
elles font tombées en défnétude dans le plus grand
nombre des cas; on n'y a guètes recours que pour
certaines maladies, ainfi qu’on le peut voir à
l’article S c a r i f i c a t i o n . (M . P e t i t -R a d e l .)
CATAPLASME; Cataplafma de »ata^xa^ w,
j’enduis, j’applique deffus. Topique, ou remède
externe de confiftance molle, en forme de bouillie.
11 y a différentes fortes de cataplafmes , eu
égard à la matière dont ils font compofés, & au
but dans lequel on les emploie, c’eft pourquoi on
les diftingue en émolliens maturatifs, réfolutifs ,
antifeptiques, &c.
C’eft particulièrement dans les cas de tumeurs
qui tendent à la fuppuration , & lorfqu’il s’agit
de ramollir & de détendre des parties enflammées
, qu’on fe fert d’applications de ce genre,
qui, fous ce point de vue, font un des médicamens
les plus fréquemment ufités par les Chirurgiens.
Nous avons déjà dit un mot de leur ufage à l’ar-
tiele Abcàs. La préparation & l’adminifiration
des Cataplafmes, quelque fimple & facile qu’elle
paroiffe , demande cependant bien des précautions
& des foins auxquels, pour l’ordinaire ,
on ne fait pas affez d’attention.
' Pour qu’un Cataplafme foit bien fait, il faut
qu’il foit d’une bonne confiftance, ni trop liquide
âi trop épais,' qu’il ne foit pas grumeleux ; &
qu’il ait affèz de vifcofité pour que toutes fes
parties fuffifamment liées ne s’échappent pas de
côté & d’autre. Pour cet effet , ii l’on veut, par
exemple , avoir un cataplafme émollient , on
prendra de la mie de pain raifis, plus ou moins ,
luivant la grandeur du Cataplafme qu’on fe pro-
pofe de faire , on en «ôtera tout ce qui peut y
refier de croûte ; ou d’autres parties plus dures
que le refie, on l’émiettera entre les mains, de
manière à la réduire en poudre. On verfera peu-
à-peu du lait bouillant par-deffus , en remuant
foigneufement le mélange avec une cuillère, &
l’on jugera par la facilité , plus ou moins grande
avec laquelle on pourra le remuer ; du moment
où l’on aura mêlé affez de h.if. On mettra pour
lors ce mélange fur le feu > on le fera bouillir
pendant deux ou trois minutes , & fur-le-champ
on le verfera fur le linge préparé pour le recevoir
; de cette manière, il confervera plus long-
rems fa chaleur dans l’intérieur -, lorfque la fur-
face fera refroidie, au point qu’on puiffe l’appliquer
fur la partie malade, il faut l’étendre fur
un linge en deux doubles, médiocrement fin ,
avec une fpatule ou un couteau large & arrondi
par le bout, enduit de beurre ou d’huile , ( ce
qui vaut mieux que d’y mêler de la graiffe comme
l’on fait quelquefois ) , & lui donner l’étendue .&
l’épaiffeur convenables'; celles-ci , en général,
doit être à-peu-près de trois quarts de pouce. Un
Cataplafme d’une confiftance trop ferme eft incommode
fur une partie enflammée ; s’il eft trop'
liquide * ou s’il n’eft pas fuffifamment homogène
i l fe refroidit promptemept & manque fon but»
Pour en obtenir tout l’effet defiré y il faut Tap^
pliquer aufli chaud que le malade peut le fup-
porter, & le renouveller toutes les deux ou trois
heures.
