l’orifice de la matrice , & la tête du foetus
les pouffant en avant, celles-ci s’appliquent fur elle
en forme de calotte, & alors on dit que l'enfant
naît coëffé.
Il arrive quelquefois que la même douleur, qui
donne iffue aux eaux, expuife également l'enfant,
& termine ainfi l’Accouchement en très-peu de
tems; d’autres fois il fe paffe un certain efpaee
entre l’une & l’autre de ces aélions, & entre ces
intervalles il furvient des douleurs fembiables à
celles que nous venons de décrire, & dont le
nombre n'eft pas à beaucoup près le même chez
toutes les femmes qui accouchent. Quand ces
douleurs ont lieu, il paffe une certaine quantité
de l’humeur qui étoit reftée dans la matrice,
laquelle humeète l’orifice & relâche les parties à
travers lefquelles elles s’écoulent, ce qui tes difpofe
à prêter & s’étendre avec moins de difficulté.. Les
douleurs qui fuccèdent à lafortie des eaux forçant
enfin l’enfant à fe porter vers l’orifice, & une fois
qu'il y efi engagé, loin de s’en éloigner lors de
la ceffation des douleurs, i! y refte de plus en
plus appliqué, quand la partie qui fe préfeme
efi de calibre à y refter. La matrice, de fon côté,
appliquée immédiatement fur le corps de l’enfant,
fe contracte plus vivement qu auparavant; la tête,
qui eft la partie qui le plus ordinairement s’engage
dans l’orifice, fe rapproche de la vulve à
chaque douleur. La tête ayant dépaffé l’orifice &
traverfé I§ détroit fupérieur, elle s'avance dans
l’intérieur du vagin, en parcourant l’étendue du
petit baflin. Lorfque la tête eft volumineufe , relativement
à l’étendue du baflin, &. fur-tout quand
le facrum eft applatîi, la compreflion quelle exerce
fur les nerfs facrés donne lieu à des crampes ou
engourdiffemens dans. les cuîffes, qu’on a beaucoup
de peine à calmer. Il eft rare que ces crampes
fe faffent fentir dans les deux Guiffesen même-
tems, parce qu’il eft rare que la tête comprime
également les nerfs facrés des deux côtés. Tantôt
elles affrètent la cuiffe droite, •& tantôt la cuiffe
gauche, fuivant la pofition de la tête Si fes rapports
avec les nerfs dont il s’agit. Ces mêmes
douleurs fe font fentir quelquefois à la partie