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tarfe, il ne faut point fe preffer de couper <
les Hgàmens par lefquels ils y rèftent encore
attachés, car cela ne peut fe faire fans un degré
cpniulërabLe de, douleur.,, qu’il convient d'éviter.
M. Port a ut Ta réfection de ces parties renou-
veller le mal, & propager la Gangrène qui auparavant
paroiffoit arrêtée. Ce que nous difons
des orteils, rjoir s’entendre à plus forte raifon
des jointures plus confidérables. Si la maladie fe
termine favorablement, ces, parties tomberont
certainement d’elles-mêmes j fi elle neparoît pas
tendre à la guérifon, on ne peut'produite aucun
bien en les extirpant.
Il n^n eft pas de même des cas où la Gangrène,
après avoir affeélé les parties molles dans
une certaine étendue, s’arrête dans un endroit
où leur réparation laiffera néçeffairement des os
à découvert , l’exfoliation de ceux-ci ne pouvant
fe faire que difficilement, & au bout d’un
très-long-tems, on eft obligé de recourir à l’amputation.
Mais lorfque cela peur fe faire lans
trop d’inconvéniens, le . mieux eft, après que
leschaiis Gangrénées fe font féparées. des parties
faines, de faire lafeélion de l’os, entre les
unes & les autres, en retirant celle-ci vers le
haur, & en les détachant de l’os, afin de pouvoir
appliquer la feie plus haut que leur extrémité
, fuivant le procédé que nous avons décrit à
l'article Amputation. M. Kirkiand ,qui recommande
avec raifon cette pratique comme la plus
propre à épargner dés douleurs au malade, &
à la préferver des accidens auxquels on Texpofe
quelquefois en fuivant une autre méthode, nous
apprend qu’il s’en eft tenu à celle-ci dans tous
les cas, où il a pu le faire convenablement. Nous
rapporterons un exemple qu’il en donne, afin
de mieux la faire connoître.
Une femme eut la main & le poignet gangré-
nés, en cpnféquence d’une violente inflammation,
& le mal s’étendit rapidement jufqua trois
ou quatre travers de doigt au-deflous du coude,
heureufement il n’alla pas au-de-là. Les pacens
■ de h malade, d’après 1 avis du Chirurgien ordinaire
, defiroienr qu’on amputât le bras au-def-
fus du coude •, mais M. Kirkiand s’y oppofa en
peignant le danger qu’on avoir à redouter de la
f-étion faite au travers des parties qui avoient
li récemment été affedées d’inflammation, & en
repréfentanr qu’on pouvoir fe flatter de procurer
â la malade une guéri l'on auffi complété & auffi
heureufe, en feiant l’os dans la partie morte,
qu’en recourant à une opération douloureufe &
dangereufe, & que rien ne rend oit néceffaire. En
conséquence on attendit que la fépararion naturelle
des^ehairs permit d’appliquer la feiej alors
on amputa l’os fans caufer de douleur, ni aucune
autre incommodité à la malade.-TJne partie
des chairs & des tégumens de la partie poilérieure
du bras que la maladie avoit épargnée, >k qui
defeendoit au-deflous de l’endroit où l’os avoit
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été fcié, fervit comme de latnb eau pouf recouvrir
la plaie, & la malade obtint la guérifon la plus
favorable.
Mais il n’eft pas. toujours poffible de s’en tenir
à cette fi m p le opérationon e(t fouvent obligé
, d’amputer au-deflùs des parties aîïeClées, & alors
on doit choifir pour cela l’endroit le plus convenable,
d’après les règles que nous avons ex-
j pofées ailleurs. Mais on doit regarder comme une
maxime confiante, de-ne jamais amputer un mem-
' bre pour caufe de Gangrène, jufqu’à ce que
la maladie foir entièrement arrêtée, & qu’il fe
foit fait une féparatiotT èomplette des parties
mortifiées de celtes qui font faines , car tant
que l’état inflammatoire n’eft pas entièrement calmé
, ( & il ne l’eft jamais , auffi long-teins
que l’tfcarre n’eft pas détachée des parties fai-
; nés. ) On peut être fû.r que la feélion^qui
1 doit néçeffairement l’augminter, ne manquera
pas d’étendre les progrès de la mortification.
