
DISCOURS PRÉLIMINAIRE,
L a Médecine et ea C hirurgie , regardées autrefois comme une feule Sr
mê'me Science, ont été exercées par les mêmes perfonnes, dès la plus haute
antiquité; Sc leur réparation, telle quelle exifte aujourd’hui, eft une inftitution
très-moderne. Sj l’on fait attention à leur origine, à leur but, aux connoiflànces
que chacune d’elles fuppofoit chez le Praticien, à la connexion qui exifte
naturellement entre les maladies qui font du reffort de l’une & de l’autre , on
verra que les premiers hommes ont dû néceffairement les confondre, & l’on
comprendra aifément comment cette manière de les envifager a dû fe perpétuer
de fiècle en Cède. Mais enfin il eft venu une époque où les connoiflànces fur
l’Art de guérir s’étant extrêmement multipliées, on a été conduit naturellement
a les féparer en différentes d a lle s , & à former autant de départemens diftinéts
pour la pratique.
C e f t a la Seâe des Médecins Empiriques, dont la formation fuivit de près
le hecle dHippocrate, quon doit la première dividon de cette efpèce qui foit
- Y^nue a n°tre connoiftance. La Médecine fut de leur tems partagée en Diététique,
Pharmacie & Chirurgie. La première traitoit les maladies par le régime, la
fécondé, par les médicamens, & la troifième, par l’opération de la main. Mais
ce partage fut peu refpe&é par ceux-là même qui l’avoient imaginé. Erafiftrate
& Herophüe, deux des Médecins les plus diftingués de la Sede empirique,
traitoient indifféremment tous les genres dé maladies, Sc leurs Succcffeurs en firent
de même , ou du moins ils empiétèrent fouvent Jes uns fur les fondions des
autres, et Toutes les parties de la Médecine » , dit Celfe, qui avoit adopté dans
les écrits la divifion donc nous parlons, te font tellement liées entr’elles, qu’il
« e ft impoffible de les féparer entièrement. Celle qui traite parla diète, y joint
« quelquefois les médicamens ; celle qui fe fert des médicamens a recours auflî
« a la diète, de manière que chaque branche de l’Art tire fon nom des moyens
55 dont elle faic le plus d’ufage. 55
C e partage qui, au premier coup-d’oeil, paroît le même qu’il eft aujourd’hui -
en différait eflentiellemenc. Les Médecins n’étoient pas précifémenc les mêmes
que les nôtres, puifqu’ils fe bornoienc au régime. Ceux du fécond ordre,
rtiarmaceutoe, n avoienc rien qui reflemblât à nos Apothicaires ; ils faifoienc
u age des médicamens, mais fans les préparer eux-mêmes. Les ulcères, les
plaies accidentelles, toutes les maladies incernes & excernes, où les médicamens
deviennent utiles, croient de- leur refforc. L e diftrid des Chirurgiens étoit la
cure des plaies qu’ils faifoienc eux-mêmes, ainfi que celle des plaies & des
ulcérés qui ont plus befoin du fecours de la main que de celui des médicamens,
ce e enfin déroutes les affçâions des os. Mais, quoique l’océracion de la main
Uururgie. Tome I . 1, J. ‘ Partie. &