
C A N
incommodé que lorfqu il a négligé cîe fe faire
tirer du fang par des fangfues* opération à laquelle
pour l’ordinaire il a recours trois ou
■ quatre fois par année, & qui le foulage toujours
immédiatement.
Voilà donc une méthode'curative du Cancer,
fondée fur des obfervations authentiques, auxquelles
nous pourrions même, s’ilétoir néceflaire,
en joindre quelques autres du même genre , tirées
de noire propre pratique. Mais quelques bons
effets que l’on foit déjà autorifé à en attendre',
ce n’eft que d’après le1* réfuitat d’expériences plus
ncmbreufes & plus variées^ qu’on poüfrà'convenablement
apprécier le degré de confiance qu’elle
mérite. Après en avoir dit a fiez pour faire fen-
tir l’importance qu’il peut y avoir à ne pas la
perdre de vue, nous allons parler de l’extirpation
des parties affeélées du Cancer, qui eft généralement
regardée par les Praticiens les plus liges
& les plus expérimentés, comme le plus fûr, &
même comme l ’unique moyen deguérifon, lorsque
le mal a déjà fait de certains progrès.
la deftruüion & de P extirpation du Cancer ~spar
une opération chirurgicale.
Relativement à cette efpèce de traitement, on
peut divifer les Cancers en; deux efpèces.
1. ° Ceux qui peuvent être extirpés ou détruits
par une opération chirurgicale.
2. ° Ceux qui, par leur fituation, parleur ancienneté
& les progrès qu’ils ont déjà faits, ou par
quelqu’aurre circonftance particulière qui les accompagne,
ne fauroient être attaqués par aucune
’Opération.
La guérifon, dam le cas de la première efpèce,
confifte à détruire la partie affrétée, ou à l’extirper
per l’inftrument tranchant.
L ’on détruit les parties affeétées de Cancer par
l ’application du feu. Voye\ C autère actüei/;
«ou par celle des fubftances cauftiques, dont l’effet
immédiat eft d’excirer un degré d’inflammation
plus grand que les folides organiques*’ ne peuvent
iupporter, & de les priver ainfi de vie. L ’arfenic,
3e fublimé corrofif, la pierre infernale, font les
iubftances les plus ufitées dans, cette intention.
Les deux premiers particulièrement ont fait ;,
depuis long-rems, la bafe des topiques renommés
pour les Cancers, & ont été employés comme fe*-
crets par les charlatans. On a guéri quelquefois des
ulcères cancéreux, ou qui paroiffoient devoir le
devenir , par des moyens de ce genre; mais il
n’eft arrivé que trop fouvent auffi, que par l’ufage
decesfortes d’applications, on leur a fait faire des j
progrès beaucoup plus confidérables & plus
rapides. Lufage de la pierre infernale parole
avoir moins d’inconvéniens, elle excite moins
de douleur, St fon aélion eft plus limitée aux
parties qu’elle touche. Mais tous les moyens,de
C A N
cette nature étant beaucoup moins fûrs dans leurs
effets, que l’extirpation par 1’infiniment tranchant
, on ne devroit jamais en faire ufage que
pour les perfonnes qui ont une répugnance infor-
montable à livrer leur corps au couteau du Chirurgien,
:
Lorfqu’une pareille répugnance n’exifte pas ;
ou n’eft•pas tout-à-fait invincible, toute tumeur
fquirrheufe, toute partie affrétée de Cancer, !orl-
qu’elle eft fituée de manière à pouvoir être enlevée,
fans mettre néceffairement là vie en-danger
, doit être promptement féparée du corps *,
& plus on fe hâte d’avoir recours à cette opération
quand la nature de la maladie eft bien
décidée, plus on affure au malade la chance d’une
guérifon complette. Tout Cancer fitué au fein,
à la lèvre j aux tefticulés, ou en toute autre partie
extérieure quelconque, hors du voifinage de vaif-
feaux très-confidérables, eft du nombre de ceux
qui admettent l’extirpation', d’un autre côtécepen-
dant quelque favorablement que la partie foit
fituée à cet égard, on ne peut jamais avoir
une parfaite certitude que la maladie ne'paraîtra
p o in t f o i t dans le voifinage de la partie
originairement affrétée, foit dans quelqu’autre.
