
partie àffeélée, & le fluide que ceux-ci fournirent
, détache & foulève Tépiderme , d’où ré-
lultent fur !a peau des ampoules, ou cloches ,
plus ou moins nombreufes, & plus ou moins
étendues, fui vaut la manière , dont la caufe a
opéré. Mais fi la peau ou les parties fubjacentes
font détruites, il ne paroît point de cloches. On
voit alors une elcarre noire & gangrenée, & après
que cette efcarre eft tombée , il refte un ulcère
plus ou moins profond, fuivant le degré de chaleur
par lequel il a été produit.
La douleur que caufe une Brûlure , eft toujours
très-vive ; en général cependant on peut
dire qu’elle l’eft davantage , quand la peau n’a
été que fortement irritée à fa furface , que Jorf-
qu’elle a fouffert un degré de chaleur, capable
de détruire entièrement ion organifation.
L ’on voit quelquefois la gangrène fe manifefter
avec violence, & s’étendre de la manière la plus
alarmante , dans des cas où la Brûlure attaque
une grande furface , & même très-promptement
après l’accident qui l’a caufée *, mais, pour l’ordinaire
, le fymptôme le plus à redouter, en
pareil cas , eft l’inflammation. La douleur &
l ’irritation vont quelquefois au point que, malgré
tout ce qu’on peut faire , on a bien de la
peine à empêcher 1 inflammation de fe porter au
plus extrême degré. Et lorfque la furface affeétée
eft très-étendue, les effets de cette inflammation
ne fe bornent pas à la place qui a d’abord fouffert
, mais ils vont fouvent jufqu’à caufer de la
fièvre 5 & même , dans certains cas , jufqu’à
produire un degré û’engourdiffement qui peut fe
terminer par la mort.
La première chofe à faire, Iorfqu’il s’agit de :
porter remède à une Brûlure quelconque, c’eft
de chercher à calmer la douleur le plus promptement
qu’il eft poffible. Lorfque le tilfu de la
peau n’eft pas détruit , & qu elle paroît n’être
qu’irritée, on parvient à modérer, & dans bien
des cas, à appaifer tout-à-fait la douleur, par
des applications de nature bien différente , &
même tout-à-fait oppofée. On obtient, par exemple
, cet effet, en plongeant la partie Brûlée,
lorfque cela eft praticable, dans de l’eau froide,
dont on a foin d’entretenir la fraîcheur , & en
l'y laiflant très-long-tems; ou bien , lorfqu’on ne
peut pas commodément plonger dans l’eau , la
partie qui eft le fiége du mal , en la tenant
conflamment humeélée avec des éponges, ou avec
des compreffes trempées de moment à autre,
dans de l’eau fraîche. Ce moyen qu’on a toujours
à fa portée, & qui n’ eft pas a fiez généralement
employé, eft le meilleur auquel on puiffe
avoir recours dans les premiers inftans, & celui
qui préviendra le plus sûrement la naiffance de
l'inflammation, fi l’on perfifte allez Jong-tems ,
dans fon ufage, qu’on devroit continuer au mpins |
pendant quelques heures. Ce qui paroît fingu- J
lie r , & que nous n’entreprendrons pas d’expli- *
quer , c’eft que l’on obtient fou vent le même
effet , en plongeant rapidement la partie qui a
fouffert dans de l’eau bouillante, remède cependant
que nous ne faurions recommander, &
dont l’ufage eft fort précaire. On a fouvent recours
à des applications émollientes , & quelquefois
avec affez de fuccès, mais en général,
ce ne font pas celles qui réu/fiffent le mieux ;
celles qui font d’une nature aftringente, ont un
effet beaucoup plus marqué. C’eft ainli que l’eau-
de-vie & mêmoi’efprit-de-vin, appliqués fur une
Brûlure , én appailent la douleur , quoiqu’au
premier infiant , ils la rendent beaucoup plus
vive. 11 faut pour obtenir de ces liqueurs, tout
le foulagement poffible , y plonger la partie
fouffrante, ou la tenir conflamment couverte de
compreffes qui en foient humeélées. On fe fert
aufii fort avantageufement dans le même but ,
de 1: eau de Goulard, ou d’une folution de fucre
de faturne , ainfi que de quelque autres applications
aftringenres, telles que de l ’encre, ou
une forte folution d!alun.
