
leurs pas travailler aufli hardiment à faire fortir la |
tête de l’os de i’acetabulum , tandis que les vaif- |
féaux étoient encore dans leur entier, que s’ils
euffent été coupés & liés. Nous remarquerons cej
pendant que ce cas eft une preuve de la poffibi-
lité de faire cette opération , fans courir trop de.
danger. Car , quoique la malade mourut dans le
traitement, elle avoir vécu dix-huit jours après
l’Amputation, & fa mort fut occafionnée par une
autre caufe, dans un moment où il n-’y avoit
plus de danger d’hémorrhagie , & où la plaie avoit
commencé à prendre une apparence favorable.
5. II. D e VAmputation a Lambeau, immédiatement
au-dejfus du genou.
Lorfqu’on fe propofe de faire l’Amputation à
lambeau au-deffus du genou, on a le choix de
la faire à un ou à deux lambeaux *, mais en général
elle réuffira mieux avec un feul. On doit préférer
de faire le lambeau fur le devant de la
cuiffe, parce qu’il y a affez de chairs en cet endroit
pour couvrir l’o s , & que le pus s'écoulera
plus facilement quand on aura donné cette direction
au lambeau que fi on le forme d’une autre
manière.
Le malade étant placé fur une table, on mettra
le tourniquet comme à l’ ordinaire , à la partie
fupérieure de la cuiffe. Un aide tirera les tégu- ,
mens vers le haut 7 & les tiendra ferme dans
cette pofition, tandis qu’avec de l’encre l’on tracera
le contour & la forme du lambeau qu’on
veut faire. Une pareille précaution ne fera peut-
être pas néceflaire à un Praticien très-açcoutu-
tumé à cette opération , cependant elle contribuera
toujours à la rendre plus parfaite & plus
exacte.
L ’extrémité inférieure du lambeau doit s’étendre
jufqu’au genou , à moins que quelque
maladie des tégumens n’y mette obfiacle 5 &
dans ce cas , il faudra le terminer là où commence
le mal. Sa bafe doit toujours répondre à
l ’endroit où l’on doit fcier l’ôs. Ces données détermineront
l’endrcit où l’on doit former le lambeau
5 & pour fa longueur il faut fe guider fur
la circonférence du membre. Car puifque le diamètre
d’un cercle eft à-peu-près égal au tiers de
fa circonférence , quoiqu’un membre ne foit pas
exactement cylindrique, on peur, en faifant attention
à cette circonfiance, détermineravec allez d’e-
xaétitude l’étendue qu’il faut donner au lambeau
pour qu’il puiffe couvrir le moignon. Ainfi un
lambeau long de quatre pouces ou un peu plus,
s’ étendra aifément d’un côté à l ’autre d’un moignon
de douze pouces de circonférence *, mais
comme il y a de l’autre côté du moignon une
certaine étend ue de tégumens & de fubftance mufcu-
laire , lorfqu’on les a coupés de la manière que
nous avons confeillée, & qu’on a eu foin de les
repouffer vers le haut, avant que de fcier l’os j
comme d’ailleurs il efi très-important de Iaifler
au membre toute la longueur qu’on peut lui con-
ferver , au lieu de quatre pouces, il fuffira de
donner au lambeau trois pouces ou trois pouces
& un quart de long , plus ou moins, fuivant la
groffeur "de la partie , pourvu, que l’on fafl’e l’in-
cifion à la partie poftérieure du membre , conformément
à la méthode qui a été décrite ci-devant.
La largeur du lambeau doit être aufli grande à
fa bafe que celle du membre le permettra j 6c
elle doit demeurer la même, à peu de chofe près,
jufques à une petite diftance de fon extrémité.