Mais cette confidération ne doit avoir aucun
poids pour détourner qui que ce foit de fe fen-
metrre à cette opération , lorfque toutes les cir-%
confiances de la maladie ayant été examinées &
pefées avec foin, elle paraît être convenable &
néceflaire*, au contraire, c’eft uneraifon qui doit
déterminer puiffamment le malade à s’y fouinettre
de bonne heure, puifquela probabilité'du fuccés
en fera d’autant plus grande. Il n y a perfonne
d’ailleurs qui, portant une tumeur décidément
fquirrheufe , puiffe avoir la moindre certitude
quelle ne fe terminera pas, tôt ou tard, de la
manière là plus fâcheufe; ou qui puiffe fans la
plus haute imprudence, fe tranquillifer dans l’ef-
pérance qu’elle pourra demeurer indolente pendant
nombre d’années. Les Chirurgiens appel lés
à donner leur avis en pareilles circonflances,
an-lieu d’entretenir, comme ils le font fouvent,
la fécurité des malades, ne devraient rien négliger
pour leur faire voir de bonne,heure la néceffité
de: recourir à l’opération ; car le fquirrhe le
moins difpofé en apparence à s’ulcérer, peut tout-
à-coup changer d’afpeél, s’enflammer St faire
des progrès fi rapides, qu’il deviendra bienriôc
un Cancer incurable, s’il n’eft pas attentivement
fur veillé par un Praticien prudent & expérimenté.
On voit fouvent qu’il fe forme dans les
tumeurs fquirrheufes, & dans celles des feins en
particulier, des ulcérations intérieures, long - teins
avant que la peau ait commencé à s’affefter, ce
qui peut donner lieu à l’abforpiion du virus cancéreux
avant qu’on foit fondé à foupçonner qu’elle
exifte. C’eft-là une circonftance que le Chirurgien
ne doit jamais perdre de vue, & qui eft
d'un grand poids t pour l’engager à prefief l’orj
, C A N
pération, & à faire fentir aux malades la nécef-
fité d’y avoir recours, avant que la maladie ait
pris une tournure menaçante.
Ilne f a u t pourtant pas inférer de ce qui vient
d’être dit de la néceffité de procéder de bonne
heure'à l’extirpation du Cancer qu’il ne convienne
plus de l’entreprendre lorfque la maladie a déjà
fait un certain progrès; il y à lieu de croire au
contraire que l’on a fouvent renoncé à cette opération
comme n’étant plus de faifon, dans des cas
où il étoit encore affez probable quelle pouvoit
réuflïr, foit que cette erreur ne dépendît que de
préjugés de théorie, ou qu’elle tînt à une défiance
occafionnée par les mauvais fuccès, de cette
pratique' qu’on pouvoit avoir obfervés, comme
nous avons vu que cela étoit arrivée au D. Monro.
On n’a que trop fouvent regardé un gonflement
confidérable de la partie affeélée, des douleurs^
fréquentes, ou confiantes, & qui augmemoient de
plus en plus, des glandes fquirrheufes fous l’aiflelle,
de petites glandes gonflées & durcies autour du
fein, l’ulcération de fa furface &... fon adhérence
auxmufcles de la poitrine ou aux côtes, comme
des circonflances qui dev.oient détourner tout
Praticien prudent de tenter l’opération. Ces fymptô-
mes fans doute font très-défavorables, & annoncent
unétat déjà fort avancé de la maladie,* mais
l’expérience a prouvé, comme nous le ferons voir
ci-après} qu’ils ne devroient point retenir le Chirurgien
, à qui il ne refte d’ailleurs pas d’autre moyen
de donner à fes malades une chance de guérifon,
& de leur éviter les tourmens inexprimables dont
elles feront infailliblement les victimes, fi l’on
abandonne la maladie à elle-même. Et il n’eft
pas doutepx que nombre de perfonnes n’y aient
luccombé", qui auraient pu être confervées à leurs
amis &à leurs familles, fi des craintes mal fondées
n’avoient empêché de recourir au feul moyen qui
pouvoit encore les fauver.
Des cas de Cancer ou Vopération eft impraticable.