On penfe affez communément que tous les
remèdes de cette nature agiffent en empêchant
la formation des ampoules, ou cloches, que les
Brûlures fuperfi cie l les ont coutume d’occafionner.
Il ne paroît pas cependant que cette opinion
; foit fondée , car les aftringens & les fpiritueux
caîmeut plus promptement la douleur après que
l’épiderme a été ainfi détachée de la peau , que
I lorfqu’on les emploie dans le premier moment
; après que l’accident a eu lieu , & avant que les
cloches aient eu le tems de fe former.
A quelque moyen que l’on ait recours , il
faut en continuer Fufage'aufli long-tems que la
douleur fe fait fentir j & dans les cas de Brûlures
très-étendues, & accompagnées de beaucoup
à irritation , on fera bien indépendamment des
applications extérieures, de donner au malade quelques
dofes d’opium , proportionnées à la vivacité
deé douleurs ; c’ eft même ce médicament q u i,
de tous ceux que l’on pourroit employer, réuffira
le mieux à diffiper l’état de ftupeur dans lequel
rombent quelquefois les perlonnes qui out
éprouvé des accidens de ce genre ; fymptôme qui
paroît dépendre entièrement de la violente irritation
caufée par l’imprelfion de la chaleur. L ’on
emploie auffi avec beaucoup de fuccès, le kin-
kina, pour combattre ce fymptôme, & fur-tout
dans les cas où les plaies paroiffenr avoir quelque
tendance à fe gangrener.
Lorfque l’épiderme eft foulevée en forme de
cloches, il y a des perfonnes qui confeillent
d’ouvrir celles-ci, tandis que fuivant l’opinion
de quelques autres, on ne devroit jamais y toucher.
Il eft certain qu’en les ouvrant, on augmente
quelquefois beaucoup la douleur; mais c’eft
particulièrement, lorfqu’on le fait trop tôt , &
avant que l’état d’irritation caufé par la Brûlure
foit calmé , le moindre accès de l’air à la furfaef
fèce de la peau privée de fon épiderme étant à
cette époque extrêmement pénible. Mais quand cette
irritation eft appaîfée, on peut ouvrir les cloches
fans crainte pour en faire lortir la férofiré qu’elles
contiennent ; on doit même le faire alors pour
empêcher que cette férofiré venant à féjourner
trop long-tems à la furface de la peau, n’y produire
quelque degré d’ulcération, comme .cela
arrive quelquefois, lorfqu’elle n’eft pas affez promptement
ablorbée par les vaiffeaux lymphatiques.
Mais il vaut mieux, même à cette époque, les ouvrir
par de Amples piquures, que par de grandes in-
cifions, afin de ne donner à l ’air que le moins
d’accès qu’il eft poflibl®. Lorfque la férofiré eft
écoulée, le meilleur topique qu’on puiffe appliquer
fur la partie, eft un iiniment fait avec l’hnile,
la cire & une petite quantité de fucre de faturne.
L ’huile toute feule n’a pas affez de confiftance,
& s’écoule trop vite ; & les onguens, qui en ont
davantage, fatiguent plus la partie qu’un Iiniment,
parce qu’ils ne peuvent ni s’appliquer, ni s’enlever
avec la même facilité/
, En fe conduisant de cette manière, on guérira
Routes les Brûlures de l’efpèce, dont nous parlons,
c’eft-à^dire , celles qui font tout-à-fair fuperfi-
cielles, à moins qu’elles ne-foiem très-étendues
car , dans ce cas, elles excitent quelquefois une
forte inflammation, & beaucoup de fièvre. Il faut
alors avoir recours à la faignée, & aux autres
moyens indiqués par les fymptômes particuliers
qui fttrviennem. Et lorfqu’on voit dans la partie
^quelque difjJofidon à s’ulcérer , il faut employer
les remèdes que la nature de l’ulcère paroît réquérir.
Voyc{ Ulcère.