En cet endroit le lambeau doit s'arrondir, afin
de s’adapter aufli exactement que poflible à la
figure de lg plaie de l’autre côté. Après en avoir
marqué la forme fur la peau avec de l’encre ,
comme nous l’avons confeillé tout-à-l’heure, le
Chirurgien fe placera vers le côté extérieur de
la jambe, & s’armant d’un couteau droit à deux
tranchans & très-pointu, il le pouffera dans les
chairs jufques à la profondeur de l’o s , en faifant
d’abord entrer la pointe à l’endroit où eft marqué
le côté extérieur de la bafe du lambeau ;
puis faifant paffer cette pointe tout au près de l’os
& par-deffus il la fera reffortir de l’autre côté à la
marque correfpondantefur les tégumens. Il pouffera
enfuite le tranchant du couteaü vers le bas ,
j parallèlement à l’os , en fuivant la ligne tracée
pour la formation du lambeau \ mais, eh arrivant
vers fon extrémité , il relèvera le tranchant, &
l’écartant un peu de l’o s , il diminuera l ’épaiffeur
du lambeau afin qu’il foit plus mince en cette
partie qu’à fa baie , circonfiance qui facilitera
beaucoup fon application fur la furface delà plaie.
Le lambeau étant foutenu par un aide , le Chirurgien,
en ce moment, coupera les tégumens,
& les mufcles à la partie poftérieure de la cuiffe
d’un feul coup de couteau jufqu’à l’os , à un
pouce ou environ au-deffous de l’endroit à ffos
doit être fcié. Il détachera les mufcles de- l’os
avec la pointe de l ’inftrument jufques à cette
hauteur j puis employant quelqu’un des moyens
décrits ci-deffus pour les faire remonter & les
foutenir, il fciera l’o s , & s’il refloit fur fes bords
quelques afpérités ou quelques éminences pointues
y il les coupera avec des petites tenailles tranchantes.
On liera toutes les artères qui donnent
beaucoup de fang avec la pincette ou le
crochet \ & l ’on aura foin de laiffer la ligature
affez longue pour que fon extrémité puiffe tomber
hors de Ta plaie.
On ramènera enfuite les mufcles & les tégumens
vers l’extrémité du moignon \ & après avoir
paffé une bande de flanelle ou de. coton , d’abord
auteur du corps, & enfuite autour du haut
de la cuiffe, comme nous l’avons indiqué en parlant
de l’Amputation faite par incifion circulaire,
on appliquera le lambeau fur la plaie , de manière
quelle puiffe fe guérir par une limple
réunion, des parties j ou bien on panfera ie lambeau
& l'extrémité du moignon comme deux plaies
, diftinétes, conformément à la pratique de M. O’Hal-
loran , fuivant que l’Opéraseur fe déterminera
pour l’une ou pour l ’autre méthode. Si l’on fe
décide à rapprocher fur-le-champ le lambeau,
oh commencera par bien nettoyer toute la furface
des chairs du fang coagulé, au moyen d’une
éponge fine trempée dans de l’eau tiède ; en-
fuite on fixera fes bords à ceux des tégumens &
des mufcles qui environnent le moignon , au
moyen de trois ou quatre points de future paffés
à la diftance de trois quarts de pouce au moins du
bord^ de la fubftance mufculaire du lambeau *, mais
il faut bien prendre garde à ne pas les ferrer trop
fortement, de peur d’occafionner beaucoup d’irri-
lation & de douleur. On couvrira la partie inférieure
du moignon d’un grand plumaceau enduit
de cérat Ample, & d’un couffin d’ étoupes bien
fouples, que l’on aflùjétira comme nous l’avons
indiqué ci-devant, au moyen d’une petite bande
de toile mife en travers de la plaie & de quelques
tours de la bande circulaire.
Au bout de trois ou quatre jours on changera
l’appareil j & auffi-tôt que les ligatures des
artères feront tombées, & que la tenfion & l ’inflammation
feront abattues, on rapprochera les
bords de la plaie par-tout où ils fe trouveront
encore féparés, & on les contiendra dans cette po-
fition au moyen d’emplâtres adhéfifs.
Mais fi l ’on adopte la méthode dè M. O’Halloran
, voici comment il faudra fe conduire. Après
avoir ramené les mufcles & les tégumens vers le
• foras, on les maintiendra doucement dans cette
pofition par quelques tours de la bande de flanelle.