Lorfqu’après la chûce d’une efearre gangréneu-
fe, la fuppuration eff bien établie ,il faut conlidé-
rer la plaie comme un fimple ulcère purulent , 8ç
la traiter en conféquence, ( Voye^ Ulcère, )
c’eft-à-dire , par des panfemens très-fimples &
très-légers j l’on s’occupera en même-tems de
fou tenir lès forces par un régime fuffifamment
nourriffant & fortifiant , & par l’ufage du kin-
kina , que l’on donnera en auffi grande quantité,
que l’état & les forces du maUde paroi front
Le requérir.
§. iy. Application de fubfîances caufiiques ,
& du Cautère actuel*
Après avoir expofé les principales indications
qui fc préfentent dans le trairement de la Gangrène
, nous ferons mention de quelques moyens
particuliers que des - Praticiens de réputation
ont recommandés comme étant d’une grande ef?
ficaciré dans certains cas , quoique I on ne piaille
pas rapporter tous leurs effets à aucune cîes-
claffes de remèdes dont nous venons de nous
occuper. Nous voulons parler de l’application
de certaines fubfhnces cauftiques , & mêmç de
celle du cautère a élue!, dont on a quelque^
fois fait ufage avec fuccès dans cette maladie.
L’un de ces médicatnens eft l’efprit de fel
marin étendu dans une quantité d’eau plus ou
moins grande. Ç’eft Van-Swiécen qui a particulièrement
recommandé ce remède j il le nié 1 oie
avec fix fois autant d’eau commune, & en fat-
foi r des fomentations fur les parties gangrenées,
après les avoir fearifiées profondément." C’eff pat
ce moyen qu’il arrêta , ou parut arrêter 'une
Gangrène furvenue à la fuite d’une violente in*
flammanon du ferotum & de la verge, & qui
s’étendoit fur toutes ces parties. Le même Au*
teur recommande beaucoup ce même te>piquf
1 contre la Gangrène feorbmique des gencives j i‘
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môlolt, en pareil cas, l’efprit de fel avec dtT
miel , en plus ou■ moins grande proportion ,
quelquefois même il l'einployoît tout pur pour en
toucher les parties qui tendaient à la mortification.
Voye^ G encives. On comprend que
Pefpnt de fel, ainfi que les autres acides minéraux
affoiblis dans une quantité d’eau fuffi-
fante, & ainfi que le vinaigre , peut agir à la-
fois comme antiphlogiliique & atiti-fepnqiie j
mais lorfqu'il eft concentré , fa manière d’agir
eft bien différente, il eft alors un véritable cauf-
tique, Si fes effets falutaires ne peuvent s’expliquer
que par le changement qu’il opère dans la
nature de l’inflammation , qui prend alors le caractère
favorable à la formation d’un bon pus.
Vôyei Inflammation.
Ce n’eft que "de la même manière , qu’on
peut rendre raifon des bons effets attribués.à un
autre cauftique bien plus aélif que l’efprit de
fel Ravoir une folution de mercure dans l’efprit
de nitre, dont on a confeillé d’humeéter les bords
de la partie gangrenée, & qui arrête, dit-on, le
progrès de la Gangrène j trais nous ne connoif-
foos pas un affez grand nombre de faits, qui
tendent à appuyer .cette pratique. Nous croyons
cependant devoir en rapporter un exemple d’après
lin Auteur très-judicieux , M. Kirkiand que nous
avons déjà cité quelquefois.
Un homme eut une fra'élure des os de l'avant-
bras , dont les extrémités fortoient au travers des
tégumens. La fraclure fut réduite très-promptement
-, mais y au bout de cinq à fix jours-, "tout le
bras parut complètement Gangrené jufqu’à l’épaule.
On en fit l’amputation' auffi près de la
jointure qu’il fut poffible , & l’on eau réri fa le
moignon qui étoit mortifié jufqu’à l’acromion. Le
jour fuivant, la mortification avoit gagné l'extrémité
inférieure de l’omoplate. L’on mit alors
avec l’extrémité d’un ftilet, un peu de folution
de mercure dans l’eau forte, le long des bords
des parties affeélées, & dès ce moment le mal
ne fit plus de progrès. On répéta tous les jours-
cette cautérifarïon , pendant dix-fept ou dix-huit
jours : les parties gangrenées, & notamment l’omoplate,
fe détachèrent, & le malade fe guérir.