Dans les cas de Brûlure o ù , dès le commencement
, il y a perte de fubftance, comme il
arrive lorfque l’accident a été caufé par l’application
de quelque corps métallique chauffé à un
certain point , ce qui réuflit le mieux pour appaifer
la douleur , après l’application de l’eau
fraîche , long-tems continuée , c’eft l ’ufage des
émolliens doux & rafraîchiffans. Un Iiniment com-
pofé de parties égales d’eau de chaux & d’huile
d’olives ou de lin , dont on humeèle conftam-
ment les parties affeélées, au moyen d’un pinceau
bien fouple , donne pour l’ordinaire un foulagement
très-marqué , & fouvent immédiat. On
fait fonffrir beaucoup le malade , en appliquant
fur la plaie un appareil quelconque ; inconvénient
que n’a pas le traitement que nous
indiquons. Mais aufii-tôt que la douleur & l'irritation
produites par la Brûlure, font appaifées,
il faut couvrir la partie affeélée , & la traiter de
la même manière que s’il y avoit un ulcère produit
par une autre caufe. Le Iiniment d’huile & d’eau
de chaux, dont nous venons de parler , eft un
de ceux qui donnent le plus de foulagement ;
quelquefois cependant on réuflit aufli bien\, & mieux
encore, au moyen du cérat de Goulard * ou d’autres
topiques analogues...
Chirurgie. Tome l . tr l . ert Partie.
Dans les cas de Brûlure, caufée par l’explo-
fion de la poudre à canon , il y a fouvent des
grains de poudre logés en plus ou moins grand
nombre dans le tiffu de la peau. Ces grains augmentent
beaucoup l’irriiarion ; & fi on ne les
ôte pas , ils laiffenr ordinairement des marques
qui ne fe diffipent point. C’eft’pourquoi il faut
les ôter avec la pointe d’une aiguille le plutôt
que cela pourra fe faire après l’accident ; & dans
le but de diminuer l’ inflammation , ainfi que pour
diffoudre & entraîner les particules de poudre qui
pourroient demeurer encore, on fera bien , pendant
un jour ou deux, de couvrir la partie affeélée
de ciftapiafmes émolliens. D’ailleurs ces
fortes de Brûlûres doivent être traitées comme
les autres.
Lorfque la Brûlure affeéle deux parties contiguës
, elles font fort fujettesà contraéler enfemble
des adhérences, fi l’on ne prend pas des précautions
pour l’empêcher. C’efi ce qui arrive fur-tout
aux doigts & aux orteils, ainfi qu’aux narines &
aux paupières. Le plus sûr moyen d’empêcher ces
adhérences , c’eft de tenir les parties (éparées par
des plumaceaux, contenus au moyen d’un appareil
convenable.
Il eft bon de faire obferyér ici , que , dans
le traitement des ulcères caufés par des Brûlures,
l’on voir fouvent les chairs prendre une confiftance
mollaffe , devenir foogueufes j & s’élever
beaucoup au-deffus de leur niveau naturel. Lorf-
qu’elles prennent cette tournure, il faut abandonner
tous les topiques émolliens, fubftituer à leur
place, ceux qui font de nature un peu aftringente
, & comprimer doucement la partie a ffeélée
au moyen d’une bande. On baffinera la
furface de l’ulcère avec l’eau de Goulard, l’eàu
de chaux, ou une folution d’alun & on la panfera
avec l’onguent de tutie. Ces moyens fuffironc
généralement pour réprimer les chairs fongueu-»
Tes ; mais fi elles continuent à s’élever , on y
appliquera l’alun calciné, le vitriol, ou la pierre
infernale, pour les détruire. Voyei Chairs ton-
gueuses.
BRYONE. La racine de cette plante contient
un fuc très-àcre ; on l’a employée extérieurement
& non fans fuccès, comme réfolutive, fous
la forme d’onguens & de cataplaimes , fur- des
tumeurs chroniques de différente nature. On dit
que coupée par tranches , légèrement contufe &
appliquée fur les jambes des hydropiques , elle
produit un épanchement de férofité.
BUBONS de Bat/jSW-. Buhonts On peut voir
dans Gorrhée les différentes acceptions de ce nom
chez les Anciens. Aujourd’hui l’on défigne communément
fous cette dénomination, les engorge-
mens glanduleux qui paroiffenr aux aiffeiies , au
col, & aux aînés, quelle qu’en puiffe être la nature.
L ’organifation des glandes conglobées, qui font
le fiège des Bubons, plus étudiée qu’elle ne
l’avoit été précédemmenta beaucoup éclairé