On couvrira toute l’extrémité du moignon
d’un grand plumaceau garni de chaque côté de
quelque onguent émollient. On appliquera le
lambeau par-deffus *, on recouvrira le tout d’un
autre grand plumaceau enduit du même onguent,
■ & foutenu d un couffin d’étoupes, & d’une com-
preffe de linge fin \ on ajoutera, comme ci-deffus,
la bande tranfverfale, & les tours de bande circulaire
, mais fans faire aucune compreflion que
celle qui eft juftement néceflaire pour contenir
1 appareil. Au bout de trois ou quatre jp u r s ,ion
renouvellera le panfement avec les mêmes précautions
5 & vers le douzième ou quatorzième
jour , ou plutôt, lorfque la tenfion & l’inflam-
•mÿon produites par l’opération feront diflipées,
lorfque les ligatures des artères feront tombées,
& que la fuppuration fera établie d’une manière
convenable , on mettra le lambeau en contaét
avec 1 extrémité du moignon, afin que ces parties
puiffent fe réunir. Pour cet effet, on commencera
par ôter doucement avec une éponge
fine tout le pus qui peut fe trouver amaffé fur
la furface des chairs j & , après avoir couché le
lambeau avec toute l’exaétitude poflible fur l’extrémité
du moignon , on le fixera par des
«mplâtres adhéfifs & des bandes , comme dans
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les autres Cas, ou par quelques jfcints de futures
Cette dernière méthode caufera plus de douleur
que la première j mais cet inconvénient fera bien
compenfé par la fureté & l ’exaétitude avec lef—
quelles le lambeau fera retenu dans la pofition
convenable.
C’eft à une expérience ultérieure à déterminer
plus particulièrement laquelle de ces deux méthodes
mérite la préférence , car ce point nef?
pas encore bien déterminé. M. Alanfon, dans fon
Manuel pratique de l ’Amputation , préfère la
première *, & quoiqu’il donne de grands éloges
à celle de M. O’Halloran , il croit qu’on peut
rendre la cure plus sûre , plus facile , & plus
prompte, en appliquant le lambeau dans le deffein
de le réunir par première intention. D’un autre
côté cependant celle de M. O’Halloran a eu de
grands fuccès, & paroît en général, être regardée
par les Chirurgiens Angiois comme ayant
l’avantage. En effet, il arrive quelquefois que
lorfque que l’on a entrepris de faire fur-le-champ
la réunion des parties, la tenfion & l’inflammation
qui en réfultent vont au point qu’on eft
obligé de lever tout l’appareil \ & même d’ôter
les futures 3 ce qui ajoute beaucoup aux fouffran-
ces du malade , & à la peine du Chirurgien ;
au lieu que fi l’on ne rapproche le lapibeau que
lorfque la tenfion & l’inflammation des chairs &
des tégumens eft calmée , cette partie de l’opération
ne caufe que peu de douleurs au malade ,
& ce délai ne prolonge pas la cure •, il femble-
roit même au contraire qu’elle eft plutôt abrégée
par ce traitement. Car, dans bien des cas où l’on n'a-
voit fait l’application du lambeau qu’au quatorzième
jo u r , Ion a vu la guérifon s’achever avant que
la quatrième femaine fût expirée. Il y a bien peu
d;exemples , fi tant eft que l ’on puiffe eH citer
quelqu’ un , de guérifons aufli promptement terminées
, enfuitje d’opérations où l’on avoit appliqué
le lambeau fur-le-champ.
Au refte, il faut toujours fe fouvenir que ce
n’eft que dans la pratique particulière que l’on
obferve des guérilons aufli promptes, quelque
méthode qu’on ait fuivie pour opérer 5 elles font-
au moins très-rares dans les hôpitaux. M. Lucas
Chirurgien de l’hôpital de Leeds, a publié dans
le cinquième volume des Obfervations de Mé-
cine de Londres, un Mémoire où il préfente
neuf cas d’Amputations à lambeau faites à la jambe
fuivant la méthode de M. O’Halloran. Six de ces
malades ont été parfaitement guéris, mais aucun ,
à ce qu’il paroît,ne l’a été en moins de deux mois.
Deux font morts & la plaie du neuvième n’étoit
pas entièrementcicatrifée au bout de dix-huit mois.
Mais l’Auteur obferve que toutes ces Amputations
avoient été faites fur des fujets mal fains de
fcrophuleux, & que l’on trouva du pus dans la
poitrine de ceux qui étoient morts. Ces confia
dérations, jointes à celle de l’air impur du lieu
où l’on avoit opéré , rendent raifon de la Ica*