Quant au cautère aéhiel , Celfe a recommandé
de l’appliquer fur la ligne qui fépare les
parties mortes de celles qui font encore vives,
toutes les fois que les médicamens & les topiques
émolliens en particulier, n’en arrêtent pas les progrès.
M. Pouteau a ofé reffufeiter cette pratique ,
que la Chirurgie moderne .avoir entièrement
proferite, & il a cru quelle pouvoir avoir les
plus, heureux effets dans les cas d’éréfypèle gangreneux
qu’on voit fi fouvent dans les hôpitaux ,
à la fuite des plaies. Il veut ,*pour cet effet, que
l’on .cautérife principalement les bords des parties
dont la couleur efi d’un rouge foncé, &
dont la vie eft prête à s’éteindre; il confeille de
le faire, avec je fer , ou avec l’huile bou-iliante,
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& de rënouveller à chaque panfement, la. cau-
térifation des parties mortes, jufqu’à ce que le
fend ment de la chaleur fe fa fie appercevoir
même avec une certaine force , dans les parties
fain s. On doit enfuire recouvrir foute la partis
affeélée d’un grand cataplafme émollient.
Le même Auteur raconre un cas très-intéreffant
d’un anthrax furvenu à la joue d’une femme ,
qu’il guérit par le même moyen. La tumeur qui,
au troisième jour, étoit tout-à-fait noire, & avoit
acquis le volume d’une noix , étoit accompagnée
d’un oedème éréfypélateux qui occupoit
toute la joue, les paupières & le devant du cou.
M. Pouteau , après avoir fait ouvrir la tumeur
en différens fetis, avec une lancette, y plongea
le cautère qui étoit d’un rouge vif, & le reporta
plufieurs fois, jufqu’à ce que la chaleur fe fît
fentir dans les chairs faines. Aufli-tôt après l’application
de ce remède, la malade fe fentit fort
foui âgée -, un embarras de tête & un fentiment
très-pénible de flrangulation qu’elle éprouvoif
auparavant, fe diffipèrenr, & dix jours après,
l’efcarre fe détacha par la fuppuration.
Nos Lecteurs pourront, être fupris de ce
qu’après avoir blâmé i’appplication des fubftances
fpi>riruetifes & réfineufes fur les parties affectées
de Gangrène , ainfi que toute efpèce d’inçifion &
de Scarification , ailleurs que fur les chairs qui
font déjà mortifiées, nous paroiflbns donner un
aflentiment à l’ufage du cautère. Nous croyons
effectivement que la manière d’agir de ce dernier
moyen, diffère efftntiellement de celle des premiers,
St que tandis que ceux-là , en irritant-
les organes affeélés par la maladie, tendent à
augmenter & à propager l’inflammation gangre-
neufe, la vive aétion du cautère en change la
nature , & rétablit cet état des vaiffeaux qui eft
propre à favorifer une bonne fuppuration. Quelque
théorie que l’on admette à cet égard-, c’eft
un fait incontefiable que le. feu donne du ton
aux vaiffeaux , dans le voifinage des .parties
auxquelles on l’applique } fes effets fur divers
ulcères de niauvaife nature, & particulièrement
fur les os cariés , ne lai fient aucun doute à cet
égard. Il eft fâcheux que l’idée effrayante qu’on
s’eft faite de route méthode curative qui a pour
bafe l’opération du cautère, ait révolté auffi généralement
les Chirurgiens contre toute pratique de
ce genre , dont probablement ils auroient tiré de
grands avantages, fi , à l’exemple des Anciens,
ils en enflent étendu l’ufage. .
GANTELET. Efpèce de bandage qui enveloppe
la main & les doigts comme un gant, d’où,
vicnr fon n >m ; il eft de deux fortes, le Gantelet
entier & le demi-Ganrelet..
Le Gantelet entier fe fait avec une bande large
d’un pouce , longue de quatre à cinq aunes,
■ roulée à un chef. On arrête d’abord la bande
par deux circulaires autour du poignet, -on la
paffe obliquement fur le métacarpe, & Ton eeve