Quoique l’on fe foit fouvent trompé en regardant
comme inattaquables par l’opération , des Cancers
qu’on pouvoit encore guérir par ce moyen, il y a
cependant des cas qui ne laiflent aucune efpérance,
& dont un Chirurgien ne fauroit entreprendre
l’extirpation fans la plus impardonnable témérité.
Nous allons expofer quelques-unes des principales
circonflances qui ne permettent pas d’avoir recours
à ce moyen.
r.° Lorfqu’en conféquence de la longue durée
de la maladie, il s’efl manifefté des glandes,
fquirrheufes ou des ulcères cancéreux, en diverfes
parties du corps, l’extirpation d’une, ou même de,
toutes ces parties affrétées, fi elle étoit praticable,
ne fauroit opérer une guérifon, & le Chirurgien
prudent ne doit pas la confeiller ; il en efttde
même lorfque des fÿmptômes d’une autre nature
annoncent que la conftitution eft altérée par la
G 'A. N
cachexie cancéreufe ; telles font lés douleurs d’entrailles,
& le teint pâle, livide, & cadavéreux,
fÿmptômes qui indiquent pour l’ ordinaire que les-
vifeères font affeélés , & qu’il ferait parfaitement
inutile d’extirper les parties fur lefquelles on peut
porter [’infiniment. Dans les cas de fquirrhe du
tefticule,où le cordon fpermatique a contracté du
gonflement & de la dureté, où il eft devenu douloureux
, inégal & plein de noeuds, auffi hau t que l’on
peut en juger par le taél , on ne peut pas promettre
deguérifon au malade, & il ferait inutile de tenter
l’opération. Il faut obferver cependant que le
Ample gonflement du cordon, quoique confHéra-
ble, n’eft pas une raifon fuffifanre pour en détourner
, lî d’ail leurs le malade n’y fentpas de douleurs,
& fi l’on n’y apperçoir pas d’inégalités ; car le (impie
poids du tefticule, lorfqu’il eft: très-volumineux,-
luffit fouvent pour déterminer un épaiffiftement
de la membrane cellulaire qui accompagne les
Vaiffeàux fpermatiques.
2.° Lorfqu’une tumeur cancéreufe eft tellement
adhérente aux parties fubjacentes qu’on ne peut
l’en détacher en totalité,^ qu’en même-tems ces
dernières font de nature à ne pouvoir être attaquées
fans le plus grand danger , ceconcours de circonf-
tancesrend l’opération impraticable. Ainfi, toute
tumeur de cette efpèce qui fe trouve adhérente
à la trachée-artère, ou aux tuniques de quelque gros
vaifleaufanguin, doit être abandonnée à elle-même,
fi l’on ne veut pas expofer le malade au double
danger d’une opération infuffifante pour la guérifon,
ou d’une mort inévitable, li l’on veut la rendre
plus complette. On a vu un malade périr fous
l’inftrument du Chirurgien qui avoir entrepris
d’extirper une tumeur fquirrheufe placée fur l’artère
fémorale ? & trop au haut de la cniffe pour que
l’on pût la comprimer avec le tourniquer. '
Mais fi la tumeur n’eft adhérente qu’aux mnfcles
ou aux tendons, cette circonftance ne fuffic pas pour
détourner abfoiument le Ghirurgien d’en entreprendre
l’extirpation ; car on a quelquefois emporté
des portions confidérables de fubftance mu feul aire-
fans qu’il en réfultâtde grands inconvéniens. IVL le
Cat, dans fa diflertation fur le Cancer, eft d’avis
que l’adhérence d’un Cancer auxmufcles peéloraux
St même aux côtes, n’eft pas une exeufe valable
pour renoncer à l’opération, fi ces mufcles, fi ces
attaches de la tumeur aux côtes peuvent être
emportées, de façon qu’il ne refte plus rien au-
delà que de fain. Et quoique fa doélfine , à cet
égard, ait paru à bien des gens fort exagérée, il vaut
mieux encore fuivre fon avis que d’abandonner,
le fachant & le; voulante une perfonne attaquée
de Cancer à une mort cruelle & inévitable, fans
avoir tenté le feul remède qui pouvoit encore le
fauver.
Vu. traitement palliatif du Cancer.
Lorfqu’il eft bien décidé que l’opération e ft