Pour rendre le cataplafme fimple , plus matu-
ratif, on y ajoute fréquemment l’oignon , l’ail,
& d’autres végétaux âcres. Cette addition peut
être utile lorfqu’il n’y a pas un degré convenable
d’inflammation à la tumeur , & qu’il eft probable
que l’on accélérera la fuppuration en augmentant
un peu les fymptômes inflammatoires ; mais dansées
cas, ou les ftimulans font néceffaires, il n’y
a pas de moyen plus commode, ni même plus
certain de les appliquer que d’ajouter aux cataplafmes
une petite quantité de galbanum purifié
ou de quel qu’autre gomme chaude diffoute dans le
jaune d’oeuf. L’on peut encore , dans quelques
cas, remplir la même indication avec plus de certitude
, en mêlant une petite quantité de cantharides
au Cataplafme que l’on fe propofe d’appliquer.
Mais ces fubftances ftimulantes ne font
point néceffaires toutes les fois que l’inflammation
eft portée à un degré convenable ; il y a même
lieu de croire qu’elles pourroient être nuifibles
dans beaucoup de cas.
Nous allons joindre ici les formules de quelques
Cataplafmes ufités par les Chirurgiens ei3;
différentes circonftances.
Cataplafme émollient.
Prenez de la mie de pain & du lait, ou à défaut
de lait de l’eau commune, & faites-en un
Cataplafme , comme on l’a expliqué ci-deffùs»
Ou bien prenez de la haie de pain macérée dan&
le lait, une demi-livre ,
Jaunes d’oeufs, trois.
Safran en poudre , 5 ij:.
Farine de graine de lin, quantité fuflifante. —*•
Broyez le tout enfemble pour faire un Cataplafme
, qui doit être chaud.
Cataplafme maturatif.
Prenez de farine de graine de lin, 5 iv.
Levain, %pj.
Galbanum diffous avec un jaune d’oeuf, g
Oignons cuits fous la cendre,^ ij.
Onguent bafilicum , ^ j.
Huile de lys-blancs, quantité fùffifànte.—;
Mêlez , broyez enfemble & faites chauffer.
On l’emploie pour faire mûrir les abcès où
la fuppuration n’avance pas affez rapidement.
Cataplafme réfolutif* .
Prenez d’efpèces réfolutives en poudre, § vf.
Eau végéto minérale, quantité fuffifante..-—'.
Faites cuire pour un Cataplafme..
On s’en fert pour diffiper les tumeurs inflamr*
jmatoires* *
Cataplafme favonneux'.
prenez de mie de pain, 5 viij.
Savon blanc j* ‘
Lait, quantité fuffifante. — Faites-en un
Cataplafme.
On l’emploie pour réfoudre les tumeurs froides
& dures.
Cataplafme de ciguë.
Prenez de farine de graine de lin.
Feuilles de ciguë en poudre , de chaque
, 5 iij.
Lait , quantité fuflifante. — Faites cuire
pour tin Cataplafme.
On l’applique fur les tumeurs glanduleufes des
feins, & les ulcères cancéreux. Voyei Cancer.
Cataplafme de bryone.
Prenez de la bryone , ^ iij.
Fleurs de Sureau , ^ j.
. Gomme ammoniaque, ^ B.
Sel ammoniac crua , ^ ij.
Efprit-de-vin camphré, 5 j.
Faites cuire la racine de bryone & les fleurs
de fureau, dans une quantité d’eau fuffifante pour
les réduire en pulpe ; mêlez-y la gomme diffoute
dans un peu de vinaigre. Ajoutez aufli le fel &
l’efprit-de-vin camphré.
On recommande ce Cafâplafme comme un excellent
réfolutif , particulièrement pour les tumeurs
fcrophuleufes & articulaires.
Cataplafme antifep tique.
Prenez de poudre de quinquina,
Feuilles de rhue en poudre , de chacune
, ^ ij.
Efprit-de-vin camphré, § ij.
Bon vinaigre“, quantité fuffifante. — Mêlez,
faites un Caîaplalme.
On l’emploie pour la gangrène humide & les
ulcères putrides.
C A TA R A C T E. txaù^m.ua Um^v/XA. Gutta
opaca, fujfujîo , cataracla. Telles font les dénominations
plus on moins exactes, donnée^ à
une cécité dont la caufe eft au-de-là de l’iris, &
.qui fe manifefte par un obfcurciffement plus ou
moins apparent de la vue. Les Anciens s’accor-
ooient peu entr’èujç fur le véritable liège de la,
maladie ; le plus grand nombre l’attribuoit à la
condenfation des parties les plus denfes de l’humeur
aqueufe, laquelle formant pellicule entre
1 uvée & le criftallin, empêchoit les rayons iumi-
neux^ de parvenir à cette lentille, qu’ils regar-
uoient alors comme le véritable organe de la
vi ion. Quelques-uns penferent que çette pelli- ,
■e le déchoit du criftallin même qu’ils fuppo- ,
foient être un çompofé de plufieurs lames ou
membranes appliquées les unes fur les autres,
& plufieurs ont été jufqu’à confondre la véritable
Cataraéle avec l’amaurofe qu’ils appelloienc
Cataracte noire. Telle étoit l’incertitude des Praticiens
, lorfque vers le milieu du fiècle dernier,
Lafnier, dans une thèfe foutenue aux Ecoles de
Chirurgie de Paris, pour fa réception de Maître,
établit des doutes, & donna à préfumer que le criftallin
lui-même pouvoir être affeélé de maladie. Mais
ces doutes fe convertirent en certitude au commencement
de ce fiècle , lorfque le D. Briffeau,
tant par fes propres recherches que d’après di-
verfes obfervations communiquées par Rohault
; & Gaflendi, confirma cette opinion qui étoit
en quelque forte tombée dans l’oubli, & foutint
qu’on pouvôit remédier à la maladie par l’opération
de la main. Maître-Jan publia bientôt,
dans fon Traité des maladies des Yeux, imprimé
à Troyes, en 1707, cette opinion de Briffeau,
qui dès-lors fut la fienne, & bientôt elle devint
celle de Boërrhaave, d’Heifter, de Woulhoufe
& de tous ceux qui s’occupèrent du traitement
des maladies des yeux. Mais comme l’on ne change
point facilement une opinion qu’on a eu dès fon
enfance, quelques-uns en admettant le nouveau
fiège de la Cataraéle, ne crurent pas moins qu’elle
pouvoit aufli fe former derrière l’uvée, ou dans
Pefpace que les Anatomiftes nomment chambre
poftérieure, & d’après cela ils s’accordèrent à
nommer glau.cofe l’opacité du criftallin, réfervant
le mot Cataraéle pour déiigner la pellicule qu’ils
croyoient fe former dans l’humeur aqueufe ; &
de-là les dénominations de Cataraéle criftalline,
& rnembraneufe qu’on trouve dans Morgagni ,
Heifter & autres Auteurs. Ces- diftinétions ont
encore aujourd’hui leurs partifans, mais c’eft
fous une autre acception ainfi que nous le dirons
en avançant de plus en plus en matière.
II eft donc conftaté aéluellement que le fiège
de la vraie Cataraéle eft le plus ordinairement dans
le criftallin (1), en forte qu’on peut définir la
maladie , une privation de la vue, occafionnée
par rapacité de cette lentille ; & la chofe e!t
aéluellement fi bien conftatée même à la fimple
vue, qu’il n’eft aucun Praticien un peu expérimenté
qui puifle s’y tromper. Mais, comme il
s'agit ici dinftruire le plus grand nombre, entrons
dans des détails fur tout ce qui a plus particulièrement
rapport à cette maladie, & tâchons
de tirer de l’hiftoire de fa naiflance & de fes
progrès , des lignes qui puiffent diftinguer cès
deux genres d’affeélions & faire connoître les
( x) Nous difons le'plus ordinairement, car fur cent malades
a peine s’en trouve-t-il deux chez qui l’on- obferve
des Catarattes membraneufes, ou des Cataraftes produites
par une opacité del’humeur de Morgagni: Voyez des exemples
de cette dernière dans le. Traité de la Cataraéle dt*.
P. VYeft;&elj ils méritent 4’ètteconnus.
Oo ij